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#150073
VictoriaVictoria
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    ANONYME – Contes traditionnels africains



    Ingratitude



    Plusieurs hommes partirent dans la savane, pour chasser. L’un d’entre eux, très vite, perdit ses compagnons. Il revint en arrière, partit à droite, à gauche : rien ! Il était absolument seul, et complètement perdu, au milieu de la savane. Déjà le soir tombait, il était très inquiet. Soudain il vit, devant lui, un lion ! un lion qui avançait, lentement, mais bien dans sa direction. Il s’approchait en douceur, comme s’il était sûr de sa future proie !!! Le chasseur tremblait de tout son corps, et se voyait déjà mort ! Pourtant le lion avançait toujours de ce même pas lent, majestueux. Il ne semblait pas agressif, tant il était beau ! Il s’approcha tout près de l’homme. Il le renifla, sans grogner. Puis il  le poussa doucement, de sa grosse tête. Le chasseur comprit alors que la bête lui indiquait une direction à prendre, il comprit qu’il devait marcher. Le lion ne voulait donc pas l’attaquer tout de suite ??? Et ainsi, doucement poussé par la bête, l’homme fit quelques pas, puis encore d’autres, et  encore. La nuit tombait vite, le froid commençait de pincer. Le lion entraîna le chasseur jusque dans son antre. Et là, de sa gueule, il lui donna à manger. Avec sa fourrure, il le réchauffa. L’homme s’endormit et ne se réveilla qu’aux premiers rayons du soleil. Et le lion, comme la veille, de sa gueule redonna à manger à l’homme. Puis, de sa grosse tête, il le poussa dehors et le raccompagna jusqu’au village ! Arrivé à l’entrée du village, le lion s’arrêta, salua l’homme et fit demi-tour. Le chasseur, éperdu de reconnaissance, le regarda s’éloigner, puis soudain, il courut retrouver et rassurer ses amis.

    Cependant, le lion n’alla pas loin en direction de la savane, très vite il revint sur ses pas, pénétra dans le village, et aux éclats de voix, reconnut la maison où se trouvait le chasseur : il se coucha sous la fenêtre et écouta :

    -Ah ! ah ! mes compagnons ! me voilà !!!

    -Comment ?! Tu es là ! nous te croyions tous mort ! Oh ! quel prodige as-tu vécu, raconte-nous !

    Et le chasseur raconta comment le lion l’avait conduit dans son antre, comment il l’avait nourri de sa gueule, comment il l’avait réchauffé de sa fourrure. « Ah, vrai ! les amis ! quelle belle nuit j’ai passée ! »

    -Eh ! eh ! s’esclafèrent ses amis, dis-nous plutôt que c’est avec une femme que tu as passé cette si merveilleuse nuit !!!

    Le chasseur insista pour qu’on le croie, et plus il insistait, plus ses compagnons riaient de lui, sans le croire. Alors, il ajouta :

    -Si c’est vrai ! et même… et même que le lion … il puait de la gueule !

    Le lion, sous la fenêtre, se leva lentement, sans bruit, et fila dans sa savane.

    Le lendemain matin, notre chasseur s’en alla au puits chercher de l’eau. Et il fut tout surpris et heureux de revoir là son lion ! Celui-ci s’approcha du chasseur et lui dit, en mettant une de ses pattes sur le sommet de sa tête :

    – Sors ton couteau et fais-moi une profonde entaille, là, sur le crâne.

    – Quoi ? moi, te blesser ? Après ce que tu fait pour moi ! Jamais !!!

    – Fais-moi une profonde entaille, là. Sinon, d’un coup de patte, je te tue !

    Le chasseur, navré et stupéfait, brandit son couteau et entailla le front de l’animal, profondément. Le sang coula. Aussitôt, le lion partit en direction de la savane.

    Le lendemain, le chasseur, de retour au puits, retrouva le lion qui l’attendait à la même place :

    -Regarde ma blessure, dit-il, et dis-moi où elle en est.

    Le chasseur s’approcha de la tête, regarda :

    -Le sang ne coule plus.

    Et le lion repartit vers la savane.

    Le surlendemain, le chasseur rencontra à nouveau le lion vers le puits, et dut à nouveau observer la plaie :

    -Elle se referme doucement, dit le chasseur, content de voir que la cicatrisation commençait.

    Et chaque jour, au même endroit, à la même heure, le chasseur retrouva le lion qui lui faisait la même demande, jusqu’au jour où l’homme put enfin dire :

    -La plaie est presque cicatrisée, des poils commencent déjà de repousser.

    Alors, le lion eut ces paroles :

    -Tu vois, la plaie que tu m’as faite au corps cicatrise, mais celle que tu m’as faite au cœur, ne cicatrisera jamais !

    Et d’un seul  coup de patte, le lion tua le chasseur.




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