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VATSYAYANA – Le Kama Soutra
Le Kama Soutra ou Kâmasûtra est un recueil indien écrit par Vatsâayâana, entre le IVe siècle et le VIIe siècle. Il prodigue des conseils pour une vie harmonieuse dans le couple, notamment au travers de positions sexuelles. Traitant du désir, de la séduction, du baiser, de l'embrassement, des griffures et frappements, des préliminaires, du coït ou congrès, du mariage, des maîtresses et des entremetteuses, ce texte est éloigné de la pornographie.
Le Kama Soutra témoigne d'une culture libre des pudibonderies de l'occident, et apparaît, parfois, assez moderne. Par souci rythmique, certains commentaires et chapitres ne sont pas lus.
Le Kama Soutra de Vâtsyâyana fût traduit du sanskrit en 1891
par Pierre-Eugène Lamairesse(1817-1898)
CHAPITRE 00, PREAMBULE
Salutation à Dharma, Artha et Kama
Au commencement, le Seigneur des Êtres créa les hommes et les femmes, et, sous forme de commandements en cent mille chapitres, traça les règles de leur existence par rapport à Dharma (Vertu) qui est l’acquisition du mérite religieux, Artha (richesse) qui est l’acquisition des biens de ce monde et Kama (amour) qui est l’amour jouissance, le plaisir sensuel. On a conservé partout ces trois mots, vertu, richesse et plaisir, trois piliers dont il est continuellement question dans les Lois de Manou.
Le Kâmasûtra en sanskrit est composé de Kâma, le dieu de l'amour charnel, équivalent indien d'Éros ou de Cupidon et sûtra ou shâstra qui signifie aphorismes. Le Kamasoutra ou Les Aphorismes de l'Amour Charnel – est un recueil indien écrit entre le IVe siècle et le VIIe siècle, attribué à Vâtsyâyana. Souvent richement illustré de miniatures, il prodigue des conseils de séduction et pour une vie harmonieuse dans le couple, notamment au travers de positions sexuelles (qui ne sont toutefois que quelques chapitre du livre à proprement parler), destiné à l'origine à l'aristocratie indienne. C'est un ouvrage d'un grand intérêt pour l'étude de la vie dans l'Inde ancienne.
Kâma apporte la jouissance que peuvent se donner des personnes au moyen des cinq sens, de l'esprit et de l'âme. Le Kâmasûtra n'est pas seulement consacré au sexe, mais traite également des manières et arts de vivre qu'une personne cultivée se devait de connaître. Il aborde par exemple l'usage de la musique, la nourriture, les parfums…
À l'origine, le Kâmasûtra était essentiellement destiné aux hommes et aux courtisanes : il décrit l'acte sexuel et la relation amoureuse selon les devoirs et les attentes de chacun des partenaires. Cependant, le livre donne aussi des conseils aux femmes et aux couples et indique que les hommes n'étaient pas tenus à la seule relation sexuelle, mais devaient aussi maîtriser les baisers, les caresses, les morsures et les griffures. Il décrit environ une vingtaine de positions, mais également le comportement à tenir par les partenaires pour laisser ensuite la place à leur imagination.
Des différentes sortes d’amour
Les hommes versés dans les humanités sont d’avis qu’il y a quatre sortes d’amour, savoir :
1. Amour résultant d’une habitude continue.
L’amour résultant de l’exécution constante et continue de tel ou tel acte est dit amour acquis par pratique et habitudes constantes : comme, par exemple, l’amour du commerce sexuel, l’amour de la chasse, l’amour de la boisson, l’amour du jeu, etc.
2. Amour résultant de l’imagination.
L’amour ressenti pour des choses auxquelles on n’est pas habitué, et qui procède entièrement des idées, est dit amour résultant de l’imagination : comme, par exemple, l’amour que certains hommes, femmes et eunuques éprouvent pour l’Auparishtaka ou congrès buccal, et celui que tout le monde éprouve pour des actes tels que d’embrasser, et baiser, etc.
3. Amour résultant de la foi.
L’amour réciproque des deux Parts, et dont la sincérité n’est pas douteuse, quand chacun voit dans l’autre une moitié de soi-même, est dit amour résultant de la foi par expérience.
4. Amour résultant de la Perception d’objets extérieurs.
L’amour résultant de la perception d’objets extérieurs est bien évident et bien connu de tout le monde, car le plaisir qu’il procure est supérieur au plaisir des autres sortes d’amour, qui n’existent que par lui.
Ce qui est dit dans ce préambule au sujet de l’union sexuelle est suffisant pour l’homme instruit ; mais pour l’édification de l’ignorant, ce même sujet va être maintenant traité au long et en détail et à leurs femmes. Une foule d’hommes sont dans la plus complète ignorance des sentiments de leur femme, et ne s’inquiètent nullement si elle est bien ou mal disposée. Pour posséder à fond le sujet, il est absolument nécessaire de l’étudier ; on saura alors que, comme pour faire du pain il faut préparer la pâte, de même il faut préparer sa femme pour le commerce sexuel, si on veut qu elle en tire satisfaction.
C'est l'objet des chapitres suivants.
Le Kama Soutra de Vâtsyâyana
Chapitre 01 – Questions générales
Première sous-partie : Des arts et des sciences à étudier.
L’homme doit étudier les Kama Sutra et les arts et sciences qui s’y rattachent, concurremment avec les arts et sciences relatifs à Dharma et Artha. Les jeunes filles doivent aussi étudier les Kama Sutra, ainsi que les arts et sciences accessoires, avant leur mariage, puis continuer cette étude avec le consentement de leurs maris.
Une femme, conséquemment, doit apprendre les Kama Shastra, ou tout au moins une partie, en étudiant leur pratique sous la direction de quelque amie intime. Elle doit étudier seule, en son particulier, les soixante-quatre pratiques qui appartiennent aux Kama Shastra. Son institutrice sera l’une des personnes suivantes, savoir : la fille de sa nourrice qui aura été élevée avec elle et sera déjà mariée, ou une amie digne de toute confiance, ou la sœur de sa mère (c’est-à-dire sa tante maternelle), ou une vieille servante, ou une mendiante qui aura Précédemment vécu dans la famille, ou sa propre sœur, à qui elle peut toujours se confier.
Une femme publique, douée de bonnes dispositions, ayant de la beauté jointe à d’autres attraits, et, aussi, versée dans les arts ci dessus, reçoit le nom de Ganika, ou femme publique de haute qualité ; elle a droit, dans une société d’hommes, à un siège d’honneur. Toujours respectée par le Roi et louangée par les lettrés, ayant ses faveurs recherchées de tous, elle devient l’objet de la considération universelle. Pareillement, la fille d’un roi, comme celle d’un ministre, si elle possède les arts ci-dessus, peut s’assurer la préférence de son époux, alors même que celui-ci aurait des milliers d’autres femmes. Ajoutez à cela que si une femme vient à être séparée de son mari et tombe en détresse, elle peut gagner aisément sa vie, même à l’étranger, grâce à la connaissance de ces arts. Leur connaissance seule est un attrait pour une femme, bien que leur pratique soit seulement possible dans telles ou telles circonstances. Un homme versé dans ces arts, parlant agréablement et au fait des procédés de la galanterie, conquiert vite le cœur des femmes, même après un temps très court de relations.
Deuxième Sous partie : Des sortes de femmes fréquentées par les citoyens, leurs amis et les entremetteurs
Lorsque Kama est pratiqué par des hommes des quatre castes avec des vierges de leur propre caste (conformément aux règles de la Sainte Écriture, c’est-à-dire par mariage légal) , c’est un moyen d’acquérir une postérité légale et une bonne réputation, et ce n’est pas non plus opposé aux usages du monde. Au contraire, la pratique de Kama avec les femmes de castes plus élevées, et avec celles dont d’autres ont déjà joui, quoiqu’elles soient de la même caste, est prohibée. Mais la pratique de Kama avec des femmes des castes inférieures, avec des femmes excommuniées de leur Propre caste, avec des femmes publiques, et avec des femmes deux fois mariées, n’est ni ordonnée ni prohibée. La pratique de Kama avec de telles femmes n’a pour objet que le plaisir.
Les Nayikas, donc, sont de trois sortes : filles, femmes deux fois mariées, et femmes publiques. Il existe une quatrième sorte de Nayika, savoir : une femme à qui l’on s’adresse pour lui faire la cour à cause d'une occasion spéciale, même si elle est déjà mariée à un autre. Ces occasions spéciales naissent, pour un homme, de l’un ou de l’autre des raisonnements ci-après :
[a] Soit cette femme est volontaire, et beaucoup d’autres en ont joui avant moi. Je puis, en conséquence, m’adresser à elle comme à une femme publique quoiqu’elle appartienne à une caste plus élevée que la mienne, et, ce faisant, je ne violerai pas les commandements de Dharma.
Ou bien :
[b ] Cette femme est deux fois mariée, et d’autres en ont joui avant moi ; rien ne m’empêche, en conséquence, de m’adresser à elle.
Ou bien :
[c] Cette femme a gagné le cœur de son grand et puissant époux, et elle exerce de l’empire sur lui, qui est l’ami de mon ennemi ; si donc elle se lie avec moi, elle obtiendra de son mari qu’il abandonne mon ennemi.
Ou bien :
[d] Cette femme fera tourner en sa faveur l’esprit de son mari, qui est très puissant, et lui, étant mal disposé pour moi en ce moment-ci, projette de me faire quelque mal.
Ou bien :
[e] En me liant avec cette femme, je tuerai son mari, et je mettrai ainsi la main sur ses immenses richesses que je convoite.
Ou bien :
[f] L’union de cette femme avec moi ne présente aucun danger, et elle m’apportera une fortune dont j’ai très grand besoin, vu ma pauvreté et mon impuissance à me soutenir. Ce sera donc un moyen de m’approprier ses grandes richesses sans aucune difficulté.
Ou bien :
[g] Cette femme m’aime ardemment, et elle connaît mes côtés faibles. Si, en conséquence, je refuse de m’unir à elle, elle publiera mes défauts, de façon à ternir mon caractère et ma réputation. Ou encore elle portera contre moi quelque grosse accusation, dont il me sera difficile de me débrouiller, et je serai ruiné. Ou peut-être elle détachera de moi son mari, qui est puissant et sur qui elle a de l’empire, et elle lui fera prendre le parti de mon ennemi, ou elle même s’alliera avec ce dernier.
Ou bien :
[h] Le mari de cette femme a violé la chasteté de mes femmes : je lui rendrai donc cette injure en séduisant les siennes.
Ou bien :
[il Avec l’assistance de cette femme, je tuerai un ennemi du Roi qui a cherché asile près d’elle et que le Roi m’a ordonné de détruire.
Ou bien :
[j] La femme que j’aime est sous la domination de cette autre femme. Je pourrai, au moyen de celle-ci, me faire accueillir de la première.
Ou bien :
[k] Cette femme me procurera une fille, riche et belle, mais qu’il est difficile d’aborder parce qu’elle est sous la domination d’un autre.
Ou, enfin :
[f] Mon ennemi est l’ami du mari de cette femme. Je pourrai la faire mettre en relations avec lui et causer ainsi de l’inimitié entre son mari et lui.
Pour ces raisons et autres semblables, on peut s’adresser aux femmes d’autrui, mais il doit être bien entendu que cela est seulement permis pour des raisons spéciales, et non pour la pure satisfaction d’un désir charnel.
On ne doit pas jouir des femmes suivantes :
Une lépreuse ; Une lunatique ; Une femme chassée de sa caste ; Une femme qui révèle des secrets ; Une femme qui exprime publiquement son désir du commerce sexuel ; Une femme extrêmement blanche ; Une femme extrêmement noire ; Une femme qui sent mauvais ; Une femme qui est votre proche parente ; Une femme qui vous est liée d’amitié ; Une femme qui vit en ascète ; Et, enfin, la femme d’un parent, d’un ami, d’un Brahmane lettré, ou du Roi.
Les disciples de Babhravya disent qu’il est permis de jouir d’une femme dont cinq hommes ont déjà joui. Mais Gonikaputra est d’avis que, même dans ce cas, il faut excepter les femmes d’un parent, d’un Brahmane lettré ou d’un roi.
Voici maintenant les différentes sortes d’amis :
Celui qui a joué avec vous dans la poussière, c’est-à-dire dans l’enfance ; Celui qui vous est lié par une obligation ; Celui qui a les mêmes dispositions et les mêmes goûts ; Celui qui est un de vos camarades d’études ; Celui qui est au fait de vos secrets et de vos défauts, et dont les défauts et les secrets vous sont aussi connus ; Celui qui est l’enfant de votre nourrice ; Celui qui a été élevé avec vous ; Celui qui est un ami héréditaire.
Ces amis doivent posséder les qualités suivantes :
Ils doivent dire la vérité ; Ils ne doivent pas changer avec le temps ; Ils doivent favoriser vos desseins ; Ils doivent être fermes ; Ils doivent être exempts de convoitise ; Ils doivent être incapables de se laisser gagner par d’autres ; Ils ne doivent pas révéler vos secrets.
Charayana dit que les citoyens entretiennent des relations d’amitié avec des blanchisseurs, des arbiers, des vachers, des fleuristes, des droguistes, des marchands de feuilles de bétel, des cabaretiers, des mendiants, des Pithamardas, Vitas et Vidushakas, aussi bien qu’avec les femmes de tous ceux-ci.
Un entremetteur doit posséder les qualités suivantes :
Adresse ; Audace ; Connaissance de l’intention des hommes par leurs signes extérieurs ; Absence de confusion, c’est-à-dire pas de timidité ; Connaissance de ce que signifient exactement les actes et les paroles des autres ; Bonnes manières ; Connaissance des temps et lieux convenables pour faire différentes choses ; Loyauté en affaires ; Intelligence vive ; Prompte application des remèdes, c’est-à-dire abondance et promptitude de ressources.
Ce premier chapitre finit par un verset :
« L’homme ingénieux et sage, qui est assisté par un ami, et qui connaît les intentions des autres, comme aussi le temps et le lieu convenables Pour faire chaque chose, peut triompher, très aisément, même d’une femme très difficile à obtenir. »
Le Kama Soutra de Vâtsyâyana
Chapitre 02 Des sortes d'unions sexuelles
Des sortes d’union sexuelle varient selon :
(a) Les dimensions ;
(b) La force du désir ou la passion ;
(c) Le temps ou la durée
a) Sortes d’unions selon les dimensions du lingam de l'homme et du Yoni de la femme
L’homme est divisé en trois classes, savoir : l’homme-lièvre, l’homme-taureau et l’homme-cheval, suivant la grandeur de son Lingam.
La femme aussi, suivant la profondeur de son yoni, est une biche, une jument, ou un éléphant femelle.
Il s’ensuit qu’il y a trois unions égales entre personnes de dimensions correspondantes, et six unions inégales, quand les dimensions ne correspondent pas ; soit neuf en tout, comme voici :
Unions Égales
• homme Lièvre Taureau Cheval
• femme Biche Jument Éléphant
Unions Inégales
•homme Lièvre Lièvre Taureau Taureau Cheval Cheval
•femme Jument Éléphant Biche Éléphant Biche Jument
Dans ces unions inégales, lorsque l’homme surpasse la femme en dimensions, son union avec la femme qui, sous ce rapport, vient immédiatement après lui, s’appelle haute union, et elle est de deux sortes ; tandis que son union avec la femme la plus éloignée de lui pour les dimensions s’appelle très haute union, et n’est que d’une sorte.
Par contre, lorsque la femme surpasse l’homme en dimensions, son union avec l’homme qui vient immédiatement après elle s’appelle Basse union, et elle est de deux sortes ; tandis que son union avec l’homme le plus éloigné d’elle s’appelle très basse union, et n’est que d’une sorte.
En d’autres termes, le cheval et la jument, le taureau et la biche, forment la haute union, tandis que le cheval et la biche forment la très haute union. Du côté des femmes, l’éléphant et le taureau, la jument et le lièvre, forment la basse union, tandis que l’éléphant et le lièvre forment la très basse union.
Il y a donc neuf sortes d’unions suivant les dimensions. De ces unions, les égales sont les meilleures ; celles d’un degré superlatif, c’est-à-dire les très hautes et les très basses, sont les pires ; les autres sont de moyenne qualité, et parmi celles-ci les hautes sont meilleures que les basses.
b) Sortes d’unions selon la force du désir
Il y a aussi neuf sortes d’unions suivant la force de la passion ou désir charnel, savoir :
Hommes Petite Moyenne Intense
Femmes Petite Moyenne Intense
Hommes Petite Petite Moyenne Moyenne Intense Intense
Femmes Moyenne Intense Petite Intense Petite Moyenne
On dit de quelqu’un que c’est un homme de petite passion lorsque son désir au moment sexuel n’est pas vif, que son sperme est peu abondant, et qu’il ne peut supporter les chaudes étreintes de la femme.
Ceux qui ont un meilleur tempérament sont appelés hommes de passion moyenne ; et ceux qui sont pleins de désir, hommes de passion intense.
De même, les femmes sont supposées avoir les trois degrés de passion, comme il est spécifié plus haut.
c) Sortes d’unions selon la durée du rapport…
Enfin, suivant le temps employé, il y a trois catégories d’hommes et de femmes, savoir : ceux ou celles qui emploient peu de temps, ceux ou celles qui emploient un temps modéré, et ceux ou celles qui emploient un long temps ; et de là résultent, comme dans les combinaisons précédentes, neuf sortes d’unions.
Mais, sur ce dernier point, les opinions diffèrent au sujet de la femme, et il faut le constater.
Uddalaka dit : « Les femmes n’émettent pas comme les hommes. 22; Les hommes assouvissent simplement leur désir, tandis que les femmes, dans leur conscience du prurit, ressentent une certaine sorte de plaisir qui leur est agréable, mais il leur est impossible de vous dire quelle sorte de plaisir elles ressentent. Un fait qui rend ceci évident, c’est que, dans le coït, les hommes s’arrêtent d’eux mêmes après les hautes unions qui sont réputées meilleures que les basses, car, dans les premières, il est aisé à l’homme de satisfaire sa passion sans faire de mal à la femme, tandis que, dans les secondes, il est difficile que la femme soit entièrement satisfaite.
L’émission, et sont satisfaits, mais qu’il n’en est pas ainsi pour les femmes. » Cette opinion, toutefois, se heurte à une objection : c’est que si l’homme fait durer l’acte longtemps, la femme l’aime davantage, et que s’il le fait trop vite, elle est mécontente de lui. Et cette circonstance, disent quelques-uns, prouverait que la femme émet aussi.
Mais cette opinion n’est pas fondée ; car s’il faut un long temps pour calmer le désir d’une femme, et que durant ce temps elle ressente un grand plaisir, il est tout à fait naturel qu’elle souhaite de le voir durer. Et là-dessus il y a un verset dont voici le texte :
« Par l’union avec les hommes, la lubricité, le désir ou la passion des femmes sont satisfaits, et le plaisir qu’elles en ressentent est appelé leur satisfaction. » Les disciples de Babhravya, d’un autre côté, disent Que le sperme des femmes continue à tomber du commencement à la fin de l’union sexuelle ; et cela doit être, car si elles n’avaient pas de sperme, il n’y aurait pas d’embryon. Ici encore on objecte : Au début du coït la passion de la femme est moyenne et elle a peine à soutenir les vigoureuses poussées de son amant ; mais par degrés sa passion s’accroît jusqu’à ce qu’elle n’ait plus conscience de son corps, et alors enfin elle éprouve le désir de cesser le coït.
Cette objection, toutefois, est sans valeur ; car même dans les choses ordinaires qui se meuvent avec une grande force, comme une roue de potier, ou une toupie, la motion, pour commencer, est lente, mais par degrés devient très rapide. De même, la passion d’une femme s’étant graduellement accrue, elle éprouve le désir de cesser le coït quand tout son sperme est écoulé. Et il y a là-dessus un verset dont voici le texte :
« L’émission du sperme de l’homme a lieu seulement à la fin du coït, tandis que le sperme de la femme s’écoule d’une manière continue ; et quand le sperme de l’un et de l’autre est tout entier écoulé, alors ils éprouvent le désir de cesser le coït. » Enfin, Vatsyayana est d’avis que le sperme de la femme s’écoule de la même façon que celui de l’homme.
Maintenant, quelqu’un pourra demander ici : Si l’homme et la femme sont des êtres de même espèce et concourent tous deux au même résultat, pourquoi ont-ils chacun des fonctions différentes à remplir ?
Vatsyayana répond qu’il en est ainsi parce que les manières d’opérer, aussi bien que la conscience du plaisir, sont différentes chez l’homme et chez la femme. La différence dans les manières d’opérer, l’homme étant agent et la femme patiente, est due à la nature du mâle et de la femelle : autrement l’agent pourrait être quelquefois le patient, et vice versa. Et de cette différence dans les manières d’opérer suit une différence dans la conscience du plaisir, car l’homme pense :
« Cette femme m’est unie », et la femme pense : « Je suis unie à cet homme. »
On peut observer : Si les manières d’opérer sont différentes chez l’homme et chez la femme, pourquoi n’y aurait-il pas une différence dans le plaisir même qu’ils ressentent et qui est le résultat de ces manières d’opérer ?
Mais cette objection est sans fondement : car l’agent et le patient étant des personnes de différente sorte, il y a là une raison pour qu’ils opèrent de différentes manières ; mais il n’y a pas de raison pour qu’il y ait une différence quelconque dans le plaisir qu’ils ressentent, parce que ce Plaisir dérive naturellement pour tous deux de l’acte qu’ils accomplissent.
Là. dessus encore, quelques uns pourront dire : Lorsque différentes personnes sont occupées au même ouvrage, nous voyons qu’elles concourent au même but ou objet ; tandis qu’au contraire, dans l’union de l’homme et de la femme, chacun deux poursuit son but séparément, ce qui est illogique. Mais l’observation n’est pas juste ; car nous voyons quelquefois deux choses faites en même temps, comme dans le combat de béliers, où les deux béliers reçoivent, chacun en même temps, le choc sur leur tête. De même, lorsqu’on lance l’une contre l’autre deux boules à jouer, ou encore dans un combat ou lutte d’athlètes. Si l’on observe que, dans ce cas, les éléments employés sont de même sorte, on répondra que, dans le cas de l’homme et de la femme, la nature des deux personnes est aussi la même. Et comme la différence dans leur manière d’opérer provient seulement de leur différence de conformation, il s’ensuit que les hommes éprouvent la même sorte de plaisir que les femmes.
Il y a aussi là-dessus un verset dont voici le texte : « Les hommes et les femmes étant de même nature, trouvent la même sorte de plaisir ; et conséquemment un homme doit épouser une femme qui puisse l’aimer toujours dans la suite. » Étant prouvé que le plaisir des hommes et des femmes est de même sorte, il s’ensuit que, par rapport au temps, il y a neuf sortes de commerce sexuel, de même qu’il y en a neuf sortes par rapport à la force de la passion.
Et comme il existe ainsi neuf sortes d’unions par rapport aux dimensions, à la force de la passion et au temps, la combinaison de toutes ces sortes en produirait d’innombrables. conséquemment, dans chaque sorte particulière d’union sexuelle, les hommes doivent employer tels moyens qu’ils jugeront convenables pour l’occasion.
La première fois qu’a lieu l’union sexuelle, la Passion de l’homme est intense, et le temps qu’il y met, court ; mais dans les unions subséquentes de la même journée, c’est le contraire qui arrive. Il en est tout autrement de la femme, car, à la première fois, sa passion est faible, et le temps qu’elle y met, long ; mais aux reprises subséquentes de la même journée, sa passion est intense et le temps court, jusqu’à ce qu’elle soit pleinement satisfaite.
Le Kama Soutra de Vâtsyâyana
Chapitre 03 – De l’embrassement.
L’embrassement, qui indique l’amour mutuel de l’homme et de la femme réunis, est de quatre sortes,
L’action, dans chaque cas, est déterminée par le sens du mot qui la désigne, à savoir :
Touchant.
Lorsqu’un homme, sous un prétexte ou sous un autre, va au-devant ou à côté d’une femme et touche son corps avec le sien, c’est l’embrassement touchant.
Perçant.
Lorsqu’une femme, dans un endroit solitaire, se penche comme pour ramasser quelque chose, et perce, pour ainsi dire, un homme assis ou debout, avec ses seins, dont l’homme s’empare aussitôt, c’est l’embrassement perçant.
Les deux sortes d’embrassements ci.dessus n’ont lieu qu’entre personnes qui ne se parlent pas encore librement.
Frottant.
Lorsque deux amants se promènent lentement ensemble, dans l’obscurité, dans un lieu fréquenté ou dans un endroit solitaire, et se frottent le corps l’un contre l’autre, c’est l’embrassement frottant.
Pressant.
Lorsque, en pareille occasion, l’un d’eux presse le corps de l’autre avec force contre un mur ou un pilier, c’est l’embrassement pressant.
Ces deux derniers embrassements sont particuliers à ceux qui savent leurs intentions réciproques.
Au moment de la rencontre, quatre sortes d’embrassements sont usités, savoir :
Jataveshtitaka, ou l’enlacement du reptile.
Lorsqu’une femme, se cramponnant à un homme comme un reptile s’enlace à un arbre, attire sa tête vers la sienne dans l’intention de le baiser, et, faisant entendre un léger son de soûtt soûtt, l’embrasse et le regarde avec amour, cet embrassement s’appelle l’enlacement du reptile.
Vrikshadhirudhaka, ou le grimpement à l’arbre.
Lorsqu’une femme, ayant placé un pied sur le Pied de son amant, et l’autre sur une de ses cuisses, passe un de ses bras sur ses reins et l’autre sur ses épaules, chantonne à mi-voix comme si elle roucoulait, et veut, en quelque sorte, grimper sur lui pour avoir un baiser, cet embrassement s’appelle le grimpement à l’arbre.
Ces deux sortes d’embrassements ont lieu lorsque l’amant est debout.
Tila.Tandulaka, ou le mélange de graines de sésame et de riz.
Lorsque les amants sont couchés dans un lit, et s’embrassent si étroitement que les bras et les cuisses de l’un sont enlacés par les bras et les cuisses de l’autre, dans une sorte de frottement réciproque, cet embrassement s’appelle le mélange de graines de sésame et de riz.
Kshiraniraka, ou l’embrassement lait et eau.
Lorsqu’un homme et une femme s’aiment violemment, et, sans s’inquiéter de se faire mal, s’embrassent comme s’ils voulaient pénétrer dans le corps l’un de l’autre, que la femme soit assise sur les genoux de l’homme, ou devant lui, ou sur un lit, cet embrassement s’appelle le mélange de lait et d’eau.
Ces deux sortes d’embrassements ont lieu au moment de l’union sexuelle.
Telles sont les huit sortes d’embrassements que nous a relatées Babhravya.
Suvamanabha nous donne, en outre, quatre manières d’embrasser de simples membres du corps, qui sont :
L’embrassement des cuisses.
Lorsque l’un des deux amants Presse avec force une des cuisses de l’autre, ou toutes les deux, contre la sienne ou les siennes propres, cela s’appelle l’embrassement des cuisses.
L’embrassement du jaghana, c’est-à-dire de la partie du corps entre le nombril et les cuisses.
Lorsque l’homme presse le jaghana ou partie médiane du corps de la femme contre le sien, et monte sur elle soit pour l’égratigner avec les ongles ou les doigts, soit pour la mordre, ou la frapper, ou la baiser, la chevelure de la femme étant dénouée et flottante, cela s’appelle l’embrassement du jaghana.
L’embrassement des seins.
Lorsqu’un homme applique sa poitrine contre les seins d’une femme et l’en presse, cela s’appelle l’embrassement des seins.
L’embrassement du front.
Lorsqu’un des amants applique sa bouche, ses yeux et son front sur la bouche, les yeux et le front de l’autre, cela s’appelle l’embrassement du front.
Suivant quelques-uns, le massage aussi est une sorte d’embrassement, parce qu’il implique un contact de deux corps. Mais Vatsyayana pense que le massage a lieu à un autre moment et dans un but différent, et comme, de plus, il est d’un autre caractère, on ne peut pas dire qu’il soit compris dans les embrassements.
Il y a aussi, là-dessus, quelques versets dont voici le texte :
« Le sujet tout entier de l’embrassement est de telle nature, que les hommes qui s’en enquièrent, ou qui en entendent parler, ou qui en parlent, éprouvent par cela seul un désir de jouissance. Certains embrassements non mentionnés dans les Kama Shastra doivent être néanmoins pratiqués au moment de la jouissance sexuelle, s’ils peuvent de façon ou d’autre Procurer un accroissement d’amour. Les règles des Shastra sont applicables aussi longtemps que la passion de l’homme est moyenne ; mais une fois la roue d’amour mise en motion, il n’y a plus ni Shastra ni règles. »
Le Kama Soutra de Vâtsyâyana
Chapitre 4 : – Du baiser
Quelques-uns prétendent qu’il n’y a pas d’ordre ni de temps fixé pour l’embrassement, le baiser, et la pression ou égratignure avec les ongles ou les doigts, mais que toutes ces choses doivent avoir lieu généralement avant l’union sexuelle : tandis que les coups et l’émission de différents sons ACCOMPAGNENT généralement cette union. Vatsyayana, quant à lui, pense que tout est bon à un moment quelconque, l’amour n’ayant souci ni d’ordre ni de temps.
À l’occasion du premier congrès, il faut user modérément du baiser et des autres pratiques , ne pas les continuer longtemps, et les alterner. Mais, aux reprises suivantes, c’est le contraire qui est de saison, et la modération n’est plus nécessaire ; on peut les continuer longtemps et, afin d’attiser l’amour, les exercer toutes à la fois.
Le baiser portera sur les Parties suivantes : le front, les yeux, les joues, la gorge, la poitrine, les seins, les lèvres et l’intérieur de la bouche. Les gens du pays de Lat baisent aussi les endroits suivants : les jointures des cuisses, les bras et le nombril. Mais Vatsyayana est d’avis que, si ces gens pratiquent ainsi le baiser par excès d’amour et conformément aux coutumes de leur province, il n’est pas convenable de tous les imiter.
Maintenant, lorsqu’il s’agit d’une jeune fille, trois sortes de baisers sont en usage, savoir :
Le baiser nominal.
Lorsqu’une fille touche seulement la bouche de son amant avec la sienne, mais sans rien faire elle même, cela s’appelle le baiser nominal.
Le baiser palpitant.
Lorsqu’une fille, mettant un peu de côté sa pudeur, veut toucher sa lèvre qui presse sa bouche et, dans ce but, fait mouvoir sa lèvre inférieure, mais non la supérieure, cela s’appelle le baiser palpitant.
Le baiser touchant.
Lorsqu’une fille touche la lèvre de son amant avec sa langue, et fermant les yeux, met ses mains dans celles de son amant, cela s’appelle le baiser touchant.
D’autres auteurs décrivent quatre sortes de baisers, savoir :
Le baiser droit.
Lorsque les lèvres de deux amants sont directement mises en contact les unes avec les autres, cela s’appelle un baiser droit.
Le baiser penché.
Lorsque les têtes de deux amants sont penchées l’une l’autre et que, dans cette position, ils se donnent un baiser, cela s’appelle un baiser penché.
Le baiser tourné.
Lorsque l’un d’eux fait tourner le visage de l’autre en lui tenant la tête et le menton, et lui donne alors un baiser, cela s’appelle baiser tourné.
Le baiser pressé.
Enfin, lorsque la lèvre inférieure est pressée avec force, cela s’appelle un baiser pressé.
Il y a aussi une cinquième sorte de baiser, qu’on appelle le grandement pressé. On le pratique en tenant la lèvre inférieure à deux doigts, puis, après l’avoir touchée avec la langue, on la serre très fort avec la lèvre.
En matière de baiser, on peut jouer à qui s’emparera des lèvres de l’autre. Si la femme perd, elle fera mine de s'écarter de son amant en battant des mains, lui tournera le dos et cherchera querelle en disant : « Donne-moi la revanche. » Si elle perd une seconde fois, elle paraîtra doublement affligée ; et quand l'amant sera distrait ou endormi, elle s’emparera de sa lèvre et la tiendra entre ses dents, de façon qu’elle ne puisse s'échaper puis elle éclatera de rire, fera grand bruit, se moquera de lui, tout autour, et dira ce qui lui passera par la tête, en remuant sourcils et en roulant les yeux. Tels sont, les jeux et les querelles qui accompagnent le baiser, mais on peut les associer aussi à la griffure ou égratignure avec les ongles et les doigts, à la morsure et à la dévo ration. Toutefois, ces pratiques ne sont familières qu’aux hommes et aux femmes de passion intense.
Lorsqu’un homme baise la lèvre supérieure d’une femme, et celle-ci, en retour, baise la lèvre inférieure de son amant, cela est le baiser de la lèvre supérieure.
Lorsque l’un d’eux prend entre ses lèvres les deux lèvres de l'autre, cela s’appelle un baiser cernant. Mais cette sorte de baiser n’est pratiquée par une femme que sur un homme sans moustaches. Et si, de ce baiser, l’un des amants touche avec sa langue les dents, et le palais de l’autre, cela s’appelle le combat de la langue.
Le baiser est de trois sortes, savoir : modéré, contracté, et doux, suivant les différentes parties du corps, et différentes sortes de baisers sont ainsi appropriées.
Lorsqu’une femme regarde le visage de son amant pendant sommeil, et le baise, pour montrer son intention ou désir, cela s’appelle un baiser qui attise l’amour.
Lorsqu’une femme baise son amant pendant qu’il est en affaires, ou qu’il la querelle, ou qu’il regarde quelque autre chose de façon à distraire son esprit, cela s’appelle un baiser qui distrait.
Lorsqu’un amant, rentré tard la nuit, baise sa maîtresse endormie sur son lit afin de lui montrer son désir, cela s’appelle un baiser qui éveille. En pareille occasion, la femme peut faire semblant de dormir à l’arrivée de son amant, de sorte qu’elle puisse connaître son intention et obtenir son respect.
Lorsqu’une personne baise l’image de la personne aimée, réfléchie dans un miroir, dans l’eau, ou sur un mur, cela s’appelle un baiser qui montre l’intention.
Lorsqu’une personne baise un enfant assis sur ses genoux, ou une peinture, ou une image, ou une figure, en présence de la personne aimée, cela s’appelle un baiser transféré.
Lorsque la nuit, au théâtre, ou dans une réunion de caste, un homme allant au-devant d’une femme baise un doigt de sa main si elle est debout, ou un orteil de son pied si elle est assise ; ou lorsqu’une femme, en massant le corps de son amant, met son visage sur sa cuisse, comme si elle voulait dormir, de manière à enflammer sa passion, et baise sa cuisse ou son gros orteil, cela s’appelle un baiser démonstratif.
Il y a aussi, sur ce sujet, un verset dont voici le texte :
« Toute chose, quelle qu’elle soit, que l’un des amants fait à l’autre, celui-ci doit la lui rendre ; c’est-à-dire, si la femme baise l’homme, l’homme doit la baiser en retour ; si elle le frappe, il doit de même la frapper en retour. »
Le Kama Soutra de Vâtsyâyana
Chapitre 5 : – de l'égratignure
De la pression, ou marque, ou égratignure avec les ongles.
Lorsque l’amour devient intense, c’est l'occasion de pratiquer la pression ou l’égratignure du corps avec les ongles. Cette pratique a lieu dans les occasions suivantes : lors de la première visite ; au moment de partir pour un voyage ; au retour d’un voyage ; au moment de la réconciliation avec un amant irrité ; et enfin, lorsque la femme est ivre., Mais la pression avec les ongles n’est familière qu’aux amants à passion intense. Ceux qui s’y plaisent associent cette pratique à la morsure.
La pression avec les ongles est de huit sortes, suivant la forme des marques qui en résultent, savoir :
1. Sonore.
Lorsqu’une personne presse le menton, les seins, la lèvre inférieure ou le jaghana d’une autre, si doucement qu’il n’en reste aucune marque ou égratignure, et que le poil seul se dresse sur le corps au contact des ongles, qui eux-mêmes rendent un son, cela s’appelle une pression sonore avec les ongles.
Cette pression est usitée à l’égard d’une jeune fille, lorsque son amant la masse, lui gratte la tête, et veut la troubler ou l’effrayer.
2. Demi-lune.
La marque courbe avec les ongles, qui est imprimée sur le cou et les seins, s’appelle la demi-lune.
3. Cercle.
Lorsque les demi-lunes sont imprimées l’une contre l’autre, cela s’appelle un cercle. Cette marque avec les ongles se fait généralement sur le nombril, sur les petites cavités à l’entour des fesses, et sur les jointures des cuisses.
4. Ligne.
Une marque en forme de petite ligne, qu’on peut faire sur n’importe quelle Partie du corps, s’appelle une ligne.
5. Griffe de tigre.
La même ligne, si elle est courbe, et tracée sur la poitrine, s’appelle une griffe de tigre.
6. Patte de paon.
Lorsqu’on trace une ligne courbe sur la poitrine au moyen des cinq ongles, cela s’appelle une patte de paon. On fait cette marque dans le but d’en tirer honneur, car il faut beaucoup d’adresse pour l’exécuter proprement.
7. Saut de lièvre.
Lorsque cinq marques avec les ongles sont faites l’une près de l’autre aux environs de la mamelle, cela s’appelle le saut du lièvre.
8. Feuille de lotus bleu.
Une marque faite sur la poitrine ou sur les hanches en forme de feuille de lotus bleu s’appelle la feuille de lotus bleu.
Lorsqu’une personne, au moment de partir en voyage, fait une marque sur les cuisses ou sur la poitrine, cela s’appelle un signe de souvenir. Il est d’usage, en pareille occasion, d’imprimer trois ou quatre lignes l’une près de l’autre avec les ongles.
Les endroits sur lesquels doit porter cette pression avec les ongles sont : le creux de l’aisselle, la gorge, les seins, les lèvres, le jafhana ou partie médiane du corps, et les cuisses. Mais Suvamanabla est d’avis que, si l’impétuosité de la passion est excessive, il n’y a pas à se préoccuper de l’endroit.
Les qualités requises pour de bons ongles, c’est qu’ils soient brillants, bien plantés, propres, entiers, convexes, doux et polis. Les ongles sont de trois sortes, suivant leur grandeur, savoir :
– Petits.
– Moyens.
– Grands.
Les grands ongles, qui donnent de la grâce aux mains et attirent, par leur apparence, le cœur des femmes, sont possédés par les Bengalis.
Les petits ongles, dont on peut se servir de diverses manières, mais seulement pour donner du plaisir, sont possédés par les gens des districts méridionaux.
Les ongles moyens, qui ont les propriétés des deux autres sortes, appartiennent au peuple de Maharashtra.
Ici finit la marque avec les ongles. On peut encore, par leur moyen, faire d’autres marques que celles ci-dessus décrites ; car, suivant l’observation des anciens auteurs, autant sont innombrables les degrés d’adresse parmi les hommes, Qui tous connaissent la pratique de cet art, autant sont innombrables les manières de faire ces marques. Et comme la pression ou la marque avec les ongles dépendent de l’amour, Personne ne peut dire avec certitude combien de sortes différentes il existe réellement. La raison de ceci, pour Vatsyayana, c’est que, si la variété est nécessaire en amour, l’amour doit être produit par la variété des moyens. Voilà pourquoi les courtisanes, qui sont bien au fait des diversités de voies et moyens, sont si désirables ; Car cette variété que l’on recherche dans tous les arts et amusements, tels que le tir à l’arc et autres exercices, à combien plus forte raison doit-on la rechercher en matière d’amour ?
Les marques d’ongles ne doivent pas être faites sur des femmes mariées ; mais on peut imprimer, sur leurs parties secrètes, des sortes particulières de marques, pour remémorer ou accroître l’amour.
Il y a aussi, sur ce sujet, quelques versets dont voici le texte :
« L’amour d’une femme qui voit des marques d’ongles sur les parties secrètes de son corps, même si elles sont anciennes et Presque effacées, se ravive et se renouvelle. S’il n’y a pas de marques longues pour rappeler à une personne le passage de l’amour, alors l’amour diminue comme il arrive lorsqu’on laisse passer un long temps sans qu’il y ait d’union. » Lorsqu’un étranger aperçoit, même de loin, une jeune femme avec des marques d’ongles sur les seins, il est saisi pour elle d’amour et de respect. (Il paraîtrait, que dans les temps anciens, les femmes avaient les seins découverts ; c’est ce qu’on voit dans les peintures de l’Ajunta et autres caveaux, où les seins des grandes dames et des princesses de sang royal sont représentés à nu. )
Pareillement, un homme qui porte des marques d’ongles ou de dents sur certaines Parties de son corps, influence l’esprit d’une femme, si ferme qu’il soit d’ailleurs. Bref, rien n’est puissant pour accroître l’amour comme les marques d’ongles ou de morsures.
Le Kama Soutra de Vâtsyâyana
Chapitre 06 : – De la morsure,
et des moyens à employer à l’égard des femmes de différents pays.
Tous les endroits du corps qui peuvent être baisés sont aussi les endroits qui peuvent être mordus, sauf la lèvre supérieure, l’intérieur de la bouche et les yeux.
Les qualités requises pour de bonnes dents, c’est qu’elles soient égales, d’un brillant agréable à l’œil, susceptibles d’être coloriées, de proportions convenables, intactes, et que l’extrémité en soit fine.
Par contre, sont défectueuses : les dents ébréchées, déchaussées, rudes, molles, grandes, ou mal plantées.
Les différentes sortes de morsures sont comme suit :
La morsure cachée.
La morsure qui ne se révèle que par l’excessive rougeur de la peau mordue s’appelle la morsure cachée.
La morsure enflée.
Lorsque la peau est déprimée des deux côtés, cela s’appelle la morsure enflée.
Le Point.
Lorsqu’une petite portion de la peau est mordue avec deux dents seulement, cela s’appelle le Point.
La ligne de Points.
Lorsque de petites portions de la peau sont mordues avec toutes les dents, cela s’appelle la ligne de points.
Le corail et le joyau.
La morsure qui` est faite avec les dents et les lèvres réunies s’appelle le corail et le joyau. La lèvre est le corail, et les dents le joyau.
La ligne de joyaux.
Lorsque la morsure est faite avec toutes les dents, cela s’appelle la ligne de joyaux.
Le nuage brisé.
La morsure dont les marques en forme de cercle sont inégales, ce Qui provient de l’espacement des dents, s’appelle le nuage irisé. On l’imprime sur les seins.
La morsure du sanglier.
La morsure qui consiste en plusieurs larges rangées de marques, l’une près de l’autre, et avec des intervalles rouges, s’appelle la morsure du sanglier. On l’imprime sur les seins et sur les épaules. Ces deux derniers modes de morsure sont particuliers aux personnes de passion intense.
C’est sur la lèvre inférieure que se font la morsure cachée, la morsure enflée et le point ; la morsure enflée se fait encore sur la joue, ainsi que le corail et le joyau. Le baiser, la pression avec les ongles et la morsure sont les ornements de la joue gauche ; et quand il est question de joue, c’est la joue gauche qu’il faut entendre.
La ligne de points et la ligne de joyaux doivent toutes deux être imprimées sur la gorge, l’aisselle et les jointures des cuisses ; mais la ligne de points seule doit être imprimée sur le front et les cuisses.
Si l’on marque avec les ongles, ou si l’on mord les objets suivants, savoir : un ornement du front, un ornement d’oreille, un bouquet de fleurs, une feuille de bétel ou une feuille de tamala, qui sont portés par une femme aimée ou lui appartiennent, cela signifie désir de jouissance.
Ici finissent les différentes sortes de morsures.
Il y a aussi, sur ce sujet, quelques versets dont voici le texte :
« Quand un homme mord violemment une femme, elle doit le lui rendre furieusement avec deux fois autant de force. Ainsi, pour un point elle rendra une ligne de points, et Pour une ligne de Points un nuage basé ; et si elle est très surexcitée, elle entamera immédiatement une querelle d’amour. En même temps elle saisira son amant par les cheveux, lui fera courber la tête, baisera sa lèvre inférieure, et alors, enragée d’amour, fermant les yeux, elle le mordra en divers endroits.
Même le jour et dans un lieu fréquenté, si son amant lui montre quelque marque qu’elle peut avoir imprimée sur son corps, elle sourira à cette vue, et, tournant son visage comme si elle allait l’invectiver, elle lui montrera d’un air irrité, sur son propre corps, les marques que lui-même a pu y faire. Ainsi donc, si hommes et femmes agissent au gré les uns des autres, leur amour mutuel ne subira aucune diminution, fût-ce pendant un siècle. »
Le Kama Soutra de Vâtsyâyana
Chapitre 07 – Le Congrès
Des différentes manières de se coucher, et des diverses sortes de congrès.
Dans le cas d’un haut congrès, la femme (Biche) devra se coucher de façon à élargir son yoni ; tandis que, dans un bas congrès, la femme (Éléphant) se couchera de manière à contracter le sien. Mais, dans un congrès égal, elles se coucheront dans la position naturelle. Ce qui vient d’être dit des femmes biche et éléphant s’applique aussi à la femme (Jument). Dans un bas congrès, les femmes feront particulièrement usage de drogues, pour que leurs désirs soient promptement satisfaits.
Il y a pour la femme-biche, trois manières de se coucher, savoir :
La position largement ouverte.
Lorsqu’elle baisse la tête et lève la partie médiane de son corps, cela s’appelle la position largement ouverte. À ce moment, l’homme doit appliquer Quelque onguent pour rendre l’entrée plus facile.
La position béante.
Lorsqu’elle lève ses cuisses et les tient toutes grandes écartées, puis engage le congrès, cela s’appelle la position béante.
La position de la femme d’Indra.
Lorsqu’elle ramène ses cuisses, avec ses jambes repliées dessus, sur ses côtés, et dans cette posture engage le congrès, cela s’appelle la position d’Indrani ; la pratique seule peut l’apprendre. Cette position convient aussi dans le cas d’un très haut congrès.
La position serrante est usitée dans le bas congrès et dans le très bas congrès, concurremment avec la position pressante, la position liante et la position de la jument.
Lorsque les jambes de l’homme et de la femme sont étendues droites l’une contre l’autre, cela s’appelle la position serrante. Elle est de deux sortes : la position de côté et la position de dos, suivant la manière dont ils sont couchés. Dans la position de côté, l’homme doit invariablement se coucher sur le côté gauche et faire coucher la femme sur le côté droit ; cette règle est à observer avec toutes sortes de femmes.
Lorsque, le congrès ayant commencé dans la position serrante, la femme presse son amant avec ses cuisses, cela s’appelle la position pressante.
Lorsqu’une femme place une de ses cuisses en travers de la cuisse de son amant, cela s’appelle la position liante.
Lorsque la femme retient de force le Lingam dans son yoni, cela s’appelle la position de la jument. La pratique peut seule l’apprendre ; elle est surtout connue chez les femmes du pays d’Andhra.
Telles sont les différentes manières de se coucher mentionnées par Babhravya. Toutefois il y en a d’autres qu’indique Suvamanabha, et que voici :
Lorsque la femme lève ses deux cuisses toutes droites, cela s’appelle la position levante.
Lorsqu’elle lève ses deux jambes et les place sur les épaules de son amant, cela s’appelle la position béante.
Lorsque les jambes sont contractées et maintenues ainsi par l’amant devant sa poitrine, cela s’appelle la position pressée.
Lorsqu’une des jambes seulement est étendue, cela s’appelle la position demi-pressée.
Lorsque la femme place une de ses jambes sur l’épaule de son amant et étend l’autre, puis met celle-ci à son tour sur l’épaule et étend la première, et ainsi de suite alternativement, cela s’appelle la fente du bambou.
Lorsqu’une des jambes est placée sur la tête et l’autre étendue, cela s’appelle la pose d’un clou. La pratique seule peut l’apprendre.
Lorsque les deux jambes de la femme sont contractées et placées sur son estomac, cela s’appelle la position du crabe.
Lorsque les cuisses sont élevées et placées l’une sur l’autre, cela s’appelle la position en paquet.
Lorsque les jambes sont placées l’une sur l’autre, cela s’appelle la position en forme de lotus.
Lorsqu’un homme, pendant le congrès, tourne en rond et jouit de la femme sans la quitter, la femme lui tenant toujours les reins embrassés, cela s’appelle la position tournante ; elle ne s’apprend que par la pratique.
Au dire de Suvarnanabha, ces différentes positions, couchée, assise et debout, doivent être pratiquées dans l’eau, parce qu’elles y sont plus faciles. Mais Vatsyayana est d’avis que le congrès dans l’eau n’est pas convenable, étant prohibé par la loi religieuse.
Lorsqu’un homme et une femme s’appuient sur le corps l’un de l’autre, ou sur un mur, ou sur un pilier, et se tenant ainsi debout engagent le congrès, cela s’appelle le congrès appuyé.
Lorsqu’un homme s’appuie contre un mur, et que la femme, assise sur les mains de l’homme réunies sous elle, passe ses bras autour de son cou et, collant ses cuisses le long de sa ceinture, se remue au moyen de ses pieds dont elle touche le mur contre lequel l’homme s’appuie, cela s’appelle le congrès suspendu.
Lorsqu’une femme se tient sur ses mains et ses pieds comme un quadrupède, et que son amant monte sur elle comme un taureau, cela s’appelle le congrès de la vache. À cette occasion, il y a lieu de faire sur le dos tout ce qui se fait ordinairement sur la poitrine.
On peut opérer de même le congrès du chien, le congrès de la chèvre, le congrès de la biche, le violent assaut de l’âne, le congrès du chat, le bond du tigre, la pression de l’éléphant, le frottement du sanglier et l’assaut du cheval. Et, dans tous les cas, on doit imiter les allures de chacun de ces différents animaux.
Lorsqu’un homme jouit en même temps que deux femmes, qui l’aiment également toutes deux, cela s’appelle le congrès uni.
Lorsqu’un homme jouit en même temps de plusieurs femmes, cela s’appelle le congrès du troupeau de vaches.
Les sortes de congrès suivantes, savoir : l’exercice dans l’eau, ou congrès d’un éléphant avec plusieurs éléphants femelles qu’on dit n’avoir lieu que dans l’eau, le congrès du troupeau de chèvres, le congrès du troupeau de biches, s’opèrent à l’imitation de ces animaux.
À Gramaneri, plusieurs jeunes gens jouissent d’une femme qui peut être mariée à l’un d’eux, soit l’un après l’autre, soit tous en même temps. Ainsi l’un la tient, l’autre en jouit, un troisième s’empare de sa bouche, un quatrième de son ventre ; et de cette façon ils jouissent alternativement de chacune de ses parties.
Même chose peut se faire quand plusieurs hommes se trouvent en compagnie d’une courtisane. Et les femmes du harem du Roi, de leur côté, peuvent en faire autant quand par hasard elles mettent la main sur un homme.
Les gens des contrées méridionales ont aussi un congrès dans l’anus, qui s’appelle le congrès inférieur.
Ainsi finissent les diverses sortes de congrès. Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte :
« Une personne ingénieuse doit multiplier les sortes de congrès, en imitant les différentes espèces de bêtes et d’oiseaux.