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Augustin BrunaultAugustin Brunault
Maître des clés

    ROSNAY, Jean-Pierre – Poésies

    Source : Club des Poètes.



    À Tsou l'Egyptienne

    Par-dessus le toi des guitares
    Ses yeux et son sourire bleu
    La nuit mêlée à ses cheveux
    Chaque train oubliait sa gare
    Le flux et le reflux de la mer intérieure
    Qui animait mon coeur à la cause du sien
    Me faisait ressemblant à ces ombres de chien
    Qu'on voit laper la nuit des restes de lueurs
    Mon égyptienne ma mythique
    Quand nous baignerons-nous à nouveau
    Au port d'Alexandrie entre ces vieux rafiots
    Dont la voile crevée donnait de la musique
    Du haut de la plus haute pyramide
    Léchée par des millions de regards touristiques
    Entre Son Lumière légendes et cantiques
    Je t'apporte ces mots de sang encore humides
    Ces inhumains versets d'amours supra-humaines
    Quand le poète écrit d'amour à son aimée
    Il charge son stylo d'encre à éternité
    Puis lui dit simplement Madame je vous aime
    Et je vous saurais gré de l'avoir remarqué



    Jetez vous sur l'avenir

    Jetez-vous sur l'avenir
    Au vol,
    comme l'indien
    sur les reins du cheval sauvage
    Et n'en cherchez pas davantage
    Prenez votre monture au col
    foncez
    Avalez le temps avant qu'il ne vous avale
    Frappez des deux talons les flancs de la cavale
    Yeux fermés
    Cheveux au vent
    Lèvres entrouvertes
    Courez courez à votre perte
    Allez au-devant du temps
    Faites voler en éclats
    horizon et raisonnements
    Tout ce qui est inerte ment
    Prenez les devants
    Bousculez Dieu comme une idée reçue
    Ruez-vous sur l'avenir avant
    que les vers ne vous rongent Pressez votre coeur
    comme on presse une éponge
    Faites-lui rendre tous les prénoms
    Tous les instantanés d'amour
    Tous les rêves inassouvis
    Qu'il a stockés
    Dans ses greniers
    Sur cette plage
    Cette photographie
    Cette barque
    Ton sourire
    Le premier de nos enfants
    Le second
    Sable mer vent Qui parle ?
    Taisez-vous
    Laissez-moi seul
    Avec ces bruits de pas dans le cimetière
    Il est tard
    Dire qu'il sera toujours trop tard
    La grande nuit morte monte et persiste
    Jetez-vous sur l'avenir
    Ou par la fenêtre
    Allez
    ne vous retournez pas
    Laissez les autres suivre votre enterrement
    mais ne soyez pas du cortège
    Opposez n'importe quoi à l'inertie
    ne fût-ce qu'une plume ou un flocon de neige
    Et que celui qui possède encore des yeux
    Les ferme
    Avant que le flocon
    ne fonde sous ses regards impuissants

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