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Augustin BrunaultAugustin Brunault
Maître des clés

    RABEARIVELO, Jean-Joseph – Poésies



    Dernier Journal

    A l'âge de Guérin, à l'âge de Deubel,
    un peu plus vieux que toi, Rimbaud anté-néant,
    parce que cete vie est pour nous trop rebelle
    et parce que l'abeille a tari tout pollen,
    ne plus rien disputer et ne plus rien attendre,
    et, couché sur le sable ou la pierre, sous l'herbe,
    fixer un regard tendre
    sur tout ce qui deviendra quelque jour des gerbes.
    Fixer un regard tendre ! Tendresse de l'absence,
    dans le Néant, Néant auquel je ne crois guère.
    Mais est-il plus pure présence
    que d'être à toi rendu, ô Mère douce, ô Terre ?
    On se retrouvera tous dans ta solitude,
    et peuplée, et déserte ainsi que l'océan.
    Et chaque fois que ici-haut soufflera le vent du sud
    en bas l'on causera des survivants.
    Quelles racines de fleurs viendront alors nous boire
    pour calmer dans le soleil telle soif de fruits.
    Se pencheront sur nous les héliotropes du soir
    et viendra prendre de nos secrets le Bruit.
    Le Bruit, le Bruit humain – vaines rumeurs de coquillages
    pour les marins endormis du sommeil de la terre !
    Le Bruit, le Bruit humain, toujours le même à travers les âges
    et qui ne se dépouille que chez les morts d'un peu de vos misères.
    Mais déjà je sens l'odeur  de la poussière
    et des herbes; déjà j'entends l'appel de ma fille;
    ah ! pour peu que l'oubli n'ait pas cerné vos yeux de terre
    songez quelquefois à nous dans nos grottes tranquilles !
    Et que ce ne soit pas pour verser des larmes
    près de nos portes closes par le silence !
    Que ce soit pour penser qu'il n'y aura quelque charme,
    un jour, à être guidés par nous dans la fin immense.

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