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XXXXVIII

Parallèlement aux investigations habituelles, la cellule affectée aux infractions, crimes et délits sur le Web, participa activement à la recherche de la vérité. Les fins limiers de l’informatique furent mis à contribution. De plus en plus de sites se créaient et leur florilège d’images perverses rendait la situation de plus en plus préoccupante. Le nombre de fonctionnaires, attachés à la surveillance du réseau, ne cessait de croître, mais la délinquance possédait toujours une technologie d’avance. Le banditisme et la mafia s’étaient engouffrés dans ce créneau particulièrement juteux. La deuxième geisha pouvait appartenir à ce monde de la sexualité virtuelle, il ne fallait pas négliger cette piste. En accord avec Gilles et Sagol, le capitaine Lubin, responsable du service, décida de placer une équipe de veille sur les sites chauds. Plusieurs as de l’informatique se penchèrent sur le dossier. Ils procédaient comme des internautes ordinaires, la différence résidait dans leur formation et le matériel ultraperformant mis à leur disposition. Ces spécialistes savaient parfaitement s’immiscer dans la toile, ils utilisaient des pseudos et un langage propre aux chateurs en quête de bonne fortune. Des blogs érotiques furent créés pour attirer les pervers de tous poils. L’opération révéla l’attrait d’un grand nombre de surfeurs pour ce style de distraction. Les logiciels repéraient ceux qui exprimaient des désirs en marge d’une relation sexuelle normale. Sagol et Gilles pénétrèrent dans un univers qui leur réserva bien des surprises. Le lieutenant réalisa avec peine le chiffre affiché par les compteurs. Les détraqués, les frustrés, les exhibitionnistes, les fétichistes, les obsédés et les déviants de toute nature semblaient s’être donné rendez-vous sur Internet. Les deux amis trouvaient ces comportements affligeants. Sagol souligna que ces conduites évoluaient au même titre que la société, la dépravation s’incrustait partout. La cellule identifia de nombreux internautes et les responsables décidèrent de lancer une opération d’envergure. Il fallait parvenir à une réactivité maximale afin de les prendre en flagrant délit. Les gendarmes espéraient qu’en donnant un coup de pied dans la fourmilière l’assassin commettrait une erreur. Cette technique présentait l’avantage d’affoler ceux qui craignaient d’être confondus. Le travail prouva son efficacité. L’arrestation de pédophiles, dont quelques récidivistes, permit de mettre à jour une bande organisée qui commercialisait des clichés d’enfants endurant les pires horreurs. Malheureusement, la geisha du seizième garda son secret, personne ne paraissait l’avoir déjà vue parmi tous les suspects interpellés. Elle restait une parfaite inconnue, les enquêteurs devraient chercher dans d’autres directions. Les gendarmes tentèrent d’interroger Rodrigue qui se murait dans le silence. Les médecins affirmaient qu’il avait subi un gros choc émotionnel et que cet état pouvait perdurer plusieurs semaines. Sagol et Gilles n’insistèrent pas, ils savaient que l’autorisation de visite du docteur Bourdin ne pouvait être validée dans le cadre d’un interrogatoire de l’assassin présumé des deux Isabelle. Ils remercièrent le psychiatre et laissèrent Rodrigue hagard dans sa chambre capitonnée. La cellule se mobilisa sur tous les acteurs du monde de la nuit et du sexe dans la capitale. Les hommes menèrent leurs investigations sur plusieurs pistes. Le milieu de la prostitution et celui du proxénétisme furent cernés de très près. Les portiers des grands hôtels furent mis à contribution, des couples de fonctionnaires visitèrent les clubs échangistes et l’univers du show-biz n’échappa pas à ce ratissage afin d’identifier la défunte du seizième. Malgré ce déploiement important, il fallut se rendre à l’évidence, l’abondance de moyens n’apporta pas de solution à l’énigme.

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