Michel de Montaigne

Cinq Essais du Livre I (Essais I, 21, 31, 33, 43, 49)

Qu’il faut sobrement se mêler de juger des ordonnances divines

Pour compléter la liste des 57 Essais du Livre I, en traduction moderne :

Des lois somptuaires (I, 43):
« Si l’on dit, en effet, que seuls les princes mangeront du turbot, porteront du velours et des tresses d’or, et que cela est interdit au peuple, n’est-ce pas renforcer le prestige de ces choses-là, et faire croître en chacun de nous, justement, l’envie d’en disposer ? Que les rois abandonnent hardiment ces marques de grandeur : ils en ont assez d’autres ! Et de tels excès sont plus excusables chez tout autre homme que chez un prince. »

Sur les anciennes coutumes (I, 49) :
« Mais je me désole de voir que l’on peut se laisser si facilement tromper et aveugler par l’usage présent, au point de changer d’avis et d’opinion tous les mois si la mode en décide ainsi, en dépit de ce que l’on pense vraiment. »

Le profit de l’un est dommage de l’autre (I, 21) :
« Le marchand fait de bonnes affaires grâce à la débauche de la jeunesse, le laboureur grâce au prix élevé du blé, l’architecte grâce à la décrépitude des maisons, les officiers de justice grâce aux procès et aux querelles des hommes. Et même la dignité et la fonction des ministres de la religion provient de nos morts et de nos vices. Nul médecin ne prend plaisir à voir même ses amis en bonne santé, disait un ancien comique grec. Ni un soldat à la paix de sa ville. Et ainsi de suite. »

Qu’il faut sobrement se mêler de juger des ordonnances divines (I, 31) :
« Il suffit à un chrétien de croire que toutes choses viennent de Dieu, d’y reconnaître sa divine et insondable sagesse, et donc les prendre en bonne part, sous quelque forme qu’elles lui soient envoyées. Mais je trouve mauvais ce que je vois en usage aujourd’hui, c’est-à-dire de chercher à affermir et imposer notre religion par la prospérité de nos entreprises. »

La fortune se rencontre souvent au train de la raison (I, 33) :
« Parfois aussi, le hasard se fait médecin. Jason de Phères, abandonné par les médecins, à cause d’une tumeur qu’il avait dans la poitrine, résolut de s’en débarrasser, même par la mort, et se jeta à corps perdu dans une bataille au beau milieu des ennemis. Il y reçut une blessure qui le transperça, et tellement au bon endroit, que sa tumeur en fut ôtée, et qu’il en guérit. »

Traduction : en français moderne de Guy de Pernon.

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Livre audio gratuit ajouté le 31/05/2014.

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