Voltaire à sa table de travail

Bacchus – Baiser – Barbe

Trois articles à problèmes du Dictionnaire philosophique sans rapport entre eux, sinon l’ordre alphabétique et où Voltaire expose des traditions et propose des hypothèses.

Bacchus serait un avatar de Moïse ?

« Les anciens poëtes font naître Bacchus en Égypte ; il est exposé sur le Nil, et c’est de là qu’il est nommé Myses par le premier Orphée, ce qui veut dire en ancien égyptien sauvé des eaux, à ce que prétendent ceux qui entendaient l’ancien égyptien, qu’on n’entend plus. Il est élevé vers une montagne d’Arabie nommée Nisa, qu’on a cru être le mont Sina. On feint qu’une déesse lui ordonna d’aller détruire une nation barbare ; qu’il passa la mer Rouge à pied avec une multitude d’hommes, de femmes et d’enfants. Une autre fois le fleuve Oronte suspendit ses eaux à droite et à gauche pour le laisser passer ; l’Hydaspe en fit autant. Il commanda au soleil de s’arrêter ; deux rayons lumineux lui sortaient de la tête. Il fit jaillir une fontaine de vin en frappant la terre de son thyrse ; il grava ses lois sur deux tables de marbre. Il ne lui manque que d’avoir affligé l’Égypte de dix plaies pour être la copie parfaite de Moïse. »

Baiser :

« Il y avait chez les anciens je ne sais quoi de symbolique et de sacré attaché au baiser, puisqu’on baisait les statues des dieux et leurs barbes, quand les sculpteurs les avaient figurés avec de la barbe. Les initiés se baisaient aux mystères de Cérès, en signe de concorde.
Les premiers chrétiens et les premières chrétiennes se baisaient à la bouche dans leurs agapes. Ce mot signifiait repas d’amour. Ils se donnaient le saint baiser, le baiser de paix, le baiser de frère et de sœur, ἅγιον φίλημα. Cet usage dura plus de quatre siècles, et fut enfin aboli à cause des conséquences. »

Barbe :

« Il est à remarquer que les Orientaux n’ont jamais varié sur leur considération pour la barbe. Le mariage chez eux a toujours été et est encore l’époque de la vie où l’on ne se rase plus le menton. L’habit long et la barbe imposent du respect. Les Occidentaux ont presque toujours changé d’habit, et, si on l’ose dire, de menton. On porta des moustaches sous Louis XIV jusque vers l’année 1672. Sous Louis XIII, c’était une petite barbe en pointe. Henri IV la portait carrée, Charles-Quint, Jules II, François Ier, remirent en honneur à leur cour la large barbe, qui était depuis longtemps passée de mode. Les gens de robe alors, par gravité et par respect pour les usages de leurs pères, se faisaient raser, tandis que les courtisans en pourpoint et en petit manteau portaient la barbe la plus longue qu’ils pouvaient. »


Remarques :

Consulter la version texte de ce livre audio : BacchusBaiserBarbe.

Illustration :

Voltaire à sa table de travail.

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Livre audio gratuit ajouté le 02/03/2017.

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