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Bonne idée Cécile, que de lancer une telle question ! Souvent j’ai eu envie de la poser à certains..
Alors je commence !
Petit étudiante que je suis, une professeur m’a un jour complimenté sur une lecture faite en cours, d’un extrait de Chateaubriand, et j’ai découvert par la même occasion le plaisir que l’on pouvait prendre à porter par la voix un texte que des personnes avaient sous les yeux. J’ai pour ma part déjà fait du théâtre, mais la lecture à haute voix ne m’avait jamais tellement tenté jusqu’à ce jour. Puis, j’ai travaillé des textes avec certains élèves demandeurs, et ce fut une expérience extrèmement enrichissante, pour l’un comme pour l’autre partie.
J’ai alors découvert que la lecture était un sujet immensément vaste, et que l’on pouvait s’y promener dans des profondeurs terribles, et ce dans chaque texte. Plus je voyais les déclics se faire pour mon « élève », les images s’installer dans sa tête selon les intonations que l’on travaillait ensemble, plus je comprenais que la recherche d’une résonnance juste entre la voix du lecteur et le mot du texte, peut créer une telle vibration en lui, qu’il n’a finalement plus aucune contrainte de syntaxe, de ponctuation… habité par le texte, le lecteur ne fait que transmettre du sens, à travers cette vibration qui a quelque chose de terriblement bouleversant. Par la suite, à la demande de ma professeure (et avec l’aide de Carole !), j’ai donné un « cours » à la classe, en tentant de leur faire percevoir la multitude de chemins possibles qu’offrait la lecture à voix haute, et j’ai encore senti qu’une transmission avait pu s’opérer, des déclics pour certaines personnes.
Littérature Audio s’est alors présenté comme un moyen de lire lire, et encore lire, pour chercher, titiller les cordes sensibles en moi, pour m’exercer, et m’améliorer aussi beaucoup, mais d’abord parce que la lecture s’est d’abord présentée comme (et restera pour moi) une transmission et un partage. Partage avec les auditeurs qui, bien que restant dans l’ombre, profitent sûrement beaucoup de notre travail, mais partage également avec les autres lecteurs, lorsque des projets collectifs se montent, vecteurs d’un enthousiasme souvent contagieux ! Je resterai pourtant toujours amoureuse transie du contact réel entre un lecteur et un auditeur, et encore plus de l’échange autour d’une lecture, du travail d’un texte pendant des heures et des heures que l’on ne voit pas passer…
Par rapport au théâtre, que je pratique depuis quelques temps, j’ai du pour ma part, me défaire de certains traits « théatreux » et la lecture à haute voix a été un vrai apprentissage pour moi. Bien sûr, nous apprenons avec le théâtre à ne pas être monocorde, à donner du relief, de la vie, et du corps, ce qui est très utile pour la LA, mais à l’écoute de grands comédiens lisant des textes (j’apprécis beaucoup le travail que fait Denis Podalydes pour la LA), on perçoit que la veine est toute autre. Le théâtre est marqué par des contraintes « physiques » : la distance entre le comédien et son auditeur, le déplacement, l’accoustique… Les contraintes qui bornent la LA, elles, sont à l’opposé de ces dernières : la lecture se fait dans la proximité. J’ai mis donc du temps à comprendre qu’il fallait faire bien d’avantage dans la subtilité, presque l’intimité, quitte à préférer moins donner dans le relief, que dans la déclamation, pour réussir un enregistrement audio, pour donner au lecteur l’impression qu’on vous raconte une histoire, un raisonnement, là, devant vous.
L’épreuve serait donc de donner corps au texte sans le théâtraliser (sauf si c’est du théâtre, peut être), pour garder une fraicheur mélodieuse qui pourrait emporter le lecteur dans le récit, et à mon avis, cela peut être sacrément difficile ! En fin de compte, la « mise en son » est bien différente de la mise en scène, car les récepteurs ne sont pas les mêmes du tout ! Pour moi, donc, il n’est pas utile d’avoir fait du théâtre pour être un donneur de voix appréciable ou apprécié.
Vous en aurez surement la preuve avec les autres réponses du sujet
A vous de nous donnez votre expérience, aussi, Cécile !
Cordialement,
Julie