Ahikar, la dune disparaissant inexorablement sous l'assaut répété des vagues

Le Sable

« Quel temps fait-il en ce moment à Noirmoutier ? demanda ma tante. — Oh ! il fait doux, très doux, répondit ma mère. Là-bas, il ne gèle jamais, c’est une île avec son microclimat. C’est pourquoi nous avons planté deux myosotis, un sur le devant de la maison, l’autre, derrière, non loin de la terrasse. — Oh ! vous en avez de la chance. Moi, j’avais essayé une fois, mais ici il n’a pas survécu au premier hiver. Le gel l’a tué… Mais le sable, dis-moi Thérèse, il paraît que c’est vraiment effrayant le problème du sable, là-bas ? — Oui, c’est vrai… Tout fout le camp. Le sable s’en va, et tout part avec lui… Même les fondations de la maison sont menacées. — Oh ! Ce n’est pas vrai ! Grand Dieu, Thérèse, dis-moi que ce n’est pas possible ! — Mais si ! Mais si ! ajouta ma mère. Un jour la maison va s’effondrer ou basculer comme les blockhaus qu’il y a sur la plage… »


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Illustration :

Ahikar, La Dune, disparaissant inexorablement sous l’assaut répété des vagues (plage de la Guérinière, collection personnelle)

Références musicales :

Bruitages extraits de Universal-soundbank.com.

Licence d'utilisation : Réutilisation du livre audio soumise à autorisation préalable.
Livre audio gratuit ajouté le 13/07/2018.

20 Commentaires

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  1. Merci cher Ahicar pour ces précisions concernant l’origine de votre récit… je trouve cela très intéressant de voir comment un écrit prend naissance……

    très belle soirée… Carole

  2. Merci Carole pour votre commentaire. Dans ce texte, il y a au final plus de peur que de mal, puisque l’issue est heureuse. J’ai combiné en fait plusieurs souvenirs. Alors que je devais avoir quinze ans, une voisine, très riche, avocate, que l’on appelait « l’Indochinoise » et qui habitait Abidjan, me rémunéra grassement pour que tout l’été j’arrose copieusement une forêt d’arbres qu’elle venait de planter pour retenir le sable. Par négligence, elle n’avait rien fait jusqu’ici, entretenant peu la maison (elle en avait acheté plusieurs comme placement, elle avait toujours peur d’un changement de régime en Côte-d’Ivoire et de ses conséquences sur son important patrimoine), et débarquant un beau matin, elle avait découvert qu’elle n’avait plus de jardin, tout le sable derrière sa maison était parti, avec une pente à plus de 70 degrés… La situation était vraiment dramatique. Concernant la maison de mes parents, le risque fut toujours moindre car mon père était prévoyant. C’est pourquoi j’ai l’impression d’avoir exagéré en contant cette histoire, même si les faits sont vrais. Et puis, sait-on ce que nous réserve l’avenir ?

    Je vous souhaite une bonne journée.

    Amitiés, 🙂

    Ahikar

  3. Rebonjour Ahicar,
    je retrouve ici votre veine de nature autobiographique mais décalée par rapport à d’autres récits d’enfance (histoire de ma mère, Jean Bruno, Laurent M, ) car ici le côté comique , au début du texte , m’apparaît. L’effervescence joyeuse en raison de la multiplicité des tantes et des oncles autour du narrateur nuance les écrits que j’ai déjà lus de vous.
    Ici l’enfance de David semble plus légère.
    J’ai connu La Guérinière à Noirmoutier. Je serais curieuse de savoir si cette histoire incroyable de sable dragué au loin et fragilisant est réellement arrivée
    Les dialogues sur le béton ,le ciment , le travail du père (dont la mère le félicite) , tout ceci est savoureux de drôlerie et d’autant plus savoureux pour le lecteur qui a déjà pris connaissance de votre texte où le ciment est déjà évoqué (Laurent M ).
    Je trouve ce texte très original. Il commence par un feu d’artifice de répliques entre les tantes d’un côté , les oncles de l’autre (ils sont bien séparés !) avec l’oreille attentive et l’œil observateur du jeune David qui retranscrit la scène pour le plus grand plaisir du lecteur.
    Et l’on se demande comment ce dialogue à multiples personnages va évoluer dans le déroulement du récit . Et il évolue ! L’on comprend : le sable, toujours ce sable , évoqué dès le début de la nouvelle , sera le fil conducteur de l’histoire.
    On se sent au cœur de la famille, de façon intime. On comprend qu’il s’agit d’une maison secondaire. L’appel téléphonique. La peur des parents (du père) : son bien matériel est peut-être endommagé (on le comprend. On est tout pareil). Puis le départ. Puis la réparation. Avec l’image étrange, pour le lecteur, d’une maison presque en équilibre… une histoire étonnante… et le fil conducteur du récit (encore une fois le motif qui , sans doute , a poussé le narrateur à raconter, l’évocation d’une scène intime. La peur , toujours , habite le jeune homme (de texte en texte , on sent la triste position dominante du père qui a intensément obscurci l’enfance et la jeunesse de son fils) mais l’histoire du sable a été racontée pour cause d’émotion un peu différente cette fois-ci: un retournement de situation, un instant de reconnaissance, de bien-être, de bonheur presque , avec le père. J’ai trouvé cela très doux.

    Merci cher Ahicar de votre subtilité et finesse dans l’écriture…

  4. merci Ahikar, j’aime aussi cette histoire comi-tragique, les personnages sont si réels ;
    le sable de Noirmoutier ne se retrouve-t-il pas sur la dune du Pilat où, à l’inverse, il faut déblayer ?
    (c’est juste une idée loufoque)

  5. Une pointure, dites-vous ? Bof ! Juste du 44. Pensez donc au général de Gaulle qui chaussait du 48, ça c’était une pointure ! Ou encore à Charlemagne qui faisait lui aussi du 48, et dont la taille du pied devint d’ailleurs une unité de mesure jusqu’à l’adoption du système métrique en 1795 ! 😉

    Merci cher Georje pour votre touchant commentaire.

    Amitiés,

  6. Oui Georje, Ahikar est une pointure. Cela dit, j’ai moins aimé ce texte que d’autres. L’atmosphère m’a semblé plus rupine qu’ailleurs, moins conforme au monde selon Ahikar tel que je l’avais perçu au fil de ses lectures. Un Ahikar plus bourgeois ? 😉

  7. Je ne savais pas pourquoi Ahikar était si connu au sein de L.A. J’ai compris en écoutant le sable: ” C’est vivant tout simplement”

  8. Bientôt un grand nombre de fleuves ne rejoindront plus la mer et donc le sable non plus, c’est à peine croyable ! Heureusement qu’il y a la loi littoral !
    Ahikar c’est breton ?
    Kenavo’
    Erwan

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