Revd Davies, vicaire - John Thomas (1885)

Journal d’un curé de campagne

Un jeune prêtre vient d’être nommé curé d’Ambricourt, dans le nord de la France. Sa foi, sincère et profonde, son enthousiasme, se heurtent rapidement à l’indifférence, à la lâcheté de ses paroissiens.
Son désespoir, ses doutes, sa foi, ses tourments, ses problèmes de santé, c’est sur un cahier d’écolier qu’il va les écrire.
Grand prix du roman de l’Académie française en 1936, l’année de sa parution, Journal d’un curé de campagne est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature française du XXe siècle.


Consulter la version texte de ce livre audio.
Télécharger ce livre audio par archive Zip :
Références musicales :

Gabriel Fauré, Pavane pour orchestre et flûte, Op. 50, interprété par l’ensemble Detroit Symphony Orchestra, dirigé par Paul Paray (1954, domaine public).

Licence d'utilisation : Réutilisation du livre audio soumise à autorisation préalable.
Livre audio gratuit ajouté le 08/01/2019.

42 Commentaires

Ajoutez le vôtre ! C'est la meilleure manière de remercier les donneurs de voix.

Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Cher Monsieur,
    Cela faisait bien longtemps que je voulais lire Le journal, je suis heureux de l’avoir découvert avec vous. J’ai enchaîné avec Sous le soleil de Satan et j’ai bien fait. Ainsi pour moi votre voix et votre manière de donner vie à ce que vous lisez seront toujours liées à Bernanos et à ses personnages, en particulier « ses » prêtres. Entrer dans l’intimité de tels personnages m’a beaucoup apporté. Merci
    Antoine

  2. j’espère que votre souhait d’aller à la Grande Motte se réalisera bientôt, en tous cas cet été.J’y pense comme si vous y étiez. Vous devez être très occupé et vous avez besoin de repos, c’est pour cela que vous en rêvez. A propos de cette belle création divine, dont le diable est le Prince (si si, c’est biblique, ne m’accusez pas de manichéisme)vous m’avez incitée à aller voir sur internet le sujet des extinctions massives de la faune préhistorique. C’est vrai , mais la distinction est sur un autre plan. Comparées aux saccages volontaires de la faune et de la flore, la différence n’est elle pas énorme ? Et que dire de la vivisection, des expériences scientifiques sur les animaux, du scandales des élevages intensifs, des corridas et bien pire, des tartuffes qui les critiquent avec la bouche pleine de viande saignante martyrisée dans les abattoirs! Toute cette volonté obscènement primitive de manger de la viande pour s’approprier la force de la créature animale, alors que la terre regorge de nourriture radicalement meilleure pour la santé, cette volonté d’ignorer notre rôle maléfique de tout piétiner, eh bien, elle va perdurer jusqu’à la fin.
    Romains 8. “En effet, la création attend avec impatience la révélation…

    20- Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance

    21-d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu.

    22- …la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore.”
    -2Pierre3,13 : “Mais nous attendons, SELON sa promesse, de NOUVEAUX cieux et une NOUVELLE terre, où la justice habitera.”
    A bientôt? 🙂 Christiane

  3. Re-bonjour Christiane,

    Avant tout, merci pour cette paix que vous nous souhaitez avec tant de bonté, pleine de ciel bleu comme si vous veniez de manger de l’infini…

    Décidément, je suis impressionné par la connaissance de la Bible qui émane de vos commentaires. Merci pour vos citations, toujours si bienvenues.

    Là où je reste un peu étonné, c’est de lire que Jésus connaissais les enseignements de Platon. C’est assez nouveau pour moi. Mais au fond, puisqu’il se dit être “la Vérité”, il n’est pas tellement étonnant que sa sagesse rejoignent ceux qui dans l’histoire ont cherché la vérité d’un coeur honnête.

    Par contre, que Jésus se soit adressé à Dieu en l’appelant Abba, père ou plus précisément “papa”, cela ne fait pour moi aucun doute. Je vous signale d’ailleurs que les évêques syriaques, coptes et éthiopiens ne sont pas les seuls à se faire appeler de ce titre hérité de l’araméen, puisqu’en occident on nomme (encore?) les curés “monsieur l’abbé”, cela revient sans cesse chez Bernanos. Dans les monastères aussi, d’ailleurs, la coutume est de nommer les supérieur(e)s abbés et abbesses pour signifier qu’ils en sont les pères ou les mères… spirituels, est-il besoin de le dire.

    Que pour Jésus dire “Dieu” et “Papa” revienne au même, je vous l’accorde bien volontiers aussi.

    Là où je voudrais insister, c’est qu’au moment de la passion, quand Jésus crie sur la croix, il ne dit pas “Abba, Abba, pourquoi m’as-tu abandonné”. Toutes les versions que j’ai essayer de consulter concordent pour dire qu’il crie “Éloï, Éloï, lama sabachthani? ce qui signifie: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” (ex Mc 15,34) ce qui fait croire à des assistants qu’il appelle le prophète Elie.

    Cela vous semble peut-être un détail? Pas pour moi. Car si c’est vrai qu’un des griefs contre Jésus est précisément qu’il se disait fils de Dieu et se faisait ainsi l’égal de Dieu, il est vrai aussi que Jésus pouvait prier avec les psaumes en appelant Dieu “Éloï”, cela découle de l’immense respect de l’Ecriture que Jésus a reçu de son peuple. D’autres paroles du Christ en croix font directement appel au “Père”: par ex Lc 23,34: “Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font.” Ou encore : Lc 23,46 : “et jetant un grand cri, Jésus dit : “Père, en tes mains je remets mon esprit” “. Mais dans le cas qui nous occupe, je me montre un peu têtu car il s’agit expressément du début du ps 21, dont j’ai dit dans un autre commentaire toute l’espérance dont il était porteur. Si Jésus avait dit alors “Abba”, je crois que les auditeurs n’auraient pas compris aussi bien l’allusion à ce psaume, si donc à l’espérance en la réponse de Dieu où il nous plonge en fin de compte.

    C’est ce “détail” qui me brûlait les doigts, Christiane. La croix n’est pas une “fin”, elle est un commencement, une porte qui s’ouvre, un rayon de lumière dans une nuit noire. Pour moi, c’est ce psaume, dont Jésus ne cite que les premières paroles pour nous le remettre tout entier à la mémoire, qui encourage à cette espérance, espérance qui jaillira pleinement au matin de Pâques!

    Voilà, je ne veux pas abuser ici non plus de votre patience, et je m’empresse de vous souhaiter demeurer dans cette paix que vous sembler avoir reçue après votre festin d’infini…

    Ricou

  4. Cher Monsieur,je ne sais si c’est pertinent, mais je confirme, Jésus parlant l’Araméen, ABA, ou Anba ( titre que les Églises Syriaques, Coptes et Éthiopiennes parlant araméen donnent encore à leurs évêques)signifie bien père. On prononce Ab-ba, et non Aba .Jésus parle toujours de “son père”et on comprend qu’il est au ciel.C’est par contre sûr que Jésus reconnaissait en son père Dieu. Donc qu’il dise “mon Dieu” ou “mon Père” c’est kif kif pour lui.
    En parlant de Socrate et de Diogène, il m’est agréable de préciser que Jésus et Paul connaissaient les enseignements de Platon car ils font allusion au mythe de la caverne. Paul très précisément par exemple à la fin de 1Cor13.
    En parlant du curé de G. Bernanos, je suis frappée de son rapport de convenance parfaite précisément avec 1 Corinthiens 13. Cet homme d’expérience et non de théorie est plein de pitié charitable et paradoxalement, plus il se montre naïf, misérable et malade, plus son influence est universelle et va illuminer son entourage. Ce soleil-là brille de sa lumière bienfaisante. Le vrai soleil, sans qui les choses ne seraient pas ce qu’elles sont, ôte la cécité et donne la paix. C’est le soleil de l’amour que Dieu inspire à tout homme qui veut marcher dans ses voies car Dieu est amour.(Esaïe 49 )”Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite? N’a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles? Quand elle l’oublierait, Moi je ne t’oublierai point. Voici, je t’ai gravée sur la paume de mes mains.” Esaïe 43, 4:
    “Ne crains pas, je suis ton Dieu…
    Tu as du prix à mes yeux et je t’aime.
    Ne crains pas car je suis avec toi. ”
    Voilà de quoi être ensoleillé de joie, avec plein de ciel bleu à l’intérieur, comme si on avait mangé de l’infini puis qu’une grande tendresse avait tout submergé. Je vous souhaite de ressentir cette paix que seul l’Esprit de Dieu sait donner.Christiane

  5. Bonjour, cher Ricou !

    Merci pour le temps que vous consacrez à me clarifier les choses. Et merci de me faire sentir
    votre profond amour du prochain, à travers votre foi que j’estime alors beaucoup !

    Juste deux petites choses encore.
    Concernant ce que vous écrivez “Mon Dieu mon Dieu (il ne dit pas “Père”)”
    il me semble que Jésus, dans sa langue maternelle, dit “Abi, Abi, lima sabbaghtani ?” Or, en langue arabe (que je connais bien), très proche de celle hébraïque, “Abi” signifie “Père”, “Seigneur”, “Maître”, “Propriétaire” d’un bien matériel. Donc, serait-ce une erreur de traduire “Abi” par “Père” ?… Il est vrai que l’on peut traduire par “Seigneur”, “Maître”, mais la traduction par “Dieu” me semble la moins fidèle.

    Enfin, vous parlez de l’ “honneur” d’être français. Permettez-moi de me méfier de tout « honneur » national, car il porte généralement à des sentiments regrettables. J’estime que vous avez le meilleur et le plus authentique honneur, celui d’un être humain ouvert à ses semblables. « Citoyen du monde » disaient nos bons vieux Socrate et Diogène.

    Très cordialement !
    Kadour

  6. Kadour, j’ai suivi avec intérêt votre lien vers votre site. Je comprends beaucoup mieux le bien-fondé de nombre de vos remarques!
    Quelle vie riche en expériences vous avez! Ce que j’ai dit sur mon manque de temps à consacrer aux enregistrements vaut malheureusement aussi pour la visite complète de votre site.
    Je vous y retrouverai pourtant avec plaisir, lors d’un loisir plus marqué, pour un échange renouvelé sur certains points à peine abordés ici.
    Je trouve votre contribution vraiment enrichissante!
    Il n’y a qu’une question que je ne voudrais pas laisser en suspens. C’est votre citation précédente concernant le cri de Jésus: “Mon Dieu mon Dieu (il ne dit pas “Père”, ici), pourquoi m’as-tu abandonné?”
    Vous mettez ce texte en parallèle avec sa colère contre les riches. A tort à mon avis. C’est un cri déchirant, je vous le concède volontiers, mais ce n’est pas une révolte!!!
    Ce cri est tout sauf un cri de désespoir!
    Pourquoi?
    C’est un ami à deux doigts de la mort qui me l’a démontré on ne peut plus concrètement.
    En fait le cri de Jésus est formé des premiers mots d’un psaume, très familier à tous les Juifs, donc à Jésus. Or pour un Juif, dire les premiers mots d’une prière, d’un chant, d’un psaume, c’est “penser” son contenu dans son ensemble.
    Nous sommes bien d’accord?
    Eh bien, puisqu’il s’agit en l’occurrence du psaume 21, vous pourrez vérifier par vous-même que le cri d’abandon du début laisse ensuite la place à un cri… d’espérance: “Tu m’as répondu”!!! Oui, je sais, c’est un peu fou, et cela va à l’encontre du sens que l’on croit saisir à première vue.
    Je suis pourtant persuadé que le sens “à première vue” n’est pas toujours le bon.
    Je n’ai pas l’honneur d’être Français. Mais je prends justement l’exemple suivant exprès. Si je crie “Allons enfants…” je crois qu’il est clair qu’un Français comprendra plus qu’un non-Français, vous ne pensez pas?
    Il ne viendrait à l’idée d’aucun Français que ce “Allons enfants…” est un doux appel à ces mignonnes petites têtes bouclées qui courent partout à la sortie des écoles, pour la simple raison qu’un Français connait toute la suite du texte, parfois d’une violence déconcertante face aux premiers mots.
    Je me trompe?
    Et bien il en va de même pour ce cri de Jésus, j’en suis certain. Nous ne pouvons pas nous arrêter au sens premier, ce n’est pas le bon.
    Ce n’est pas une révolte, c’est un cri de confiance, aussi choquant que cela paraisse.
    Je voulais préciser cela, car je trouve qu’on tire trop facilement la couverture à soi si on ne va pas voir le sens véritable des mots. Vous avez assez d’expérience de l’écriture et de la mise en scène pour me comprendre facilement.
    Replacer les citations dans leur contexte est toujours nécessaire.
    Par contre, je ne nie pas le caractère énergique de certains passages de la vie du même Jésus. Simplement, j’ai voulu dire que dans le “Journal d’un curé de campagne”, Bernanos n’a pas donné à son héros un charisme qui calque à 100% chaque trait de son modèle.
    Le reste… comme vous me le suggérez, je le partagerai volontiers via votre site!
    Merci pour tout, Kadour. Il est vraiment bon de pouvoir confronter certaines idées ensemble. Je crois sentir que vous avez éprouvé la même sensation.
    Ricou

  7. P.S. Juste formuler ces deux oublis. 1) René Girard a démontré cette thèse : Jésus n’est pas venu se « sacrifier », mais pour éliminer toute idée de sacrifice. Voir « La violence et le sacré » et détails sur Wikipedia. 2) Permettez-moi également de vous signaler sur le site LA la nouvelle « Histoire d’amitié » dont je suis l’auteur. Vous y trouverez une manière indirecte et pathétiquement romancée concernant l’idée du sacrifice et l’ “agneau pascal”.

  8. Bonjour Ricou,

    merci de poursuivre cet amical et utile échange. O combien j’apprécie beaucoup votre observation
    : « Bien qu’il ne soit pas mauvais non plus, quelquefois, d’avoir des avis différents pour être forcé à la réflexion. »
    Comment ne pas accorder non pas « deux minutes » mais tout le temps nécessaire à une personne qui a une telle conception de l’échange ?… Ne vous inquiétez nullement ; votre lecture du « Curé de campagne » et vos réactions à mes commentaires me prouvent que vous n’êtes pas le genre de personne à « chercher la petite bête », mais uniquement à s’efforcer de bien réfléchir.
    Je vous remercie pour les éclaircissements que vous avez portés sur Jésus, notre curé de campagne et le curé de Torcy.
    Cependant, je ne vois pas en quoi notre brave curé de campagne fait partie de ceux incapables de rester éveillés. Lui me paraît de la race de ceux qui n’auraient absolument pas dormi tandis que Jésus veillait sur le mont des oliviers. Preuve en est la conscience aiguë de notre curé de campagne,
    et sa capacité d’affronter les situations les plus difficiles.
    Les reproches que le curé de Torcy formule à notre curé me semblent être typiques d’un membre de l’oligarchie cléricale, celle qui a transformé le message de Jésus en un business. Et je regrette que la règle de la soumission (quel mot malencontreux, pour ne pas dire plus) ait obligé notre curé à ne pas affronter le curé de Torcy en lui jetant à la face « Pharisien hypocrite ! » En tout cas, c’est l’impression que j’ai eue en entendant ses remontrances contre notre curé de campagne.
    Quant à la présentation de Jésus comme « une brebis muette qu’on conduit à l’abattoir », j’avoue que cette présentation me heurte au plus profond de mon sens de l’équité. Dès ma jeunesse, avoir lu ce genre de choses a ébranlé totalement ma foi religieuse. Non ! Je ne peux croire qu’à un Créateur totalement bon, et rien que bon, totalement miséricordieux, sans aucun acte ni aucune parole de punition, et qui encourage la révolte contre toute forme d’injustice, y compris celle « divine ». Quand on m’a parlé de « mystère », concernant l’injonction divine d’accepter tout de lui, y compris les pires douleurs, non ! Il me semble qu’ainsi j’insulterai la divinité telle que je la conçois : uniquement bonne et miséricordieuse.
    Là où je ne suis pas d’accord avec vous, c’est de croire que le modèle de notre curé de campagne «  est malheureusement un modèle inimitable ». Que Bernanos le conçoive ainsi, son choix est à considérer, mais ce n’est pas le mien. J’imagine aisément « un héros qui accepte sa faiblesse!!! » Mais cela m’inquiète, car cette phrase résonne en moi différemment : la faiblesse humaine devant tout ce qui l’écrase, l’humilie, l’exploite, la fait souffrir. Je vous avais signalé « Dieu et l’État » de Bakounine, c’est ce qu’il dit en substance. Et je partage entièrement sa vue.
    Concernant les citations de Jésus, merci de me corriger.
    Et je suis totalement d’accord quand vous écrivez : « Les dernières paroles de Jésus ne sont-elles pas plutôt “Père, pardonne-leur, il ne savent pas ce qu’il font?” (murmurées avec supplication, à mon avis, mais sans colère, qu’en pensez vous? ) ou bien “Tout est achevé” juste avant d’incliner la tête. »
    Au sujet des convictions de Bernanos et de ses combats sociaux (je préfère ce mot à celui de « politique »), je les apprécie beaucoup, notamment sa position concernant la guerre civile en Espagne. Cependant, je ne suis pas d’accord avec « les derniers mots de son “curé” : “Tout est grâce”. Avec l’infinie distance qui sépare cette “acceptation libre” d’une “résignation” lâche. ».
    Oui, c’est vrai, il ne s’agit pas « d’une « résignation » lâche », mais, à mon avis personnel, d’un conditionnement psychologique qui m’est inacceptable, pour le motif déjà signalé auparavant : toute la réalité montre qu’en ce monde il est faux d’affirmer que “Tout est grâce”. Où est-elle, je répète ce que j’ai dit dans mon premier commentaire, à la vue des tremblements de terre, des tsunami, des naissances d’êtres humains physiquement handicapés, des maladies incurables, pour ne pas parler des tragédies causées par l’injustice sociale, et toute la cléricature de toutes les religions et spiritualités de ce monde ?
    Je suis certain que vous me lisez encore, comme j’ai plaisir et patience à vous lire.
    Concernant la lecture des « cimetières sous la lune », je considère que plusieurs versions de lecture sont les bienvenues, et d’abord la vôtre, telle que vous la concevez, avec le ton de voix que vous estimerez juste. Dommage si vous ne disposez pas de temps. Dois-je vous dire, avec tous les autres auditeurs et auditrices, combien votre voix communique de douceur, stimule la réflexion, enrichit l’esprit et le cœur ?
    Au cas où il vous semblera utile de poursuivre cet échange, sans exagérer de la généreuse hospitalité du site LA, en cliquant sur mon nom, vous trouverez sur mon site web mon adresse de courriel, car il me semble inconvenant de l’indiquer ici.
    Veuillez croire à mon amitié et à ma reconnaissance pour m’avoir permis d’écouter le « curé de campagne » et échanger avec vous ces considérations.
    Kadour

  9. Bonjour Kadour,

    Merci pour cette nouvelle et rapide réaction. Je ne suis pas mécontent que ma réponse rencontre votre pensée. Bien qu’il ne soit pas mauvais non plus, quelquefois, d’avoir des avis différents pour être forcé à la réflexion.

    Avez-vous deux minutes? Ne pensez pas, maintenant, que je cherche la petite bête, n’est-ce pas? Si vous avez la preuve que je n’arrive pas à hausser le ton de ma voix, j’aime par contre rebondir sur certains petits détails. Vous parlez de Jésus comme “du héros” du curé de campagne, un peu comme du héros du héros du livre. D’accord, c’était sans doute la personne qui lui était la plus chère. Mais souvenez-vous que le curé de Torcy lui a fait comprendre indirectement mais d’une façon fulgurante que notre pauvre curé s’était toujours senti près de Jésus… comme les disciples endormis au Jardin des Oliviers!!! Cette “révélation” subite (intérieure) avait de quoi freiner des ardeurs vindicatives, même justifiables, vous ne pensez pas? Quand on se sent si proche d’un tel “homme” et qu’on prend conscience qu’on n’est pas capable de rester éveillé à ses côtés pendant une heure alors qu’il est en train de vivre l’heure la plus solitaire de sa vie, y’a pas de quoi faire le malin… ni de hausser le ton, ni de vouloir trop en remontrer aux autres. C’est là, à mon avis, le mystère de ce curé de campagne et une grande partie de son combat intérieur. Sa force résidait dans sa faiblesse, si saint Paul me permet de le plagier. Bien sûr, vous aviez raison dans votre premier message, Kadour, on peut réagir très différemment quand on se voit soi-même dans cette faibless. Mais les rôles de chacun sont différents. L’un a le don de maîtriser une sainte colère, et en cela il reproduira une image de Jésus chassant les marchands du temple comme vous y faites allusion, mais un autre choisira la douceur et le silence, et en cela aussi il reproduira Jésus, en son chemin de croix où la Bible le présente comme une brebis muette qu’on conduit à l’abattoir…

    Faut-il faire un grief à notre curé de ne pas s’être mis en colère et de n’avoir pas imité son modèle? Si je peux encore vous donner mon avis, c’est que son modèle est malheureusement un modèle inimitable. Du moins en sa totalité et par un seul homme à la fois. Le génie de Bernanos (qui a évolué sur ce point) est de nous offrir un héros qui accepte sa faiblesse!!! Et je dirais qu’il ne pouvait pas mieux imiter son modèle que par cette acceptation, transformée en offrande volontaire et non en résignation, au dernier moment.

    Je me permets une question, Kadour. Êtes-vous bien sûr que Jésus ait prononcé en dernier la phrase que vous citez? La phrase “non pas ma volonté, mais ta volonté” remonte à quelques heures avant, au jardin des oliviers, justement là où Bernanos place le curé de campagne… endormi. Les dernières paroles de Jésus ne sont-elles pas plutôt “Père, pardonne-leur, il ne savent pas ce qu’il font?” (murmurées avec supplication, à mon avis, mais sans colère, qu’en pensez vous?) ou bien “Tout est achevé” juste avant d’incliner la tête.

    Cher Kadour je sais bien que Bernanos a de nombreux “écrits de combats” où ses convictions intérieures nettes se mettent au service de ses convictions politiques. Mais ici, je reste persuadé que c’est un Bernanos différent qui se livre à nous. Un Bernanos qui veut nous encourager à laisser bas toute préoccupation des apparences, et à redire les derniers mots de son “curé” : “Tout est grâce”. Avec l’infinie distance qui sépare cette “acceptation libre” d’une “résignation” lâche.

    Vous me lisez encore? J’abuse de votre patience. Mais je n’ai répondu qu’à la moitié de votre commentaire. Pour ce qui est de vous offrir les titres que vous me proposez, ce serait avec plaisir. “Sous le soleil de Satan” est prêt, et n’attend que mon petit résumé… Que direz-vous quand vous vous apercevrez que je n’y ai guère mis plus de “haussement de voix”??? Quant aux “cimetières sous la lune” ils me tentent bien aussi, car typique, je crois, d’un changement radical dans l’engagement de Bernanos. Mais je ne sais si un autre donneur de voix (plus énergique…) se laissera tenter avant moi. Je dispose d’assez peu de temps pour enregistrer. Merci beaucoup, pourtant, pour vos propositions encourageantes!

    Vous faites mention de ma générosité à lire. J’ai répondu à un précédent commentaire que je considère ce dévouement comme une toute petite compensation pour ce que j’ai reçu des autres donneur de voix! Je resterai toujours débiteur envers LA sur ce point!

    A bientôt peut-être?

    Ricou

  10. Bonjour Ricou,
    je partage entièrement votre point de vue. Ce qui m’avait fait réagir concernant notre brave et émouvant curé de campagne, c’est le souvenir de la personne qui lui est la plus chère : Jésus. Ne s’est-il pas emporté contre les marchands et les riches ? Cela ne l’a-t-il pas rendu plus attachant ? Sans parler de son déchirant cri final sur la croix : “Père! Pourquoi m’as-tu abandonné?” pour finir par conclure: “Que ta volonté soit faite!”… N’est-ce pas plus déchirant que si Jésus avait accepté son sort avec résignation, sans poser la fameuse demande ?
    Vous est-il possible de nous offrir la lecture des “cimetières sous la lune” et de “Sous les yeux de Satan” de Bernanos ?
    A propos de “Dieu et l’État” de Bakounine, je serai très curieux d’en écouter une version nouvelle lue par vous, bien que celle existante est très appréciable.
    Ceci dit, votre réponse à mon commentaire m’a profondément touché, ému. Je suis heureux que par l’intermédiaire de LA il est possible de faire la connaissance d’une personne comme vous, et de bénéficier de la générosité précieuse et instructive de ses lectures.
    Merci de tout cœur !
    Kadour

Lu par RicouVoir plus

Les plus aimés ❤️ (sélection)Voir plus

×