Répondre à : (O) LOUÏSE, Gilles — Critique des anciens versificateurs

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Joseph-MarieJoseph-Marie
Participant

    Cher Aegidius,

    Pour les cas évoqués, “admis”, “fils” vous avez manifestement tort en raison de la prononciation de l'époque. Ainsi les problèmes de hyatus que vous évoquez répondaient aux règles de prononciation en vigueur : on peut critiquer ces règles, mais je ne pense pas qu'il faille critiquer ceux qui écrivaient selon ces règles. De même, il y a bien une nuance de prononciation entre “vu” et “vue”, même de nos jours, bien que notre langue a tendance à s'apauvrir. Qu'on veuille bien se reporter à la grammaire du Père Buffier : en songeant qu'il ne s'agit pas de “délires” en ce temps-là car la langue, sa prononciation et son écriture, même chez les “simples gens”, étaient différentes d'aujourd'hui. Je le répète on peut critiquer ces règles et aujourd'hui s'en affranchir (ou les assouplir) mais force est d'admettre qu'on parlait plus ou moins “comme ça” au 17ème.  Ce que je veux dire: c'est que, même dans l'intérêt de votre critique, il me semble important d'être juste par rapport à la prononciation – et de ce fait à la versification – classique du français.

    Pour le reste, je vous rejoins sur le fait que, si aujourd'hui on veut versifier en alexandrins ou autres vers “rythmiques”, on doit tenir compte des prononciations actuelles et éventuellement établir de nouvelles règles. Cependant, dans le contexte de dégradation linguistique où nous nous trouvons, je crains que vous ne soyez le seul à les suivre, ou à peu près!

    Enfin une chose me semble paradoxale dans votre propos : vous voulez de la musicalité mais me semblez minimiser la riche musicalité de l'époque. Cette richesse n'était peut-être pas exempte d'affectation et d'artifices, mais la poésie comme la musique n'ont-elles pas le droit d'y avoir recours pour se distinguer du langage courant et mieux appuyer leur propos?

    Il est agréable de pouvoir disputer de manière civilisée, je tiens à le signaler car aujourd'hui on n'est plus souvent confronté à ces deux opposés : refus iréniste de toute polémique, et polémiques qui virent rapidement à l'affrontement personnel souvent teinté (et même davantage) de grossièreté.

    Vale!

    Joseph-Marie

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