William Blake - The Temptation and Fall of Eve (1808), illustration du Paradis perdu de Milton

Le Paradis perdu (Poème)

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Le Paradis perdu (1667) de John Milton (1608-1674), écrit après que le poète eut perdu la vue en 1652 (voir le début du Livre III) est sans doute le meilleur poème épique de langue anglaise mais ce monument – plus admiré que lu – ne suscite souvent qu’un intérêt convenu. Beaucoup n’en connaissent que les extraits les plus célèbres, tirés en général des Livres I, IV et IX. Aussi ai-je conscience qu’en proposant l’intégralité de cette œuvre réputée austère, fût-ce dans la traduction de Chateaubriand, je risque de surprendre, voire de rebuter un certain nombre de nos auditeurs !

Le but du poète est de « justifier les voies de Dieu envers les hommes », en développant le récit de la Genèse. Il relate la rébellion de Satan, dépeint comme un grand chef politique et militaire mû par l’orgueil et la jalousie envers le Fils de Dieu – mais souvent considéré comme le véritable héros du poème -, sa chute vertigineuse en Enfer au terme d’un long et violent combat contre l’armée céleste. Pour se venger, il en sortira seul et, au terme d’un long et difficile voyage à travers le Chaos, il parviendra à s’introduire subrepticement dans le jardin d’Eden. Sous la forme d’un serpent, il tirera parti de la vanité d’Eve et de la faiblesse d’Adam pour les convaincre de goûter au fruit défendu de l’Arbre de la Science. Cette désobéissance à une interdiction expresse du Créateur, connue sous le nom de « péché originel » (1) (jamais mentionné dans les Évangiles, mais monté en épingle par saint Paul et saint Augustin, et désormais contesté par plusieurs théologiens), rompt pour longtemps l’alliance entre Dieu et l’Humanité, laquelle ne sera définitivement rétablie que par l’incarnation et la mort en croix du Christ, Dieu fait homme. Milton raconte aussi la création du monde et évoque longuement la beauté de la flore et de la faune du paradis terrestre, ainsi que la relation amoureuse, avant et après la Chute, entre Adam et Ève. Bien qu’étant le chef-d’œuvre de la Création, la femme est inférieure à l’homme, à qui elle doit soumission et obéissance.
Milton était un érudit, un humaniste féru de culture classique, en même temps qu’un fils de la Réforme protestante fondée essentiellement sur les Écritures. D’où la surabondance d’allusions mythologiques et de références bibliques dans ce poème épique. Ayant écrit de nombreux pamphlets hostiles à la monarchie pendant la guerre civile (1642-1648), justifié l’exécution de Charles 1er en 1649, et servi Cromwell pendant l’Interrègne (1649-1660), Milton dut se cacher quelque temps après l’accession au trône de Charles II en 1660.

(1) Qu’un humoriste définit ainsi: « Une pomme, deux poires et beaucoup de pépins » !

Traduction : François-René de Chateaubriand (1768-1848).

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William Blake, The Temptation and Fall of Eve (1808) – illustration du Paradis perdu de John Milton.

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Livre audio gratuit ajouté le 15/06/2013.

6 Commentaires

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  1. Merci infiniment pour cette lecture ! Je voulais me procurer l’ouvrage mais ne trouvais pas le temps pour y consacrer l’attention qui lui est dûe.

    J’ai été transporté par cette oeuvre somptueuse, dont l’effet me rappelle La Divine Comédie. Je suis avide de livre similaires (sur ces thématiques), et vous remercie par avance pour vos conseils de lecture éventuels.

  2. haaaaaaaaaaaa voila qui est fait et donc plus à faire. André (Rannou); merci.
    merci déjà donné par anticipation à l’annonce de lecture, mais cette fois, tu es l’homme et non plus la promesse. bravo et merci encore et en corps.
    c ‘est ma femme qui va se régaler comme dit le lieutenant.

  3. A l’exposition L’ange du bizarre, – le romantisme noir de Goya à Max Ernst au musée d’Orsay, où Milton était à l’honneur, un tableau m’a particulièrement marqué : le gouffre d’Alphonse Mucha, où l’homme est assis au fond de l’abîme, il a perdu toutes ses illusions. Si Füssli et Blake peignaient le paradis perdu, Mucha va encore plus loin en peignant la fin des illusions.

    Lecture ô combien méritoire et qui donne à réfléchir. Merci André.

    (Je pense qu’une petite erreur d’étourderie s’est glissée dans la présentation : intégrité pour intégralité.)

Lu par André RannouVoir plus

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