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#154447
BruissementBruissement
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    Bouteiller, Gaël (de) – Poèmes

    A travers les sublimes pâleurs des oasis de mon pays

    Et des arbres irréels, perlent les dures lumières.

    Sur mon rocher, sur hier, je me suis assis.

    A mon côté, le lac des pleurs amers

    Où j'ai trempé l'âme d'acier,

    Plus loin, mon char attend de dévaler

    Des contrées inconnues aux lueurs nouvelles.

    D'or, je grave mon nom dans le ciel.

    Messager blessé des temps désespérés,

    Mon chant s'évapore comme une douce rosée:

    J'annonce la joie d'être abandonné.



    Nous rêvions d'un désespoir

    Si noir qu'il pût illuminer

    Le bitume d'atroces trottoirs

    Et assombrir le passé

    Nous voulions cueillir l'espoir

    Dans d'autres champs

    Que les sillons du présent,

    Et briser tous les miroirs,

    Oublier le temps

    Qui assèche nos abreuvoirs.



    J'irai casser tous vos jouets

    Et déranger les places dans la nuit;

    Meurtrir vos rêves

    Et mettre aux fers vos enfants,

    Repousser vos projets

    Et abolir vos droits.



    Je vous tendrai des miroirs sans fard,

    Raboterai vos paysages.

    Nos milices laisseront un goût sauvage de ruine

    Dans votre histoire.



    Vos richesses vous condamneront,

    La pauvreté vous aveuglera,

    Vos oeuvres périront.



    Et au coeur de ces heures

    Des larmes vous accuseront….



    Je tisserai alors le linceul de votre être

    Dans votre appel éperdu

    _ dit le Temps.



    Partons, ô mon coeur, ô mon âme,

    Et toi aussi mon corps, allons

    Tous trois boire à la flamme

    Qui nous assèche au fond.

    Que l'âme parte devant,

    Le coeur dans la main

    Le corps ira suivant,

    Il arrivera demain matin.

    Passez la nuit en prière,

    La chair veillera

    A vos souhaits de lumière

    Tant qu'elle pourra.

    Que l'âme parte devant,

    Ne vous trompez pas de chemin,

    Le corps ira suivant,

    Il arrivera demain matin.



    Mon espoir se meurt

    Les balises sont restées au port

    Et le ciel est si bas

    Si bas que mes larmes le mouillent.

    Nous étions partis de bon matin

    Et puis…Rien!

    Mon espoir est un grand blessé

    D'une guerre de tranchées…

    Qui pourrait encore reconnaître son visage enfantin?



    J'avais marché de longues années,

    Traversé des villages amicaux et familiers

    Et des forêts aux paroles de vent étranges.

    J'ai été le jeu des étoiles filantes.



    Enfant une montagne m'appelait

    L'horizon est plus loin que l'on pourrait croire

    Mais j'ai joint la crête ce soir!

    Et une table m'attendait…



    Je t'ai cherché

    D'abord dans mes nuits,

    Dans mon lit.

    Je t'ai cherché

    Parmi les côteaux des villes,

    Dans les ruelles rouges.

    Je t'ai cherché

    Dans l'homme et la femme;

    Dans les creux de mon âme.

    Je t'ai cherché

    Dans la soif et la faim,

    Dans les danses et le vin.

    Je t'ai cherché

    A l'écart du monde, aux lumières fécondes

    En solitude, en pauvreté, en liberté et en beauté.

    Je t'ai cherché

    Du plus fort de mes forces

    Avec la volonté de l'impie.

    Je t'ai cherché

    Le long des bibliothèques,

    Dans la nature comme architecte.

    Je t'ai cherché

    A travers mes mains, dans l'attention à Toi,

    Dans les regards de l'intelligence

    Ou de l'indigent sans défense.

    Je t'ai cherché

    Sur les sentiers de mon Europe,

    Par toute la terre,

    Sous-sols et monastères.

    Je t'ai cherché

    Sens dessus dessous,

    Abandonné aux ondes,

    Je t'ai cherché.

    J'ai voulu te concevoir

    Et nous voilà ce soir!

    Je t'ai cherché,

    Et j'ai froid

    Perdu en moi.

    Je t'ai cherché

    Avidement,

    Et si je ne t'ai pas saisi,

    J'ai appris à t'aimer.



    Viens prends ma main

    Nous allons bercer

    Des rythmes sereins.

    Allons à côté

    Dans le jardin,

    Tu verras les fleurs

    Qui naissent sur ma terre.

    Tu verras mon coeur

    Comprendras ses mystères.



    Il est si facile de s'écarter un peu.



    Baisse les cils

    Sur tes si beaux yeux.

    Je te donnererai mon domaine,

    Mes élans vers Dieu.

    Je t'apprendrai mes peines,

    Tu me consoleras un peu.

    Viens, prends ma main,

    Viens ma Confiance,

    Sur des rythmes sereins,

    Allons à nos espérances.



    De la paix, nous n'avions que le nom,

    Elle semblait triste

    A mon corps assoiffé d'excès.



    Hier nous apprend nos faiblesses.

    Dans l'holocauste de l'amour

    Peu de place pour les armes:

    Nous les avons redéfinies

    Avec les forces, les champs d'investigations,

    Les combats, les luttes….

    Au service d'un seul chef, le Christ.



    Pauvrement vêtus, de vulgaires sacs,

    L'amour dans les mots

    Et la seconde joue en bandoulière.



    Aujourd'hui de la paix, nous avons un certain sens,

    Et l'empreinte de nos pas allégés

    Espère laisser un peu de sa vie,

    De son temps à Elle.



    Si s'élargit la réalité pour nos regards,

    Alors un jour arrive où la raison s'émerveille.



    Ce que vous m'avez donné

    Je l'ai offert,

    L'or, je l'ai dilapidé

    Comme j'ai pu.



    Puis les genoux plantés en terre,

    J'ai essayé la prière.

    Mon sillon d'homme,

    Mes forces ont travaillé à sa profondeur.

    Toute ma volonté, mes nerfs

    D'enfant du décalage

    Sont en partage pour la bataille.



    Reste dans mes mains vides

    Un visage:

    Mon âme qu'elles te tendent,

    Comme ça.

    Comme il s'en allait,

    Bercé de souvenirs défunts,

    Il les prit d'un air distrait

    Dans la paume de sa main.



    Puis les jeta sur la table

    Avec une nonchalance équivoque,

    Le temps est bien du sable

    Et le navire prend l'eau par la coque.



    Ma mémoire est un automne

    Aux mille feuilles séchées

    Et moi je suis un homme

    Qui aime à cultiver.



    J'ai bien des horizons

    De tous mes voyages,

    J'arrache le masque des mirages

    Et m'achemine sans cesse à une moisson.



    Nous offrirons ces fruits

    Aux saveurs essentielles

    Pour faire goûter le ciel

    A ceux qui logent ici.



    Viens

    Comme l'extrême espérance!

    Tu viens

    Contre toute attente!



    Viens

    Ne lasse pas l'absence

    Les vides ennuient.

    Tu viens

    Echos des prières!



    Viens

    Déchirer le silence!

    Tu viens au coeur des corps

    Vêtu de lumière



    Viens

    Répondre à la litanie des siècles!

    Et à l'heure de la mort.

    Tu viens

    Révéler le visage du temps

    A nos philosophies endormies,,

    Révéler à nouveau la vie

    Aux âmes saoules de patience et de veille.

    Viens, toi

    Qui n'oublieras pas

    De t'incliner

    Devant le vide

    Le pauvre inconnu

    En signe

    De remerciement



    Car ce geste

    T'était naturel.



    Viens, la lumière

    De tes yeux et de ton coeur

    Nous fera passer l'hiver.



    J'ai des trésors plein ma cave

    Souvenir, plaisirs et réjouissances.

    Dans un petit coffre, les perles

    Des amitiés échangées.

    Mais il ne veut tenir nulle part

    Le bien le plus précieux:

    Ce temps que tu m'as donné.



    Tu es mon véhicule,

    L'oiseau des matins,

    Le silence nocturne,

    L'instant qui bouscule.

    Tu es le quotidien

    L'univers qui respire.

    Tu es l'unique

    Preuve du présent

    Incertain qui s'en va,

    Le coeur du réel.

    Tu es la promesse

    Faite au coeur de chair

    Le petit bonheur et la grâce,

    Notre humanité et sa fin.

    Tu es la voile et le vent,

    La mer et l'esquif,

    Et le phare souriant.



    Ta couronne s'effeuille

    Et disperse ses pétales

    Au souffle du temps.



    Résonances du Verbe en prière,

    Qui sur les lèvres ardentes

    Ou sous les plumes ailées se révèlent.



    Je cherche à te nommer

    Et t'appelant, je t'approche,

    Vers toi, ma langue se délie.



    Coeur du livre de vie,

    Naturellement fécond en son rythme,

    En sa respiration, le Verbe nomme.



    Tu es la clef du sens, si je l'oublie

    La Substance de la réalité s'échappe

    Et je laisse une porte close.



    Comme toute raison perd sa cause

    Lorsqu'à travers les effets

    Nous cessons de Te voir vivant.



    Dans la brise fraîche,

    Dans le rayon ardent,

    Dans le plus tumultueux des vents

    Et dans la sécheresse,

    Dans la nature en fête,

    Dans l'hiver piquant de froid,

    Dans l'ombre des bois

    Et partout où je m'arrête,

    Que ton regard, Seigneur,

    Partout m'accompagne,

    Jusqu'à cette montagne

    Que ma foi transporte avec ferveur.



    L'oeil vert enlacé

    De ses mille cheveux

    Me renvoie le baiser

    De ces malheureux

    Qui, comme moi, croient

    Que la vie est un songe

    Où l'on meurt sans effroi,

    Sans risque ni peur.

    Oubliant le malheur

    Qui la frappe,

    Qui me frappe,

    Qui me tue

    Et la tue,

    Qui l'aime et que j'aime.

    L'oeil vert enlacé

    De ses mille cheveux

    Me renvoie le baiser

    Que je n'ai pas donné.

    Que deviendra-t-il

    Notre petit exil?

    Ce fragile champ clos,

    Notre armure de fleurs…

    Que deviendra-t-elle

    Ma peau

    Sans celle

    Qui veille sur un berceau?



    Elle passe la caravane,

    La caravane des âmes,

    Traversant les cultes

    Et des vents de perdition,

    Avec ses fous, ses ânes

    Et ses dompteurs de tumulte.

    Tout un peuple aux noms improbables.

    Elle passe la caravane,

    La caravane des âmes…

    Nous sommes les pauvres gueux,

    Les gueux de l'Eternité

    Et nous soulevons sous nos pieds

    La poussière des villes jusqu'aux cieux!

    J'aime m'asseoir et m'emplir d'Esprit.

    Nous sommes la caravane,

    La caravane des pauvres âmes.

    Il y a pour nous la conscience

    Et les talents prostrés,

    Des dons qui ont perdu sens

    Dans l'ivresse et la nécessité

    Des temps,

    Un renversement

    Pour ordonner.

    La caravane passe

    Sur les bonheurs et les fatalités…

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