Répondre à : (O) MARTIN, Julien – Karak le haut-roi nain

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#154902
ssaulot
Participant

    Chapitre XVIII : conflits religieux

             

              Le Haut-Conseil débat sur la légalisation à l’ensemble des royaumes nains du culte de Linald, et Setha. Les linaldistes et les sethastes ont non seulement mauvaise réputation, mais ils s’avèrent persécutés, dans certains royaumes nains les adeptes de Linald doivent porter sur leurs vêtements une étoile rouge à six branches, et ceux de Setha un triangle vert. Setha est assimilé par certains à un dieu de la destruction. Karak défend le culte de Linald pour une autre raison que la défense de la liberté religieuse, si son point de vue triomphe, les dirigeants des guildes de voleurs des royaumes nains augmenteront son pourcentage, ce n’est plus 5% du butin volé qu’il obtiendra, mais 10%. S’associer à des voleurs n’est pas très moral, mais c’est un acte bien plus modéré que de s’appuyer sur des assassins. L’histoire du monde de Gerboisia fourmille d’exemples de souverains qui se sont attachés les services de spadassins. Les patriciens voient d’un mauvais œil que des nains n’adhèrent pas au culte des dieux ancestraux. Ils organisent de temps à autre une répression contre les nains qui ont des idées religieuses différentes d’eux, ils ont trois cibles prioritaires, les linaldistes, les sethastes et les jéhavistes. Le culte de Jéhavah connaît un succès croissant chez les nains, Jéhavah est le dieu préféré des elfes. Certains nains vénèrent Jéhavah en tant que dieu de la justice, de l'amour et de la nature.

     

    Rudrin : Laisser des nains adorer des faux dieux, est un moyen très sûr de s’attirer la malédiction des dieux ancestraux.

    Karak : Grim et Ti enseignent à respecter les croyances religieuses des autres, à ne pas oppresser ceux qui ont une foi différente.

    Ulfar : Linald est le dieu des voleurs, encourager son culte revient à soutenir les criminels, et Setha s’avère un dieu très apprécié des meurtriers, tolérer son adoration amènera une hausse inquiétante des crimes sanglants dans les royaumes nains.

    Karak : La majorité des adeptes de Linald le vénère comme un protecteur des faibles, et un redresseur de torts, et pas comme une divinité qui encourage le vol. Quant aux sethastes, à part une minorité très restreinte qui imagine que Setha est un dieu sanguinaire, la plupart de ses adeptes le considère comme un justicier, qui défend la cause des nomades et des voyageurs. Punir l’ensemble d’un groupe pour les agissements déplorables de quelques brebis galeuses, est une injustice.

    Ulfar : Les victimes d’Outreau n’ont pas été la cible de séthastes isolés, mais d’une organisation comportant des centaines d’adeptes sanguinaires. Et la part de linaldistes qui commet des vols est importante.

    Karak : Quelques exemples ne font pas une généralité. Oui des voleurs vénèrent Linald, mais quand bien même le culte de ce dieu serait interdit partout, cela ne ferait pas diminuer le nombre de vols. Les personnes cupides sont principalement motivées par la soif de gain, et non la ferveur religieuse. Oui il existe des centaines de sethastes qui complotent des plans abominables, mais d’un autre côté persécuter les sethastes modérés ne sert qu’à une chose, c’est augmenter le nombre de sethastes sanguinaires. Le meilleur moyen de faire échouer les plans des sethastes extrémistes, est d’encourager les sethastes modérés, plus ils seront aidés plus les sethastes fous auront de difficulté à recruter de nouveaux adeptes. Le harcèlement que mènent certains nains influents à l’égard des sethastes, renforce les effectifs des extrémistes, la haine engendre la haine.

    Rudrin : Utiliser la force contre les criminels que sont les linaldistes et les sethastes, a des conséquences heureuses, grâce à la fermeté du duc Yalgon, les redoutables adeptes de la secte des scorpions ont renoncé à leur faux dieu.

    Karak : Yalgon a réussi la performance de semer la peur et, surtout la colère dans le cœur de milliers de sethastes, et linaldistes, à cause de lui, une secte de fous a disparu, mais des dizaines d’autres se sont formées.

     

              Le Haut-Conseil nain, à 220 voix pour et 180 contre, valida les réformes religieuses de Karak. Ainsi toute persécution à l’encontre des linaldistes, des sethastes, et des jéhavistes fut interdite. Avant que Karak ne règne, le culte de Jéhavah était autorisé dans tous les royaumes nains, mais par moment ceux qui croyaient en lui, étaient harcelés par des nains fanatiques sans que la justice ne les sanctionne, sauf cas très exceptionnel. Des dizaines de temples en l’honneur de Setha et Linald furent construits. Quelques nobles refusèrent de se soumettre, mais de sévères rappels à l’ordre, et des sanctions exemplaires telles que la peine de mort, pour ceux qui blessaient volontairement un religieux linaldiste, jéhaviste, ou sethaste, poussèrent la plupart des nains qui voulaient jouer les hors-la-loi à se calmer.

     

    Chapitre XIX : Royauté

     

              Un héros nain du nom d’Ottar, grâce à l’exploit d’avoir à lui seul, réussi à tuer un géant qui menaçait la vie des habitants d’Alfarmir, un petit village, a été convoqué par Karak. Comme récompense pour le service qu’il a rendu au royaume de Broka, Ottar demanda au haut-roi, le droit de défendre une loi devant le Haut-Conseil qui mettra progressivement fin à la royauté dans les royaumes nains. Chaque fois qu’un souverain nain abdiquera ou mourra, une république sera établie. Karak médusé par les propos d’Ottar, lui dit qu’il risquait de se faire des ennemis très puissants, s’il osait argumenter en faveur de l’établissement de républiques devant les haut-conseillers. En représailles, ils pourraient demander à ce qu’Ottar soit jugé pour haute trahison. En outre les chances de se faire acquitter s’avéreraient extrêmement minces, la plupart des nains considèrent ceux des leurs qui portent l’étiquette de traître comme de la vermine, même lorsque les preuves manquent. Ottar répondit qu’il était prêt à courir le risque de se retrouver avec une réputation de personnage infâme, du moment qu’il pouvait faire avancer sa cause. Impressionné par la détermination du guerrier nain, Karak autorisa sa requête, et son projet fut débattu devant le Haut-Conseil. Il peut paraître étonnant qu’un monarque, permette à un antiroyaliste de défendre un programme d’abolition de la royauté. Mais il faut savoir qu’au moment où Ottar a fait sa proposition à Karak, le haut-roi était à moitié dépressif, il venait d’apprendre une nouvelle très déprimante, son fils Kamur venait d’être tué par des orques. Lorsqu’il apprit cela, le poids du pouvoir fut immense sur Karak, il songeait sérieusement à se retirer, le projet d’Ottar lui parut une excellente porte de sortie. Le haut-roi se remit vite de la mort de son enfant, et il pensa annuler l’organisation du débat qu’il avait autorisé dans un premier temps. Mais comme le monarque avait donné sa parole qu’il aurait lieu à un nain, le sens de l’honneur de Karak lui interdisait de briser son serment. En plus le débat sur l’instauration progressive de républiques, était un moyen de contrer les communistes, qui marquaient de plus en plus de points à Broka et d’autres royaumes nains. Karak confiant dans la supériorité de la royauté sur la république, et dans les résultats des sondages réalisés auprès des haut-conseillers, comptait transformer le débat organisé au sein du Haut-Conseil, sur le maintien ou la fin de la royauté en un plébiscite, qui déboucherait sur un vote triomphal renforçant sa légitimité de haut-roi. Karak sut par son enthousiasme et son éloquence convaincre ses proches inquiets, de ne pas annuler le débat souhaité par Ottar.

     

    Ottar : Une personne qui a un poste à vie est beaucoup plus susceptible de négliger ses devoirs, qu’un responsable politique qui est obligé de remettre en jeu son mandat lors d’élection.

    Karak : Les rois nains qui ne remplissent pas consciencieusement leurs devoirs, ne font pas long feu, le Haut-Conseil peut les destituer. Et puis les rois ont l’avantage de ne pas être soumis à la dictature des cadres des partis politiques, du fait de leur indépendance des partis, ils sont plus à même de privilégier l’intérêt général plutôt que l’intérêt d’amis politiques.

    Ottar : Les rois coûtent souvent cher à la collectivité, le faste dont ils s’entourent soit disant pour honorer la grandeur de la fonction, est source de dépenses onéreuses.

    Karak : Le président de la république Quirac a dépensé trois fois plus en 5 ans de mandat que le roi Homère en 100 ans de règne, et il a la réputation d’être le plus dépensier des rois nains actuels.

    Ottar : La royauté est une forme de régime archaïque, comparé à la république qui incarne la modernité.

    Karak : Tout ce qui est moderne n’est pas forcément bon, certaines républiques se caractérisent principalement par leur haut degré de corruption.

    Ottar : Une tyrannie est plus facile à installer dans une royauté que dans une république. Cette remarque déclenche des indignations. Certains demandent aux gardes d’arrêter Ottar, Karak s’y oppose.

     

    Karak : La république et l’arbitraire ne sont pas deux choses incompatibles, en Francie, des centaines de personnes sont restées deux, trois, voire cinq ans en prison, sans que des charges réelles pèsent contre elles, au nom de la sécurité nationale.

    Lee : N’avez-vous pas confiance dans les souverains nains actuels, doutez-vous de la probité de monarques tels que Karak ?

    Ottar : Les rois nains actuels sont dignes de confiance, mais ce ne sera pas forcément le cas de leurs successeurs, et une partie de leurs prédécesseurs étaient navrants. Certes les rois nains disposent d’une instruction élevée, mais l’instruction ne met pas à l’abri de la corruption des mœurs, l’orgueil démesuré et la cruauté. Dans une république un chef calamiteux reste moins longtemps au pouvoir, qu’un roi incompétent, s’il fait mal son travail, il sera chassé à la prochaine élection.

    Karak : La république n’est pas exempte de défauts, elle se caractérise par son instabilité, même en Francie, le pays de référence pour les républicains, le gouvernement est instable. Quelquefois les ministres restent moins d’un mois en place, cela empêche de mettre en place des réformes sur le long terme, et dote d’un comportement lèche-cul les membres du gouvernement. Pour éviter de se faire évincer, ils doivent à tout prix éviter de vexer les politiques influents du Parlement.

     

              Les membres du Haut-Conseil montrèrent leur désaccord vis-à-vis du projet d’Ottar avec 400 voix contre, et 0 pour, c’est la première fois dans l’histoire du Haut-Conseil que l’unanimité absolue se fait dans un vote. Quelques haut-conseillers voyaient d’un œil favorable l’établissement de républiques. Mais ils préférèrent se taire pour éviter de s’attirer les foudres des chefs des patriciens et, des plébéiens du Haut-Conseil, qui avaient exigé que le vote se fasse non anonymement comme c’était l’usage, mais à main levée. Il existe des haut-conseillers non patriciens ou plébéiens, qui sont républicains, mais ils expriment très rarement en public leur opinion. Si le haut-roi Karak tolère que des haut-conseillers, tentent d'appuyer la mise en place d'une république, ce n'est pas le cas des 12 pairs. Les pairs sont les nobles les plus importants des royaumes nains. Il n'y a que les rois nains qui les surpassent en influence, lorsqu'un événement empêche un roi nain de siéger au Haut-Conseil c'est un pair qui le remplace. Actuellement les chefs du mouvement patricien et plébéien sont les 12 pairs, ils sont nommés directement par Karak et les 10 autres rois nains. Karak peut nommer non un mais deux pairs pour le représenter. Les 12 pairs ont certains des pouvoirs politiques que possèdent les rois nains, notamment celui d'ordonner un procès pour le crime de haute trahison. Afin de ne pas être détestés, les 12 pairs usent généralement avec parcimonie de leurs privilèges spéciaux. Mais quand ils sont confrontés à des républicains revendicatifs, il arrive que certains des 12 pairs voient rouge, notamment Orpur Artois et Jimor Coblence. Orpur est surnommé le royaliste plus royaliste que les rois, et Jimor est partisan de l'usage des sorts de domination, sur les républicains, pour les contraindre à devenir royalistes. Les pairs ne servent pas toujours fidèlement les rois nains, il arrive même parfois qu'ils participent au renversement de leur souverain. Le fait d'avoir beaucoup de pouvoir et peu de comptes à rendre, facilite l'émancipation. Une fois qu'un pair est nommé il est impossible de le révoquer, sauf si un roi ou un haut-roi le déclare criminel, et que plus de la moitié des haut-conseillers le jugent coupable. Ottar fut condamné à la décapitation pour le crime de haute trahison, Karak commua sa peine en 200 ans d’emprisonnement. Les conseillers du haut-roi le jugèrent trop indulgent, il rétorqua que transformer en martyr, un antiroyaliste populaire c’était soutenir involontairement sa cause.

     

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