Leonid Andreiev, par Repin (1904)

La Mordeuse

Leonid Andreïev était un journaliste et écrivain russe (1871-1919). D’une acuité exceptionnelle et d’une lucidité effrayante, il saisissait les facettes de l’âme et les monstruosités de la vie avec une perspicacité et une justesse effroyable. Mais il ne sortit pas indemne de ses observations de l’esprit humain. Alcoolique, révolté, hypersensible, Leonid dut se battre avec ses démons. Le succès ne le lâcha pas jusqu’en 1909, puis ce fut le déclin et l’oubli. Les éditions José Corti ont entrepris la publication de l’intégralité de l’œuvre narrative de Leonid Andreïev. La traduction est assurée par Sophie Benech.

Andreïev pose un regard lucide et implacable mais rempli de tendresse et de compassion sur la désolation, la solitude, et sur le besoin fondamental d’amour, de rapprochement, de tendresse, inhérent à l’être humain. Dans La Mordeuse, comme pour souligner le côté pathétique de cette condition humaine, le côté « bestial », c’est à travers une chienne abandonnée, martyre solitaire, qu’il révèle les ombres et les lumières du vivant. La Mordeuse figure dans le volume Le Gouffre. Avec l’aimable autorisation des éditions José Corti.

Traduction : Sophie Benech.

Références musicales :

Pedro Collares, Pow How, extrait de l’album Hang Experience 1 (licence Cc-By-Nc-Sa-3.0).

Licence d'utilisation : Réutilisation du livre audio soumise à autorisation préalable.
Livre audio gratuit ajouté le 15/01/2015.

15 Commentaires

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  1. Malheureusement quand un être a souffert, qu’il a connu l’abandon, la solitude, il peut comme la mordeuse avoir dû mal à faire confiance.

    Mais quand il donne son amour, il est profond et intense. Car il sait qu’il est rare.

    Les jeunes filles quant à elles ont eu la chance de ne pas connaitre la désolation, et même si elles aiment ce chien, le petit chiot leur fera vite oublier “cet amour de vacances.”

    N’est-ce pas une métaphore de l’amour. Combien il devient un bien précieux quand on l’a rarement connu et combien certains êtres comblés peuvent rester à jamais des êtres superficiels dans leur manière d’aimer? maladresse insouciance qui peut évoluer à partir du moment où on connait soi-même la désolation.

    Et si l’auteur a pris une chienne comme héroïne, c’est pour sa fidélité et ses émotions brutes. Elle est incapable d’avoir du recul sur ce qui s’est passé comme accepter le bonheur fugace, et c’est ce qui rend “l’abandon” de cette chienne d’autant plus poignant.

    Dans une vie, on est tour à tour cette chienne abandonnée, et cette jeune fille qui abandonne, en sachant qu’on est soit plus l’un soit plus l’autre.

  2. Chére Emiliemilie,

    Je crois que ce que révèle ce texte, ce n’est pas la superficialité de l’amour, mais son caractère éphémère. Il est si difficile de le (son caractère éphémère) supporter, comme il nous est impossible de supporter sereinement notre propre mortalité. Mais c’est également ce qui rend tout cela si précieux, n’est-ce pas ?

    Ce texte de Léonid Andreïev parle avant tout de notre humanité, imparfaite, fragile et sensible, encombrée de besoins. Il raconte combien nos souffrances nous font agir de manière maladroite et cruelle, mais il parle aussi de résilience, de cette capacité de refaire confiance après avoir été blessé et combien cette confiance renouvelée apporte du bonheur et du bien-être et même si cela ne doit durer qu’un temps, cela n’en vaut-il pas la peine ?… La vie elle aussi ne dure qu’un temps, et n’en vaut-elle pas la peine ? Nos malheurs s’imprime dans notre mémoire et influencent nos vies, nos bonheurs aussi !

    Les textes de Léonid Andreïev sont noirs, c’est indubitable. Mais c’est dans le noir le plus profond, que la lumière ressort le mieux…

  3. A travers votre lecture, le choix de la musique vous avez su rendre toute la mélancolie de ce texte. Une belle métaphore de l’amour profond et sincère d’un être rejeté face à l’amour superficiel de l’homme
    Merci à vous et aux autres lecteurs de faire vivre ces textes en les sortant de l’oubli….

Lu par EsperiidaeVoir plus

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