Simon Bernard Lenoir - Portrait de Voltaire au pastel (1764)

Le Cathécumène, traduit du chinois

Voltaire s’est toujours défendu d’être l’auteur du traité antichrétien Le Cathécumène, traduit du chinois (Amsterdam, 1769) pour se protéger de la censure. Il a beau écrire : « Je n’ai assurément la moindre part à la plaisanterie au gros sel intitulée « Le Catécumène ». Il y a là des choses habilement tournées ; mais je serais fâché de l’avoir fait, soit pour le fond, soit pour la forme », l’œuvre lui reste attribuée.
Aux yeux du catholique, ce pamphlet est une accumulation de blasphèmes, mais tous les déistes ne le condamnèrent pas… et même certains protestants eurent plaisir à noter la manière dont il traitait les prêtres.

Il fallait avertir le lecteur que Voltaire n’a jamais, sans doute, tourné plus en dérision la religion et les pratiques religieuses (par exemple la communion) que dans « le catéchumène », « Le Cathécumène » ou « le catécumène ».
(Définition précise du mot : « Néophyte qui apprend la doctrine chrétienne en vue de se préparer au baptême. »)

« Messieurs, croyez-vous votre Dieu tout-puissant ? – Certainement. – Il est tout-puissant, & vous pensez qu’il a besoin de votre secours pour gagner des ames, & vous vous chargez du soin de punir pour lui, & de le venger ! Quelle terrible inconséquence ! Et votre Dieu vous a-t-il ordonné expressément d’égorger vos freres en son nom ? – Non pas précisément, mais nous avons l’art d’interpréter ses volontés. On voit bien que vous ne savez pas ce que c’est que le zèle de la gloire de Dieu, & l’extrême envie de lui plaire. – Et le moyen que vous choisissez, c’est de massacrer ses Créatures.
[…]
Alors ils s’approchèrent de moi avec un vase plein d’eau ; il me prièrent avec beaucoup de politesse de permettre que l’on versât quelques gouttes de cette eau sur ma tête. Je suis complaisant de mon naturel, je ne fis aucune difficulté d’y consentir, d’autant plus qu’ils paroissoient le souhaiter avec beaucoup d’empressement. L’eau fut versée ; ils m’essuyèrent ensuite très-proprement ; ils me sautèrent au col, ils s’écrioient, vous êtes notre frère, vous êtes Chrétien. »


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Simon Bernard Lenoir – Portrait de Voltaire au pastel (1764).

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Livre audio gratuit ajouté le 05/07/2014.

5 Commentaires

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  1. Merci pour cette lecture, très stimulante, comme la plupart de celles que vous nous offrez! Puis-je me permettre de fournir une précision quant à l’origine de ce texte? Voltaire n’en est apparemment pas l’auteur, mais l’éditeur; il a été écrit par Charles Bordes, puis retravaillé par Voltaire, qui l’a considérablement réduit et a pu aussi lui donner quelques tours à sa façon. Il a opéré un peu de la même manière que pour le “Testament de Jean Meslier”. C’est donc du Voltaire, dans une certaine mesure, mais c’est aussi et avant tout du Charles Bordes… Une étude consacrée à cette question se trouve dans le 4e numéro de la “Revue Voltaire” (PUPS, 2004: article de J. Patrick Lee, p. 161-176). Bien cordialement!

  2. J’aime beaucoup l’humour de Monsieur Voltaire.Ce ne sont pourtant que des “chinoiseries”.Si monsieur Depasse pouvait trouver une ou deux voix pour en faire une lecture plus conforme au texte, le résultat serait encore plus accrocheur.Avec mes remerciements-salutations

  3. Il y’a deux types de personnes qui passent leur temps à parler de religion: les croyants et les athées .Il est vraie que ce thème,de nos jours est plus que d’actualité Mais finalement,dans cette vie…..il faut savoir de quoi on parle:Je crois qu’il y’a deux types de religions:
    1/la religion horizontale:c’est celle du mimétisme ou du “faire comme l’autre”.
    2/La religion verticale:son vecteur est ascendant
    A chacun sa bombonne!!! merci

  4. Voltaire était très anticlérical mais il n’écrivait et ne pensait qu’à Dieu,ce qui est pour le moins paradoxal

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