Henri de Toulouse-Lautrec - À Montrouge, Rosa La Rouge (1886-1887)

La Femme pauvre

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Dans ce roman, Bloy se montre défenseur de thèmes qui l’ont poursuivi toute sa vie : lutte courageuse contre une pauvreté injuste qui dégénère peu à peu en misère noire, lutte sans merci contre les « fabricants de misère », lutte désespérée pour relever une société tout entière dénuée d’idéal et s’embourbant inexorablement, aux yeux de l’auteur, dans la misère morale, celle qui vaut la peine d’être prise en pitié.

Le style de l’auteur n’a d’égal que lui-même : passant tour à tour de « vomissements » rugueux qu’on croirait sans pardon à des envolées mystiques d’une beauté pure. Parfois d’une violence inouïe, au vocabulaire fleuri et haut en couleur, se repaissant de toutes les injustices qu’il dénonce avec feu, il sait se montrer tout à coup d’une tendresse immense et d’une compassion sans borne pour les situations déchirantes que traversent ses héros, et qu’il a subies lui-même, pour une bonne part, dans sa vie pauvre et trop tôt frappée par le deuil d’un petit être cher…


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Références musicales :

Gustave Malher, Symphonie 5 en do dièse mineur, 4e mouvement : adagio, interprétée par l’Orchestre Philharmonique de New York, dirigé par Bruno Walter (1947, domaine public).

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Livre audio gratuit ajouté le 27/04/2016.

23 Commentaires

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  1. Bonjour Emiliemilie,
    Votre commentaire précis me touche.
    Quant à la comparaison du style de Bloy avec celui de Huysmans, je m’en remets à vous, car je ne connais pas (encore) assez Huysmans pour juger par moi-même. A plusieurs reprises pourtant, l’un ou l’autre titre que j’ai sous la main, qui ne sont pas encore audibles sur LA, m’ont tenté.
    Malheureusement, « jeunesse » sur LA ne rime pas avec productivité… du moins chez moi, je m’en excuse. Tant de projets… si peu de temps libre !
    Dites, je suis émerveillé de votre « bis repetita » de Bloy ! Il serait honoré de savoir que vous désirez le méditer à ce point. J’abonde dans votre sens pour ce qui est de la richesse, de la profondeur de certains développements. D’autres me semblent pourtant légèrement extravagants, ou tout au moins originaux. Ce qui ne veut pas toujours dire farfelus, bien entendu !
    Si vous vous plongez dans Malègue, attention au changement de décor, n’est-ce pas ?
    Je vois deux points qui pourraient peut-être rapprocher ces deux auteurs. L’un et l’autre brûlent d’un certain feu, et tous les deux mènent un combat.
    Mais, si le feu de Bloy ressemble à une torche avec laquelle on allume une incendie de broussailles sur plusieurs centaines d’hectares pour y pratiquer la culture sur brûlis, celui de Malègue, au contraire, me fait penser à un feu ouvert dans une cheminée, qui n’a d’autre ambition que de créer une chaleur douce dans le climat assez intime d’une ambiance familiale.
    Quant au combat, vous avez compris que Bloy prend à partie une société quasi entière. Si vous persévérez, vous découvrirez sans doute que le combat de Malègue est tout entier intérieur, personnel.
    Ces observations n’engagent évidemment que moi, et je ne vous force pas à y souscrire.
    Vous excuserez mon ignorance, Emiliemilie, car je ne sais ce qu’on entend au juste par littérature gothique, bien qu’on ait déjà évoqué cela un jour devant moi… Il ne tient qu’à vous de ne pas me laisser mourir complètement idiot…
    C’est curieux, votre nom est assez joli à prononcer : il me semble qu’on y remarque moins la répétition à l’audition qu’à l’écriture, vous l’a-t-on déjà dit ?

    Ricoucou…

  2. La lourdeur du texte m’a parfois fait penser Huysmans, que j’écoute pourtant avec plaisir. Il y a un petit ton pleurnichard qui au lieu de nous rapprocher de l’héroïne nous amène à sourire. Mais que va t’il encore lui arriver de glauque?

    Et pourtant… la richesse de certaines de ses pensées méritent un approfondissement que je n’ai pas pu faire lors d’une première lecture. Je vais donc m’y replonger pendant les vacances.

    Fidèle auditrice, je ne connaissais pas votre voix. Votre lecture est parfaite et j’aime beaucoup l’arrangement sonore. A très bientôt je pense auprès de Malègue Joseph

    Tiens, en regardant les dates , je m’aperçois avec plaisir que vous êtes un petit “jeune” sur ce site. Génial! Je vous sens plein d’ardeur! Avez-vous déjà entendu parler de la littérature gothique;)? Il manque ici quelques textes.

  3. Merci pour ce compliment, du moins pour la part qui me vise, Justin!
    Je suis content que vous appréciez l’oeuvre et aussi… son auteur.
    Mais j’espère ne pas vous froisser en vous disant ce qui suit.
    Pour me justifier, je dirais que j’ai écouté récemment une x unième fois l’interprétation de Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand, par Christine Treille.
    Comme à chacune des autres “lectures”, je suis émerveillé de l’importance de chaque mot… et même, presque, de chaque intonation de chaque mot! Quel délice!
    Bon, je vous dis cela, car votre commentaire, pris au mot, me fait sourire jusqu’aux oreilles!!!
    Bloy au panthéon des grands auteurs… Bloy au Panthéon? Ah, je l’entends presque hurler d’outre-tombe: Sûr, il serait ravi de se reposer auprès de sa sainte Geneviève. Mais quant à être forcé de passer des siècles si près de Rousseau et de Voltaire, j’ai peur qu’il ne soit pas l’homme à mesurer l’honneur qui lui en serait fait!
    Ceci dit, Justin, je ne mets pas en doute votre appréciation. Je ne pouvais m’empêcher de vous dire ce qu’avait produit en moi l’association de Panthéon et de Bloy, c’est tout.
    Bien à vous,
    Ricou

  4. Quelle diction et quelle ouvrage éblouissant! Léon Bloy bien que si mal connu a veritablement sa place au panthéon de nos plus grands auteurs. Merci infiniment pour ce texte.

  5. Nestor Plasma remercie Ricou et Pomme pour leur écho à son commentaire.

    Nestor Plasma, c’est pour ça qu’on l’aime

  6. Oh! Nestor Plasma, j’ai commis une sotte confusion ci-dessus, et c’est vous qui avez raison: le “je m’accuse” m’a laissée pantoise. Je conçois qu’on n’aime pas un roman, un écrivain, mais l’acharnement qu’il met à le critiquer porterait presque à rire si l’on domine la nausée que provoquent ses interminables a-bloy-ments. (Sa dernière phrase est admirable!)
    Ah! Ricou, je suis bien tranquille pour notre amitié: vous êtes tout à fait incapable de lire à voix haute ce texte.

  7. Nestor Plasma,
    Vous me semblez mieux pétri de Bloy que je ne le suis.
    J’ai lu plusieurs textes de lui – tout bas, dois-je vous le confesser – mais je n’étais point tombé encore sur « Je m’accuse ».
    Le lien que vous donnez m’a intrigué. Je l’ai parcouru rapidement, vraiment à la volée.
    J’écrivais dans un commentaire de « Fécondité » que j’avais joins mon petit radeau à celui de Christie, et nous nous sommes vus rejoindre ensuite pas Bruissement, pour essayer de surnager et au moins garder la tête hors de l’eau dans cet océan de la « bien-pensance ».
    Bon, c’est sans doute pour cela que vous (me) conseillez cet opuscule de Bloy. Avant d’y jeter un coup d’œil, je m’étais promis de ne pas poursuivre plus avant sa lecture s’il ne me faisait pas sourire dans les dix secondes. C’est gagné (ou perdu ?) : j’ai souri, j’ai même ri. C’est Bloy tout entier qui se déverse en ces quelques pages.
    Si je reprends l’image de mon radeau sur l’océan, je me demande si nos trois petites embarcations ne risquent pas simplement de boire la tasse en arrivant dans les eaux de ce porte-avion insubmersible qu’est le grand Léon…
    J’aime assez Bloy, mais quand je l’écoute, je me sens un peu comme Hérode qui aimait entendre Jean le Baptiste. Comme lui je ne me sens pas à l’abri de tout reproche (mais pas pour les mêmes raisons !). Eh puisque j’n’ai pas la moitié d’un royaume à offrir contre la tête de Bloy, parce qu’une sirène m’aurait séduit, j’hésite un peu à me lancer dans cette lecture qui ne manque pas de piment.
    Nestor, n’auriez-vous pas un tempérament mieux adapté que le mien pour une telle lecture ?
    Il faudrait une voix de tonnerre, et les commentateurs trouvent la mienne plutôt douce.
    C’est Bloy lui-même qui en serait encore bien plus fâché que pour la « Femme pauvre » où « ça pouvait encore passer » !
    J’ai repéré des passages que Pomme n’avait manifestement pas encore lus avant de vous répondre ci-dessus. Je crois que vous avez raison, Nestor Plasma : si elle lit ou même survole cette diatribe contre Zola, elle risque de nourrir pour le moins un peu de méfiance à l’égard de Léon et des ses a-bloy-ments féroces.
    J’ai peur que l’amitié qui me lie à elle n’en souffre légèrement si je lui sers ce plat empoisonné contre son « cher » Emile.
    Ce qui me rend aussi mal à l’aise, Nestor Plasma, c’est que chez Zola comme chez Bloy, la part de vérité qui est enfouie sous leurs mots est trop souvent recouverte par une fameuse dose de « caricature ». Cela déforme trop.
    Au point d’en devenir parfois imbuvable, surtout quand c’est servi à haute voix.
    J’ai aussi peur d’éclater en fous-rire parfois.
    Je me tâte.
    Merci en tous cas de la proposition, et de la découverte originale.
    N’hésitez pas à poster un commentaire chez Zola, sur ses quatre évangiles. Mais attention, n’oubliez pas d’embrasser tout le monde avant de vous retirer du dialogue.
    J’ai envie de rassurer Thomas S. au passage : Ricou… et bisou… ça rime, pauvrement mais ça rime.
    Bien à vous.

    Ricou

  8. Erreur, Nestor Plasma! J’ai apprécié de nombreux passages de ce roman, et je le dis ci-dessus.
    Et je vais même aller découvrir le Je m’accuse dont vous donnez le lien.
    Merci à Nestor Plasma!
    Pomme

  9. @ Ricou
    Tombé ce jour par hasard sur le très, très, très remarquable Je m’accuse… de Léon Bloy, publié en 1900, Nestor Plasma se dit que notre XXIe siècle inexorablement pourrissant manque terriblement d’un Bloy pour le fustiger jusqu’à l’os comme il le mérite. Nos plus vigoureux pamphlétaires font mine de thuriféraires à côté de lui.

    Ici : https://fr.wikisource.org/wiki/Je_m’accuse…/Texte_entier

    Pour des raisons qu’on peut deviner facilement, Pomme, admiratrice de Zola, n’appréciera pas ce texte.

    En deux mots, Nestor Plasma confesse que Bloy lui fait du bien, qu’il le purge de certaines colères rentrées, entre autres bienfaits. Aujourd’hui indépassé, Bloy aplatit même Céline.

    Nestor Plasma, c’est pour ça qu’on l’aime

  10. Ah oui! “le refus de la tiédeur”, voilà bien une expression tout à fait appropriée au texte de Bloy. Si je ne partage pas toutes les idées dans ce roman, j’ai été séduite par le style, le vocabulaire coloré, pour ne pas dire cru assez souvent. Mais aussi par certains passages extrêmement émouvants. J’oserai même dire que parfois, Bloy atteint le génie de (mon cher) Zola.
    Merci et bravo, Ricou, pour cette bien belle lecture.

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