Rappelons une deuxième fois l’avertissement donné par le comte de Lautréamont : « Il n’est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. Par conséquent, âme timide, avant de pénétrer plus loin dans de pareilles landes inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant. »
En effet Lautréamont, dans ce Troisième Chant de Maldoror « opprime » de nouveau le lecteur en lui présentant une succession de scènes macabres et désolées, où une force maléfique sous la forme d’un prince de la Nuit, Maldoror, tente par tous les moyens possibles de détruire les apparences trompeuses des hommes et de leur soi-disant bonheur. Il est difficile pour certains d’adhérer à un style aussi noir que celui de Lautréamont, certes, mais il faut considérer Les Chants de Maldoror comme une révolution poétique à l’heure où le mot de surréalisme n’existait pas encore ; il faut les lire en prenant son temps et en étant réceptif, pour se laisser envoûter par le maléfique Maldoror qui nous emmène aux entrailles de l’enfer cuisant, de la barbarie sanglante, nous fait l’éloge du crime sur des adolescents, l’éloge de la prostitution, du sadisme, du viol.
Cette esthétique de l’horreur est une belle introduction à des œuvres telles que celles de Lovecraft
José Roy, frontispice de Les Chants de Maldoror publiés aux éditions Léon Genonceaux (1890)
« Un Marlboror ?
––– Non, merci, je ne fume plus. »