Alfred de Musset, peint par Charles Landelle

Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée

« LA MARQUISE :

Ma foi, si. Il faut supposer à une femme une tête bien vide et un grand fonds de sottise, pour se figurer qu’on la charme avec de pareils ingrédients. Croyez-vous que ce soit bien divertissant de passer sa vie au milieu d’un déluge de fadaises, et d’avoir du matin au soir les oreilles pleines de balivernes ? Il me semble, en vérité, que, si j’étais homme et si je voyais une jolie femme, je me dirais : Voilà une pauvre créature qui doit être bien assommée de compliments ; je l’épargnerais, j’aurais pitié d’elle, et, si je voulais essayer de lui plaire, je lui ferais l’honneur de lui parler d’autre chose que de son malheureux visage. Mais non, toujours : « vous êtes jolie », et puis « vous êtes jolie », et encore jolie. Eh ! mon Dieu, on le sait bien. Voulez-vous que je vous dise ? vous autres hommes à la mode, vous êtes des confiseurs et des perruquiers. […] »


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Références musicales :

Jean-Philippe Rameau, Les Fêtes d’Hébé, interprété par l’ensemble American Baroque (licence CC By-Nc-Sa 1.0)

Licence d'utilisation : Réutilisation du livre audio soumise à autorisation préalable.
Livre audio gratuit ajouté le 18/04/2010.

8 Commentaires

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  1. Quel texte savoureux, et quelle savoureuse manière de le lire ! Musset n’a pas toujours la même qualité d’inspiration, mais il m’évoque ici la délicatesse d’un Marivaux (méprisé à tort, en raison de son prétendu “marivaudage”, où comme ici se joue pourtant le jeu subtil entre l’amour et l’orgueil), ou celle d’un Anouilh.
    Merci aux lecteurs : René Depasse est parfait en comte intimidé, et Victoria joue à merveille la femme presque sûre de ses charmes, qui dirige la situation d’une main amusée, mais conquise.
    Puisse notre époque, encore plus cynique (en apparence) que celle de Musset, s’inspirer de cet art d’aimer et d’écrire.

  2. j’ai écouté votre récit pour la 2ème fois, c’est toujours très agréable de vous entendre .Merci aux lecteurs.

  3. Quel bon moment passé en votre compagnie! Merci Victoria, merci M. Depasse.

    Didier Pilette – México City.

  4. Ben! Le site m’a coupé la parole en m’annonçant que mon commentaire avait déjà été envoyé! Je disais donc que ces voix sont faites pour le théatre! Ne manquait que le décor! Bravo et merci!

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