SEGUR, Comtesse (De) – L’Evangile d’une Grand’mère (extrait)

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    Nicole DelageNicole Delage
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      Nicole DelageNicole Delage
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                                                 COMTESSE DE SEGUR

                                         L'EVANGILE D'UNE GRAND'MERE    

                                     Naissance de Jésus.  Adoration des bergers.

        Tous les enfants étant installés, la Grand'mère commença :
        Peu de temps avant la naissance de Jésus, César-Auguste, empereur de Rome et maître de la Judée, ordonna qu’on fit le compte de tous les habitants des terres qui lui étaient soumises. Cyrinus, gouverneur de la Syrie}}, fit pour la Judée ce compte qu’on appelle Dénombrement. Joseph vivait à Nazareth, ville de la Galilée; quand il apprit l’ordre donné par César, il fut obligé d’aller se faire inscrire à Bethléem, petite ville de la Judée, près de Jérusalem, éloignée de vingt-cinq lieues de Nazareth ; c’était la patrie du Roi David et de sa famille. Il partit donc avec Marie son épouse ; le voyage fut long. Marie était fatiguée, et quand ils arrivèrent à Bethléem, ils ne trouvèrent pas de logement, parceque ce dénombrement avait**(aviot) fait venir beaucoup de monde dans la ville.

        Ne sachant où il pourrait loger Marie, Joseph sortit de la ville, et il trouva près des portes une grotte profonde qui servait d’étable à des vaches et à des ânes. Le Roi David s’y était reposé souvent quand il était berger, car c’était là qu’il gardait ses troupeaux. Joseph arrangea dans cette étable une couche de paille pour Marie, et c’est là, dans cette étable, que Jésus vint au monde.

        Il y avait dans les environs, des bergers qui gardaient les troupeaux dans la campagne de Bethléem comme au temps du Roi David, et qui veillaient chacun à leur tour, pour qu’on ne volât pas leurs troupeaux.

        Tout à coup, au milieu de la nuit, vers minuit, un Ange du Seigneur leur apparut ; et ils furent enveloppés d’une lumière éblouissante, ce qui leur causa une grande frayeur. Mais l’Ange leur dit :

        « Ne craignez point, car je viens vous annoncer une nouvelle qui sera pour tous une grande joie. Dans Bethléem, la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Voici à quoi vous le reconnaîtrez. Vous trouverez dans une étable un enfant enveloppé de langes et couché dans une Crèche. »

        Valentine. Qu’est-ce que c’est, une crèche ?

        Grand’Mère. Une crèche est l’espèce de mangeoire dans laquelle on donne à manger aux bêtes de l’étable.

        Jeanne. Mais le pauvre petit enfant devait être très-mal là dedans?

        Grand’Mère. Oui, il était très-durement et très-mal, mais il a voulu que ce fût ainsi.

        Jacques. Comment le bon Dieu, qui était son Père, qui a tout ce qu’il veut, ne lui a-t-il pas donné un beau petit lit bien chaud, dans une chambre bien jolie, au lieu de le laisser dans une vilaine crèche et dans une sale étable ?

        Grand’Mère. Parce que l’enfant Jésus a voulu nous faire voir par son exemple qu’il ne faut pas aimer et désirer les richesses de ce monde, et qu’on doit aimer les privations et les humiliations.

        Petit-Louis. Je ne veux pas coucher dans une crèche, moi, ni dans une étable.

        Grand’Mère. On n’est pas obligé de coucher dans une crèche ni dans une étable, mais tout le monde est obligé de ne pas être douillet ni délicat et de ne pas trop aimer ses aises.

        Henriette. Écoute, Loulou, va dans une crèche puisque le petit Jésus y a été ; tu sais bien qu’il faut l’imiter.

        Petit-Louis. Et toi ?

        Henriette. Non, moi pas ; je resterai avec papa et maman.

        Petit-Louis. Tiens ! pourquoi cela ?

        Henriette. Pour qu’ils ne soient pas seuls.

        Grand’Mère. Ce n’est pas gentil cela ! tu veux envoyer le pauvre Louis dans une étable, et toi tu ne veux pas y aller ; pas du tout pour que ta maman et ton papa ne soient pas seuls, mais parce que tu crains d’être mal dans l’étable.

        Henriette rougit, ne répond pas et embrasse Louis, qui lui donne un petit coup de poing.

        Grand’Mère. Voyons, mes enfants, ne vous disputez pas et laissez-moi continuer.

        L’Ange dit aux bergers comment ils reconnaîtraient le Sauveur, le Christ, le Seigneur. Au même moment, une troupe nombreuse d’Anges se joignit à celui qui parlait aux bergers ; et ils chantaient tous admirablement : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. »

        Au bout de quelque temps, les Anges quittèrent les bergers et les bergers se dirent les uns aux autres : « Allons à Bethléem ; allons voir ce qui est arrivé, et ce que le Seigneur vient de nous faire annoncer par ses Anges. »

        Ils se dépêchèrent donc d’y aller et ils trouvèrent dans l’étable Joseph et Marie, avec l’enfant Jésus enveloppé dans des langes et couché dans une crèche. En le voyant, ils l’adorèrent, et ils reconnurent la vérité de ce que leur avait dit l’Ange. Et tous ceux auxquels ils le racontèrent, admiraient ce que leur disaient les bergers.

        Et Marie conservait le souvenir de ces choses et adorait Jésus dans son cœur.



                                                         Les Rois Mages.

        Peu de temps après, on vint dire au Roi Hérode, qui régnait à Jérusalem, que des Rois Mages qui arrivaient de très-loin voulaient le voir et qu’ils demandaient : « Où est le Roi des Juifs qui vient de naître, car nous avons vu son étoile en Orient et nous venons à Jérusalem pour l’adorer ? »

        Hérode fut très-effrayé de ce qu’on lui disait, parce qu’il craignait qu’un Roi plus puissant que lui ne vînt lui enlever son Royaume. Et toute la ville de Jérusalem eut peur aussi. Hérode fit venir les Rois Mages, leur parla, les questionna, et il sut que le Roi dont parlaient les Mages était le Christ, le Fils de Dieu que les Juifs attendaient d’après les livres des Prophètes.

        Alors Hérode fit venir les savants, Princes des prêtres et docteurs du peuple, et il leur demanda où le Christ devait naître.

        Ils lui répondirent : « A Bethléem, ville de Juda. »

        Hérode emmena les Mages chez lui, leur fit beaucoup de questions sur l’étoile qu’ils avaient vue. Ils lui racontèrent que des Anges leur étaient apparus, qu’ils leur avaient annoncé la naissance du Roi des Juifs, le Christ, le Messie promis, le Fils de Dieu, et leur avait ordonné d’aller l’adorer ; qu’ils allaient se mettre en route sans savoir où ils devaient aller, mais qu’au moment de partir, une étoile, plus grosse et plus brillante que toutes les étoiles du ciel, se montra à eux et se mit à avancer devant eux ; elle s’arrêtait quand ils s’arrêtaient et avançait quand ils marchaient ; cette étoile avait disparu quand ils étaient entrés à Jérusalem, et c’est pourquoi ils avaient demandé à voir le Roi des Juifs que leur avaient désigné les Anges.

        Hérode les remercia, leur dit d’aller à Bethléem, car c’était là que devait naître le Messie, le Christ, pour sauver tous les hommes, en les délivrant du démon.

        « Allez, leur dit le Roi Hérode, informez-vous à Bethléem de cet enfant, et quand vous l’aurez trouvé, revenez me le faire savoir, pour que moi aussi j’aille l’adorer. »

        Les Rois Mages le lui promirent et se remirent en route ; aussitôt, leur étoile reparut, ce qui leur causa une grande joie ; et l’étoile marcha devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée à la grotte où était I’Enfant et Marie sa mère, elle s’arrêta.

        Les Mages en furent transportés de joie ; ils entrèrent dans la grotte, et trouvèrent I’Enfant avec Marie sa mère. Et se prosternant devant lui, ils l’adorèrent. Puis, ouvrant les caisses qui étaient sur le dos de leurs chameaux et qui contenaient leurs trésors, ils en tirèrent leurs présents qu’ils lui offrirent ; c’était de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

        Jacques. Comment l’encens était-il un trésor ? Ce n’est pas du tout un beau présent ; on en brûle ici dans toutes les églises.

        Grand’Mère. L’encens qu’on brûle chez nous, n’est pas le vrai encens des Juifs ; le nôtre est bien une résine, une espèce de gomme qui coule de certains arbustes, mais il n’a pas l’odeur excellente de l’encens des Juifs et des peuples de l’Asie ; celui-là est rare et coûte fort cher.

        Jacques. Mais qu’est-ce que l’Enfant Jésus et la sainte Vierge pouvaient faire avec l’encens ? Ça ne leur servait a rien.

        Grand’Mère. C’était un hommage, une marque de respect que leur donnaient les Mages. Ils l’offraient non-seulement comme une chose précieuse, mais parce qu’ils voulaient faire voir par là qu’ils reconnaissaient l’Enfant Jésus pour le vrai Dieu, puisqu’on n’offre de l’encens qu’à Dieu.

        Henriette. Et qu’est-ce que c’est que la myrrhe ?

        Grand’Mère. La myrrhe est un parfum très-précieux et très-amer au goût ; elle signifiait que Jésus devait beaucoup souffrir, faire une pénitence suffisante pour effacer les péchés des hommes et puis mourir pour les sauver. Le bon Dieu avait fait connaître tout cela aux Rois Mages ; ils l’offrirent à Jésus comme un présent fort rare et fort cher.

        Après avoir adoré I’Enfant, et après s’être reposés quelque temps, ils repartirent pour retourner dans leur pays, mais un Ange leur apparut en songe et leur ordonna de ne pas aller retrouver le Roi Hérode à Jérusalem, parce qu’il voulait faire mourir l’Enfant Jésus au lieu de l’adorer ; l’Ange leur ordonna de s’en retourner par un autre chemin, et les Mages obéirent. Quand ils furent de retour chez eux, le Roi Hérode les attendait toujours et il s’impatientait de ne pas les voir revenir.


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