RETBI, Shmuel – Falafel

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    CocotteCocotte
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      CocotteCocotte
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        Shmuel Retbi

         

        Falafel

         

         

        Prologue

         

        Vous connaissez ces pains ronds et plats, qu'on remplit de toutes sortes de trucs exotiques et suggestifs ? Pour aussi bizarre que cela puisse paraître, il s'agit encore d'une occasion de rivalité entre les Israéliens et les Palestiniens. Les premiers appellent ça le Falafel et considèrent la chose comme le mets national. Les autres protestent et déclarent que le Falafel appartient exclusivement à la culture gastronomique arabe et que les Israéliens les ont dépossédés de leur patrimoine culinaire. Nous n'allons pas mettre ici de l'huile dans la poêle brûlante où rôtissent les petites boulettes de la controverse. Occupons-nous plutôt de la nature de l'objet et des ingrédients. Le falafel se vendant sous la forme d'une poche de pâte à pain plus ou moins rebondie mais fermée aux regards, il s'avère difficile d'en identifier le contenu, même quand on plante les dents dedans. Comme aurait dit Pierre Dac, il vaut mieux en avoir trente dedans et deux dehors, cela aidera à la consommation. L'encyclopédie Larousse nous fournit une définition un peu superficielle mais assez exacte de la chose, je cite (merci, M. Larousse) :

         

        Falafel

        Nom masculin

        Galette de pain non levé, fourrée de petits beignets de pois chiches et de légumes crus. (Spécialité du Moyen-Orient)

         

        De façon à éviter tout malentendu, je tiens à préciser :

        1.     Que la galette forme comme une poche au moment de la cuisson.

        2.     Que la pâte lève, ce qui permet à la poche de se former.

        3.     Que les légumes crus ne font pas partie des boulettes, mais viennent à part, vous deviez vous en douter, d'ailleurs. Notons encore que le pois chiche constitue l'ingrédient principal mais non unique de la boulette. Le pois chiche, cet inconnu, s'avère nécessaire mais non suffisant. Plus il y a d'ail dans les boulettes, mieux on se porte. Ajoutez à ça du persil haché, du bicarbonate de sodium, du sel de sodium, un vieil œuf oublié et un peu de farine de fèves, mélangez le tout, attendez un petit quart d'heure, lavez-vous les mains si vous y tenez, faites des petites boules et jetez-les dans la friture. Remuez pendant trente à quarante secondes, voilà. Moins vous changez l'huile, plus vous passez pour un pro. Tranchez un petit arc de six à huit centimètres sur le bord du pain rond, ouvrez délicatement, badigeonnez les parois intérieures de Houmous et de tahina (voir ces mots chez M. Larousse), mettez cinq ou six petites boules au fond de la poche, ajoutez tomate, concombre, carotte, oignon, poivron, un petit filet de jus de citron, un petit coup d'amba, vous y êtes ! (L'amba, c'est une sauce à base de pulpe de mangue). Servez chaud. On aime ou on n'aime pas. Comme disait ma belle-mère : “Aimer… On aime Papa et Maman. Le manger, on le mange.”         

         

        Ces précisions faites, nous pouvons croquer dans le vif du sujet.



        Chapitre 1 : Un sac dans la nuit

         

        Une nuit sans lune enveloppait la rue d'une opacité obscure et sournoise. D'un geste sec, Yaron Danino  extirpa l'énorme sac des profondeurs de la poubelle dont il referma sans bruit le couvercle. Un coup de sifflet strident retentit dans les ténèbres. Deux agents de police, un gros et un maigre, sautèrent sur Danino d'un bond (ou plutôt de deux, chacun le sien). Pendant que le plus costaud entraînait sa proie, le deuxième tonitruait dans  son  talkie- walkie :

        – On a une prise, patron ! Amenez la tire rue Jaffa, au 220 !

         

                    Trente secondes plus tard, la navette s'arrêtait au bord du trottoir dans un crissement de pneus hollywoodien. Le gros flic jeta le prisonnier sur la banquette et s'installa à sa droite. Le poulet malingre déposa le sac sur le siège avant droit, contourna la voiture et monta à l'arrière par la portière de gauche. Le démarrage sur les képis de roues aurait fait trépigner de jalousie les Warner Brothers dans leurs belles années.

         

        Le conducteur soupesa le sac de sa main droite tout en brûlant un feu rouge :

        – Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ?

        Le costaud déclara :

        – C'est des rognures de pita falafel. Ils ont dû tremper ça dans du coco ou fourrer ça au grass, on verra bien. C'est le gros truc, patron. On va avoir de l'avancement, il était temps.

        Le gringalet surenchérit :

        – Imaginez, patron, la gueule de Bénita et celle de Bamberger dans le journal et puis à la télé. Je vois déjà les gros titres : un réseau de contrebande de came lourde saisi à Jérusalem. D'autres arrestations vont avoir lieu dans les heures prochaines. Les brigadiers Bénita et Bamberger, au péril de leur vie, ont saisi…

        – Mais par pitié …

        Le cri de Danino fut accueilli par un coup de coude musclé entre les côtes :

        – Ferme la, toi !

        – Mais…

        – Tu la fermes, dis ?

        Nouveau coup de coude entre les côtes suivi d'un lourd silence. Le conducteur, lieutenant ou en voie de le devenir, expliqua :

        – Ferme la. Nous, on n'est pas là pour tailler une bavette mais pour travailler. Tu t'expliqueras devant l'inspecteur de garde.

        Danino la ferma, le torse endolori, l'âme froissée et la tête basse.



        Chapitre 2 : Un banc dans la nuit

         

                    La grosse porte de fer se referma sur le nouveau prisonnier. Une ampoule maladive projetait sa lueur chétive dans l'espace de la petite cellule. Yaron Danino se laissa choir sur le banc sordide plaqué le long du mur. Il enfonça le cou dans ses épaules maussades et ne bougea plus, les yeux fixés sur le bout de ses chaussures. Un vieux mendiant reposait sur le banc d'en face, tout emmitouflé dans un vieux manteau trop grand pour lui. Sur le troisième banc, un adolescent arabe contemplait le nouveau venu avec des yeux remplis d'effroi. Il n'avait pas plus de seize ans et passait là sans doute sa première nuit au poste. Le vieux mendiant s'adressa pour la troisième fois au jeune garçon :

        – Alors, t'as fait quoi, toi ? Moi, je passe presque toutes les nuits ici, c'est chaud, c'est sympa, il y a de la soupe le soir et un bon café chaud le matin, et puis ils me relâchent. Mais toi,  qu'est-ce t'as fait, toi ?

                    Le jeune homme regardait le vieillard sans mot dire. Peut-être savait-il déjà que ce genre de types avait pour occupation essentielle le déliage des langues ?  Peut-être la peur le poussait-elle à observer l'adage “botus et mouche cousue”. Le mendiant se tourna vers Yaron :

        – Et toi, t'en as fait quoi, toi ?  T'as pas l'air d'être de la haute, mais t'as pas l'air d'un mafioso non plus. Qu'est-ce que t'en as fait, toi, pour qu'ils te coincent dans la boîte, comme ça ?

        Yaron esquissa un léger haussement d'épaules. Un petit judas s'ouvrit. Une demi-figure farouche apparut :

        – Va être minuit ! Zallez vous la fermer là-dedans ? “

        Yaron tenta de saisir l'occasion :

        – Monsieur l'agent !

        – Ferme-là ! Tu l'ouvriras si on te le demande !

        Le judas se referma sur l'austère visage et sur les bouches muettes. Le mendiant essaya encore une ou deux questions sans recevoir de réponse et le sommeil prit lentement possession de la cellule. Yaron somnolait sur son banc. Il se répétait sans cesse son slogan préféré :

        – Nous n'allons pas laisser le désespoir nous enfoncer dans la dépression…

        Cette formule magique parvint à le soutenir toute la nuit. À sept heures, les bols de café arrivèrent à la satisfaction générale.

        – T'as fait quoi, toi, dis ? s'efforçait encore le mendiant.

        À sept heures et demie,  la lourde porte s'ouvrit à nouveau et le pauvre diable quitta la cellule le sourire aux lèvres. Comme on refermait le battant de métal, Yaron entendit un tiroir qu'on claquait et la voix joyeuse du vieil homme qui s'exclamait :

        – Rien à en tirer. Allez, merci les potes et à ce soir !

         



        Chapitre 3 : Un rire dans la tourmente

         

                    Vers huit heures, la porte s'ouvrit à nouveau et le jeune Arabe fut invité à sortir. L’huis se referma sur la solitude de Yaron Danino. La dépression semblait gagner des points sur le désespoir mais celui-ci se défendait farouchement. Enfin, sur le coup de la demie, le dernier prisonnier fut autorisé à quitter sa geôle. Son gardien l'emmena le long d'un couloir lugubre. Au milieu, Yaron arrêta sa marche et lorgna les toilettes d'un œil suppliant. Le flic devait être dans un bon jour car il l'autorisa à entrer pour satisfaire un besoin bien naturel, non sans lui avoir recommandé de refaire surface en moins de soixante secondes sonnantes et trébuchantes. À sa sortie de ce temple du bien-être retrouvé, Danino constata que le désespoir et la dépression gisaient inertes, côte à côte sur l'arène de son esprit tourmenté. Désespoir et dépression avaient succombé, vaincus tous deux par leur lutte elle-même.

         

        Le bureau du commissaire baignait dans le soleil d'automne. Yaron observa le visage rond et satisfait du maître de maison derrière sa table massive sur laquelle trainait un tas de paperasses et d'objets malsains. Il y avait même un gros revolver à l'air patibulaire qui vous invitait au calme et au respect des lieux. Le fonctionnaire ne leva même pas les yeux. Penché nonchalamment sur son ordi, il commanda simplement :

        – Nom et prénom.

        Yaron prit son courage entre ses dents et prononça :

        – M. le commissaire, je voudrais prévenir ma femme de ma situation.

        L'autre poussa vers lui le téléphone sans même le regarder.

         

        – Liora, c'est moi. Tout va bien, ne t'inquiète pas. Seulement, j'ai passé la nuit au poste, je t'expliquerai. C'est un regrettable malentendu…

         

        Cette courte nouvelle ne saurait contenir (au double sens du terme) le torrent d'injures, d'insultes et de réprimandes qui coula le long du fil pendant la minute qui suivit. Le pauvre hère écarta un peu le récepteur de son oreille meurtrie et dolente. Le commissaire bondit, saisit le combiné et coupa court au monologue de la furie.

         

        – Nom et prénom.

        – Danino, Yaron.

        – Profession.

        – Inspecteur au service du fisc, section du petit commerce.

        Un coup de tonnerre retentit dans la pièce. Le bruit allait croissant, roulait et grondait et finalement s'éteignit dans quelque chose qui ressemblait à la quinte de toux de quelqu'un qui s'étouffe. Le commissaire avait ri.

        – Non mais dis donc, mon pote, tu me prends pour la Vénus de Milo ou tu t'appelles Alexandre le Grand ?

        – M. le commissaire, je vois mon portefeuille et mon portable sur l'étagère derrière vous. Sans vous apprendre votre métier, je crois qu'il serait opportun d'y jeter un coup d'œil.

        Le superflic obtempéra, visiblement gêné par tant de culot. Il prit le portefeuille et en vida le contenu sur son bureau tout en gardant un œil sur son interlocuteur. Après une analyse profonde des documents, il prononça :

        – Admettons. Mais faut quand même se mettre à table. Ne m'oblige pas à employer les grands moyens et lâche ton morceau. C'est quoi le truc du sac ? Et pas de bobards ! Ça risque de te coûter plus cher que ce que tu ne crois !

        – Ce n'est pas bien compliqué. J'enquête sur la probabilité de fausses déclaration de revenu des kiosques de falafel et…

        Le tonnerre retentit à nouveau dans le poulailler :

        – Elle est pas mauvaise, celle-là, fallait y penser, pas mal …

        – Vous n'avez qu'à appeler mon chef de service, c'est pourtant pas compliqué.

         

        Le commissaire était bon enfant. Il ouvrit le portable de Danino et chercha dans la liste des contacts. Yaron l'arrêta sur un nom qu'il désigna comme celui de son chef. La conversation fut assez brève. Le commissaire écoutait, tout en écartant le portable de son oreille. À la fin, il balbutia quelques mots de haute considération. Il hésita un moment. Il aurait bien voulu passer au vouvoiement, mais ce mode de dialogue n'existait pas dans les langues sémitiques en général, et en hébreu en particulier. Il s'exprima donc dans des termes qui signifiaient approximativement :

        – J'ai bien envie de vous garder à vue un mois ou deux. Il est furieux. Il dit comme ça qu'à votre arrivée au boulot, il va vous filer un savon dont vous vous souviendrez. Il dit que c'est la dernière connerie que vous faites dans sa turne et il a refusé de me raconter le truc du sac.

        – Je vais le faire pour lui, M. le commissaire. Les marchands de falafel de la Rue Jaffa vendent chacun entre 100 et 300 portions par jour. Le type que j'ai dans mon collimateur, le Jaffalafel, prétend vendre 150 pitas chaque jour et travailler 23 jours par mois. Cela représente donc environ 3500 portions par mois. Son prix de vente est de quatorze shekel, soit un revenu mensuel brut de 49 000 shekel. Sa déclaration annuelle  est de 510 000 shekel. Tous les quatorze décembre, il vient pleurnicher sur les malheureux douze pour cent d'impôt sur le revenu que nous réclamons. Il prétend qu'il meurt de faim. A quoi, je réponds invariablement : « Eh bien, mangez du falafel. » Alors, il éclate en sanglots et hurle : « Vous voulez ma mort ! »

        Le commissaire semblait beaucoup s'amuser :

        – Continuez. C'est quoi, le coup du sac ?

        – Je suis arrivé à la conclusion que quelque chose ne tournait pas rond là-dedans.

        – C'est le cas de le dire ! Quoi ? Une histoire de drogue ?

          Oh non, ça c'est votre affaire à vous, ça ne m'intéresse pas, ça. Je veux dire qu'il y a quelque chose de frauduleux dans son histoire. Je me suis mis en observation six ou sept fois et j'ai noté  que plus de deux cents cinquante personnes visitaient son officine chaque jour. Il se peut que deux ou trois personnes entrent ensemble mais que pas toutes n'achètent. Il y en a sans doute certains qui entrent et ressortent écœurés ou choqués du prix ou de la qualité. Admettons. J'ai pensé qu'il fallait employer un moyen plus exact, plus scientifique, disons. Après mûre réflexion, j'ai compris qu'il existait un mécanisme irréfutable permettant d'arriver au nombre exact de falafels vendus en une journée. Il suffisait de compter les petits arcs de pita coupés et jetés à la poubelle. Or, cela, je ne pouvais le faire qu'à la fin de la journée et sans attirer l'attention.  Voilà, c'est toute mon histoire, M. le commissaire.

        Le policier observa attentivement le visage franc de cet homme abattu. Il en avait vu, des malfrats et des voyous au visage angélique et au regard clair… Finalement, il prit sa décision :

        – Ecoutez, Danino. Je gobe votre histoire. Je marche. Ou plutôt, je vous laisse marcher. J'ai donné ordre de faire examiner quelques échantillons de votre pêche nocturne. Je vous demanderai de ne pas quitter la ville pendant les deux semaines à venir et vous tenir à ma disposition à tout moment, portable ouvert. À la moindre incartade, je vous coffre. Retournez à votre enquête d'amateur. On va vous rendre votre sac de détritus et taillez-vous avant que je ne change d'avis.

        La réclusion était terminée. Le commissaire enregistra rapidement son rapport et le fit signer à Danino. Prise d'empreintes digitales, petites formalités sans intérêt et enfin, la liberté.

         

        Fourbu, humilié mais libre, Yaron arrêta un taxi et se fit conduire à l'antre du service fiscal des petits négociants. Le taxi stoppa et le chauffeur annonça :

        – Mur des lamentations, terminus !



        Chapitre 4 : Une boulette dans le système

         

        Une demi-heure plus tard, Yaron Danino sortait du bureau du boss. Les mots résonnaient entre ses tempes brûlantes :

        – Vous avez encore fait une boulette, Danino !

        Une boulette, deux boulettes, sept-cent-cinquante boulettes, des millions de boulettes, des myriades de boules puantes s'entrechoquaient dans le billard de sa cervelle déchiquetée. Il donnait toute son âme et la moitié de son corps à ce fichu service et se trouvait pris en tenaille entre les flics, la fraude, le falafel, la femme et le fisc. Il y avait déjà quatre plaintes contre lui, émanant d'une chaîne de garages obscurs, d'un réseau de vente de produits de mercerie à la sauvette, d'un revendeur de gobelets en plastique et d'un chocolatier marron. Bientôt, il aurait le consortium du falafel sur le dos. Quel métier ! Debout, seul dans son bureau, il donna deux virulents coups de poing dans le mur, l'un contre le désespoir, l'autre contre la dépression. Non, ça n'allait pas se passer comme ça ! Non ! Le falafel serait écrabouillé, ratatiné, écorché vif, étouffé et brûlé sur l'autel de la probité fiscale. Il s'assit devant son ordinateur et remplit fébrilement un formulaire de convocation immédiate à l'adresse du propriétaire de l'établissement Jaffalafel.

         

        Le mardi suivant, à dix heures exactement, l'honorable contribuable Yédidia Tsidkani comparaissait devant son juge, Yaron Danino. De façon à éviter un nouveau malentendu bien regrettable, nous noterons que le nom de cet honnête commerçant signifie plus ou moins : «Ami de Dieu Le Juste» ou «Théophile Justin».

        Yaron commença maladroitement :

        – Tsidkani, Le Juste, joli nom pour un type de votre espèce !

        L'autre fondit en larmes instantanément :

        – Mais qu'est-ce que vous me voulez ? Mais qu'est-ce que je vous ai fait ? Vous me poursuivez, vous me persécutez, ma vie n'est plus qu'un long tissu de malheurs et de catastrophes ! L'Inquisition espagnole, c'était de la tarte à côté de vous !

        – Du calme, cher Monsieur, n'exagérons pas. Personne ne vous court après et votre vie n'a pas l'air si lamentable que ça.

        – Comment ça ?! Vous me menez à ma mort ! Je n'ai plus rien à manger, je suis réduit à la famine !

        – Eh bien, bouffez du falafel, mon vieux, je vous l'ai déjà dit !

        – Et vous trouvez ça drôle, vous ? Eh bien, moi, je vous le dis : je vais porter plainte, moi, plainte pour abus de pouvoir, pour tortures et menaces, moi !  Et pour tentative d'empoisonnement, aussi ! Voilà !

        – Allez-y, on se retrouvera au tribunal.

        – Pas au tribunal ! Chez votre boss, moi, je vais porter plainte, on va vous vider avec un coup de pied au derche !

        – En attendant, regardons un peu où nous en sommes, s'il vous plaît. Il y a quelques jours, j'ai ramassé le sac dans lequel vous jetez les bouts de pita coupées. Il y en avait plus de 450. Votre déclaration de la fin de l'année dernière précise une vente moyenne de 150 portions quotidiennes. Comment expliquez-vous cette différence si significative ?

         

        Au grand étonnement de Yaron Danino, le respectable Tsidkani éclata de rire :

        – Espèce de poire, Tiens ! Vous me faîtes rire ! Zavez pas entendu parler de la grève perlée des éboueurs, tout ce mois-ci ? Ils ramassent les ordures tous les trois jours dans chaque quartier en ce moment !

        L'argument était de taille. Yaron se sentit rouler dans la poêle brûlante comme une vulgaire boulette. Encore une boulette dans le système. Ses jours au service du fisc semblaient comptés. Il réfléchit longuement, puis prononça :

        – D'accord, première manche pour vous, pas mal joué. Comme le r&e

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