Accueil › Forums › Discussion générale › Farenheit 451 › Répondre à : Farenheit 451
20.
En revenant, Armelle fut occupée par Obélix qui avait déniché un crapaud dans les hautes herbes. Elle avait faim, et pressa le chien qui abandonna à regret sa proie, qui fila sans demander son reste. Une fois, à Brocéliande, elle donna sa gamelle au berger allemand et déjeuna avidement, puis tenta d’écouter la radio en finissant doucement son café encore chaud. Songeuse, elle n’arrivait pas à se concentrer sur les nouvelles quotidiennes que crachait le transistor entre des publicités hurlantes. Au bout d’un moment, elle finit son café et éteignit la radio et alla allumer son ordinateur dans le séjour, et pendant que la machine s’éveillait lentement, elle retourna débarrasser la table et fit la vaisselle pour se défaire l’esprit et le corps des contraintes matérialistes pour se donner à cette vocation nouvelle qui occupait l’essentiel de ses loisirs. Elle lisait. Non, pas pour elle, mais pour les autres.
Elle avait en effet, depuis moins d’une année, découvert la lecture à haute voix, au profit de ceux qui ne le pouvaient pas. Elle était devenue « donneuse de voix », lectrice pour les autres. Elle le ressentait comme un bonheur d’avoir la possibilité de transmettre sa passion pour les auteurs bretons, de partager les textes qu’elle aimait et y trouver la sensation de ne plus être seule à vivre ses passions littéraires. Lorsque l’ordinateur fut prêt, elle approcha le microphone, cliqua sur le logiciel d’enregistrement, puis , d’un autre clic, fit apparaître le texte de sa lecture à l’écran.
Elle déclencha la mise en route du magnétophone virtuel, et se mit à lire avec une voix calme et puissante, le timbre était à peine voilé, juste de quoi créer une sorte d’intimité. Les débit était régulier, mais avec un phrasé mélodique, qui suivait les ondulations rythmées des phrases, en respectant les pauses faites de points et de virgules. Sa voix s’élevait, s’interrogeait, s’exclamait, sans violence, mais avec sureté. Elle lisait avec conviction, sure de son choix de lecture, avec la confiance de séduire ses auditeurs, pour les emmener avec elle, à la découverte d’une Bretagne oubliée, de gens au caractère trempé de luttes terriennes et de conquêtes marines, à la recherche de la gloire ou de leur avenir paisible. C’était selon…
Obélix, allongé droit, près d’elle, avait calé sa tête, bien alignée, sur ses pattes de devant. Ses oreilles, dressées, semblaient guetter les moindres variations de tonalité. Les chapitres succédaient les uns aux autres…