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CONAN DOYLE, Arthur – L’Aventure de Shoscombe Old Place
Traduction : Carole.
Sherlock Holmes était resté un certain temps penché derrière son microscope à faible grossissement. Soudain il se redressa avec un air de triomphe.
« C’est de la colle, Watson ! », dit-il. « C’est incontestablement de la colle ! Veuillez examiner vous-même ces quelques éléments éparpillés sur la platine. »
Je me penchai au-dessus de l’oculaire et ajustai l’appareil à ma vue.
« Ces quelques fils proviennent d’un manteau de tweed. Les masses grises irrégulières que l’on aperçoit sont de la poussière. A gauche on peut apercevoir des squames de cellules de peau. Et ces tâches brunes que l’on aperçoit au centre sont incontestablement de la colle. »
« Eh bien », m’exclamai-je en riant, « je suis prêt à vous croire sur parole ! Mais cela a-t-il une quelconque importance ? »
« Cette découverte est d’une importance capitale », répondit Holmes. « Vous n’êtes pas sans ignorer que dans la présente affaire de Saint Pancras une casquette a été retrouvée à proximité du policier mort. Le coupable présumé nie fermement qu’elle lui a appartenue. Or, il est encadreur de profession, et manipule donc régulièrement de la colle. »
« C’est une enquête que l’on vous a confiée ? »
« Non, mais mon ami Merivale, de la police de Scotland Yard, m’a demandé de bien vouloir lui apporter mon concours. Depuis que l’on a réussi à arrêter un faux-monnayeur grâce à mon examen des coutures de sa manchette dans lesquelles on retrouva de la limaille de zinc et de cuivre, on commence à croire en l’utilité du microscope. »
Holmes regarda sa montre avec impatience.
« J’attends la visite d’un nouveau client, mais il est en retard. A propos Watson, êtes-vous féru de courses hippiques ? »
« Je l’ai été. J’ai payé cette passion d’une moitié de ma pension d’ancien combattant. »
« En ce cas je fais de vous officiellement mon guide pratique du turf. Et qu’en est-il du nom de Sir Robert Norberton ? Ce nom vous dit-il quelque chose ? »
« Plutôt. Sir Norberton réside à Shoscombe Old Place, que je connais bien, pour y avoir passé de nombreux étés. Il s’en fallut de peu que Sir Norberton n’attire par le passé votre attention. »
« Comment cela ? »
« Eh bien il administra une si solide correction à coup de cravache au bien connu Sam Brewer, prêteur de deniers sur Curzon Street, que ce dernier failli bien en mourir. »
« Ah, voilà qui est intéressant ! Sir Norberton est-il coutumier de ce type d’agissements ? »
« Eh bien, il a la réputation d’un homme dangereux. Il passe en outre pour être l’un des plus audacieux jockey d’Angleterre – il termina deuxième dans la course nationale quelques années plus tôt. Il est l’un de ces hommes qui ont raté leur époque. Il aurait fait un fameux dandy sous la Régence – athlète, boxeur, cavalier talentueux, séducteur redoutable, et, d’après les on-dit, évoluant dans une situation financière si dégradée qu’elle est sans espoir de rétablissement. »
« Bien, Watson ! Parfait portrait de notre homme. A présent, que pouvez-vous me dire de Shoscombe Old Place ? »
« Seulement qu’il se situe dans le centre de Shoscombe Park, et qu’il abrite les célèbres écuries de Shoscombe. »
« Dont l’entraîneur est John Mason lui-même », compléta Holmes. « Ne soyez pas étonné, Watson, cette information m’a été communiquée par Monsieur Mason en personne, puisqu’il n’est autre que l’auteur de cette lettre. Mais dites-m’en davantage sur Shoscombe Old Place. Vous suscitez mon intérêt. »
« Les épagneuls de Shoscombe sont célèbres. Ils se distinguent dans tous les concours canins. De la race la plus pure d’Angleterre. Ils font la fierté de leur propriétaire. »
« L’épouse de Sir Robert Norberton, je présume ! »
« Sir Robert est célibataire, il ne s’est jamais marié. Ce qui est une excellente chose, si l’on en croit les rumeurs qui accréditent son tempérament violent. Il vit avec sa sœur, lady Beatrice Falder, qui est veuve. »
« Vous voulez dire qu’elle vit chez lui ? »
« Non, non. L’endroit appartenait au défunt mari de lady Beatrice, Sir James. Sir Robert n’en possède aucune part. C’est seulement un usufruit dont jouit lady Beatrice et qui reviendra ensuite au frère de Sir James. Mais pour l’heure, elle a la jouissance des loyers annuels que rapporte le domaine. »
« Loyers qui profitent largement à son frère Sir Robert, je présume ? »
« On peut le dire. C’est un diable d’homme qui doit mener la vie dure à sa sœur. Mais j’ai entendu dire qu’elle lui était entièrement dévouée. Mais que se passe-t-il donc à Shoscombe Old Place ? »
« Ah, c’est ce que j’aimerais savoir… Mais voici, je suppose, l’homme qui pourra nous le dire. »
Le majordome venait d’introduire un homme de grande taille, rasé de près, à la mine sérieuse et austère que l’on ne retrouve que chez les éducateurs d’enfants ou de chevaux. Monsieur Mason ayant un certain nombre des uns et des autres sous sa coupe, il me parut fait pour l’exercice de son métier. Il s’inclina avec une certaine raideur et prit place dans le fauteuil que Holmes lui désigna.
« Vous avez reçu ma lettre, Monsieur Holmes ? »
« Oui, mais elle n’est pas très explicite. »
« Il était trop délicat pour moi de vous exposer en détail ce qui m’amène par le biais d’une lettre. Et trop difficile. Je ne pouvais que solliciter un entretien. »
« Eh bien, nous voici à votre disposition. »
« En premier lieu, Monsieur Holmes, je dois vous dire que je crois mon employeur, Sir Robert, devenu fou. »
Holmes haussa les sourcils.
« Vous êtes ici à Baker Street, et non à Harley Street », dit-il. « Mais qu’est-ce qui vous fait dire cela ? »
« Eh bien, Monsieur, lorsqu’un homme accomplit un acte étrange, voire deux, on peut s’aviser de trouver une raison à cela. Mais lorsque tout ce qu’il fait est étrange, vous ne pouvez que vous demander s’il n’a pas perdu la raison. Je soupçonne Prince Shoscombe et le derby de l’avoir rendu fou. »
« Prince Shoscombe est-il l’un de vos chevaux ? »
« Le meilleur d’Angleterre, Monsieur Holmes. Et je prétends m’y connaître. A présent, je vais être franc avec vous, car je sais que vous êtes un homme digne de confiance et que ce que je vais vous confier ne sortira pas de ces murs. Sir Robert doit gagner ce derby. Il est pris à la gorge, c’est sa dernière chance. Tout ce qu’il a pu miser de fonds propres ou d’emprunts l’a été sur ce cheval, qui a une cote importante ! Il s’échange aujourd’hui à quarante contre un, mais, quand Sir Robert a commencé à miser, c’était plutôt du cent contre un ! »
« Mais si le cheval est si bon, comment se fait-il que sa cote soit si élevée ? »
« Les capacités de Prince Shoscombe sont encore ignorées du grand public. Sir Robert a réussi à tromper les rabatteurs. Il sort le demi-frère de Prince, qui lui ressemble comme une goutte d’eau. Mais pour ce qui est du galop, Prince a deux longueurs d’avance sur son demi-frère l’autre poulain. Sir Robert ne pense plus à rien d’autre qu’à son cheval et à la course. Il faut dire qu’il y joue sa fortune. Jusqu’à présent il était parvenu à maintenir à distance ses créanciers. Mais si Prince perd, c’en sera fait de lui. »
« Cela semble bien être le pari de la dernière chance, mais, où est la folie dans tout cela ? »
« Eh bien, en premier lieu, vous n’avez qu’à le regarder. Je ne crois pas qu’il ferme l’œil de la nuit. Il est dans les stalles aux aurores. Ses yeux sont hagards. On voit qu’il est à bout de nerf. Et puis, il y a aussi le comportement de lady Beatrice ! »
« Ah ! De quel comportement voulez-vous parler ? »
« Eh bien, Sir Robert et lady Beatrice s’étaient toujours entendus à merveille. Ils partageaient les mêmes passions, celle des chevaux, en particulier : elle les aimait tout autant que lui. Tous les jours à la même heure elle descendait aux écuries pour les voir – et par-dessus tout, elle adorait Prince. Prince lui-même dressait les oreilles quand il entendait le gravier de l’allée crisser sous les roues de la voiture, et il trottinait chaque matin jusqu’à la carriole où l’attendait son morceau de sucre. Mais c’est fini à présent. »
« Pourquoi ? »
« Eh bien, son intérêt pour les chevaux semble s’être soudain envolé. Voilà une semaine maintenant qu’elle passe chaque matin devant les écuries sans même nous adresser un « bonjour » ! »
« Vous pensez qu’ils se sont disputés ? »
« Oh, je crois qu’ils ont eu une dispute féroce, violente, sauvage, sinon pourquoi se serait-il débarrassé de son épagneul favori qu’elle chérissait comme son enfant ? Sir Robert l’a donné il y a quelques jours au vieux Barnes, qui tient l’auberge du Dragon Vert, à Crendall, à cinq kilomètres de Shoscombe. »
« Voilà en effet qui est étrange. »
« Bien sûr, comme elle souffre du cœur et d’hydropisie, il lui est impossible de se déplacer aisément. Sir Robert avait coutume de passer deux heures chaque jour auprès d’elle dans sa chambre. Il pouvait bien faire cela, car après tout elle a été plus qu’une sœur pour lui. Mais tout cela est aujourd’hui également terminé. Il ne se rend plus auprès d’elle. Et cela fait une peine atroce à lady Beatrice. Elle est d’humeur maussade, boudeuse, et elle boit, Monsieur Holmes, oh, elle boit… comme une éponge ! »
« Buvait-elle avant ces incidents ? »
« Oh, elle ne se refusait pas un petit verre, mais à présent, c’est plutôt une bouteille qu’elle boit au quotidien le soir. C’est Stephens, le majordome, qui me l’a dit. Tout est changé, Monsieur Holmes, et il y a quelque chose selon moi dans tout cela qui ne tourne pas rond. Et puis, il y a encore autre chose : le maître descend tous les soirs à la crypte de l’ancienne église. Et il y rencontre quelqu’un ! »
Holmes se frotta les mains.
« Continuez, Monsieur Mason. Votre récit est passionnant. »
« C’est le majordome qui s’en est aperçu tout d’abord, par une nuit de forte pluie. Le soir du jour suivant j’ai alors veillé aux alentours de la maison, et je suis certain que le maître en est encore une fois sorti. Stephen et moi le suivîmes, mais c’était très risqué, car s’il nous avait vus ! Il sait jouer de ses poings quand il s’y met, terriblement, et il n’a d’égards pour personne ! C’est pourquoi nous eûmes peur de nous approcher trop près de lui, mais nous parvînmes quand même à le suivre. C’était à la crypte hantée qu’il se rendait, et là-bas un homme l’attendait. »
« Qu’est donc exactement cette crypte hantée ? »
« Eh bien, Monsieur, il y a une ancienne chapelle en ruines dans le parc. Elle est si vieille que personne ne peut vraiment la dater. Et sous cette chapelle il y a une crypte de mauvaise réputation. C’est un lieu sombre, humide, isolé le jour, que peu d’entre nous auraient le courage d’affronter la nuit. Mais le maître n’a peur de rien. Il n’a jamais craint quoi que ce soit dans sa vie. Mais je me demande bien ce qu’il fait là-bas au beau milieu de la nuit ! »
« Attendez un moment ! », s’écria Holmes. « Vous avez dit qu’il y avait quelqu’un d’autre là-bas. Ce pourrait être l’un des garçons d’écurie, ou quelqu’un de la maison. Peut-être qu’il vous suffirait de parvenir à l’identifier et de le questionner. »
« Ce n’est pas quelqu’un que nous connaissons. »
« Comment pouvez-vous en être si certain ? »
« Parce que je l’ai vu, Monsieur Holmes, lors de la seconde nuit. Sir Robert passa devant nous – Stephen et moi étions tapis dans l’ombre, accroupis dans les buissons, car il faisait assez clair cette nuit-là. Nous avons entendu les pas de l’autre homme derrière nous. Comme nous ne le craignions pas, nous avons surgi de notre cachette dès que Sir Robert se fut éloigné, et nous vînmes calmement à la rencontre de l’homme comme si nous profitions simplement d’une promenade au clair de lune. Nous sommes arrivés sur ses talons, puis je l’ai interpellé. « Hé là », dis-je. « Qui êtes-vous donc ? » Je suppose que l’homme ne nous avait pas entendus approcher, car il sursauta et nous regarda par-dessus son épaule comme s’il avait vu le diable. Il poussa un cri, puis il détala de toute la vitesse de ses jambes. Sacré vitesse, je dois le dire ! En moins d’une minute il était hors de vue et de portée de voix ! Et qui il était, nous n’en avons pas la moindre idée ! »
« Mais vous l’avez vu distinctement à la lueur de la lune ? »
« Oui, son visage jaune m’a frappé – on aurait dit un vieux chien. Que peut-il donc avoir en commun avec Sir Robert ? »
Holmes resta un instant absorbé dans ses pensées.
« Qui tient compagnie à lady Beatrice ? », demanda-t-il enfin.
« Sa domestique, Carrie Evans. Cela fait cinq ans qu’elle est à son service. »
« Et elle lui est, sans aucun doute, entièrement dévouée ? »
Monsieur Mason parut embarrassé.
« Elle semble dévouée », dit-il enfin. « Mais je ne saurais dire à qui. »
« Ah ! », s’exclama Holmes.
« Ce ne sont que des on-dit. »
« Je crois que je les devine, Monsieur Mason. Bien sûr, la situation est évidente. D’après le portrait que le docteur Watson m’a dressé de Sir Robert, aucune femme ne se trouve en sécurité près de lui. Ne pensez-vous pas que cette Carrie Evans aurait pu être à l’origine de la querelle qui a divisé le frère et la sœur ? »
« Eh bien, le scandale est en effet soupçonné de longue date. »
« Mais lady Beatrice pouvait ne pas en avoir eu vent auparavant. Supposons qu’elle l’ait soudainement découvert. Elle désire se débarrasser de sa domestique. Son frère s’y oppose. L’invalide, qui souffre du cœur et se trouve dans l’impossibilité de se déplacer seule, n’a aucun moyen d’affirmer sa volonté. La domestique haïe est toujours à son service. Lady Beatrice se renferme, boude, et se met à boire. Sir Robert de colère se débarrasse de son épagneul qu’elle adorait. Tout ceci n’est-il pas la logique même ? »
« Eh bien, cela se tient… Jusque là. »
« Parfaitement ! Jusque-là. Car les visites nocturnes à l’ancienne crypte ne trouvent pas leur place dans ce canevas. »
« Tout à fait, Monsieur. Et il y a encore autre chose que je ne parviens pas à m’expliquer. Pourquoi Sir Robert chercherait-il à déterrer un mort ? »
Holmes eut un sursaut.
« Nous ne l’avons découvert qu’hier – juste après que je vous aie écrit. Sir Robert s’est rendu à Londres hier, Stephen et moi sommes donc descendus à la crypte. Nous n’y avons rien remarqué de particulier, excepté dans un coin, les restes d’un squelette humain. »
« Vous en avez informé la police, je présume ? »
Notre visiteur eut un sourire penaud.
« En réalité, Monsieur, je ne crois pas que cette découverte soit susceptible de les intéresser, car après tout, il ne s’agit que du crâne et de quelques os d’une vieille momie, qui pourraient tout aussi bien être âgés de mille ans. Mais ils ne se trouvaient pas là auparavant, j’en jurerais, et Stephen aussi. Ils se trouvent comme entreposés temporairement dans un angle, recouverts d’une planche. Auparavant, cet angle avait toujours été vide. »
« Qu’avez-vous fait ensuite ? »
« Rien. Nous sommes repartis comme nous étions venus. »
« Tout cela est étrange. Vous avez dit que Sir Robert s’était absenté hier. Est-il de retour ? »
« Nous l’attendons pour aujourd’hui ou demain. »
« A quand remonte l’abandon du chien de lady Beatrice par Sir Robert ? »
« A tout juste une semaine. La pauvre bête hurlait près de la remise, et Sir Robert était dans une de ses colères effroyables ce matin-là. Il l’a attrapée, et j’aurais juré qu’il allait la tuer. Mais il l’a apporté à Sandy Bain, en lui ordonnant de conduire le chien jusqu’à l’auberge du Dragon Vert et de le laisser là-bas aux soins du vieux Barnes, en lui disant qu’il ne voulait plus jamais revoir l’animal. »
Holmes conserva quelques instants le silence. Il avait bourré et allumé la plus vieille et la plus nauséabonde de ses pipes.
« Je ne suis toujours pas au fait de ce que vous attendez de moi dans cette affaire, Monsieur Mason », dit-il enfin. « Pourriez-vous vous montrer plus explicite ? »
« Voici ce qui sans nul doute parlera de lui-même, Monsieur Holmes », répondit notre visiteur.
Et il sortit de sa poche un petit paquet enveloppé, dont il défit l’emballage avec précaution, et qui révéla un fragment d’os en partie consumé.
Holmes l’examina avec intérêt.
« Où avez-vous pris cela ? », demanda-t-il.
« Dans la cave située juste sous la chambre de lady Beatrice où se trouve la chaudière du chauffage central. Elle était éteinte depuis quelques temps, mais Sir Robert s’étant plaint du froid, nous l’avons rallumée. C’est Harvey qui s’occupe de l’entretenir – Harvey est un de mes garçons d’écurie. Il est venu me voir ce matin avec ce fragment d’os qu’il avait trouvé en ratissant les cendres. Il ne lui disait rien qui vaille. »
« Ni à moi non plus », opina Holmes. « Qu’en dites-vous, Watson ? »
Le fragment était en partie brûlé, mais il ne pouvait y avoir aucun doute quant à en restituer son origine anatomique.
« Il s’agit de la partie supérieure d’un condyle de fémur humain », dis-je.
« Parfaitement ! », s’exclama Holmes.
Son visage avait pris un air grave.
« A quels intervalles le garçon d’écurie entretient-il la chaudière ? »
« Chaque soir régulièrement, avant de se coucher. »
« Donc quelqu’un d’autre pourrait y avoir accès pendant la nuit sans que le garçon ne s’en aperçoive ? »
« Oui, Monsieur. »
« Est-il possible d’y accéder de l’extérieur de la maison ? »
« Il y a une porte qui y mène du jardin. Un autre accès se fait par un escalier qui conduit au couloir dans lequel est située la chambre de lady Beatrice. »
« Nous voguons en eaux troubles, Monsieur Mason, en eaux troubles et dangereuses. Vous avez dit que Sir Robert n’avait pas couché à Shoscombe Old Place la nuit dernière ? »
« C’est exact, Monsieur. »
« J’en déduis donc que l’individu qui a placé cet os dans la chaudière ne peut pas être lui. »
« C’est une excellente déduction, Monsieur. »
« Rappelez-moi le nom de cette auberge dont vous avez parlé ? »
« Le Dragon Vert. »
« La pêche est-elle digne d’être pratiquée dans cette partie du Berkshire ? »
La mine ahurie de l’honnête entraîneur indiqua clairement qu’il regrettait d’être venu demander secours et assistance à quelqu’un qui évidemment lui aussi avait perdu la raison.
« Eh bien, Monsieur, j’ai entendu dire qu’il y avait de la truite dans la rivière du moulin et du saumon dans le lac du château. »
« Voilà qui est amplement suffisant. Watson et moi-même sommes des pêcheurs aguerris – n’est-il pas vrai, Watson ? Vous voudrez bien dorénavant nous joindre à l’auberge du Dragon Vert. Nous y dormirons dès ce soir. Il est superflu de vous préciser que nous ne souhaitons pas que vous nous y retrouviez en personne, Monsieur Mason, mais une note de votre main retiendra toute notre attention. Nul doute de mon côté que si je désire m’entretenir avec vous je parviendrai à vous trouver. Dès que nous aurons jeté un peu plus de lumière sur cette affaire je vous exposerai mon opinion. »