Répondre à : (O) AHIKAR – Le Tigre, le Singe et les Périophtalmes

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AhikarAhikar
Participant

    Fidèle auditeur des oeuvres proposées sur votre site, j'ai notamment adoré la lecture faite par René Depasse de la Batrachomyomachie que je prends toujours plaisir à réécouter. Sa voix fait merveille sur cette oeuvre. J'ai eu envie après tous ces plaisirs d'écoute de vous apporter une modeste contribution en vous proposant une fable:

    Le tigre, le singe et les périophtalmes

     

    L’intelligence peut vous sauver de bien des déboires,

    Mais assurément, je le concède, faut-il encore en avoir.

    Le singe n’en manque pas, nous l’allons voir.

     

    Un singe au regard malicieux

    Aperçut sur le sol

    Un fruit qu’il savait délicieux.

    Il ne crache sur l’obole

    Et court manger la figue.

    Un tigre l’attrape au col

    Et le tue sans fatigue.

    Mais le singe n’est pas mort,

    Il respire encore.

    Il regarde le ciel

    Et voit dans les branches

    Des poissons qui somnolent.

     Suis-je donc au paradis

    Pour qu’ici les poissons volent ?

    Le tigre n’est pas si bête

    Pour gober pareilles sornettes.

    Mais il lève quand même la tête

    Et voit les drôles de bêtes.

    Une seconde suffit au singe

    Pour fausser compagnie

    À l’animal qui rugit.

     Vous ne connaissiez donc pas les périophtalmes ?

    Demande le singe à l’animal.

    À marée basse, ils creusent dans la vase.

    À marée haute, ils sautent dans les branches.

    Voyez, mon bon ami, comme il sert d’être instruit,

    Cela peut même vous sauvez la vie.

    Rendons donc hommage, si vous voulez, à Dame Nature,

    D’avoir su créer pareille créature.

    Car si une chose est bien sûre,

    C’est que Dieu n’est pour rien dans cette affaire,

    Il n’a jamais voulu de poisson en l’air.

     Soit, répondit le tigre,

    Vous m’avez fait le coup du périophtalme,

    Il vous a peut-être déjà sauvé de bien des drames.

    Mais nous verrons bien la prochaine fois,

    Qui de l’intelligence ou de la force l’emportera.

    J’en ai mangé des plus malins, et je vous prédis moi,

    Que vous disserterez du fond de mes entrailles.

    Le singe voulut encore avoir le dernier mot :

     Vous faites l’éloge de la force,

    Montrez votre belle musculature ;

    Mais si de mon cerveau

    Vous pouviez admirer l’armature,

    Je suis sûr que vous conviendriez

    Que vos bigarrures à côté ne sont que pâles figures.

    Et quant à vos prédictions,

    Laissez-moi rire !

    Où serai-je demain à cette heure-ci ?

    En train de numéroter mes abattis.

    Méfiez-vous qu’en pareille situation

    Je ne vous perce encore le nombril.

    On rirait de vous et dirait :

    C’est de lui que Jonas le Singe est ressorti.

     

    A l’heure qu’il est, le singe est toujours en vie,

    Et de cette fable il rit encore.

    Cordialement,

    Ahikar


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