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KELLER, Richard – Quelque maux
Artistes
D’expression en souffrance
De souffrance en délivrance
Le combat est un art
L’art est le départ
Le musicien face aux notes
En douleur prend note
Pour offrir sa mélodie
Aux prouesses hardies
De douleur en création
De création en finition
L’œuvre a un destin
Son destin est butin
Le peintre devant sa toile
Avec pudeur se dévoile
Par l’esquisse d’un trait
Le tableau révèle ses attraits
De la folie à l’étouffement
De l’étouffement à l’accomplissement
La foi en son travail
Travail vaille que vaille
L’écrivain sur sa feuille
Solitaire se recueille
Devant son ouvrage
Bientôt libéré de sa cage
De l’excès à l’épure
De l’épure la plus pure
La forme est une épreuve
L’épreuve fait ses preuves
Le sculpteur palpe son modèle
Chair et terre se mêlent
Ses mains sont ses yeux
L’exercice est périlleux
La discipline est maîtrise
La maîtrise bien apprise
Le pouvoir est l’esthétique
L’esthétique est magnifique
Le danseur exprime son corps
Seul ou en corps à corps
Pirouettes et entrechats
Avec la souplesse du chat
La sensibilité est artiste
L’artiste est un équilibriste
Sa vie tenant à un fil
Fil dont l’écheveau défile
Les artistes sont éponges
Absorbant tout en songe
Reflets de nos cœurs
Ou jardin des pleurs
Si j’étais poète
S’il m’était donné d’être poète
Ce serait pour soigner la rime
En évitant les cortèges de frime
Pour ambition d’être au fait
Le maniement des mots
Lancés au gré des vents
Toujours loin devant
Pour guérir chacun de ses maux
Privilégier l’usage du bon verbe
Choisissant bien son heure
Voir s’épanouir la fleur
Au milieu du champ d’herbes
Le choix du bel adjectif
Y ajoute le condiment
Conforte les sentiments
Rendant le propos attractif
S’il m’était donné d’être poète
Ce serait pour soigner avec amour
Se délecter d’une dose d’humour
Pour que chaque vers soit fête
La magie du bon ton
L’espoir de bien faire
Alliés au désir de plaire
Voilà un alliage en béton
Savoir et trouver la bonne formule
Afin de séduire le lecteur
Qu’au milieu du gué il se trouve acteur
Avec le contentement de faire des émules
Ajouter en ingrédient quelque adverbe
C’est habiller d’une guimbarde
La vieille chanson du barde
Qui éveille les sens et les exacerbe
S’il m’était donné d’être poète
Ce serait pour peaufiner mon texte
Qu’il ne serve pas d’alibi ni prétexte
Pour se payer quelque tête
Je bichonnerais ces lettres
Consonnes ou voyelles
Que serais-je sans elles
Seulement en devenir un être
J’astiquerais mes phrases
Pour leur donner un sens
Fournir habilement l’essence
Avec humilité et sans emphase
Je cisèlerais les syllabes
Les taillant tels des diamants
Brillant au soleil des amants
Et leur offrirais pour écrin un palais de nabab
Femmes afghanes
Fléau et honte de cette humanité
Avec vain prétexte de fanatisme
Croyances révolues obscurantisme
Souffrances drapées uniformité
Cœurs et chairs femmes afghanes
Désir et beauté ont fui vos visages
Désespérance ancrée à vos rivages
Qu’ont-ils fait belles persanes
Perdues couleurs du raffinement
L’art a quitté son berceau oriental
Destruction et néant en délire total
Pourquoi ce tortueux cheminement
Elles ont laissé leurs beaux effets
Pour vivre nues derrière les grilles
Leurs âmes tristes sont en vrilles
L’intégrisme assène ses méfaits
Ils revivent des passés médiévaux
Fragiles et fortes dans leur camisole
Qui du monde par contrainte isole
Elles rêvent au galop des chevaux
En songe loin elles se profilent
Fuyant et jetant leurs détresses
Telle Ariane dans leur forteresse
De l’écheveau elles suivent le fil
Luttant habilement contre l’ignorance
Avec certitude passion et flamme
Le courage est la vertu de ces femmes
Puisant en solitude force et résistance
Derrière leur dur grillage de barbelé
Elles pensent à la soie et la dentelle
Pour redevenir enfin belles et telles
Beautés maquillées aux fleurs de lait
Belles Persanes aux doigts de fées
Où sont vos chefs d’œuvres en lacis
Paysannes dans la fraicheur des oasis
Oublierez vous un jour leurs méfaits
Vous êtes la création et l’énergie
Ils sont les geôliers de leur prison
Vous êtes gardiennes de la raison
Ils sont la nuit la fin de la bougie
Votre guerre s’appelle la vraie vie
L’espoir guide et éclaire votre regard
Vous l’abordez sereinement sans fard
En construisant peu à peu vos envies
Esclaves des fous femmes afghanes
Ah non seulement des prisonnières
Malgré l’habit droites fières et altières
Comme vos mères belles persanes
Avec l’appui de chaque cœur qui bat
Femmes avec vos corps et vos mains
Vous façonnerez et construirez demain
Lumière et liberté sont votre combat
Le passant de Saint Michel
Seul assis sur le banc
Au bord du promontoire
Je médite l’histoire
En contemplant le temps
Le plateau s’offre à moi
Il respire la tranquillité
Il est tout en félicité
Auteur de tant d’émois
Les ans ont jeté sa poussière
Ici ou là loin devant
Poussière d’or au soleil levant
Les vents soufflent sa lumière
La cloche carillonne
Douce ronde des heures
Musique reprise en chœur
C’est le rappel qui sonne
Volent les pigeons volent
Dans ce ciel d’azur
Juste un bruit dans la nature
C’est un villageois qui bricole
Le soleil sur les tuiles romaines
Engourdit la contrée
Ruelles aux doux attraits
En vous je me promène
Septembre en lui renait
La vraie vie du pays
Un art de vivre exquis
Pour ces âmes bien nées
L’histoire attrape le vertige
Osée elle se découvre
Une petite porte s’ouvre
Et bonjour les vestiges
Vieux village perché
Là haut sur ton plateau
Le vent en concerto
Te berce de son archet
Hoï An
Les larmes du soleil
Brillent sur tes murs
La perle la plus pure
S’est détachée du ciel
Sur ton pont japonais
Ou au fond des ruelles
A l’abri des ombrelles
Des idylles sont nées
Passant d’un jour
Le regard du touriste
Captant une ombre triste
S’égare dans tes cours
Dans la moiteur du soir
A la lueur des lampions
L’enfant au lumignon
Est le porteur d’espoir
Pour la silhouette brune
En attendant le jour
Un clin d’œil à l’amour
Un sourire à la lune
Le temps a pris grand soin
A la patine de l’âge
La beauté comme gage
Les siècles pour témoins
Le lotus est en fleur
Il frémit sur les eaux
Prêt à s’offrir en cadeau
Passeport du bonheur
Adieu hoi an
Vaisseau fantôme
Où s’arriment les hommes
Pour y forger ton âme