Répondre à : Comment ça se prononce ?

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PlumePlume
Participant

    Bonjour Ahikar,

    Je vois que Christine a été beaucoup plus rapide que moi à répondre. L'article de l'Académie française est très intéressant et très précis. Je me permets néanmoins de recopier ici la synthèse que j'ai faite à partir du livre Comment lire un texte à voix haute ? de Jean-Luc Vincent (Gallimard, 2006. Collection «en perspective»). Je pense que ça peut être complémentaire des préconisations de l'Académie.



    1er point à prendre en compte : l'unité phonologique

    Cette notion de linguistique désigne un groupe syntaxique. On distingue :

    le groupe nominal : le nom + ses déterminants + ses compléments
    ex. : [un homme], [cet homme], [l'homme], [ce petit homme], [l'homme du Grand Nord]

    le groupe verbal : le verbe + ses déterminants (pronoms, auxiliaires, négation…) + ses compléments proches (attributs, COD, COI, compléments prépositionnels proches)
    ex. : [il est pauvre], [il est un riche marchand], [il prendra le train], [il ne prendra pas la voiture], [il a réfléchi à la question], [il n'ira pas chez toi]

    – le groupe adjectif : l'adjectif + ses déterminants + ses compléments
    ex. : [très laid], [affreusement laid], [horrible à voir], [assez beau pour plaire]

    – le groupe prépositionnel : préposition + groupe nominal qui la complète
    ex. : [dans la région], [au travail], [sur le chemin de l'église]
    Le groupe prépositionnel doit constituer un complément circonstanciel séparable du verbe ou de tout autre élément de la phrase.

    Les respirations doivent se prendre entre les groupes phonologiques pour ne pas en détruire le sens.

     

    Quand faire les liaisons ?

    JAMAIS ENTRE DEUX UNITES PHONOLOGIQUES.

    Les liaisons se font :

    – de l'article sur le nom
    ex. : les hommes, les enfants, les arbres…

    – du verbe sur ses compléments proches :
    ex. : il est idiot, je suis une brute, ils achètent un bateau…

    – de l'adjectif épithète sur le nom qui le suit :
    ex. : de beaux enfants, de grands idéaux…
    (parfois du nom sur l'épithète mais c'est moins systématique)

     

    Attention :

    – à la prononciation de certaines consonnes en liaison :
    d se prononce /t/ (ex. : grand homme)
    x se prononce /z/ (ex. : doux amour)

    – au h aspiré
    ex. : les haltes => pas de liaison
    les hommes => liaison (/lé-z-hommes/)

    – à la prononciation des finales à double consonne : «vers elle» = /ver'elle/ ou /ver-z-elle/ ?
    L'usage veut qu'on ne fasse entendre la deuxième consonne que lorsqu'elle marque une flexion du mot (un pluriel ou une conjugaison, par exemple). On dira donc «vers elle» /ver'elle/ et «hivers atroces» /hiver-z-atroces/. La liaison dans un groupe comme «vers elle» pourrait être maintenue dans une diction soutenue.

     

    Enfin, je reproduis, in extenso, les remarques finales de l'auteur, auxquelles je souscris complètement :

    « – la prononciation des e muets et des liaisons ne doit pas être appuyée. Cette prononciation possède des degrés fort divers : de la diction forcée, dont la force parodique est évidente, à la diction délicate, qui permet de faire entendre des e muets et des liaisons que l'on pourrait juger trop vite contraires à l'euphonie. […]

    – le lecteur doit savoir faire confiance à sa propre connaissance de la musique usuelle et naturelle de la langue, tout en étant respectueux d'un niveau de diction qui ne peut être celui du langage parlé. Il s'agit, nous l'avons déjà dit, de trouver un juste milieu.

    – le type de prononciation choisi va varier quelque peu en fonction des textes : en fonction des registres de langue qui y sont employés (Proust ne se lit pas comme Queneau), en fonction des époques (les textes classiques nécessitent une diction plus soutenue que les contemporains). »

     

    Cordialement,

    Plume

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