H. B. Irving dans le rôle de Markheim (1905)

Markheim

Markheim vient de tuer. Près du cadavre de sa victime, il reprend ses esprits et s’interroge. Lui apparaît une étrange créature : ange ? démon ? sa propre conscience ? Des analyses subtiles légitiment la conclusion de ce drame…

« Il regarda plus hardiment la face du mort, il appliqua son esprit à concevoir la nature et la grandeur de son crime. Il y avait si peu de temps que ce visage se mouvait au gré de sentiments variés, que cette bouche pâle avait parlé, que ce corps était ardent d’énergies maniables ! Et maintenant, par son acte, cette vie avait été arrêtée, comme l’horloger, du bout du doigt, arrête le battement de l’horloge. Il raisonnait ainsi en vain ; nul remords ne s’éveillait en sa conscience ; le même cœur qui avait frissonné devant les images peintes du crime restait impassible devant sa réalité. Tout au plus s’il ressentit une ombre de pitié pour celui qui avait été doué en vain de toutes ces facultés qui peuvent faire du monde un jardin de délices, celui qui n’avait jamais vécu et qui maintenant était mort. Mais de repentir, nulle trace.
« – Me connaître ! Qui le peut ? Ma vie n’est qu’un travestissement et une dérision de moi-même. J’ai vécu pour mentir à ma nature. Tous les hommes en sont là ; tous les hommes sont meilleurs que ce déguisement qui les étouffe. Vous les voyez tous emportés par l’existence, comme celui que des bravi ont saisi et bâillonné dans un manteau. S’ils avaient leur direction propre, – si vous pouviez voir leurs visages, ils seraient complètement différents, ils s’auréoleraient en héros et en saints ! Je suis pire que beaucoup ; mon moi est plus caché ; ce qui m’excuse est connu de moi seul et de Dieu. » 

Traduction : Théo Varlet (1878-1938).

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Livre audio gratuit ajouté le 30/09/2011.

5 Commentaires

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  1. Il est vrai,Franck,que c’est vous qui m’avez donné l’idée de faire connaître ce Stevenson et le CAS DE CONSCIENCE de O.Henry.J’espère que vos voeux exaucés satisferont de très nombreux auditeurs!

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