Edvard Munch - Inger en noir et violet (1892)

Une maison de poupée

Une maison de poupée (Et Dukkehjem) est une pièce de théâtre norvégienne de Henrik Ibsen, créée en 1879.
Elle est inscrite au registre international Mémoire du Monde de l’UNESCO.
Une maison de poupée est une critique acerbe des rôles traditionnels des femmes et des hommes dans le mariage.
Pour les Européens du XIXème siècle, la pièce était scandaleuse. Rien n’était plus sacré que les liens du mariage, et le représenter de cette manière était absolument inacceptable. En Allemagne, l’actrice principale refusa de jouer le rôle de Nora si Ibsen ne modifiait pas la fin, ce qu’il fit sous la pression. Plus tard, Ibsen regretta d’avoir cédé. Une maison de poupée fut d’abord interdite en Grande-Bretagne par le Lord chambellan sous couvert de l’acte de censure de 1737. À peu près toutes les représentations de la pièce, de nos jours, choisissent la fin originale, de même que presque toutes les versions filmées (avec l’exception de la version argentine de 1943 avec Delia Garcés, qui situe l’histoire dans les années 1940).
Ibsen remarquait qu’« une femme ne peut pas être elle-même dans la société contemporaine, c’est une société d’hommes avec des lois écrites par les hommes, dont les conseillers et les juges évaluent le comportement féminin à partir d’un point de vue masculin ». (Wikipédia).

Traduction : Maurice Prozor (1849-1928).

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Références musicales :

Edvard Grieg, Lyric Piece, Op. 71, VI. Gone, interprete par Glen Oban (licence Cc-By-Nc-Sa-3.0).

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Livre audio gratuit ajouté le 08/06/2015.

9 Commentaires

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  1. J’ai eu à lire cette pièce pour un cours de littérature dans mes études supérieures et jamais je n’aurais cru être autant touché! Merci de votre lecture, Christine, elle fut fort agréable et remplie d’émotion.

  2. Ma chère Christine,

    Sachez que je vous adore et que vous venez de sauvez ma session (je fais des études supérieures) avec ce merveilleux livre audio. C’est un travail qui compte pour 20% de ma note finale, alors je tiens à vous dire merci du fond du coeur.

    Cordialement,
    Pamela

  3. Cher Ricou,

    La Maison de Poupée est effectivement un texte qui ne laisse pas indifférent.
    Je ne suis ni philosophe, ni sociologue et ai beaucoup de mal avec les raisonnements abstraits. Mon commentaire risque donc d’apparaitre maladroit. Quoiqu’il en soit je me lance.
    La rapidité du revirement de Nora. Sans doute est-ce rapide mais si un roman peut laisser le temps à l’auteur de s’exprimer le théâtre doit être plus incisif. En outre nous avons tous les éléments qui expliquent ce revirement donc je ne crois pas que le spectateur ait besoin d’autre chose pour comprendre Nora. Et comme vous le précisez, cet orage à ciel serein (comme on dit en Italie) et plus surprenant, plus expressif.
    Une remise en question de soi-même touche forcément ceux qui nous entourent mais je crains fort que la société n’en fasse pas grand cas! Dans le cas de Nora, je crois que plus qu’un changement de son être c’est une découverte de ce qui lui manque. A Nora manque une adolescence. Elle doit passer de l’état de petite fille à celui de femme puis de mère. Elle doit grandir plus que changer. Quand elle et son mari discutent, lui dit à Nora qu’il est impossible qu’elle élève ses enfants car elle n’a pas de sens moral. Je crois que quand elle quitte ses enfants, Nora ne les quittent pas parce qu’elle se rend compte de manquer de moralité mais parce qu’elle est comme eux, une enfant et qu’elle est seulement capable de jouer avec eux pas de les faire grandir. Rester avec eux c’est selon moi les exposer au danger d’une mère immature qui est sans doute aussi néfaste que ne pas avoir de mère.
    La société injuste. Certes elle nous apparait à tous ainsi un jour où l’autre mais en connaissant ses lois peut-être réussissons -nous à en accepter sinon les injustices (qui ne devraient jamais être acceptées) mais au moins les lourdes charges qu’elle nous impose. Nora ne connait pas les lois. Ici encore elle réagit comme un enfant devant un ordre qu’il ne comprend pas. Pourtant elle sent que certaines choses doivent changer. Le rapport homme-femme et pour pouvoir changer ce rapport elle doit combattre à armes égales et en savoir autant que son mari.
    Alors elle part pour apprendre et pour que son mari, seul désormais, apprenne lui aussi. Car il faut que les deux changent sans quoi tout est inutile.
    Combat à armes égales, amour à sentiments égaux, à respect égal en apprenant l’autre pour le comprendre mieux. Pour ensuite affronter une société qui n’est pas toujours à la hauteur… mais à deux c’est plus facile!

  4. Merci Christine, pour cette lecture qui force à penser.
    Sur la forme, vous nous offrez comme toujours une extraordinaire qualité, et malgré la diversité des personnages et des caractères, vous vous coulez dans la peau de chacun avec grande souplesse ! Bravo.
    Sur le fond, la pièce est remarquable. Dans un premier temps, j’ai ressenti un léger regret en trouvant que l’action, assez « lente » dans sa majeure partie, se dénouait si vite et de façon si bouleversante pour le « témoin » que nous sommes. Dans un second temps, cependant, il me semble que cela ne donne que davantage de poids à la décision de Nora.
    Je comprends aisément que cette finale, à l’époque, ait « choqué ». Aujourd’hui, il est clair qu’elle passe mieux. Mais je me pose pourtant une question. Pour la formuler, je pars d’une partie du dialogue crucial où Nora s’affirme avec une force de caractère très marquée :

    … je suppose que tu possèdes du moins un sens moral, ou peut-être en es-tu dépourvu, réponds-moi ?
    – Il m’est difficile de répondre, je n’en sais rien, je ne peux pas me retrouver dans tout cela. Je ne sais qu’une chose : c’est que mes idées diffèrent entièrement des tiennes.
    J’apprends aussi que les lois ne sont pas ce que je croyais.
    Mais que ces lois soient justes, c’est ce qui ne peut m’entrer dans la tête…
    Tu parles comme un enfant, tu ne comprends rien à la société dont tu fais partie…
    – Non, j’n’y comprends rien… mais je veux y arriver et savoir qui des deux a raison : la société ou moi.

    Nous sommes plus nombreux que nous ne le pensons, n’est-ce pas, à vouloir nous remettre en question profondément l’une ou l’autre fois dans notre vie ? Et dans cette démarche, nous faisons inévitablement entrer ceux qui nous entourent, voire, comme Nora, la société dans son ensemble. Ma question est celle-ci : quelle pourrait bien être la suite de cette remise en cause si globale ? Une découverte totale de soi ? un changement radical personnel ? une révolution sociétale ? Couper tous les ponts avec tous ceux qui nous entourent semble être quelquefois la seule issue dans le cul-de-sac où nous nous croyons engagés. Mais l’expérience ne montre-t-elle pas que le bien qui en résulte pour soi-même n’est pas toujours à la hauteur des conséquences néfastes pour ceux que nous croyions aimer, et qui croyaient nous aimer. Dans la maison de poupées, plus réelle qu’il ne paraît peut-être, quelle suite les enfants donneront-ils à la décision de leur mère ? Seront-ils encouragés à se construire authentiquement eux-mêmes ? Je connais malheureusement des cas fort semblables où les enfants ont perdu toute confiance, en ceux qui les entouraient, comme en eux-mêmes, se jugeant la cause (partielle) du départ.
    Une rupture-réforme progressive ne serait-elle pas plus constructive ?
    En tous cas, je trouve cette histoire doit encourager de jeunes amoureux à rechercher l’autre non pas exclusivement pour soi, pour son bonheur personnel, mais pour l’autre en lui-même, pour ce qu’il est en propre. C’est certainement en faisant exister l’autre tel qu’il est que l’amour entre nous sera fécond et constructif.
    Votre livre « Des Amours Malades », si intéressant, montre pourtant que la domination d’un partenaire sur l’autre au détriment du développement de sa personnalité n’est pas à sens unique…
    Encore merci pour cette découverte, Christine !

    Ricou

  5. Bonjour,
    Merci pour cette lecture d’ un auteur inconnu pour moi et que vous dîtes Madame avec habilité car je voyais cette pauvre petit bout de femme tomber dans le “chaudron ” de la vie sans que rien ne puisse la sauver.

  6. C’est avec un immense plaisir que j’ai découvert cette pièce que vous m’aviez conseillée de lire Ahikar.
    Le plus étonnant peut-être c’est qu’elle ait été écrite par un homme.
    J’ai remarqué que souvent les écrivains hommes de cette époque avaient une certaine sensibilité pour l’intelligence féminine mais de là à bouleverser l’ordre établi et à crier haut l’égalité il s’en fallait.
    Ibsen a indubitablement crié plus haut que les autres d’où le scandale.
    Malheureusement si la loi a fait des progrès (même s’il est encore légitime de payer moins une femme qu’un homme pour le même travail) la mentalité masculine, elle, en a encore à faire. L’homme doit comprendre qu’il ne perd rien de son pouvoir en ayant à ses côtés une femme pensante, qu’à deux on affronte mieux les problèmes surtout quand ils sont vus d’angles différents, les deux sexes n’ayant pas la même façon de considérer les choses. Hélas beaucoup d’hommes en sont restés à la peur de cette perte de pouvoir, je dirais à la peur de la castration. Je ne serai plus un vrai homme si je m’abaisse au niveau de la femme.
    En outre sentimentalement j’ai l’impression que l’homme panique si la femme qui a été auprès de lui l’abandonne. Ma compagne est ma propriété, si elle me quitte je n’ai plus de pouvoir, de prestige, cela sous-entend que je ne la’i pas satisfaite, qu’aux yeux des autres je passerai pour un incapable. Alors plutôt que de subir l’humiliation, je la tue et je me tue…ou pas. Il s’agit là d’histoire de pouvoir et non d’histoire d’amour. Quand l’homme aura compris que la femme n’est pas sur terre pour lui voler le pouvoir (quel qu’il soit) alors peut-être ferons-nous des progrès.

    Encore merci pour m’avoir conseillé cette oeuvre, Ahikar!

    Amicalement

    Christine

  7. Merci beaucoup chère Christine pour cette splendide lecture !

    Cette pièce reste criante de vérité. Il me semble qu’elle ne se démodera jamais car il est dans la nature de l’homme, même si peu le reconnaîtront, de préférer une jolie « poupée » qu’il aime à montrer plutôt qu’une femme intelligente qui soit son égale ou même le dépasse. C’est le triomphe de la beauté sur l’esprit. Le shah d’Iran ne fit-il pas une demande en mariage à Michèle Mercier ? Simone de Beauvoir ou Marguerite Duras l’auraient pourtant certainement mieux secondé. Mais le monde est ainsi fait. 🙁

    Les rois ont toujours choisi les femmes les plus belles, non les plus intelligentes, ce qui montre bien que ce n’est pas la raison qui nous gouverne. C’est peut-être pour cela qu’il est si difficile de faire évoluer les choses, de changer les mentalités.

    La pièce offre une réponse prophétique : l’avenir appartient aux femmes, à des femmes comme Nora Helmer qui ont le courage de dire non à un monde conçu par les hommes pour les hommes.

    Pas étonnant qu’elle ait fait l’effet d’une bombe à sa sortie !

    Merci encore pour cette lecture très réussie.

    Amitiés,

    Ahikar

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