Répondre à : KELLER, Richard – Le Huitième Soleil

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#152127

XXXVII

Un promeneur alerta les gendarmes. Le soleil brillait haut dans le ciel et Maxime Leriche marchait sur le plateau en direction du belvédère. Il admirait les parapentistes, qui évoluaient au-dessus de la falaise, et les voiles multicolores, gonflées par la brise, s’offraient à son regard émerveillé. Alors qu’il suivait l’ombre d’un parachute le long des rochers, il aperçut soudain une forme dans un éboulis. Il pensa tout d’abord à un animal blessé. Il emportait souvent ses jumelles, il les régla à sa vue et le grossissement lui permit de découvrir un cadavre. Il gisait, au pied de la falaise, quatre-vingts mètres en contrebas. Il ne distinguait pas le visage, mais il supposa qu’il s’agissait d’une femme à la longueur de sa chevelure blonde. Maxime Leriche portait bien ses soixante-six printemps et il réagit immédiatement en appelant la police sur son téléphone portable. Il connaissait parfaitement le site et il savait qu’il lui faudrait au moins une heure pour rejoindre l’éboulis où reposait la dépouille. Il situa précisément les lieux à son interlocuteur et indiqua l’accès le plus rapide. Les arbres et de la proximité de la falaise rendaient périlleuse une approche en hélicoptère. Il lui conseilla d’y accéder par le sentier du bas où il proposa d’attendre l’arrivée des enquêteurs. À son tour, il s’y dirigea en voiture et se gara sur un parking à proximité. Il fallut contourner une partie de la paroi pour revenir à quelques mètres de l’endroit où gisait le cadavre. Les gendarmes durent s’équiper pour l’atteindre et franchir une barre rocheuse pour rejoindre l’éboulis et apercevoir le corps. Une femme blonde d’une trentaine d’années reposait les bras en croix. Elle ressemblait à un pantin désarticulé. Le décès devait remonter à deux ou trois jours, ils ne remarquèrent pas de signes de décomposition et la rigidité cadavérique confirma cette hypothèse. Les brigadiers interrogèrent brièvement le brave promeneur et le remercièrent pour sa perspicacité et sa collaboration. Maxime Leriche regrettait simplement d’avoir côtoyé la mort par une aussi belle journée. Il craignait d’y voir un présage, aussi il se signa et rejoignit son véhicule. Ce soir, il aurait bien des choses à raconter à son chat. Cet homme débonnaire vivait avec lui depuis la disparition de son épouse. Il survivait grâce à son optimisme naturel qui l’incitait à aller toujours de l’avant. Après quelques tergiversations, l’hélicoptère fut appelé pour procéder à l’évacuation du corps vers le service médico-légal. L’autopsie permettrait d’en savoir plus sur les causes et la nature du décès. En outre, l’identité de la victime aiderait les enquêteurs à découvrir la vérité sur cette affaire. Deux gendarmes grimpèrent au sommet de la falaise pour tenter de recueillir des indices. La pluie de la nuit précédente et la fréquentation de fin de semaine rendirent impossible la récupération d’empreintes autour du point présumé de la chute. Un promontoire dominait la plaine et l’on pouvait apercevoir le Pilat par beau temps. Les anciens prétendaient qu’il annonçait les intempéries à venir. La jeune femme n’aurait plus à se soucier des prévisions météo. Le téléphone portable permit d’identifier sa propriétaire, il appartenait à mademoiselle Isabelle Mallardeau. Il apparaissait pratiquement indéniable que le cadavre retrouvé dans la rocaille et la titulaire de l’abonnement ne constituaient qu’une seule et même personne. L’appareil n’émettait pas de signal, le temps écoulé avait vidé la batterie. Les investigations se poursuivirent à la brigade et la carte Sim livra son contenu. Les appels des derniers jours feraient l’objet d’examens approfondis afin de recueillir des éléments permettant d’élucider ce drame. L’enquête conduisit les gendarmes au siège de Radio Proxima et la photo de l’animatrice leur confirma le nom de la défunte. Le plus affecté fut Lucien Bredon, le directeur d’antenne et homme à tout faire de la station. Sa peine paraissait sincère, malgré son attitude rigoureuse envers sa collaboratrice, il l’appréciait beaucoup en tout bien tout honneur. Il émit une remarque en examinant le cliché de la jeune femme morte. Il n’avait jamais vu Isabelle porter ces boucles d’oreilles auparavant.

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