RETBI, Schmuel – L’Épaule cassée

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         Schmuel Retbi                         L'Epaule cassée

        Sic transit gloria

         

          Le Professeur Adir Rabinovitch et Madame, Hila, sont assis dans le grand salon. Le journal télévisé va commencer dans trois minutes. L'éminent érudit attend tous les soirs le moment où il pourra fustiger cette humanité perverse et sordide de sa langue acerbe et virulente. Les hommes politiques, les femmes du monde, les artistes, les gens d'esprit et de lettres, tous y passent. Aucun n'a jamais trouvé grâce à ses yeux. Celui-ci est un crétin, l'autre un ivrogne, la troisième une trainée. Un tel est dénué de tout talent, une telle ferait mieux de vendre des frites à la sauvette. Les journalistes, les commentateurs, les spécialistes, les animateurs, tous sont des arrivistes, des incapables, des rapaces et des zéros. Le Professeur Rabinovitch sait de quoi il parle. Quand on a été pendant plus de trente ans doyen de la Faculté des Sciences Sociales à l'Université Hébraïque de Jérusalem, on a tout vu, tout lu, tout analysé et tout disséqué. Rien ne lui a jamais échappé. Son œil, son oreille, sa main et sa langue sont reliés les uns aux autres par un mécanisme d'une rapidité et d'une violence foudroyantes. Docteur Hila Rabinovitch, c'est autre chose. Elle parle peu, mais fait beaucoup. Elle l'avait épousé parce qu'il était beau, riche et intelligent. Lui avait convolé sachant qu'elle l'écouterait toujours et ne le contredirait jamais. Elle avait préféré l'Administration à l'Académie et elle occupait les fonctions  de Directrice du Service des Handicapés Mentaux au Ministère des Affaires Sociales. Là, au moins, ses capacités recevaient l'appréciation générale et le bureau constituait pour elle un refuge plutôt qu'une corvée. Mais cela est mort maintenant. Il y a déjà quatre ans qu'elle a pris sa retraite. Depuis, elle passe le plus clair de son temps  à des œuvres bénévoles. Désormais, elle grillonne au foyer.

                            Les pensées du Professeur reviennent sans cesse au même point:

        « -Comment ont-ils osé se séparer de lui? De quel droit ont-ils déclaré qu'il était temps de quitter la place? Quelle insolence! Quelle effronterie! Depuis trente ans, il menait cette Faculté de main de maître. Il en avait fait un exemple pour les Universités des quatre coins du monde. De partout, on venait admirer cet édifice de savoir et d'efficacité. Et, un beau jour, comme ça, sans prévenir, “au revoir et merci”. Ils avaient tout combiné d'avance. Toutes les portes s'étaient refermées d'un coup.  Rien à faire. Ni le Ministre, ni le Conseil de l'Education Supérieure, la Cour des Comptes. Même son cousin, qui avait toutes les clés en main, n'avait rien fait pour lui. Comme un chien, à la porte, lui. Et puis, cet argument stupide: “à 70 ans, il est temps de penser à vous!” 70 ans, la fleur de l'âge, la force de l'âge. Il est en possession de toutes ses facultés, à l'exception de celle des  Sciences  Sociales. Comment ont-ils osé? Lui faire ça à lui? La conversation se divise invariablement en deux parties égales: son martyre d'un côté, et tout le reste de l'autre.

        L e téléphone sonne. Hila ne bronche pas. Elle sait que sa main n'arrivera jamais au récepteur avant celle d'Adir.

        « -Allo, oui… Ah? … Allons bon, Qu'est-ce que tu me dis là! … Eh bien, je suis vraiment désolé pour toi, mon pauvre ami… Evidemment, j'imagine… Sic transit gloria… Je ne le souhaite pas même à mes pires ennemis… »

                            Encore deux ou trois phrases insignifiantes. La conversation se termine.

                            Le récepteur retombe sur sa base. Le regard est fixé sur l'écran. La langue entre à nouveau en activité:

        « -Tu sais, Solomon, le Chef du Département de Philosophie Moderne? Il s'est cassé l'épaule dans la baignoire, la semaine dernière… Ah! Les informations!”

        Le journal s'ouvre avec un avion russe intercepté par la police turque à Istanbul. 100 tonnes d'armement sophistiqué pour le régime syrien qui n'arriveront pas à destination.

        « -C'est bien fait pour leur tête à tous. D'abord, les Russes, ça leur apprendra à vendre des armes à des gens qui n'ont pas les moyens de se les offrir. Et puis les Turcs, ces pourris, ils méritent quand même une bonne tape sur l'épaule… A propos d'épaule, Solomon, tu sais, le Chef du Département de Philosophie Moderne, il s'est cassé l'épaule dans la baignoire la semaine dernière. »

                            Cette dernière phrase fait sortir Hila de sa torpeur. Elle tourne vivement la tête vers son mari et voudrait ouvrir la bouche. Mais le torrent est intarissable. Le moulin à paroles ne s'arrêtera jamais.

        « -Quant à ces brutes de Syriens, qu'ils s'entretuent autant qu'ils veulent, au moins, nous, on aura la paix pendant ce temps-là. A propos, il paraît que les prétendants à ma chaire ont commencé à s'entre-tuer. J'avoue que je n'en suis pas mécontent. A part Diskine, personne ne mérite la place. Et même lui, si cela avait dépendu de moi, il aurait été vidé depuis longtemps. Il a eu son doctorat dans une pochette surprise, ce malappris. Tu sais ce qu'il a fait quand je lui ai raconté  que je terminais à la fin du mois? Il a tout simplement haussé les épaules. Pas un mot de soutien, rien. A propos d'épaule, Solomon s'est cassé l'épaule dans la baignoire, je te l'ai dit, non? »

                            Hila pose le livre qu'elle tient à la main. Elle n'a pas quitté son mari des yeux depuis trois minutes. Elle ne dit rien. Elle attend. Il a toujours le regard fixé sur l'écran. A la Knesset, un député en bras de chemise et à col ouvert gesticule et invective le Gouvernement.

        « -Regarde-le! En 1987, il est venu me supplier de le laisser passer au repêchage, cet abruti. Il pleurait presque. Et moi, l'idiot, le faible, je n'étais en place que depuis cinq ans, j'ai eu pitié, je lui ai donné un 62 et il est passé, l'animal! Et le voilà sous-chef de l'opposition! Et avec des prétentions de Ministre des Finances dans trois mois. Les amateurs comme celui-là, il faut les casser quand ils sont encore petits, tu ne trouves pas? … Qu'est-ce que je voulais dire, déjà? … ah oui, Solomon, tu le connais, il s'est cassé l'épaule dans la baignoire. Lui aussi, ils l'ont saqué à 70 ans. A cet âge, il faut faire attention. On tombe, on se casse, ce n'est pas du granit, le bonhomme ! »

        Hila profite d'une pause.

        « -Voudrais-tu une tasse de thé? Je vais m'en faire une.

        -Ce n'est pas l'heure du thé. … Tiens, voilà Obama. Il est mal parti, cette fois. C'est marrant, je l'avais rencontré à San Francisco en 2001. On me l'avait présenté comme un leader noir communiste. Et le voilà patron des capitalistes, cet oiseau-là. »

                            Hila n'écoute plus. Elle est déjà dans la cuisine. Elle attend que la bouilloire s'acquitte de son devoir. Le thé aux fruits sauvages. Une cuillérée de miel. La vie est douce. Le miel aide à s'en souvenir. Elle en a des souvenirs, la pauvre. Elle retourne au salon et s'assoit en silence.

        A la télévision, un reportage exceptionnel. La caméra suit un individu qui court, une mitraillette à la main. Il a l'air de savoir s'en servir car les gens tombent autour de lui dans des cris affreux à demi couverts par le crépitement de l'arme. Deux hommes en uniforme sont debout, sur le côté gauche de l'écran et semblent observer la scène. Le premier tombe à son tour. Le second a un revolver au poing et abat  l'homme de deux balles dans la tête.

        « -Tu te rends compte! A l'Université de Princeton, eh ben dis donc! Il ne manque pas de culot. 8 morts et 13 blessés. Il s'est ramassé une balle dans le cou et une autre en plein front! Heureusement que la police a donné un coup d'épaule au service d'ordre de l'Université. »

                            Hila sursaute. Le mot a été encore prononcé et le pire arrive en effet. L'annonce fatidique retentit à nouveau dans le salon. Une fois de plus, elle subit le flot du récit qui a mis aux prises le digne philosophe et son cabinet de toilette. Hila frémit. La terreur l'envahit. Elle a du mal à lever sa tasse de thé. Sa main retombe, tremblante.

        Cela dure depuis 40 ans maintenant. Il n'a jamais rien remarqué, rien entendu, rien vu. Il ne lui a jamais demandé son avis sur quoi que ce soit. Et si par erreur, il l'a fait, il n'a jamais attendu la réponse. Il était beau, riche et intelligent. Aujourd'hui, il est riche.

        « -Qu'est-ce que je voulais te dire, déjà? … Non, ça ne vient pas. Bon, ça reviendra… C'était à propos des Syriens, je crois… »

                            Elle se fiche éperdument des Syriens. Ce serait exagéré de dire que c'est Solomon qui l'intéresse. C'est plutôt la crainte de Solomon qui la fait frémir de tout son être. Ce nom effroyable va-t-il encore sortir de cette bouche farouche?

        Hila est sauvée une nouvelle fois par le téléphone. Elle attend. Adir a déjà bondi et il écoute, le récepteur à l'oreille.

        « -Oh oui, à part les informations, ça va… A ce train-là, tu verras  que dans deux ans, des millions de gens mettront les rues à feu et à sang. Tu comprends, les Etats-Unis, c'est une bouilloire hermétiquement close. Un beau jour, les Noirs, les Hispano-Américains, et même les Amérindiens vont faire sauter le couvercle et toute la baraque sautera avec. C'est mathématique. Tu comprends, il y a là un processus économique et social en tous points comparables à ce qui s’est passé en Europe en 1848. Un ingénieur moins taré que les autres avait eu la bonne idée d'augmenter le diamètre des roues motrices des locomotives en 1844. Comme dit Ambrosi dans son livre, avec un diamètre d'un mètre cinquante six, on gagnait une puissance énorme aux dépens de la vitesse, et cela avait fait progresser considérablement l'économie. Si le mildiou n'avait pas découvert la patate en 1846 et s'il n'avait pas tout miné, Louis-Philippe et tout le reste seraient encore sur le trône aujourd'hui, tu comprends? Ajoute à ça l'affaire des cigares de Milan, alors ça marchait comme sur des roulettes, évidemment. En tout cas, deux ans après, toute cette sale engeance qui s'appelait le prolétariat européen urbain n'a plus rien eu à mettre dans sa soupe. Aujourd'hui, il suffit d'une récolte de maïs pourrie pour faire sauter le baril de poudre… Quoi? … De quoi? … Ah, bon… Une seconde!”

                            Pour la première fois de cette soirée inoubliable, il se tourne vers sa femme et lui tend le récepteur:

        « -Adoniram veut te parler. »

                            Il retourne à ses récriminations devant le plasma.

        « -Rami? Comment ça va? … Oh, des hauts et des bas, mais il n'y a pas lieu de se plaindre… Comment?… non, celle-là je ne la connaissais pas, ce que je connais c'est l'histoire de la Juive polonaise que son fils appelle au téléphone: Comment ça va, Maman? -Dieu merci, très bien, merveilleusement bien. Ah pardon, fait le fils, j'ai fait un faux numéro! … Eh bien, je suis contente de t'avoir appris quelque chose, mon fils! … »

                            La conversation tourne autour de la famille, des petits-enfants, des anniversaires des jumelles. Hila sourit, c'est rare chez elle:

        « -Hier, j'ai été la reine. On a inauguré un nouvel hôtel. En bas il y a un café avec six tables et les locataires officient comme serveurs. Il y a deux filles du service national qui les encadrent, avec un instructeur du Ministère, aussi. Comme c'était une idée à moi, tout ce réseau, ils m'ont invitée et on m'a nommée Présidente à titre honorifique et à l'unanimité… »

        Enfin, ce visage fatigué et pale s'épanouit. Le sourire lui revient après 24 heures d'absence.

        « Exactement: Madame la Présidente, s'il te plaît. »

                            Puis, la conversation tourne à un nouveau sujet:

        « Laisse tomber, cela l'occupe, on te verra à notre âge, gros malin… Oui, enfin… On doit en parler… Maintenant, ce n'est pas très commode, Il y a les infos, tu comprends? … Bon, ne t'inquiète pas, tout va bien. A bientôt. »

        Il ne se passe pas grand-chose pendant les cinq jours qui suivent cette soirée mémorable. Mais le matin du sixième, le téléphone sonne. Le Professeur étant descendu chercher le journal dans la boîte aux lettres, Hila répond. Doron, le fils du Professeur Solomon annonce des complications. Son père est hospitalisé au Département orthopédique mais il a pris froid avant-hier et  l'on craint maintenant l'angine de poitrine. Cette nuit, il a fait une légère attaque cardiaque et il souffre. Hila réconforte le jeune homme de son mieux.

                            Adir Rabinovitch entre, son journal à la main. Hila lui raconte la conversation avec Doron.

        « -Tu lui as dit que son père s'est cassé l'épaule l'autre jour dans la baignoire? … Oh, que je suis bête! … Il te l'a dit, non? »

                            Pas de réponse. Que pourrait-elle répondre à une pareille question?

        A cinq heures, le téléphone sonne à nouveau. Il y a un long silence. Debout, Le Professeur écoute. Il baisse le récepteur et se tourne vers sa femme:

        « -Solomon… C'est fini. L'enterrement aura lieu à 9 heures ce soir. »

                            Il raccroche. Il réfléchit.

        « -Je veux prononcer moi-même l'oraison funèbre ce soir. Je suis son meilleur ami. »

                            A sept heures et demi, le discours comprend déjà 15 pages folio aux lignes serrées. Au stylo,  bien évidemment, l'ordinateur étant fait pour les débiles et les séniles.

                            L'enterrement se passe dans les meilleures conditions possibles, presque à l'amiable. Le Professeur Rabinovitch expose en long, en large, en travers et surtout en hauteur et en profondeur, l'histoire du dernier demi-siècle. Cette épopée tourne autour de lui. Son ami le regretté Professeur Solomon y joue un rôle secondaire de  satellite de banlieue. Combien de mondes ont-ils bâtis et détruits ensemble, l'un par l'analyse et la compréhension des mécanismes socio-économiques les plus complexes, l'autre par l'élaboration des théories socio-métaphysiques les plus hardies. Le souffle de Solomon, c'est l'esprit qui anime les fluctuations sociales. La pensée de son ami, c'est le moteur sous-jacent qui souleva  toujours la plèbe opprimée contre les seigneurs conquérants. Rabinovitch finit quand même par arriver au vif du sujet:

        « -Notre ami Yehoram aimait citer le verset de la Genèse: tu es poussière et tu retourneras à la poussière. L'Homme s'appelle Adam, car il provient de la terre, Adama. Yehoram avait remarqué que cette singularité de l'hébreu existait aussi en latin. L'homme, Homo, venait de la terre, Humus. »

        Cela dure déjà depuis une heure trois quarts. Au début, Le public a écouté en silence. Puis, quelque murmures se sont fait entendre, çà et là. Cependant, personne n'ose crier la vérité, ce serait déplacé. Les fils de Solomon hochent la tête de temps en temps. On entend parfois les rires de gens qui ne se sont pas vus depuis le dernier enterrement. Le silence se fait déjà moins lourd. Le public se fatigue. Une voix demande: “On va arriver à la … deal line?”

                            Le Professeur conclut par un paradoxe cinglant:

        « -Il n'ya rien de plus inhumain que l'inhumation. »

        Si ce n'était le cadre un peu lugubre de la situation, il aurait droit à une ovation. Mais elle ne vient pas. Il s'étonne. Les gens n'ont pas dû comprendre. La culture et le savoir vivre, ça ne s'achète pas à l'étalage.

        A minuit et demi, la lumière s'éteint dans la chambre à coucher des Rabinovitch. Cette soirée morose et funèbre s'achève enfin. Hila ne dort pas, cette nuit-là. La peur du lendemain l'envahit. Et le lendemain arrive en effet. Le journal remonte avec Adir et s'étale sur la table de la cuisine. Le petit déjeuner est prêt. La plus grosse banquise de l'Antarctique s'est cassée en trois et les énormes icebergs commencent à fondre. Le Professeur lit l'article à haute voix. Il conclut:

        « -Regarde moi cet âne de journaliste, ce titre idiot: ça chauffe au Pôle Nord. Quel pâleur, quel manque de créativité, bon sang! A propos de pôle, Solomon, le Chef du Département de Philosophie Moderne, il s'est cassé l'épaule dans la baignoire, la semaine dernière. »

        Une semaine plus tard, le Professeur et sa femme sont assis dans la salle d'attente de leur médecin traitant. Ils sont invités à entrer. Adir serre la main qui lui est tendue.

        « -Bonjour Professeur Rabinovitch, comment ça va aujourd'hui?

        -Bon pied, bon œil, cher Docteur Rabinovitch, répond le Maître. »

                            Adoniram tient devant lui un gros dossier plein de paperasses inutiles. Il déclare:

        « -Nous avons les résultats de tous les examens périodiques. Dans l'ensemble, tout va bien, rien de grave. Il faudrait  cependant ne pas négliger deux toutes petites choses sans importance. La première, il y a une très légère arythmie cardiaque qu'il va falloir quand même suivre un peu. Le cœur, ce n'est pas une pompe à vélo. Et puis aussi, il y a un peu de sédimentation à gauche et à droite qu'il va falloir faire disparaître. Au total, trois petites pilules le matin et une le soir, vraiment trois fois rien. Maman, je compte sur toi pour le rappeler à Papa. Avec toutes ses occupations, il a d'autres chats à soigner que sa santé. »

                            Le fils et la mère échangent un regard complice. Le Professeur est plongé dans ses pensées. Finalement, il prononce:

        « -Oui, évidemment… Heureusement que le cœur va bien… »

        Comme le professeur se levait pour prendre congé, le docteur tendit à sa mère un paquet de mouchoirs en papier :

        « Maman, tu as une poussière dans l’œil. Prends ça, tu vas en avoir bien besoin ! »

         



         

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