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#145911
Augustin BrunaultAugustin Brunault
Maître des clés

    Les Nénuphars
    À la baronne H. de B.


    Nénuphars blancs, ô lys des eaux limpides,
    Neige montant du fond de leur azur,
    Qui, sommeillant sur vos tiges humides,
    Avez besoin, pour dormir, d’un lit pur ;
    Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières
    Pour vous laisser cueillir… et vivre après.
    Nénuphars blanc, dormez sur vos rivières,
    Je ne vous cueillerai jamais !

    Nénuphars blancs, ô fleurs des eaux rêveuses,
    Si vous rêvez, à quoi donc rêvez-vous ?…
    Car pour rêver il faut être amoureuses,
    Il faut avoir le cœur pris… ou jaloux ;
    Mais vous, ô fleurs que l’eau baigne et protège,
    Pour vous, rêver… c’est aspirer le frais !
    Nénuphars blancs, dormez dans votre neige !
    Je ne vous cueillerai jamais !

    Nénuphars blancs, fleurs des eaux engourdies
    Dont la blancheur fait froid aux cœurs ardents,
    Qui vous plongez dans vos eaux détiédies
    Quand le soleil y luit, Nénuphars blancs !
    Restez cachés aux anses des rivières,
    Dans les brouillards, sous les saules épais…
    Des fleurs de Dieu vous êtes les dernières !
    Je ne vous cueillerai jamais !

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