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ANONYME – Contes traditionnels africains
UN ŒIL
C’est l’histoire d’un homme, misérable. Sans doute le plus misérable du village : il n’avait plus rien, pas même de quoi manger ce jour-là. Alors, dans son désespoir, il décida de partir, de quitter ce village, ses terres qui ne lui donnaient pas même de quoi se nourrir. Et il s’en alla sur le chemin, droit devant lui, ne sachant où ses pas le conduiraient.
Il marcha ainsi quelque temps, quand, soudain, il fit une rencontre ! Oh ! Pas n’importe laquelle : il rencontra Dieu !!!
-Oh ! oh ! Jeune homme, dit Dieu en l’arrêtant, comme tu me parais triste ! Si triste que je vais te proposer de réaliser le vœu de ton choix ! Seulement, écoute-moi bien : Ton voisin aura le double de toi, et je te donne 2 jours pour réfléchir. Retrouvons-nous ici même dans 2 jours et tu me diras quel vœu tu as choisi.
Le jeune homme fit donc demi-tour pour rentrer chez lui. « Mais je n’ai pas besoin de deux jours pour réfléchir, je sais ce que je vais demander : une énorme caisse pleine d’or !!! » Mais…deux secondes plus tard, plein de dépit, il cognait son poing dans son autre main : « Zut ! mon voisin aura DEUX caisses d’or !!! Ah non ! »
Tout en continuant de marcher, il réfléchit à une autre idée : « ouais ! je vais demander une grande maison ! » Mais… une seconde plus tard, il cognait son poing dans son autre main : « Zut ! mon voisin aura DEUX maisons !!! Ah non ! Ah non ! »
Il arriva ainsi chez lui, cherchant toujours une belle idée. Les heures passaient, déjà la nuit était là, déjà la nuit coulait, chaude. « ouais !!! ça y est ! j’ai trouvé !!! je vais lui demander… une femme ! » Mais une demi seconde ne s’était pas écoulée : « Zut ! mon voisin aura DEUX femmes !!! Ah non ! ah non ! ah non ! »
Le jour se leva, la journée passa sans que le jeune homme réussisse à trouver un vœu satisfaisant… Et il commençait d’être sérieusement inquiet. La deuxième nuit passa, dans la même douloureuse angoisse. Et le moment de partir sur le chemin retrouver Dieu arriva, sans qu’il ait son idée. Il partit cependant, l’air aussi morne et accablé que deux jours précédemment.
Et puis… et puis soudain… il sut qu’il la tenait son idée ! enfin ! une superbe idée ! Ah oui ! Elle était bonne celle-là ! Et de joie il sautait en l’air, faisait des cabrioles sur le chemin, lançait son rire dans le vent !
-Oh ! oh ! dit Dieu en le tapotant sur l’épaule pour l’arrêter. Comme te voilà joyeux, mon garçon ! Tu as sans doute trouvé un vœu bien extraordinaire ! Alors, dis-moi un peu, quel est-il ?
Alors, le jeune homme … lentement … posa son index sous son œil, s’approcha de Dieu, et murmura : « crève-moi un œil ! »