Répondre à : (O) LOUÏSE, Gilles — Critique des anciens versificateurs

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#154529
AegidiusAegidius
Participant

    Cher Joseph-Marie,

    j’apprécie bien au contraire votre franchise et vous en remercie, étant moi-même très franc dans cette satire, ce qui vous a peut-être incité à réagir avec bienveillance d’ailleurs.

    Je dis que ces règles sont mauvaises et le maintiens. Concernant « treuve » et « veuve » par exemple (le Misanthrope de Molière), Corneille lui-même critiquait cette possibilité à l’époque.

    C’est quand même une aberration de considérer qu’il n’y a pas d’hiatus au motif qu’un e muet termine un mot, exigeant une voyelle pour ne pas prononcer cet e final, c’est-à-dire créant un hiatus de toute pièce !

    Et donc interdire le hiatus si le mot est masculin mais l’obliger si le mot est féminin.

    Il est plus logique d’ignorer cet e final, mettant à égalité le féminin et le masculin, et exiger une consonne ensuite de manière à éviter l’hiatus dans tous les cas.

    Je doute fort que la quantité des syllabes y soit pour quelque chose comme dans l’Antiquité où la poésie était basée sur les longues et les brèves, c’est une question de nombre et de son, Hugo fait rimer hymen et chemin, c’est un non-sens, et ce ne sont pas les exemples qui manquent.

    Ils font rimer état et combat, c’est-à-dire qu’ils comptent le t final pour obtenir deux éléments de rime (un seul rendrait la rime pauvre) alors qu’il ne se prononce pas, ce qui fait que du point de vue de l’oreille, la rime est pauvre : c’est une rime visuelle tenant compte du t final. Il faudrait ignorer le t final qui ne se prononce pas et trouver deux éléments de rime sonnant « ta ».

    Je regrette aussi qu’on ait si longtemps maintenu ces mêmes règles : Verlaine (Paul dans mon texte) n’était pas du XVIIe siècle, ni Hugo (Victor dans mon texte).

    Je ne crois pas être complètement anachronique dans la mesure où les alexandrins récents ont respecté ces délires des vieux grammairiens qui devraient n’avoir plus cours depuis longtemps.

    J’aurais aimé l’existence d’une pièce en alexandrins modernes, libérée de toutes ces incohérences, elle aurait pu exister déjà au XIXe siècle, sans même parler du XXe siècle : je constate simplement qu’elle n’existe pas du fait d’un trop grand respect des traditions.

    Portez-vous bien
    et vis sit tecum.
    Aegidius

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