Vue intérieure de la Morgue (1845)

La Morgue

La Morgue de Paris était originairement le second guichet du Grand-Châtelet ; on y gardait les nouveaux prisonniers pendant quelques instants, afin que les guichetiers pussent les morguer à leur aise, c’est-à-dire les dévisager attentivement, et se graver leurs traits dans la mémoire (Maxime du Camp, Revue des Deux-Mondes, 1er nov. 1857, p. 208). C’est à l’époque du Baron Haussmann en 1868 que le bâtiment de la Morgue est construit place de l’archevêché, l’entrée du bâtiment se faisant sur le quai du Marché-Neuf.
La Morgue, ensuite installée quai de la Râpée, a été longtemps publique et se trouvait l’une des sorties les plus en vogue de la capitale, on y venait voir les victimes de noyades ou d’accidents étendues sur des tables en marbre noir séparées simplement du public par une vitre.

L’auteur
De l’auteur Léon Gozlan (1803-1866), Barbey d’Aurevilly écrit, en 1863: « un esprit chaud, coloré, condensé, aiguisé, vivant et vibrant, plein d’invention, un maître qui fait d’abord le diamant et qui après le taille, et quand il n’a pas de diamant, qui prend un bouchon de liège et en fait sortir le feu du diamant par une incroyable magie !… Mais savent-ils même à l’Académie qu’il existe un Léon Gozlan ?… »

Le texte
Cet inconnu (ou presque) nous propose une sorte de reportage à La Morgue en 1831 :

« La Morgue, vue de Notre-Dame, est échouée, sur la rive gauche de la Seine, dans la Cité. Elle se cache, toute sombre et honteuse, entre le quai des Orfèvres, le quai de la Cité, le pont Saint-Michel, et le Petit-Pont. Pourquoi l’a-t-on encaissée là, au centre de Paris, à l’un des points les plus éloignés des lieux où l’on recueille ordinairement les noyés? … »

Genre du dialogue entre le morgueur et sa femme :
« C’est étonnant comme les femmes se pendent facilement de nos jours ; ne trouvez-vous pas ? L’autre, c’est un homme qui a quatre jours d’eau ; le troisième c’est une enfant, une toute petite fille qui a été étouffée cette nuit dans une diligence par accident ; on l’aura prise pour un paquet, on se sera assis dessus ; elle est pourtant jolie comme un cœur.
– Dame, toute nue, sur une dalle ; crains-tu pas qu’elle ait froid ?
– Ce n’est pas ça. Je pensais que le médecin devait en faire l’ouverture, et qu’alors tu l’aurais couchée sur la table de dissection. »

Et quand vous apprendrez que les petites filles du morgueur nées à la Morgue s’amusent devant la baie vitrée qui isole les cadavres, regretterez-vous de n’avoir pas visité l’ancien Institut médico-légal de Paris ?


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Livre audio gratuit ajouté le 22/07/2016.

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