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BEAUCHEMIN, Nérée – Poésies
“L’âme de la maison”
Sous une mousse au brun jauni le pignon pointe
Et la grande lucarne aux dentelles de bois
Encadre à sa façon la fenêtre disjointe
Par où je vis mourir les beaux soirs d’autrefois
La porte au vent criant sa plainte s’est ouverte
Et mes yeux que le rêve hallucine ont cru voir
Sous les plafonds glacés de la salle déserte
Une lumière errer autour du foyer noir
Une ombre au front du toit penchant s’est profilée
Dans la vitre d’où filtre un jour surnaturel
L’âme de la maison tant de fois endeuillée
Songe, mélancolique, et regarde le ciel“La vieille danseuse”
Toute blanche et joliette
À pas de velours, suivant
Un air de noce enlevant
Elle danse la coquette
Comme feuille et plume au vent
Entre l’index et le pouce
Pinçant les longs plis flottants
Du jupon qu’elle retrousse
Elle fait comme à vingt ans
La révérence à trois temps
Et puis la petite vieille
Robe et jupe encore au doigt
Vous exécute à merveille
Sans toucher le sol trois fois
L’entrechat du roi François
Et sans rompre la cadence
Droite et souple comme un jonc
Dans un dernier pas de danse
Comme à Bougival en France
Après un triple plongeon
Bat les ailes de pigeon
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