Michel de Montaigne

De trois commerces (Essais III, 3)

De trois commerces (Livre III, Chapitre 3 des Essais) est à prendre dans le sens de « Trois types de relation avec autrui  ». Ce chapitre est une véritable confession de Montaigne sur sa façon de se comporter avec son entourage.

« Je dirai que ma nature exigeante me rend difficile dans mes rapports avec les hommes, car je dois les trier sur le volet, et qu’elle me rend maladroit dans la vie courante… Mais la froideur de mon attitude en société m’a legitimement privé de la bienveillance de beaucoup de gens… Mais dans les amitiés ordinaires, je suis quelque peu stérile et froid, car mon allure naturelle c’est d’aller toutes voiles dehors. »

Il a horreur des femmes savantes et parle d’elles comme le fera plus tard le Chrysale de Molière. Mais « il m’est agréable aussi d’avoir des relations avec des femmes belles et honorables : c’est que nous aussi nous avons des yeux de connaisseur… Mais c’est un genre de relations ou il faut se tenir sur ses gardes, et cela est vrai notamment pour ceux chez qui, comme moi, le corps joue un rôle très important. »

Et il arrive à l’essentiel pour lui, l’amour de sa « librairie » :
« Les deux sortes de fréquentation dont j’ai parlé (celle des hommes estimables et celle des femmes belles et honorables) relèvent du hasard et dépendent d’autrui. La première a l’inconvénient d’être rare, et l’autre se fane avec l’âge ; c’est pourquoi elles n’eussent pas su remplir ma vie.
Mais celle des livres, la troisième, est bien plus sûre et nous est plus personnelle.
Elle a pour sa part la constance et la facilité d’emploi : elle accompagne tout le cours de ma vie et me vient en aide partout ; elle me console dans la vieillesse et dans la solitude, elle m’ôte le poids d’une oisiveté fastidieuse, et me permet d’échapper à tout moment aux gens qui m’ennuient… Pour trouver un dérivatif à une idée importune, il suffit de recourir aux livres : ils m’accaparent facilement, et m’en détournent. Et de plus, ils ne se rebellent pas de voir que je ne les recherche qu’à défaut des autres agréments, plus réels, plus vifs et plus naturels : ils me font toujours bonne fi gure. »

Comment un lecteur de Littératue audio.com pourrait-il contredire ces dernières réflexions ?

Traduction en français moderne de Guy de Pernon.


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Illustration :

Portrait de Michel de Montaigne.

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Livre audio gratuit ajouté le 25/06/2014.

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