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PAGES BRULANTES
25.
Le livre était sur le bureau, dans sa pche de papier. Il gisait en plein milieu, sur le sous-main, de travers, comme un produit de la chasse, jeté sur une table de cuisine. Malgré son inertie, son emballage, il se faisait provocateur, arrogant, insistant. Pépin, entrant dans la pièce, après avoir déjeuné. La vision du livre le gifla et acheva de le réveiller. Habituellement, comme il l’avait décidé dans son organisation hebdomadaire de ses travaux, avait réservé le dimanche, à une action sociale auquel il attribuait une grande valeur morale. Il était « donneur de voix ». il estimait que c’était une grande mission. Il s’agissait de transmettre le savoir. Le livre était à ses yeux, le véhicule suprême de la connaissance, de la science, de la découverte du monde, de l’histoire du passé, de la civilisation, de toutes choses nobles qui élève l’esprit par l’éducation. Mais, ce livre-là, il l’avait complètement oublié.
Le professeur Trognon s’approcha du bureau, attrapa la poche, l’ouvrit et en tira le bouquin. Il était broché avec une couverture coloré, arborant un titre qui le surprit :
FAHRENHEIT 451
Par
Ray BRADBURY
Comme c’était curieux. Un ouvrage de science ? se disait-il. Sans le laisser réfléchir, le hasard lui aurait lancé un volume traitant des échanges thermiques, ou sur les conséquences physiques des hautes températures.. mais en page de titre, il vit sous le titre, le mot « Roman ». Etrange litre pour un roman. Décidément, que de surprises. Il se décida à s’installer confortablement dans son fauteuil, près de la fenêtre. Il se mit à lire, sans s’arrêter, du début à la fin. Captivé, il avala page après page sans se relever. Quand il eut fini, il resta songeur, le livre sur les genoux.