PLATON – Ménon
Donneurs de voix : Projet collectif | Durée : 1h 38min | Genre : Philosophie
« « Me dirais-tu bien, Socrate, si la vertu peut s’enseigner, ou si elle ne le peut pas et ne s’acquiert que par la pratique ; ou enfin si elle ne dépend ni de la pratique ni de l’enseignement, et si elle se trouve dans les hommes naturellement, ou de quelque autre manière ? » (Ménon).
Cette question, si doctement formée par Ménon était une question débattue traditionnellement à Athènes devant les élèves des Grands Sophistes. Elle trouve, pourtant, en Socrate, un élève indocile. Il voudrait, en effet, obtenir d’abord une définition de la vertu, pour pouvoir déterminer sa réponse à cette question. Dans cet effort de recherche d’une définition, Ménon va s’épuiser, et il faudra finalement l’aide d’un interlocuteur inattendu, un petit esclave de ce même Ménon, pour qu’apparaisse le principe d’une réponse vraie, dans la thèse selon laquelle « apprendre » n’est rien d’autre que « se ressouvenir ». Mais Ménon ne cessera de vouloir précipitamment revenir à la réponse dans les termes de sa question initiale. Aussi, même en adaptant la méthode, et en prenant l’avis d’Anytos (futur accusateur de Socrate) sur l’existence de maîtres de vertu, comme les Sophistes, le sens des conclusions de la discussion restera-t-il, jusqu’à la fin, entaché d’équivoque. En effet, l’absence d’une élucidation complète de la notion de vertu compromet la réussite d’une conclusion.
La fin du dialogue semble donc sans conclusion. Pourtant, l’invitation à s’exercer à se ressouvenir, invitation faite au beau milieu du dialogue, trouve, à la fin de celui-ci, un terrain propice puisqu’il « s’est passé » quelque chose. Il faudra donc chercher et se souvenir de l’idée. Un maître d’esclave comme Ménon comprend-il la leçon, en quittant Socrate ? pourra-t-il oser repenser à la discussion menée avec l’esclave pour s’y instruire ? Saura-t-il changer de regard et de manière de vivre ?
Traduction : Victor Cousin (1792-1867).