Répondre à : Question sur Maria Chapdelaine

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#149142
J.-F. LeblancJ.-F. Leblanc
Participant

    Salut, Orokiatou

    Merci de t'intéresser au plus grand classique de la littérature québécoise !  Sourire

    À mon avis, l'impression qui se dégage tout au long du roman, quant aux *aspirations* de Maria, c'est plutôt un sentiment de *résignation* à son sort d'une dure vie de paysanne.

    Moi, je dirais que la réponse à ta question se trouve vers la fin du chapitre 15. Le coeur de Maria se balance longuement entre les plaisirs faciles de la grande ville américaine et les joies simples de la campagne. Louis Hémon passe beaucoup de temps à décrire ce qui pourrait bien retenir Maria dans un milieu aussi exigeant ; il parle des « douceurs du pays qu'elle voulait fuire », de la beauté du printemps québécois ainsi que de l'environnement en général. Mais, ce qui convainc Maria, finalement, de laisser tomber toutes autres aspirations que de continuer sa vie telle qu'elle est, ce sont ces « voix » qui lui rappelent son devoir de rester fidèle à son peuple, avec sa langue, sa culture, ses traditions, et surtout, sa religion ! Elle réalise que tant qu'elle restera au Québec : « nous sommes chez nous, ici ». Et, elle ne pouvait non plus ignorer sa responsabilité envers sa petite soeur, Alma Rose.

    Finalement, vues toutes ces raisons, la réponse est affirmative : oui, Maria a les mêmes aspirations que sa mère. Laura a peut-être pensé, elle aussi, à quitter sa dure vie, mais, elle est toujours restée fidèle aux projets, même insatisfaisants, de son mari. Maria n'est pas encore mariée, mais elle a déjà décidé de rester fidèle à son sort, quel qu'il soit, tel qu'il lui sera présenté.

    En résumé, je crois qu'une femme paysanne québécoise de cette époque ne pouvait entretenir trop d'illusions de sortir du rôle traditionnel accordé depuis plus de deux siècles aux femmes des campagnes. Dans le dernier et très bref chapitre du roman, avec son acceptation laconique de la proposition de mariage du gars local, Maria en a clairement fait son deuil, de toutes autres aspirations possibles, que de maintenir son rôle de fidèle paysanne québécoise appartenant à une culture bien déterminée.

    Cette question ne se pose guère plus, en 2009, maintenant que presque toute la planète vit dans des grandes villes. Mais, elle était certainement d'actualité pour Maria Chapdelaine. Merci de l'avoir posée, Orokiatou, et de m'avoir obligé à réfléchir un peu sur ce point.

    Si le public de LA.com qui aurait écouté cette oeuvre avait d'autres points de vue sur ce sujet, je serais bien curieux de les connaître.

    Porte-toi bien,

    jf






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