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#153190

Contours

Serge remonte le col de son blouson. L’air est frais, avec des
allures de printemps qui n’y croit pas encore et pousse des
nuages frisquets devant un soleil tout pâlichon, délavé par des
semaines de pluies. Dans le square les arbustes commencent
à pointer leurs bourgeons entre jaspe vert tendre et satin
moiré vert de gris. Le bac à sable est silencieux, les balançoires
immobiles. Seul un vieil homme sur un banc salue à bout de
bras une cour de pigeons qui se dandinent autour des miettes
de pain qu’il a dispersées devant ses pieds.
Serge est passé par sa galerie hier soir, dès sa descente d’avion.
Julien a paru surpris de le voir, il le pensait parti pour un périple
plus long. Il se débrouille bien, il a réalisé la vente d’un croquis
pour lequel Serge avait amorcé des négociations qui semblaient
ne pas devoir aboutir. Serge s’est empressé de le confirmer dans
ses fonctions de responsable de la galerie en lui annonçant son
désir de prolonger ses vacances. Ce midi, il a décidé d’aller
rendre visite à quelques confrères ; c’est l’heure propice aux
propos anodins autour d’une tasse de café. Généralement on y
apprend les mouvements du marché de l’art, les visées des uns,
l’état d’avancement des ventes de tels autres, les contacts en
cours relatifs aux acquisitions, les difficultés avec le fisc, l’état
d’esprit des acheteurs, leurs enthousiasmes et leurs frilosités. Bref,
c’est le moment idéal pour sentir l’atmosphère et se mettre au
courant des dernières nouvelles, celles que les journaux spécialisés
n’évoqueront que dans les semaines à venir. A plusieurs occasions
Serge a pu constater combien ces entretiens informels, sur le pas
de la porte d’une galerie ou au coin d’un comptoir de bar sont
déterminants. Sa plus belle affaire, c’est d’ailleurs comme cela
qu’il l’a réalisée, après avoir passé une bonne heure à bavarder
de tout et de rien, de rien surtout, du moins en apparence.
Serge sait le goût qu’ont ses comparses pour le dévoilement de
leurs stratégies commerciales ; en faisant allusion à tel client
prestigieux, à telle oeuvre connue, ils ont l’impression qu’un peu
de gloire et de beauté rejaillit sur eux. Ils se sentent grandis de
cette fréquentation avec les fortunes de ce monde et les chefs
d’oeuvre dont le mérite essentiel à leurs yeux est d’être reconnus
comme tels. Ils n’ont même pas conscience de cet état de fait,
trop occupés qu’ils sont de comptabiliser par le menu le degré,
la qualité, la nature de l’intimité qu’ils entretiennent avec de
richissimes clients au nom soi-disant de la seule beauté. Ils vivent
ainsi dans une illusion totale dont ils sont les auteurs et qu’ils
se hâtent de dénoncer chez tout autre n’appartenant pas à leur
fratrie. Entre eux aussi d’ailleurs, ils se détestent et se jalousent
avec une constance qui n’a d’égale que l’application qu’ils mettent
à dissimuler ces sentiments. Serge sourit en pensant qu’il retrouve
là, avec les adultes, ce qu’il ne supportait pas chez les filles quand
il était à l’école primaire et préparait le certificat d’étude. Il avait
été souvent en butte à leurs moqueries dès qu’il avait l’ambition
de faire le justicier en dénonçant les propos acerbes de certaines
filles contre l’une d’entre elles. A l’instant où, convaincu de
la vérité de son combat, il avertissait du danger celle qui était
menacée d’exclusion, toutes les filles sans exception et comme par
enchantement se retournaient d’un bloc contre lui. La manoeuvre
le prenait toujours au dépourvu et il rageait de ce qu’aucune ne
semblait capable d’avoir la moindre notion de droiture. Depuis,
il en avait gardé l’impression d’une versatilité féminine certaine,
ce qui n’était pas sans l’arranger dans la conduite de sa propre vie
en lui donnant une justification toute trouvée pour consommer
les femmes avec une grande légèreté sans avoir jamais à s’engager
auprès d’elles de quelque manière que ce soit.

A « La Palette » Serge retrouve deux collègues.
Tiens, je croyais que tu étais parti en vacances, c’est Julien qui
me l’avait dit.
Je ne fais que passer. J’ai déjà pris trois semaines mais ça fait
tellement longtemps que je ne me suis pas arrêté que je ne vais pas
reprendre tout de suite. Julien se débrouille très bien d’ailleurs.
Moi, je vais traîner encore un peu, je vais peut-être rester sur
Paris.
Tu n’étais pas parti à l’étranger ? avec ton frère ?
Si si, mais tu sais ce que c’est… on s’aime bien, on est content
de se voir. Seulement il ne faut pas que ça dure trop longtemps.
Tu étais où ?
On est allés un peu du côté de l’Espagne, on y a de la famille
éloignée là-bas. Lui, il continue à jouer le touriste, je crois que
ça l’arrange bien. Sa femme ne le fait plus rêver, elle est gentille,
mais le mariage, ça use !…
Serge se plaît à parler ainsi, dans l’air du temps, l’air de ce
que tout le monde entend, attend, l’air des poncifs, des propos
conformes, préformés aux goûts et dégoûts de la moyenne de
l’humanité. Il tait le bonheur d’avoir été aux côtés de son frère
pendant le long périple qui les a amenés jusqu’à Tichit, le plaisir
de ces nuits étalées sur des centaines de kilomètres passées
à rouler vers le sud, la lumière bleue du tableau de bord et le
monde en ombres chinoises de chaque côté de la route. Il ne
dit rien des lettres d’amour rédigées par Adrien lors de chaque
étape et qu’il signait de son propre nom pour, finalement, ne pas
les poster à celle à qui il les destinait, les jugeant trop belles et
disproportionnées par rapport à la vague tendresse faite d’une
part non négligeable d’habitude qu’il a pour une certaine Aurélia
dont il a parlé à Adrien. Serge avait été bouleversé par la ferveur
de l’écriture de son frère, voyant en celle-ci l’expression d’un âme
toujours aussi sensible qu’il y a quarante ans, lorsque Adrien
passait des nuits blanches pour être en harmonie avec la violence
de la dernière de ses passions amoureuses. Serge avait découvert
avec émotion que son frère était toujours le coeur pur plein d’excès
et d’exigences qui ne fait jamais spontanément la part du rêve et
de la réalité. Adrien avait saisi la boutade de Serge -suggérant qu’il
rédige lui-même ces lettres- avec un sérieux immédiat et s’était
mis au travail dans l’instant même. Ainsi jour après jour Serge
signait ce que son frère écrivait et annonçait l’expédition de ce
courrier qu’il cachait en fait dans ses bagages.
Tu rêves ou quoi ?
Pardon. Que veux-tu les vacances !
Je te demandais pourquoi tu voulais passer trois semaines
en famille, toi qui prétends toujours que la famille c’est bien
seulement de loin !
Non, on est resté trois quatre jours seulement. Sinon on a fait
du tourisme, églises, musées, les trucs habituels quoi ! J’ai un peu
regardé pour ma galerie aussi ; mais bon, tu sais ce que c’est, je
n’avais pas la tête à ça.
Il ne faudra pas que tu tardes trop à t’y remettre, ça bouge
toujours autant ici ; tu tournes les yeux cinq minutes et une vente
te passe sous le nez. Tiens l’autre jour, j’ai loupé une aquarelle
que je guettais depuis quelques mois. Ma femme voulait aller
au baptême d’un neveu, on est parti vendredi dans l’après-midi,
pour éviter les bouchons et on est rentré lundi matin. Eh bien tu
vois, ça a suffi pour que l’affaire se fasse dans mon dos. Je n’avais
pas pensé à laisser mes coordonnées et le gars a eu besoin d’argent
frais dans le week-end. Comme je ne m’étais pas engagé ferme, je
n’ai pu rien dire.
Oui je sais. Mais là je reste sur Paris, pour me remettre dans
le rythme.
La conversation traîne d’un sujet à l’autre. Serge en est à son
troisième café, son voisin de droite trempe sa moustache dans sa
deuxième bière et celui de gauche sirote son quart Vittel. Avant il
buvait une coupe -de champagne bien évidemment- et une autre
en fin d’après-midi. Puis il a eu des déboires…quelques démêlés
à propos de droits de succession. Entre temps son estomac est
devenu fragile…l’explication pour renoncer au champagne
l’oblige maintenant à avaler son grand verre d’eau tous les jours.
Il aurait pu se rabattre sur le café mais ça n’était guère crédible
médicalement parlant. Et surtout ça aurait induit un mélange des
genres ; or les Vertel sont galéristes et experts en art depuis trois
générations au moins ; le café, ça ne marque pas la différence,
ça peut même faire franchement prolétaire, il y a tellement de
brocanteurs maintenant.
Dis moi Vertel, tu l’a vendu ton immense Toffoli ?
Ne m’en parle pas, j’ai failli le garder sur les bras cette fois
encore. Les gens parlent beaucoup comme ça, mais après quand
il s’agit de prendre une décision, c’est autre chose. Enfin me voilà
tranquille, j’en suis débarrassé. Là ce qui m’intéresse, c’est de
savoir ce qu’il advient de ce feuillet daté du onzième siècle et qui
a disparu de Mauritanie il y a juste un peu plus d’un mois. Tu
vois de quoi je parle ?
Non, pas bien, raconte.
Vertel balaie du regard la salle du café et se penche vers Serge.
Tu as bien lu les journaux ! mais l’essentiel n’y est pas, tu dois
t’en douter. Il paraît que le gars qui a fait le coup travaille pour le
compte d’un type de la haute.
Tu le connais ?
Bon…ce ne sont pas des choses à dire…mais entre nous là…
je crois qu’il était client de ma galerie…enfin de la galerie, du
temps de mon père…
La voix de Vertel n’est plus qu’un souffle.
Serge émet un sifflement d’admiration. Vertel se redresse,
prend confiance, Serge le sent prêt à s’épancher un peu plus. Le
problème ensuite, ce sera de faire la part de vérité et de vantardise.
Vertel est comme ça, il ne peut pas s’empêcher de forcer le trait,
d’enjoliver, de déplacer même –Adrien dirait transposer- les faits
pour se retrouver en position de proximité avec eux.
Ben vas-y raconte !
Doucement, ça ne se déballe pas sur la place publique des
choses comme ça.
Ce que je disais c’est juste histoire de parler. Moi, je suis
toujours en vacances, je n’ai pas envie de remettre le pied à l’étrier
tout de suite. Puis tout de même, tu sembles bien au courant.
Normal ça te concerne un peu en quelque sorte.
Là tu ne crois pas si bien dire. Figure-toi que le petit Jason…
Ce n’est pas que je m’ennuie mais il faut que j’y retourne. Et
puis je la connais ton histoire Vertel. Allez à plus tard les amis. Eh
Serge, ne tarde pas trop à revenir, on s’ennuie sans toi !
Fournié, le buveur de bière, se lève et enfile son veston à
carreaux. Serge l’aime bien ce type, avec ses pantalons de golf à
toute saison, ses cravates lavallière qui semblent sortir du coffre
à habit de son grand-père et lui donne des allures de rapin qu’il
cultive avec un grand plaisir non dénué d’une certaine ironie à
son propre égard.
Serge se retourne du côté de Vertel, un peu inquiet de ce que la
confidence ait pu avoir été interrompue par la sortie de Fournié. Il
n’ose relancer la discussion, ne voulant en rien laisser voir quelque
intérêt que ce soit pour l’affaire mais, guidé par sa connaissance
fine des hommes, il décide de revenir à son comparse lui-même.
C’est vrai qu’avec toi en tout cas on ne peut pas s’ennuyer !
Tu as toujours une histoire à raconter ! Une galerie de père en fils
depuis des générations, ça n’est pas rien. Tu as toujours vécu dans
le milieu de l’art, tu as vu défiler des tas de gens…
Vertel est ravi. Il considère encore Serge comme le petit
nouveau qu’il faut initier et il se juge le plus apte à le faire.
Oui alors je te disais que j’avais vu Jason la semaine dernière.
C’est qui ce Jason ?
Enfin tu le connais bien, le courtier de Lessage ! A vrai dire
c’est plutôt son commissionnaire, c’est lui qui va chercher les
cafés, porte la recette à la banque et reçoit parfois les coups de
téléphone quand Lessage n’est pas là. Mais il n’a jamais fait la
moindre transaction lui-même. Seulement il paraît que le père
Lessage a fait une boulette sur son contrat d’embauche et a écrit
« courtier » au lieu de « coursier ». Je me souviens à l’époque,
l’histoire avait fait le tour de la profession.
Alors il n’est plus tout jeune ce Jason, parce que Lessage c’est
presque la génération d’avant !
Détrompe-toi, il a dans la trentaine, pas plus, mais il avait été
pris dès 14 ou 15 ans. C’est le fils d’un client qui n’arrivait à rien
avec lui ; il faisait les quatre cents coups à l’école et le père l’a
placé là pour avoir la paix. Tu dois le connaître, je te dis. Il traîne
toujours dans le coin.
Il n’est pas dévoré par l’ambition dis donc, pour continuer
à promener ses cafés et des demis après quinze ans de bons et
loyaux services !
Là je ne m’avancerai pas trop. Je te disais justement…lorsque
je l’ai rencontré la semaine passée il n’avait pas l’air dans son
assiette. On parle de choses et d’autres… Tu sais, à force d’être
toujours dans le même milieu on finit par apprendre beaucoup
sur le terrain et ça je m’en suis tout de suite rendu compte pour
Jason. C’est drôle je le l’avais pas vu depuis longtemps et je
n’aurais pas imaginé qu’il soit tant informé du marché de l’art.
Il ne faut rien exagérer, il y a beaucoup de gens qui s’y
intéressent de plus ou moins près.
Non, ce n’est pas ça. Comment te dire ? Il m’a posé deux ou
trois questions qui m’ont fait tiquer. Tu vois, par exemple, il était
au courant pour les bibliothèques du désert, or peu de gens le
sont, du moins l’étaient jusqu’au vol de ce document.
Explique, je ne suis pas rapide et je reviens de vacances.
Tu sais qu’on a retrouvé dans la région de Chinguetti en
plein milieu du désert mauritanien des manuscrits qui datent
du Moyen-Age au moins. On pense même qu’il en est de plus
anciens. On en a parlé dans les années 198 0 je crois, parce que
l’Unesco les a classé patrimoine culturel de l’humanité. Depuis
quelques associations et fondations aident sous différentes formes
l’institut mauritanien de recherche scientifique à cataloguer ces
livres, à les mettre sur microfilms aussi. Puis il faut les restaurer,
les déposer dans des lieux garantissant leur conservation, éliminer
les termites…Bref tu vois d’ici, c’est un travail de longue haleine
mais on peut dire qu’il a été effectué jusque là dans la plus totale
discrétion. En France par exemple il n’y a qu’au plus haut niveau
de l’inspection générale des bibliothèques qu’on savait un peu de
quoi il s’agit !
Et alors ?
Il y a quelques semaines à Tichit une page d’un de ces
manuscrits disparaît et depuis c’est l’effervescence.
Qui les garde ces ouvrages ?
Les vieux !
Comment ça les vieux ?
Il paraît que c’est une tradition qui remonte au Moyen-Age.
C’est parmi les plus âgés celui qui est reconnu le plus sage qui a
la charge de chaque bibliothèque qui ne doit en aucun cas quitter
le village où elle se trouve. D’ailleurs les organismes officiels sont
reçus avec une pléthore de précautions et les gens sont très jaloux
de leurs prérogatives. On n’a pas pu sortir les livres pour les
expédier ailleurs afin de les restaurer. Tu te rends compte, on est
même en train de former des locaux dans les métiers du livre pour
qu’ils s’en occupent eux-mêmes. Il paraît qu’il y a déjà quelques
relieurs très compétents.
Ça me paraît en effet une solution intelligente.
Tu parles ! Tous les musées du monde sont à l’affût et
proposent leurs services en échange de quelque exemplaire.
Tu exagères. Mais Jason ? Qu’est-ce qu’il a à voir avec cette
histoire ?
C’est drôle…il m’a demandé si je connaissais un client prêt
à aligner un chiffre avec beaucoup de zéros pour une oeuvre
exceptionnelle. Et ça, c’était juste après qu’on ait parlé de la
Mauritanie. Je ne me souviens plus d’ailleurs comment le
sujet est venu mais je t’assure que pour un coursier, il avait des
connaissances et pas de celles qu’on trouve dans les revues d’art,
même spécialisées ! Par contre ce dont je me souviens c’est qu’il
n’a pas répondu quand je lui ai demandé s’il cherchait quelqu’un
pour son patron. Il n’avait pas l’ai pressé avant, et là d’un seul
coup il file en me disant qu’il a un rendez-vous.
Il l’aura oublié et s’en sera souvenu au dernier moment, c’est
tout.
Tu pourrais me dire alors pourquoi il n’a pas répondu à ma
question ?
Qu’est-ce que tu imagines ?
Rien, mais… bon… ça m’a paru bizarre sur le coup. C’est
vrai que maintenant je ne vois plus du tout pourquoi j’ai eu cette
impression ! C’est idiot !
Tu as les nerfs sensibles, tu devrais partir en vacances à ton
tour !
Moque toi ! Mais je serais toi je me méfierai tout de même.
Des types comme ce Jason il y en a plusieurs, et des fois on les
embauche quand il y a un coup de feu. Ils apprennent mine de
rien, ils regardent travailler en prenant des airs d’arriérés et puis
un jour ils t’ouvrent une galerie juste en face de la tienne. Là, tu
rigoles moins. Moi je n’ai pas ce problème, mon boulot c’est une
véritable institution. Mais pour les jeunes comme toi, le métier
a des risques et il y en a plus d’un qui s’est retrouvé sur la paille
sans avoir rien vu venir. On te pique ta clientèle et tu es le bec
dans l’eau avec aucun moyen de…
Serge n’écoute plus… Jason… le nom lui dit quelque chose
mais il ne sait pas mettre un visage dessus. Vertel pérore avec le
ton du maître qui condescend à initier l’élève, le geste ample, le
verbe haut, il en a même oublié son quart Vittel. Serge se garde
bien de l’interrompre pour partir ; le bonhomme ne manque
pas de finesse et serait capable de se demander ce qui justifie une
telle précipitation chez quelqu’un qui est en vacances. Serge tient
à lui donner l’impression qu’aucun de ses propos n’a retenu
son attention plus que les autres. Derrière les vitres du café le
jour s’efface lentement devant les premières brumes du soir qui
s’accrochent autour des lampadaires sur la place.

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