CHARLES D’ORLÉANS – Poésies

Accueil Forums Textes CHARLES D’ORLÉANS – Poésies

8 sujets de 1 à 8 (sur un total de 8)
  • Auteur
    Messages
  • #146179
    VictoriaVictoria
    Participant

      CHARLES D’ORLÉANS – Poésies

      Dieu, qu’il la fait bon regarder



      Dieu, qu’il la fait bon regarder,
      La gracieuse, bonne et belle !
      Pour les grans biens qui sont en elle,
      Chascun est prest de la louer.

      Qui se pourroit d’elle lasser ?
      Tousjours sa beauté renouvelle,
      Dieu, qu’il la fait bon regarder,
      La gracieuse, bonne et belle !

      Par deça ne dela la mer
      Ne sçay dame ne damoiselle
      Qui soit en tous biens parfais telle ;
      C’est un songe que d’y penser.
      Dieu, qu’il la fait bon regarder !

      #146180
      VictoriaVictoria
      Participant

        En la forest d’Ennuyeuse Tristesse


        En la forest d’Ennuyeuse Tristesse,
        Un jour m’avint qu’a par moy cheminoye,
        Si rencontray l’Amoureuse Deesse
        Qui m’appella, demandant ou j’aloye.
        Je respondy que, par Fortune, estoye
        Mis en exil en ce bois, long temps a,
        Et qu’a bon droit appeller me povoye
        L’omme esgaré qui ne scet ou il va.

        En sousriant, par sa tresgrant humblesse,
        Me respondy : ” Amy, se je savoye
        Pourquoy tu es mis en ceste destresse,
        A mon povair voulentiers t’ayderoye ;
        Car, ja pieça, je mis ton cueur en voye
        De tout plaisir, ne sçay qui l’en osta ;
        Or me desplaist qu’a present je te voye
        L’omme esgaré qui ne scet ou il va.

        – Helas ! dis je, souverainne Princesse,
        Mon fait savés, pourquoy le vous diroye ?
        Cest par la Mort qui fait a tous rudesse,
        Qui m’a tollu celle que tant amoye,
        En qui estoit tout l’espoir que j’avoye,
        Qui me guidoit, si bien m’acompaigna
        En son vivant, que point ne me trouvoye
        L’omme esgaré qui ne scet ou il va. “

        ENVOI

        Aveugle suy, ne sçay ou aler doye ;
        De mon baston, affin que ne fervoye,
        Je vois tastant mon chemin ça et la ;
        C’est grant pitié qu’il couvient que je soye
        L’omme esgaré qui ne scet ou il va.

        #146181
        VictoriaVictoria
        Participant

          En la nef de bonne nouvelle


          En la nef de bonne nouvelle
          Espoir a chargié Reconfort
          Pour l’amener, de par la belle,
          Vers mon cueur qui l’ayme si fort.
          A joye puist venir au port
          De desir et, pour tost passer
          La mer de Fortune, trouver
          Un plaisant vent venant de France
          Ou est a present ma maistresse
          Qui est ma doulce souvenance
          Et le tresor de ma liesse.

          Certes, moult suy tenu a elle,
          Car j’ay sceu par loyal rapport
          Que contre Dangier, le rebelle,
          Qui maintesfois me nuist a tort,
          Elle veult faire son effort
          De tout son povair de m’aidier.
          Et pource lui plaist m’envoyer
          Ceste nef plaine de plaisance
          Pour estoffer la forteresse
          Ou mon coeur garde l’esperanoe
          Et le tresor de ma liesse.

          Pource ma voulenté est telle
          Et sera jusques a la mort
          De tousjours tenir la querelle
          De Loyauté ou mon ressort
          J’ay mis ; mon coeur en est d’accort.
          Si vueil en ce point demourer
          Et souvent Amour mercier,
          Qui me fist avoir l’acointance
          D’une si loyalle princesse,
          En qui puis mettre ma fiance
          Et le tresor de ma liesse.

          ENVOI

          Dieu vueille celle nef garder
          Des robeurs escumeurs de mer,
          Qui ont a Dangier aliance ;
          Car, s’ilz povoient, par rudesse
          M’osteroient ma desirance
          Et le tresor de ma liesse.

          #146183
          VictoriaVictoria
          Participant

            En verrai ge jamais la fin


            En verrai ge jamais la fin,
            De voz oeuvres, Merancolie ?
            Quand au soir de vous me deslie
            Vous me ratachez au matin.

            J’aimasse mieulx autre voisin
            Que vous qui sy fort me guerrie ;
            En verrai ge jamais la fin,
            De voz oeuvres, Merancolie ?

            Vers moy venez en larrecin
            Et me robez Plaisance lie ;
            Suis je destiné en ma vie
            D’estre tousjours en tel hutin* ?
            En verrai ge jamais la fin ?

            (*) querelle

            #146184
            VictoriaVictoria
            Participant

              Le Temps a laissié son manteau


              Le temps a laissié son manteau
              De vent, de froidure et de pluye,
              Et s’est vestu de brouderie,
              De soleil luyant, cler et beau.

              Il n’y a beste, ne oyseau,
              Qu’en son jargon ne chante ou crie
              Le temps a laissié son manteau
              De vent, de froidure et de pluye.

              Riviere, fontaine et ruisseau
              Portent, en livree jolie,
              Gouttes d’argent, d’orfaverie ;
              Chascun s’abille de nouveau
              Le temps a laissié son manteau.

              #146185
              VictoriaVictoria
              Participant

                Ma seule amour…


                Ma seule amour, ma joye et ma maistresse,
                Puisqu’il me fault loing de vous demorer,
                Je n’ay plus riens, à me reconforter,
                Qu’un souvenir pour retenir lyesse.

                En allegant, par Espoir, ma destresse,
                Me couvendra le temps ainsi passer,
                Ma seule amour, ma joye et ma maistresse,
                Puisqu’il me fault loing de vous demorer.

                Car mon las cueur, bien garny de tristesse,
                S’en est voulu avecques vous aler,
                Ne je ne puis jamais le recouvrer,
                Jusques verray vostre belle jeunesse,
                Ma seule amour, ma joye et ma maistresse.

                #142139
                VictoriaVictoria
                Participant
                  #146186
                  VictoriaVictoria
                  Participant

                    Que me conseillez-vous, mon coeur ?

                    Que me conseillez-vous, mon coeur ?
                    Irai-je par devers la belle
                    Lui dire la peine mortelle
                    Que souffrez pour elle en douleur ?

                    Pour votre bien et son honneur,
                    C’est droit que votre conseil céle.
                    Que me conseillez-vous, mon coeur,
                    Irai-je par devers la belle ?

                    Si pleine la sais de douceur
                    Que trouverai merci en elle,
                    Tôt en aurez bonne nouvelle.
                    J’y vais, n’est-ce pour le meilleur ?
                    Que me conseillez-vous, mon coeur ?

                  8 sujets de 1 à 8 (sur un total de 8)
                  • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.
                  Veuillez vous identifier en cliquant ici pour participer à la discution.
                  ×