Joseph Conrad - Photo de George Charles Beresford (1904)

Nostromo

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« Il y a dans la richesse quelque chose de maudit. » Cette phrase, prononcée par le héros à l’agonie, résume bien le thème central de Nostromo (1904), œuvre sombre et qui donne de la condition humaine une vision pessimiste à souhait. L’action se passe dans une république sud-américaine imaginaire, le Costaguana, constamment en proie à des révolutions. Il est impossible de résumer l’intrigue foisonnante de ce roman, qui met en scène 38 personnages et est centrée sur le protagoniste Nostromo (« notre homme »), marin italien devenu le magnifique «capataz de cargadores » (« capitaine des dockers ») du port de Sulaco. Héros populaire, courageux mais excessivement vaniteux, réputé incorruptible, il finira par devenir « esclave du trésor » dont le sauvetage lui a été confié in extremis par Charles Gould, le maître anglais de la mine d’argent de San-Tomé, alors qu’il allait tomber aux mains des partisans de Montero, militaire brutal et auteur d’un nouveau coup d’état. Tiraillé entre, d’un côté, son souci de « s’enrichir lentement » - en récupérant un à un et en tapinois les lingots qu’il a sauvés d’un naufrage et dissimulés sur une île - et, de l’autre, son amour coupable pour Gisèle, fille cadette de son meilleur ami, le vieux garibaldien Georgio Viola, et sœur de Linda, sa fiancée officielle, Nostromo connaîtra une fin aussi absurde que tragique. Comme dans Lord Jim, l’intrigue – qui exige une attention assez soutenue - est rarement linéaire et abonde en retours en arrière et en anticipations sur le futur. On y trouve aussi une bonne dose de réalisme, d’exotisme, et une nouvelle dénonciation féroce du colonialisme européen et américain.
Traduction : Philippe Néel (1882-1941).

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Livre audio gratuit ajouté le 13/02/2013.

18 Commentaires

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  1. C’est vraiment passionnant de faire toutes ces recherches, de trouver et d’en profiter un maximum. Merci énormément à tous ceux qui ont rendu cela possible !

  2. Oui transmettre fut aussi ma vocation comme enseignant. Les jugements très personnels que vous portez sur les oeuvres enregistrées sont toujours fort intéressants. Soyez en remerciée, chère Sylvie.

  3. Merci monsieur Rannou d’avoir eu le courage de lire pour nous une œuvre aussi dense et aussi difficile, un vrai travail de titan! Grâce à vous je suis arrivée jusqu’au bout avec quelques difficultés au début, puis avec un investissement de plus en plus passionné. Ce n’est pas, néanmoins, mon œuvre préférée de Conrad (je trouve que les trop nombreux discours et analyses encadrent trop le lecteur). Mais quelle construction magistrale, quelle somme, quelle force, et quelle noirceur! Les mouvements révolutionnaires ne sont pas mieux traités que le colonialisme et le capitalisme. Il n’y a qu’à voir le photographe “rouge” tout à la fin, qui ressemble carrément à un singe…
    Merci pour votre travail si réussi, c’est beau de transmettre.

  4. Merci André,de cette très belle lecture, posant avec une rassurante diction la riche Prose de Conrad. L’intrigue assez complexe, avéc des tableaux différends, de nombreux personnages est ainsi limpide.
    Après lord Jim, Nostromo, je retrouve mes lectures de jeunesse. A quand la Folie ALMAYER, autre texte passionnant.
    Merci de votre génerosité, de votre temps passé.
    René Pierre

  5. Merci de grand coeur André Rannou pour la lecture de ce livre. Grâce à vous, je découvre Joseph Conrad ! Il était temps. Je vous imaginais anglophone ( le style de cet écrivain est splendide, la langue de la version originale doit être encore plus belle.) Vous avez aussi le don de la langue espagnole ! Croyez en ma gratitude pour tout ce travail et le soutien que vous procurez.

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