Jean Antoine Houdon - Buste de François-Marie Arouet dit Voltaire (1778)
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Sentiment des citoyens

Dans les Lettres sur la Montagne, Rousseau en dénonçant l’irréligion de Voltaire, l’avait exposé à de graves représailles.
En réponse, la colère de son ennemi lui fait écrire le Sentiment des Citoyens (1764) où il réclame une peine capitale contre ce “vil séditieux”. Ces deux grands écrivains qui se haïssaient furent réunis par la mort en mai et juillet 1778….

Le ton est ici sans pitié, différent de l’ironie de la célèbre Lettre à Monsieur Jean-Jacques Rousseau, publiée en 1754.


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Jean Antoine Houdon, Buste de François-Marie Arouet dit Voltaire (1778).

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18 Commentaires

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  1. Merci pour la découverte des très belles et très émouvantes Stances à Madame du Châtelet. C’est le genre de cadeaux auquel je suis sensible.

    Cordialement,

    Marc Bonetto.

  2. Réponse à l’attention de Marc Bonetto,

    A mon sens « choisir », ce n’est ni exclure ni éliminer. Un choix n’est jamais général et ne saurait porter sur tout un corpus. Tout est à considérer au cas par cas. Mais vous avez raison cependant, je force un peu le trait dans l’opposition que je dresse entre ces deux œuvres. Des girondins plutôt voltairiens d’un côté contre des montagnards plutôt rousseauistes (du moins autour de Robespierre et de ses amis), tandis que les hébertistes et les sans-culottes inclinent à un athéisme matérialiste plus radical. Certes, cela est schématique, j’en ai pleinement conscience.

    On est laid à Nanterre,
    C’est la faute à Voltaire,
    Et bête à Palaiseau,
    C’est la faute à Rousseau.

    Je ne suis pas notaire,
    C’est la faute à Voltaire,
    Je suis petit oiseau,
    C’est la faute à Rousseau.

    Joie est mon caractère,
    C’est la faute à Voltaire,
    Misère est mon trousseau,
    C’est la faute à Rousseau.

    Je suis tombé par terre,
    C’est la faute à Voltaire,
    Le nez dans le ruisseau,
    C’est la faute à Rousseau…

    Vous voyez que d’autre, avant vous, déjà, n’avaient pas su choisir.

    Quant à Voltaire, s’il écrase bien, et courageusement, les infâmes jésuites dont il fut l’élève, et à travers eux les intolérants de toute obédience, il reste aussi ce déiste franc-maçon capable par la spéculation boursière, la vente d’armes et le trafic négrier d’écraser aussi d’autres infâmes, à savoir tous ces hommes sans renommée, dont l’histoire a oublié le nom, et que leur vie exploitée aura servi de ressource au Seigneur de Ferney. “Quand il s’agit d’argent, tout le monde est de la même religion.” écrit-il, le 26 décembre 1760 dans une lettre adressée à Mme d’Épinal (!). Les « nègres » sont des « animaux humains » assure-t-il, sans guère user, en l’espèce, de beaucoup de son fameux esprit « voltairien ». Moins en somme que Montesquieu sur le même sujet. Comparez, autre exemple, ce que disait Voltaire des Juifs au regard de ce qu’écrivait Rousseau sur le même sujet (Œ.C. III, p. 498). Et être panthéonisé en 1791 dit tout sur ceux dont il fut l’indéfectible héraut (et le héros).

    Pour conclure cette note qui sera bien de ma part la dernière, je veux rendre un dernier hommage à Voltaire le poète. Car si, dans l’ordre des vers, Rousseau est un bien médiocre artiste, Voltaire aura su, à mes yeux, écrire avec ses Stances à Mme du Châtelet, un des plus beaux poèmes de la langue française que je connaisse. Je ne peux m’empêcher d’ému aux larmes quand je le relis. Sans doute le connaissez-vous. Je vous le livre sans autre commentaire. Amicalement

    Si vous voulez que j’aime encore,
    Rendez-moi l’âge des amours ;
    Au crépuscule de mes jours
    Rejoignez, s’il se peut, l’aurore.

    Des beaux lieux où le dieu du vin
    Avec l’Amour tient son empire,
    Le temps, qui me prend par la main,
    M’avertit que je me retire.

    De son inflexible rigueur
    Tirons au moins quelque avantage,
    Qui n’a pas l’esprit de son âge,
    De son âge a tout le malheur.

    Laissons à la belle jeunesse
    Ses folâtres emportements.
    Nous ne vivons que deux moments :
    Qu’il en soit un pour la sagesse.

    Quoi ! pour toujours vous me fuyez,
    Tendresse, illusion, folie,
    Dons du ciel, qui me consoliez
    Des amertumes de la vie !

    On meurt deux fois, je le vois bien ;
    Cesser d’aimer et d’être aimable,
    C’est une mort insupportable ;
    Cesser de vivre, ce n’est rien.

    Ainsi je déplorais la perte
    Des erreurs de mes premiers ans ;
    Et mon âme, aux désirs ouverte,
    Regrettait ses égarements,

    Du ciel alors daignant descendre,
    L’amitié vint à mon secours ;
    Elle était peut-être aussi tendre,
    Mais moins vive que les amours.

    Touché de sa beauté nouvelle,
    Et de sa lumière éclairé,
    Je la suivis ; mais je pleurai
    De ne pouvoir plus suivre qu’elle.

  3. Bienaimé, je bois vos paroles qui suivent la dernière citation des Confessions Livre XI. Il est bon de lire des propos mesurés et réfléchis.
    Et j’apprécie particulièrement cette modestie exigeante:” ce n’est jamais un homme ou une femme qu’on cherche à connaître, c’est son œuvre qu’on cherche péniblement à mieux comprendre. Ce sont les œuvres – et elles seules – qu’il faut juger, non pour juger ceux qui en sont les auteurs, mais, par elles, mieux juger de notre propre pensée qui, sans cette aide, ne vaudrait pas grand chose.”
    Merci à vous.

  4. A cette adresse

    https://brumes.wordpress.com/la-bibliotheque-de-la-pleiade-publications-a-venir-reeditions-reimpressions/

    on en apprendra beaucoup sur l’état actuel de La Bibliothèque de La Pléiade, bien qu’il suffise de comparer les volumes parus depuis le début du siècle avec ceux des années soixante-dix ou quatre-vingts. La correspondance de Rousseau ! Bigre ! Diantre ! Fichtre ! Mieux vaut attendre une anthologie du rap ou un cinquième volume de Marguerite Duras.

  5. “Qui choisir des deux ?”, écrivez-vous.

    Pourquoi choisir ? J’ai autant besoin de Rousseau que de Voltaire. Quant à faire de Voltaire le fourrier du capitalisme actuel (alors que l’infâme désigne surtout le fanatisme religieux), n’est-ce une raccourci pour le moins tendancieux ?

    Néanmoins, votre commentaire me plaît quand vous exposez très clairement l’histoire des “enfants” de Rousseau, à laquelle on peut ajouter qu’il est possible que ces enfants n’aient existé que dans l’imagination malade du pauvre Jean-Jacques.

  6. « Sur les bougies » Ce détail figure à plusieurs endroits dans les Confessions.

    “C’est ainsi qu’après avoir été traité successivement, pendant tant d’années, de vingt maux que je n’avais pas, je finis par savoir que ma maladie, incurable sans être mortelle, durerait autant que moi. Mon imagination, réprimée par cette connaissance, ne me fit plus voir en perspective une mort cruelle dans les douleurs du calcul. Je cessai de craindre qu’un bout de bougie, qui s’était rompu dans l’urètre il y avait longtemps, n’eût fait le noyau d’une pierre.”

    Les Confessions, livre XI

    Un tel traitement ne devait sans doute guère favoriser la bandaison et permettre au citoyen de Genève d’être cette sex machine capable d’engrosser si régulièrement le très singulière Thérèse, gouvernante, tante, sœur, épouse et censément mère tout à la fois, à des périodes différentes il est vrai ! Il y aurait tout un roman à écrire sur ce couple insensé, pathologique, que forment pendant tant de décennies Jean-Jacques et Thérèse. Sur la naissance et l’exposition de ses enfants encore une fois l’affaire repose principalement sinon exclusivement sur le témoignage de Rousseau lui-même. On peut bien sûr le croire sur le fond. Mais enfin cet aveu reste un aveu qui rentre aussi dans cette stratégie autobiographique et fictionnelle qui se nomme les Confessions dans laquelle “vérité” n’est pas exactement synonyme de “réalité”. Quant à la Correspondance où de tels aveux se renouvellent il est “vrai”, les lettres de Rousseau restent encore des œuvres partiellement de fiction, parce qu’elles sont d’abord l’œuvre d’un écrivain. Comment trancher dans ce cas particulier, quand on sait depuis Proust que le moi qui écrit n’est pas le moi qui vit, que le “je” qui tient la plume est un autre ?
    D’où au passage, pour conclure, l’illusion toute beuvienne de vouloir saisir un homme à travers “ses œuvres, sa correspondance et sa biographie” (?), comme ne cesse de le clamer ad nauseam, le Fouquier-Tinville de la République des Lettres qu’est Michel Onfray, spécialiste de la liquidation et du raccourcissement des idoles. Pauvre Michel, ce n’est jamais un homme ou une femme qu’on cherche à connaître, c’est son œuvre qu’on cherche péniblement à mieux comprendre. Ce sont les œuvres – et elles seules – qu’il faut juger, non pour juger ceux qui en sont les auteurs, mais, par elles, mieux juger de notre propre pensée qui, sans cette aide, ne vaudrait pas grand chose.
    Et ce qui est le plus et le mieux immédiatement partagé, ce n’est pas le “bon sens” malgré ce qu’en peut dire Descartes, mais la médiocrité et la bêtise à quoi nous sommes tous exposés si l’on ne se mettait pas le plus souvent à l’école des grandes œuvres.

  7. Après relecture.

    Errata. Il faut lire :

    Bernard Arnault.
    Cela demande à être regardé de plus près.
    retrouvé.
    M. de Choiseul.
    vitam impendere vero.

    Excusez-moi pour ces fautes qui m’avaient échappé.

  8. Ps… La célèbre gentilleesse de VOLTAIRE…

    ” L ‘ autre jour au fond d’ un vallon
    un serpent piqua Jean FRERON
    Que croyez-vous qu ‘ il arriva ?
    ce fut le serpent qui creva ”

    L’ autre jour… au fond d ‘ un vallon… un serpent piqua VOLTAIRE………

Lu par René DepasseVoir plus

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