(N) ALEXIAN, Alex – Agalma

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    Alice LymAlice Lym
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      #163109
      Alice LymAlice Lym
      Participant

        Bonjour,



        Je souhaiterais lire la nouvelle Agalma de Alex Alexian, qui n’a pas été publiée.



        Je vous adresse le texte de la nouvelle. C’est une nouvelle psychologique et à suspense, ancrée dans la vie quotidienne, empreinte d’humour et d’une belle lucidité sur l’existence.



        Alex Alexian a déjà auto édité un recueil de Nouvelles métropolitaines (en 2019). Il fait partie du comité de lecture des Mardis littéraires de Jean lou (réunions littéraires se tenant à 20 heures le mardi , au café de la mairie, 8, place Saint-Sulpice à Paris).



         



        La durée de cette nouvelle est de 17 minutes. Je dispose de l’accord de l’auteur que je pourrai sans problème vous communiquer.



         



        Bien amicalement,



         



        Carole Détain



         



        post-scriptum



                  brève bibliographie de Alex Alexian



                  le texte de la nouvelle



           %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%



        ALEX ALEXIAN



         



        J’écris des nouvelles depuis 2012. Je viens de commencer un roman qui sera achevé d’ici 2 ans environ…



         



        NOUVELLES DÉJÀ PARUES



         



                « STMTMB » (revue Empreintes, n° 19, 2012)



                « Ecce Homines » (revue Empreintes, n° 23, 2014)



                « Élisabeth » (dans le recueil des « Nouvelles du Père-Lachaise » aux Éditions du Désir, 2014),



                « Une expo au 104 » (Blog Marion Favry, 2014)



                « Une transaction » (nouvellescourtes.fr, 2015),



                « Coco Bel Œil » (nouvellescourtes.fr, 2015),



                « L’un L’autre » (revue Villa Europa, n° 6, 2015).



                « La Colombienne », « Le Goujat » et « Le Père Noël » (revue Empreintes, n° 26, octobre 2015).



                « Pourquoi ? » (Billet d’humeur, revue Culture & Liberté n° 411, 2017)



                « Comment ? » (Billet d’humeur, revue Culture & Liberté n° 412, 2017)



                « Le Piège d’Etréchy » (Revue L’Ours Blanc, mai 2017)



                « Un drôle de Jeu » (revue Empreintes, n° 31, 2018),



                « La lettre à Nabokov » (revue Brèves, n° 114, 2019)



                Vient de paraître : « Les Nouvelles Métropolitaines » un recueil de 16 nouvelles sur des rencontres réelles, imaginaires ou un mixte des deux. Tiré à 100 exemplaires (2019)



        D’autres textes en écriture collaborative sur la plateforme des Éditions Inédits.



                Dans l’arbre « Voyage en Italie… ou presque » 3 contributions : « Quelle nuit affreuse », « A Florence » et « Allez savoir ! »



                Dans l’arbre « Respiration, Inspiration » : 2 contributions : « Rhum ? » et « La Gringa et le boss ».



                Dans l’arbre « Entre chien et loup » : The Bookshop



                Dans l’arbre « Mimosa » : « Même pas peur ! »



           %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%



        AGALMA



         



        L’âme d’autrui est une forêt obscure



        Proverbe russe



         



        Elle croisa son chemin, lui aussi.



        Elle était psychanalyste, lui dubitatif.



        (Mais, cela ils ne l’apprirent que plus tard)



        Elle était jeune et belle, lui vieux et moche.



        Elle s’exprimait bien, lui réservé.



        Était-elle l’agalma et lui le silène ?



        Et comment extraire de la gangue du langage le joyau de l’émotion ?



        Il l’avait suivie (choisie  ?) à la sortie du métro, car son air de flamant rose perché haut sur pattes avait happé son regard. Il se demandait comment il était possible de marcher sur de telles échasses. Peut-être était-elle fille de circassiens ? Sans le savoir, elle le mena rue Cabanis et pénétra au Fiap. Lui de même. À l’accueil, il l’entendit s’enquérir dans quelle salle se déroulait le séminaire. Quel séminaire ? Salle Dublin. Informé, il la regarda gravir. Une visite aux toilettes pour se tamponner le visage à l’eau froide, puis boire un café. Cinq minutes s’étaient égrenées sur son chapelet virtuel. Il trouva la salle à l’étage, déjà pleine d’un aréopage sans aucune parité masculine, et prit un siège éloigné de l’estrade. L’intervenante arriva et déposa une serviette ventrue sur la table faisant office de bureau. Elle ne se présenta pas, les participantes semblaient la connaître et se reconnaître entre elles. Des signes de connivence s’échangèrent avant que le silence ne se fit. Quand la conférence s’ébranla, il s’aperçut qu’il s’agissait de psychanalyse, car le vocabulaire appartenait à ce champ lexical. Il comprit vite qu’il ne comprenait rien à ce qui se disait. Grosso modo, il était question des occurrences du mot agalma dans le séminaire n° 6 sur le transfert. Quel transfert ? Sa totale incompréhension du sujet eut sur lui un effet balsamique. Au bout d’une heure, cette enfilade de concepts abscons l’éthérisa comme s’il avait fumé un joint, ce qui lui remémora de bons souvenirs.



        Il observait les diverses écoutantes de cette assemblée. Toutes exerçaient le métier d’analyste. Lui, doublement intrus, n’avait pas été convié à ce séminaire et ne faisait pas partie de cette corporation. Mais sa présence n’avait heurté personne. Très attentif aux propos de celle qui était à l’origine de son infiltration, il ne la quitta pas d’une oreille. Elle posait des questions tout aussi obscures que l’exposé. Il s’échangeait des notions telles que : objet petit a, de transfert, puis d’Alcibiade, de Socrate, de Diotime, de sculptures, de silène, et d’agalma, et pire que tout de la forclusion du Nom du Père. Avec ou sans majuscules ? Un terme juridique datant de la royauté : forme particulière de déchéance faisant perdre à une personne la faculté d’exercer un droit par suite de l’expiration d’un délai. Psychanalyse et maintenant droit. Ça se corse !



         Le séminaire l’acheva sans qu’il ne se soit manifesté. Il prit note les dates des suivants et quitta la salle tout de go, étant certain de la revoir. Il paria, avec lui-même, l’enjeu, une pinte d’ale. C’était gagnant-gagnant.



        Un mois s’écoula sans qu’il y songea. Il ne savait rien d’elle, tout au plus qu’elle aimait porter de hauts talons et qu’elle passait ses journées à écouter les jérémiades de patients horizontaux et dépressifs. Cette maladie n’est-elle pas le summum de l’égoïsme ? Elle s’exprimait élégamment d’une voix, elle aussi haut perchée.



         Au séminaire suivant, il avait pris soin d’arriver en avance afin ne pas la croiser dans le métro ou dans la rue. Celui-ci s’étira de façon tout aussi soporifique que le précédent. Il remarqua qu’elle s’était retournée pour le regarder quand il posa une question sur le rôle de Diotime dans Le Banquet de Platon. Première femme philosophe de l’histoire ? Dans l’intervalle, il avait lu ce texte, qui servait de référence pour les occurrences d’agalma. Il avait préparé cette question, qui si elle ne supposait de connaissances psychanalytiques, ne pouvait pas laisser insensible cet auditoire d’intellectuelles. Diotime parlant de l’amour dans la bouche de Socrate, ou bien Socrate se dissimulant derrière Diotime, et Platon jouant à cache-cache avec Socrate. Nous étions à l’intérieur d’une série de poupées grecques. Qui de ces trois personnages était le véritable locuteur et Diotime avait-elle vraiment existé ? Il fut surpris par la modestie de la conférencière, elle l’ignorait. À la fin du séminaire, une des psy, (avec ou sans s ?) empruntant le même métro l’aborda. Elle lui demanda quel était son intérêt pour la philosophie grecque. Il allégua préparer un papier sur ce sujet, mais ne connaissant rien à la psychanalyse, était-il au bon endroit pour approfondir la question ? Il sentit qu’elle aurait bien voulu que la conversation se poursuive. Mais ce n’était pas elle qui le captivait. Il prétexta être arrivé et lui souhaita un bonsoir. Puis, prit la rame suivante.



        C’est l’autre sujet qui toupinait dans son intérieur. Cela se fit un peu par ce hasard qui n’existe pas, car à la fin de la troisième conférence, durant laquelle il était resté aussi muet qu’une carpe aphasique, il la croisa devant le distributeur de boissons où elle peinait, celui-ci ne voulant pas de son obole. Il ne lui demanda pas si la machine ne l’aimait pas, mais lui proposa d’aller prendre un vrai café. Encombrée de ses affaires, la machine toujours aussi rétive et  dénuée de toute intelligence artificielle, elle accepta l’invite sous une dentelle d’hésitation. Le café en face de la station de métro ne se fit pas prier. Assis dans un carré de banquettes, il lui confia qu’il ne comprenait pas grand-chose à ce qui se disait, mise à part la dimension philosophique. Cela l’étonna. Il lui dit qu’en autodidacte éclectique il avait une tendance, maladroite peut-être, à penser par lui-même. Cela l’intrigua. Puis après avoir échangé quelques banalités banales, elle prit congé de lui. Elle ne voulut pas qu’il lui offre sa consommation, logique. Après avoir médité sur une auréole de café au fond de la tasse, il regagna ses pénates.



        À la séance suivante, c’est elle qui l’entreprit. Ils se retrouvèrent au bistro. Elle lui raconta quelques épisodes de sa vie entre deux propos et lui expliqua que l’agalma était l’objet du désir et le silène, un personnage peu ragoûtant dissimulant sous son apparence quelque chose de précieux. Tiens, elle lui tendait une perche. Sa curiosité satisfaite, il prit congé d’elle, après lui avoir proposé de dîner ensemble un soir de la semaine suivante, ce qu’elle accepta, elle avait justement une soirée de libre. Peu à peu, leurs charmants vouvoiements s’entrelacèrent. Puis, de fil en aiguille, de concept en concept, de caresses en blandices, de cafés en hôtels, elle se laissa déshabiller. Cela lui paraissait moins ésotérique que les conférences. Le but n’était-il pas le même, le péripatétisme intellectuel ne faisant que rallonger le chemin ? Flattée, elle accepta qu’il l’identifie à l’agalma, objet précieux, et que lui soit le silène, le satyre qui la convoitait. Qui plus est, il avait la gueule de l’emploi. Ces métaphores parlèrent d’abord à son intellect, puis se frayèrent un chemin jusqu’à son sexe, mais avaient-elles touché son cœur ?



        Certains soirs, il venait la chercher à son cabinet. Elle avait insisté, à plusieurs reprises, pour qu’il l’attende dans le café à l’angle de la rue. Il aurait bien voulu qu’elle le lui montre, ne serait-ce que pour la déco. Inflexible, elle ne transigea jamais, alors qu’elle cédait à ses désirs dans l’intimité des chambres d’hôtel. Leurs ébats, tout serti de délicatesses, oscillaient parfois vers des animalités bienvenues, sans pour autant tomber dans les déclinaisons du Kama Sutra. Leurs mains, loin de s’égarer, jouaient une petite musique nocturne et parfois stridulante sous un doigté soyeux.



        Sa lubie n’avait rien d’étrange et en ce qui le concernait, sa curiosité n’avait rien de pressant. Voir ou ne pas voir le fameux canapé, drapé d’un kilim et le portrait de l’homme au cigare, ne l’échaudait guère. Une icône, comme celle d’Einstein, du Che ou de Davy Crockett.



         Mais un jour, prise d’une redoutable migraine ophtalmique, elle l’appela au bistro du coin sur son fil à la patte et lui demanda d’acheter une bouteille de whisky bien tourbé. Le remède radical. Des céphalées se manifestaient de temps à autre, surtout en fin de journée, lorsqu’elle avait reçu trop de patients incapables de dénouer le plus petit lacet gordien. Il acheta un Inlay. Arrivé à l’étage, la porte entrouverte, la salle d’attente déserte, il pénétra dans la divine pièce. Elle était allongée, ses yeux protégés d’un masque noir qu’on aurait pu croire vénitien. Il s’approcha d’elle et posa sa main sur son front. Pas de fièvre.



                Comment allez-vous ?



                J’ai un mal de tête lancinant, ma vision est hachurée en bandes verticales. Quand j’essaie de me lever, je perds l’équilibre. Servez-moi un verre, c’est le seul remède qui agit rapidement sur ce genre de migraine.



        Il déboucha, lui servit une large rasade, sans s’oublier. Après un court laps de temps, elle put enlever le masque et ses joues refleurirent. Elle se pressa contre lui, cligna des yeux et les posa sur les siens. Une douceur inhabituelle émana d’elle. Allait-elle lâcher prise, se départir de sa posture et le percevoir autrement qu’à travers son prisme ? Une nouvelle facette ruissela d’elle. Étonné, il la contempla. Les rares moments où elle se laissait aller, c’était dans la chambre d’hôtel quand elle avait quelques secondes d’éternité et qu’elle criait le prénom d’un de ses anciens amants. Il n’en prenait pas ombrage, car c’est lui qui était à la manœuvre. Et alors lui aussi pouvait se laisser aller quand il la sentait jouir. Il disait venir, elle disait partir.



                Pouvez-vous, maintenant, m’apporter un verre d’eau ?



        Il se dirigea vers une porte tendue de velours, non loin du divan.



                Ne pénétrez pas dans cette pièce, le cabinet de toilette donne sur la salle d’attente. Lui intima-t-elle.



                Pourquoi ?



                Parce que !



                Vraiment ?



                Je n’y tiens pas trop !



                Pas trop ?



                ….



        Puis, apparemment résignée.



                Bon allez-y, vous verrez bien…



        Il chercha d’abord le verre d’eau, le lui tendit et puis ouvrit la porte. C’était une petite pièce aveugle comportant un unique meuble, un antique confessionnal à doubles volets. Curieux mobilier. De retour du saint des saints, lorsqu’elle vit son air perplexe elle lui dit :



                Vous aimeriez bien savoir pourquoi.



        Il resta muet.



                C’est là que de temps à autre je médite, me retrouve et parfois me confesse…



                À qui ?



                À moi-même…



                … ?



                … et si pour une fois, je me confessais à toi ?



         



        Alex Alexian                                                                                                                     Paris, le 4 janvier 2020



         



         



         



         



         



         



         



         



         



         









        #163113
        CocotteCocotte
        Participant

          O

          #163115

          N

          #163123
          Alice LymAlice Lym
          Participant

            Je remercie Jean Pierre B et Cocotte pour leur réponse.



            … et j attends la suite de “vos” avis …



            Bien amicalement 

            Carole Détain

            #163124
            Alice LymAlice Lym
            Participant

              Je remercie Jean Pierre B et Cocotte pour leur réponse.



              … et j attends la suite de “vos” avis …



              Bien amicalement 

              Carole Détain

              #163125
              Christine SétrinChristine Sétrin
              Participant

                N

                #163130
                PommePomme
                Participant

                  La psychologie et le suspense m'ont échappé.

                  N

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