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Chapitre 7
– Nous sommes déjà jeudi matin, se dit le chef Sagol en arrivant à la gendarmerie.
Il était sept heures trente. Il ne logeait pas en caserne, mais dans un immeuble tout à côté. Il s’était couché tôt la veille et c’est en pleine forme qu’il s’apprêtait à entamer une autre longue journée.
Le gendarme Gilles le rejoignit cinq minutes plus tard, lui aussi paraissait reposé. Le nordiste et Liard se présentèrent quelques secondes après. A voir leur tête, ils avaient mal dormi.
– Alors les gars, la nuit est faite pour se reposer! leur lança Gilles en plaisantant.
Liard lui répondit qu’il fallait dire ça à Monsieur Sarkozy.
– Que vous est-il arrivé ? demanda le chef Sagol .
Le nordiste expliqua que, suite aux directives du ministre de l’intérieur, le préfet avait déclenché, hier soir, une opération « coup de poing » sur tout le département. La mobilisation de toutes les forces de police et de gendarmerie avait été décrétée.
– Vous avez eu de la chance, chef et Gilles, en étant affecté à un service d’enquête et de recherche, vous avez échappé aux réjouissances. Mille excuses si nous ne sommes pas à notre avantage ce matin.
Le chef Sagol convint qu’une nuit blanche, venant après une journée normale de travail, c’était très éprouvant. Il leur proposa d’aller prendre une douche et de les rejoindre à la maison de Toinette et Germain. « Ce matin nous procédons à un inventaire des lieux en présence de Régis Drochard et de sa sœur Martine Bedel ».
Arrivés au hameau, ils virent le frère et la sœur devant le portail de la maison. Ils discutaient avec l’entrepreneur Monsieur Guccione.
– Nous vous attendions messieurs déclara madame Bedel.
– Eh bien ! Nous sommes là, répondit le chef Sagol. Excusez-moi pour ce léger retard, mais j’avais quelques dossiers à traiter avant de vous rejoindre.
Martine Bedel ne répondit pas. Son frère et Monsieur Guccione tendirent la main aux Pandores. Régis précisa qu’ils étaient en train de remercier Monsieur Guccione d’avoir pris le chien, Rex chez lui et de s’occuper de la volaille.
Martine Bedel s’adressa à l’entrepreneur pour l’informer qu’elle passerait le voir lorsque les gendarmes auront fini avec elle dans la maison. C’était une façon élégante de lui signifier que sa présence n’était pas requise ce matin. L’entrepreneur salua le groupe et rentra chez lui.
Le chef Sagol actionna la serrure avec autant de difficulté que la veille. Il pénétra le premier dans la cuisine, suivi de près par Martine Bedel et son frère. Le gendarme Gilles s’était volontairement mis en retrait. Après le recueil des empreintes et les prélèvements divers, les objets avaient été remis à la place exacte qu’ils occupaient lors de la découverte des corps. Il s’agissait de voir les réactions de Martine et Régis.
Pour les trois verres, Régis pensait qu’il s’agissait probablement de la visite des employés communaux. Sa sœur était du même avis. Concernant le courrier, la facture EDF, la redevance TV et le laboratoire d’analyse, aucun commentaire ne fut fait. Le courrier de la mairie concernait un recensement foncier qui devait avoir lieu dans les semaines à venir; rien de tangible à se mettre sous la dent.
Madame Bedel examina les prospectus. Concernant le ginseng, quelqu’un avait déjà fait une farce à son père. Un anonyme avait renvoyé un dépliant où figuraient leurs coordonnées et un jour le commercial vint frapper à leur porte pour vendre sa camelote. Martine Bedel n’était pas du genre à rire sur des plaisanteries aussi basses. Les autres prospectus furent reposés dédaigneusement, aucun ne semblait avoir un rapport avec l’énigme du grenier.
Régis fit une remarque :
– Chef, je crois que ma mère rangeait ses étagères différemment .
Le chef Sagol lui demanda de préciser.
– Les ustensiles dont ma mère se servait souvent étaient à sa hauteur. Or, les plats en Pyrex, sont en haut.
Le chef Sagol s’adressa à Martine Bedel,
– Et vous, qu’en dites-vous ?
– Je suis d’un avis différent de mon frère. Ma mère changeait assez fréquemment les objets de place et ça faisait souvent ronchonner mon père .
Le chef posa une deuxième question :
– Madame, monsieur, que pouvez-vous me dire des annotations sur le calendrier le jour du décès de vos parents ?
Régis prit la parole :
– L’entreprise « Plein Soleil » je la connais de renommée. Le père voulait mettre des fenêtres et des volets en PVC. Il faut savoir si quelqu’un de chez eux est passé et l’interroger.
Le chef Sagol signifia que c’était prévu dans le déroulement de l’enquête.
Martine Bedel précisa qu’elle avait conseillé à sa mère de traiter avec « Medic Home » pour l’achat ou la location d’un lit médicalisé. Ils étaient télécommandés comme tous ceux qu’on trouve dans le commerce traditionnel ; mais il y avait plus d’options et de sécurité. Pour les personnes âgées, ce genre de literie est d’un grand confort et évite de gros efforts dans la manipulation des malades.
– Je dirais la même chose que mon frère, il faut les rencontrer.
– Soyez sans crainte madame, je m’y emploie, assura le chef Sagol .
Il passèrent dans chaque pièce de la maison, inspectant chaque meuble, chaque tiroir, la place de chaque tableau, de chaque bibelot. L’inspection avançait et aucun indice n’émergeait.
Par précaution, le chef demanda à Martine et Régis s’ils avaient la force et le désir de monter au grenier. Tous deux consentirent d’un signe de tête. Ils se doutaient que l’épreuve serait difficile.
Le chef passa en premier avec sa lampe torche. La lumière semblait irréelle, la puissance de l’éclairage étonnait Régis. Il est vrai que le chef Sagol l’avait mise en charge toute la nuit. Le gendarme Gilles alluma l’ampoule accrochée à une poutre, mais comparativement, ce n’était qu’une lueur.
Le chef Sagol décrivit avec un maximum de tact la situation qu’avait découverte Nicolas Favant, le facteur. Martine était au bord des larmes. Son frère avait la tête rentrée dans les épaules, comme si le poids du chagrin s’était transformé en tonnes de détresse.
Sagol respecta leur silence et participa à leur recueillement. C’était sincère, ils l’avaient compris. Le temps s’était suspendu. Gilles crut que ce moment allait durer une éternité.
Ce fut Régis qui rompit le silence en se déplaçant de trois mètres environ:
– Il manque un jambon !
Le chef Sagol s’approcha à son tour de la poutre qui soutenait quelques saucissons et deux jambons.
– En êtes-vous sûr, monsieur Drochard ?
– Absolument, je suis monté avec mon père la semaine passée pour voir comment évoluait le séchage. Parfois, suivant la lune d’abattage du cochon, il peut y avoir des jambons qui moisissent. Je vous affirme que mon père avait trois cuissots pendus. D’ailleurs, regardez, la corde a été coupée nettement, celui qui l’a pris a laissé un bout de ficelle. Mon père dénouait la corde car il pendait le jambon entamé dans la cuisine.
– Ceci est très intéressant, je crois que c’est le premier élément réellement concret, déclara le chef. Malgré la pénibilité, cette visite n’aura pas été faite pour rien. Madame Bedel, monsieur Drochard, voyez-vous autre chose que nous n’aurions pas remarqué ou abordé ?
Martine n’avait qu’une chose à ajouter :
– Les obsèques auront lieu samedi à quinze heures, à l’église du chef-lieu.
– J’en prends bonne note.
Ils descendirent rapidement. Martine et Régis se tenaient la main, comme soudés par la douleur.
Dans la cour, un fourgon blanc s’était garé.
Martine et Régis prirent congé des gendarmes et saluèrent le conducteur du véhicule. Le gendarme Liard et son collègue nordiste stationnaient à droite du nouveau venu. Un homme grand et maigre se dirigea vers eux.
– Bonjour, je suis Gilbert Robion, le voisin. Madame Montfort m’a informé que vous vous êtes présentés hier chez moi. J’étais sur un chantier en extérieur et mon épouse travaille. Je suis présent ce matin et à votre disposition, si vous le désirez.
Le nordiste l’invita à le suivre. Ils rejoignirent le chef Sagol.
– Chef, Monsieur Robion, que nous n’avons pu voir hier, est disponible actuellement.
– Bonjour Monsieur Robion, je suis l’adjudant-chef Sagol en charge du dossier concernant les décès de madame et monsieur Drochard. Nous effectuons une enquête auprès de toutes les personnes qui ont côtoyé les défunts.
Le chef prenait bien soin de ne pas employer le terme de victimes ou de laisser entendre qu’il s’agissait d’un meurtre. Monsieur Robion devait être au courant par l’entremise de madame Montfort. Si vous voulez bien m’accompagner, nous serons mieux à l’intérieur que dans la cour.
Gilbert Robion suivit le chef de son pas nonchalant. Sa maigreur, alliée à sa démarche, en faisait un personnage particulier. Il portait un grand chapeau noir sur un visage taillé à la serpe. Ses longs cheveux blonds étaient retenus par un catogan. On aurait dit un personnage de bande dessinée.
Le gendarme Gilles, resté à l’extérieur, parla à voix basse à ses collègues: « en quelle année sommes-nous ? Ce monsieur a mis en marche la machine à remonter le temps. »
La richesse et la diversité du métier de gendarme faisaient que parfois, au détour d’une affaire, des rencontres insolites se produisaient. L’apparition de monsieur Robion était à classer dans le tiroir « baroque ». Le chef Sagol avait remarqué le look inaccoutumé de son interlocuteur. Il se demandait à quoi ressemblait son épouse. Il commença l’audition de manière traditionnelle : nom, prénom, situation de famille, profession.
– Je m’appelle Gilbert Robion, je suis marié sans enfants, je suis plombier et professeur bénévole de yoga.
Décidément, pensa le chef, on ne m’épargnera rien.
– Vous faites du yoga monsieur Robion?
– Oui, j’ai passé cinq années en Inde avec un maître, il m’a beaucoup appris. Cela m’a permis de faire un énorme travail sur moi-même et aujourd’hui, j’en fais profiter d’autres personnes. Le yoga, lorsqu’il est bien assimilé, est un moyen formidable de gérer sa vie.
– Je n’en doute pas. Votre épouse pratique-t-elle cette activité ?
– Bien entendu, nous nous sommes connus en Inde. Je donne mes cours deux fois par semaine, vous êtes les bienvenus, vous et vos hommes.
Le chef Sagol embraya rapidement sur une question :
– Quelles étaient vos relations avec madame et monsieur Drochard ?
– Excellentes, c’est moi qui m’occupais du feu pour la cuisson du mouton du méchoui. Ça va vous paraître farfelu car nous sommes végétariens. Ma femme cuisine des galettes à cette occasion, mais n’est pas parce que nous ne mangeons aucune viande et ne buvons pas d’alcool, que nous ne sommes pas pour l’amitié et la convivialité.
– Avez-vous des élèves dans le quartier, parmi vos voisins ?
– Patricia Montfort et son mari pratiquent régulièrement Il nous arrive souvent de faire des séances soit chez eux, soit chez nous. Cela nous permet d’aller au-delà du cours de yoga. Nous organisons notre soirée autour du bien-être corporel en y intégrant plusieurs techniques et préceptes d’origines orientales.
Le chef se posa intérieurement des questions sur le bien-être corporel. S’agissait-il d’une bande de joyeux partouzeurs, adeptes du Kama-Sutra, d’une secte ou d’allumés qui brûlaient de l’encens en vénérant Vishnou, Ganesh et consorts? Il se garda bien d’être désobligeant, mais il avait du mal à admettre que l’on puisse être plombier, professeur de yoga et échangiste à ses heures. Dans ce dossier, il y avait des protagonistes aux profils déroutants.
Le chef Sagol posa des questions sur le voisinage et la famille Drochard. Monsieur Robion fournit des réponses assez semblables à celles qui avaient été collectées auparavant par les gendarmes. Il n’insista pas et lui demanda à quel moment son épouse serait-elle disponible pour une audition. Celui-ci répliqua qu’elle rentrait vers dix-huit heures et un peu plus tôt le vendredi, dernier jour de travail de la semaine.
Il était midi, lorsque monsieur Robion monta dans son fourgon et quitta la cour de la maison Drochard. Le chef libéra ses collègues et leur donna rendez-vous à la gendarmerie à quatorze heures trente. Il voulait faire le point avec ses subordonnés et préparer la rencontre du lendemain avec le juge Julie Silovsky. Il planifierait le travail du début de la semaine prochaine.
Le chef Sagol décida de rentrer chez lui pour déjeuner. Une heure et demie à la maison, c’est toujours ça de pris.
A l’heure dite, tous attendaient le chef. Il arriva avec cinq minutes de retard et s’excusa, prétextant des problèmes de circulation routière. Il n’allait pas leur dire qu’un petit câlin avec madame Sagol avait duré plus longtemps que prévu.
– Messieurs, dit-il, j’ai vécu un grand moment de ma longue carrière. J’ai souvent rencontré des gens qui n’avaient pas la tête de l’emploi, mais, un énergumène comme aujourd’hui, je vous affirme que je n’en ai pas le souvenir.
Les trois autres collaborateurs attendaient avec impatience que le chef Sagol se lâche. Il demanda si, parmi eux, il y avait des adeptes des techniques orientales du bien-être corporel. Voyant leur attitude hébétée, il leur résuma l’audition de monsieur Gilbert Robion. Au fur et à mesure qu’il débitait son histoire, les trois autres étaient tantôt surpris, tantôt épatés par la personnalité du plombier-professeur de yoga. Le gendarme Gilles s’imaginait Madame Montfort en pleine séance de bien-être corporel. Il osa poser la question à son chef :
– la pratique se fait-elle avec ou sans instrument ?
– Le chef Sagol, qui ne manquait pas d’humour, lui répliqua que c’était comme la musique. Il y avait des instruments de toutes sortes, mais on pouvait utiliser tout aussi bien la voix ou le sifflet. Selon lui, c’était une partition qui pouvait se jouer en solo, en duo, trio, quartet et pourquoi pas avec un orchestre au grand complet.
– Messieurs, malgré l’aspect libertin, de cette rencontre, je trouve que nous avons une pièce de plus à placer dans le puzzle : les Robion et les Montfort se fréquentent de manière intime. Deux autres éléments nous ont été révélés par Régis Drochard : la disparition d’un jambon et le rangement des étagères de cuisine. Cela fait plusieurs fois qu’on nous parle de la cuisine au cours des auditions. Malheureusement, chaque personne évoque, une impression, un sentiment, mais jamais de certitude. C’est ce que nous avons appris ce matin. Voyons maintenant l’ensemble des éléments recueillis. Parlons, dans un premier temps, de ce qui est concret, nous aborderons les hypothèses dans un second temps. Gilles, je vous charge de nous résumer ce que nous avons trouvé.
Le gendarme se leva et se dirigea vers le paper board disposé dans un coin du bureau. Il prit un crayon et commença à écrire sur la grande feuille de papier blanc :
– Décès d’Antoinette et Germain Drochard, mardi entre douze heures trente et douze heures cinquante ;
– Découverte par le facteur Nicolas Favant, vers treize heures ;
– Pas de repas préparé ni absorbé par les victimes ;
– Trois verres vides sur la table ;
– Livraison de fuel, entre onze heures et douze heures ;
– Ordonnance du Dr Giraud qui a dû passer quelques minutes avant le meurtre ;
– Deux rendez-vous notés sur le calendrier des pompiers : Medic Home et Plein Soleil ;
– Secret de famille concernant Ginette Drochard, fâchée avec ses parents.
– Merci Gilles. Que devons-nous penser des huit lignes écrites sur ce tableau, demanda Sagol ? Je vais vous répondre messieurs, ce n’est pas avec ça que nous trouverons le coupable. Liard, je vous demande de collecter les diverses hypothèses et je compte sur nous quatre pour en privilégier trois ou quatre, pas plus.
Le chef Sagol savait par expérience qu’il valait mieux se donner trois ou quatre objectifs plutôt que deux douzaines. Il serait bien temps d’en rajouter, si nécessaire.
Liard se présenta devant le tableau. Il rabattit la feuille utilisée vers l’arrière, découvrant une nouvelle feuille vierge de toute inscription.
– Messieurs, que diable! Des hypothèses, il nous en faut ?
Le chef Sagol pensait à quelqu’un qui connaissait bien les lieux:
– Probablement un homme qui a dû porter Toinette de la cuisine au grenier ; un différend d’ordre foncier.
Voyant qu’ils n’avançaient pas, le chef se leva et se mit aux côtés du gendarme Liard.
– Force est de constater que nous sommes dans le flou le plus complet. Voici ce que je propose pour lundi et les jours suivants :
– Demande de commission rogatoire au juge, pour avoir accès
aux informations sur les comptes bancaires de tous les membres de la famille Drochard. Même chose auprès de l’ambassade de France en Tanzanie, pour obtenir plus de renseignements sur mademoiselle Ginette Drochard . Gilles vous avez l’habitude de ce type de démarche, c’est vous qui vous en occuperez;
– Investigations pour obtenir des informations sur l’enfance, les parents, les amis, les amours, les passions, le travail et le casier judiciaire des personnes suivantes : Nicolas Favant facteur, l’infirmière Gisèle, la boulangère, les deux employés communaux le chef Emile et l’ouvrier René, Joseph le livreur de fuel de la maison Riord, le docteur Giraud, M. et Mme Montfort, M. et Mme Robion, M. Guccione. Liard et le nordiste, c’est vous qui prenez en charge ces investigations;
– Quant à moi, je verrai les responsables de « Medic Home », « Plein Soleil » et aussi les petits enfants de Toinette et Germain. Je convoque aussi ceux que j’ai cités pour Liard et le nordiste et qui n’ont pas été vus.
Je vous informe aussi qu’à cinq heures, j’ai rendez-vous avec monsieur le maire, à sa demande. Je vous rappelle que les obsèques ont lieu demain samedi, à quinze heures, j’y serai. Si certains d’entre vous souhaitent y assister, dites-le maintenant, il faut y aller ensemble et donner une image de cohésion .
Aucun gendarme ne se porta volontaire, le chef Sagol n’en pris pas ombrage. Il avait beaucoup sollicité Gilles ces dernières semaines et les deux autres avaient passé une nuit blanche dans une opération « Sarkozy ».
– Messieurs je n’ai plus besoin de vous, je vous souhaite une bonne nuit et à demain matin neuf heures au tribunal, bureau du juge Silovsky.