Répondre à : (O) MARTIN, Julien – Karak le haut-roi nain

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ssaulot
Participant

    Chapitre XVI : Parjure

         

              Edain est une ville touristique célèbre pour sa tarte aux poires et son célèbre phare, où à un contre cent, des édainestes résistèrent vaillamment à une horde d’orques qui voulaient envahir par la mer la ville. Des hommes courageux qui n’étaient pas des soldats, provoquèrent les orques en sachant pertinemment qu’ils signaient leur arrêt de mort, pour permettre aux militaires qui ne s’attendaient pas à une attaque par voie d’eau, de s’organiser, le délai de quelques dizaines de minutes, qu’ils ont octroyé aux autres défenseurs d’Edain, a permis de limiter considérablement les dégâts et les pertes humaines causés par les orques. Une plaque commémorative avec le nom des braves qui sont tombés pour Edain se trouve devant le phare. Ce n’est pas pour visiter que Karak est venu, mais pour déposer un ultimatum, soit le baron humain Albert paie la réparation qu’il demande, soit il lui déclare la guerre. Le motif de la colère de Karak, est que le grand-père d’Albert avait juré de punir l’ordure qui avait violé Bronté sa mère, mais quand il a découvert qu’un de ses fils André était le coupable, non seulement il n’a pas tenu parole, mais il a fait payer un innocent pour camoufler le crime d’André. Lorsque le haut-roi a découvert la supercherie il piqua une colère mémorable. Mais les différentes guerres qu’il mena, l’empêchèrent temporairement de se venger. 50 ans plus tard, Karak réclame comme compensation pour l’agression sexuelle de sa mère, la moitié de la fortune personnelle d’Albert. Karak  se moque qu’Albert n’ait rien à voir avec les crimes de son père et de son grand-père paternel, pour les nains comme Karak, si le coupable d’un crime évite un juste châtiment, la famille doit assumer le fardeau de la réparation du préjudice infligé par le criminel. Quand bien même elle soit totalement innocente, et en cas de refus de coopérer, elle doit être châtiée impitoyablement. Si Karak possède comme surnom rancune tenace, ce n’est pas pour rien.

     

              Bien que les nains possèdent l’avantage du nombre, soient bien pourvus en machines de siège,  qu’ils disposent d’armures et d’armes de meilleure qualité que celles des soldats édainestes, et qu’en outre Albert ne puisse pas compter sur des renforts, car le haut-roi Karak a habilement négocié, pour obtenir la neutralité des voisins du baron Albert dans le conflit qui l’oppose à lui, le baron a confiance. Car les remparts d’Edain sont très épais, renforcés par de puissantes runes anti-magie qui ont été fabriquées par des elfes, et les réserves de vivres de la cité sont assez importantes, pour que les édainestes puissent tenir sans se rationner plus de six mois. En plus les espions d’Albert lui ont appris que les nains avaient un ravitaillement, qui leur permettrait de tenir quelques semaines à peine. Le baron perdit vite son bel optimisme quand les murailles de la ville basse volèrent en éclat. Les troupes humaines opposèrent une résistance héroïque, mais furent vite contraintes d’effectuer une retraite vers les murailles de la ville haute, les nains furent les maîtres des quartiers de la ville basse en quelques heures, ils massacrèrent les hommes et les femmes qui n’avaient pas eu le temps de se réfugier. Alors que Karak allait donner l’ordre de marcher sur la ville haute, un émissaire porteur d’un drapeau blanc apparut. Il s’agissait d’Adrien le fils du baron Albert, il demanda une entrevue seul, avec le haut-roi nain, Karak accepta.

     

    Karak : Alors vous vous rendez ?

    Adrien : Exactement, si vous promettez d’épargner les civils et, les militaires qui se rendent, je vous promets la reddition de la garnison d’Edain.

    Karak : Le baron Albert est donc d’accord pour payer ?

    Adrien : Je suis le baron d’Edain, de par la mort de mon père.

    Karak : C’est bizarre, Albert n’a pas participé aux combats contre les nains, pourtant.

    Adrien : Mon père refusait l’idée d’une capitulation des édainestes, ce qui aurait conduit à la mort l’ensemble des habitants de la cité, alors pour sauver un grand nombre de personnes, et puisque je n’arrivais pas à faire entendre raison à mon père, je l’ai tué.

              Karak était embarrassé, il devait être reconnaissant à Adrien pour le fait qu’il ait ordonné la reddition des forces armées édainestes, cela sauvait la vie à des dizaines, peut-être des centaines de nains. Mais d’un autre côté il avait affaire à un parricide, un genre de personne qu’il considérait avec horreur. Karak avait rétabli la peine de mort pour les individus qui tuaient leur père ou leur mère. Puis Karak se dit que puisque la victime du crime était un humain et non un nain, le meurtre d’Albert ne le concernait pas.

    Karak : Si vous nous donnez la moitié des réserves d’or d’Edain, je garantis la vie sauve pour les édainestes survivants.

    Adrien : Vos conditions avant l’assaut contre Edain concernaient seulement la fortune de ma famille. Pourquoi ont-elles changé ?

    Karak : Ce n’est plus seulement ma famille, mais des centaines de familles naines qui subissent actuellement un grave préjudice à cause de l’entêtement d’Albert, il faut tenir compte des nains qui sont morts durant la prise de la ville basse.

    Adrien : Nous avons besoin de notre or, pour acheter de la nourriture pour tenir l’hiver, la moitié c’est trop, si je vous donne cette quantité d’or la ville subira à coup sûr la disette. Que diriez-vous d’un quart de l’or ?

    Karak : Mon armée est en position de force, elle peut prendre tout l’or si elle le souhaite.

    Adrien : Oui, mais de nombreux nains périront pour l’obtenir. Que pensez-vous d’un tiers ?

    Karak : Marché conclu.

    Adrien : Autrement qu’avez-vous utilisé pour détruire les murs des fortifications, et quel genre de carreaux employaient vos arbalétriers ? D’après les mages ce n’était pas magique, mais pourtant cela a causé des dégâts extraordinaires.

    Karak : Les savants nains ont mis au point un explosif cinq fois plus puissant que la nitroglycérine, l’aragoncérine. Comme la nitroglycérine, il suffit d’un choc léger pour le faire exploser, ce ne sont pas des sorciers qui l’ont découvert mais des chimistes.

     

    Chapitre XVII : Lépreux

     

              Les elfes possèdent la magie pour soigner la plupart de leurs malades, mais les nains de part leur haute résistance aux effets de la sorcellerie, ont besoin de la médecine non magique pour guérir. Bien sur l’urtipa pourrait rendre plus efficace la magie médicinale sur les nains, mais leurs relations avec les gobelins, sont trop mauvaises pour qu’ils acceptent de livrer aux nains, le secret de cette potion qui rend plus sensible à la magie celui qui la boit. Quant aux haut-mages s’ils ont la capacité de soigner efficacement les nains avec la sorcellerie, d’un autre côté leur nombre est loin d’être suffisant pour traiter l’ensemble des malades nains, et puis la plupart d’entre eux appliquent des tarifs dissuasifs, seuls les nains très riches peuvent les consulter. Malheureusement au niveau médical, les nains ne s’avèrent pas très avancés, de nombreux médecins considèrent la saignée comme un remède universel, malgré le fait que vider de son sang un malade est souvent néfaste. Les hôpitaux dans les royaumes nains où une hygiène stricte est respectée, s’avèrent rares. Beaucoup de nains, en particulier ceux qui vivent dans des hameaux isolés, ne connaissent pas l’existence des microbes. Les lépreux nains font partis des malades avec la réputation la plus sinistre, ils ne choisissent pas d’être contaminés, mais de nombreux nains considèrent les lépreux comme des personnes punies par les dieux pour des fautes graves. Karak rejetait les lépreux, jusqu’au jour où il apprit que sa sœur Sifna a été atteinte par la lèpre, depuis cette découverte tragique il veut mettre fin à la ségrégation dont souffrent les lépreux, et développer la recherche d’un remède efficace pour les nains contaminés par la lèpre. La tâche s’annonce rude, pour obtenir gain de cause Karak doit lutter contre l’influent mouvement des patriciens.

     

    Durzak : Le confinement des lépreux est nécessaire, certes la lèpre sèche n’est pas contagieuse, mais par contre les autres formes de cette maladie se répandent facilement. Par conséquent je ne vois pas de mal à isoler les lépreux.

    Karak : Je ne conteste pas l’idée de mettre en quarantaine un malade infectieux. Je déplore que des malades soient traités avec rudesse, juste parce qu’ils souffrent de la lèpre. Le simple fait de manger à sa faim dans une léproserie s’avère un privilège.

    Durzak : Les lépreux sont maudits par les dieux, c’est déjà beaucoup de tolérer leur existence. Si cela ne tenait qu’à moi, toute personne atteinte de la lèpre serait mise à mort. Cette déclaration produit des applaudissements dans les rangs des patriciens, et des huées de la part des plébéiens.

    Karak : Croire que les lépreux sont punis par les dieux, s’avère une superstition délirante. Cette maladie frappe aveuglément, aussi bien les justes que les méchants. Des nains très honorables comme le docteur Korgan qui n’hésitaient pas à mettre leur vie, en danger pour aider à sauver d’autres vies, ont été atteints par la lèpre.

    Durzak : Est-ce l’intérêt des malades qui vous motive, ou le fait d’améliorer les conditions de vie de votre sœur lépreuse ?

    Karak : La maladie de ma sœur me touche personnellement, mais ne me fait pas oublier l’intérêt des malades, car la réforme que je propose améliorera la vie de milliers de patients.

    Durzak : Pouvez-vous promettre que l’augmentation massive des fonds alloués aux lépreux, ne va pas gêner les victimes d’autres maladies ?

    Karak : La hausse des fonds pour les lépreux, provient d’une utilisation plus rationnelle des deniers publics, notamment de la volonté d’arrêter de subventionner le programme sur l’obésité du nain Woller. Certes il arrive parfois que des personnes soient obèses à cause de leur métabolisme, mais la majorité des gros souffrent d’un fort embonpoint parce qu’ils mangent trop.

     

              La majorité des haut-conseillers validèrent le projet de Karak, ils furent 210 à voter pour et 190 contre. Le haut-roi s’attira la réprobation des patriciens, mais les plébéiens le perçurent plus favorablement. Pour obtenir l’aval de la majorité Karak a dû soudoyer des patriciens. Sa réforme consiste en un triplement des subventions publiques à l’égard des lépreux, l’ouverture de 100 léproseries, et la création de deux centres de recherche où les savants se dédient exclusivement à l’étude de la lèpre.

     

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