Jean-François Millet, La blanchisseuse

La Baratte

« – Oh ! ma foi, Dieu oui, monsieur le juge, c’est bien vrai que j’ai tué, on peut le dire, et même je n’y ai pas regret, vous savez bien. Je suis une pauvre malheureuse femme, et si vous croyez qu’il vaut mieux qu’on me coupe le cou, ce n’est pas moi, bien sûr, qui vous dédirai ; je n’en aurai pas de la peine, monsieur le juge, bien sûr ! Il faut le faire, si vous voyez que c’est mieux, et vous ne devez pas vous déranger à cause de moi, quand c’est votre idée, parce que moi, ça ne me fait rien, vrai comme je vous parle. […] »


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Références musicales :

Frédéric Chopin, Nocturne in B flat minor, Op. 9 no. 1, interprété par Frank Levy (domaine public).

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Livre audio gratuit ajouté le 08/11/2019.

5 Commentaires

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  1. Je ne voudrais pas être à la place du juge.
    Récit bouleversant et franchement je ne sais que penser : condamner cette femme ou malgré le crime évident d’un petit enfant, accepter cette mort comme une délivrance pour celui-ci.
    La pauvreté, le manque de soins et même de médecins explique peut-être cela.
    Et puis, ils nous reste cette conscience éduquée par une religion judéo-chrétienne qui n’admet pas que l’on enlève la vie, même en cas, par exemple de mort cérébrale.
    Je blâmerais plutôt cet homme, ivrogne notoire, qui après avoir conçu un enfant s’en va pour reprendre sa vie de jeune homme. Quel lâche !!
    Votre lecture Pomme m’a touchée au cœur, je vous avouerais que j’en ai pleuré.
    Je suis grand-père et j’ai compris cette grand-mère, quoique, maintenant, tous les soins nécessaires seraient donnés à mon petit-fils.
    Mais l’on ressent dans les paroles des deux femmes…Une tristesse profonde d’en arriver là. Ce n’est pas un meurtre gratuit, je pense plutôt que c’est l’acceptation de la mort inévitable, l’acceptation, pour elles deux, de souffrir le martyr face à leur acte et …
    J’arrête-là…C’est trop fort pour moi…Désolé.

  2. Grand merci à vous, chère Claryssandre, pour votre indéfectible fidélité. Cruauté et tendresse se mêlent en effet dans ce récit, sur fond de misère affreuse.
    Gill, je veux bien vous accorder que la personne à laquelle s’adresse cette pauvre femme n’est peut-être que le lecteur, = subterfuge littéraire. Mais pour la question que vous posez, permettez-moi de ne pas partager le même doute que vous. Et merci pour votre chaleureux compliment.

  3. Il me semble que le Juge auquel s’adresse le plaidoyer de la bonne femme dans ce récit n’est autre que la lectrice et lecteur comme vous et moi.
    La misère affreuse que les deux femmes ne pouvaient ni éviter, ni encore moins effacer (maris soûlards, absence de vivres, avortons…) était courageusement subie comme un cortège de désagréments que l e sort leur a tiré. Leur acte final est, certes, répréhensible par la foi chrétienne et la loi sociale, mais en définitive, l’est-il vraiment au sens de la raison et de l’équité ?
    J’abonde dans le sens de Claryssandre quant à l’excellente qualité de la lecture.
    Bravo à vous Dame Pomme.

  4. Quelle cruauté… édifiante (?) !!! Malgré tout non dénuée de tendresse donc très troublant ! Désolée, je ne suis pas très claire…En tout cas, ADMIRABLE lecture toute en nuances et sensibilité. Un grand merci chère Pomme et bonne soirée.

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