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    Quelle belle idées Ahikar. Je devance Christiane-Jehanne et profite de mon passage sur le forum pour entrer dans la danse, et pour commencer, je triche déjà… ce n'est pas « Qu'est-ce-que je lis ? » mais « Qu'est-ce que je viens de lire ? »…  ça marche aussi ? d'après un article posté sur http://www.ecoutoulis.com

     

    « La chanson de Roland » de Gilbert Pingeon

    La chanson de Roland - gilbert pingeon

    A propos de l’auteur

     Il y a, sur le site de la société des écrivains neuchâtelois, trois biographies de Gilbert Pingeon… J’ai choisi de présenter ici la b), sa « biographie caustique », nommé aussi « biodégradablegraphie »… La voici :  

    Gilbert Pingeon. Vit, peint et écrit entre Auvernier et Delémont. Est né le 14 mai 1941 à Neuchâtel (Suisse), le jour même où le Neuchâtelois Maurice Bavaud fut guillotiné par les Allemands pour avoir tenté de tuer Hitler.

    Chrétien, puis brechtien, puis communiste, puis maoïste groupusculisant, puis syndicaliste, puis sarcastique, n’a pas cessé d’évoluer vers un but certain : le gâtisme. Fut gardien de football, plus soucieux de l’envol que du ballon. A longtemps hésité à faire figurer la mention « fils d’ouvrier » sur ses cartes de visite. N’a finalement jamais fait imprimer de cartes de visite.

    Joue de la clarinette, de la flûte traversière, de la guitare, du sax alto (débutant). Autrefois, chantait et dessinait. Ne chante plus que sous la douche mais peint à nouveau, jouissant de la liberté que lui accorde une retraite largement anticipée. 

    A passé de la forme courte – la chanson – à la forme longue – le roman, avec un détour par le théâtre. S’arrêtera là. Promis.

    Si cela vous intéresse, je vous laisse le soin de découvrir les deux autres biographies, sur le site de l’Association des écrivains neuchatelois et jurassiens : http://aenj.ch/gilbert.pingeon. Ça vaut le coup d’œil – au beurre noir ? On ne sait jamais, avec lui… Faut savoir prendre des risques !

     

    A propos du livre

    La chanson de Roland est un roman de 242 pages publié en 2014 aux « éditions G d’Encre » au Locle.  

    On ne parle pas ici du poème épique du XI ou XIIe siècle – que je n’ai pas eu l’intrépidité de lire – mais bien du dernier roman… comment dire… harissa-salé… de Gilbert Pingeon, édité en 2014 aux « éditions G d’Encre » au Locle. Mais au-delà du sarcasme et du ton provocateur, ce récit dresse un portrait tout en humour et en tendresse de cette période pleine à craquer de potentiel humain et surhumain qu’est l’adolescence. Et – comme d’habitude – la qualité de la prose de Gilbert Pingeon, la richesse du vocabulaire, la fantaisie des images, apportent à ce livre une intelligence remarquable qui le rend vraiment agréable à lire.   

     

    Critique d’humeur

    Il est écrit plus haut que Gilbert Pingeon vit entre Auvernier et Delémont. Ce n’est pas vrai. En vérité je vous le dis, il vit dans ma bibliothèque. Si ! Il se partage tout le premier étage avec Anne-Lise Grobéty… J’ignore tout du degré de satisfaction qu’ils ont à être ainsi serrés l’un contre l’autre sur l’étroit rayonnage, mais… Bref !

     

    Ce qui s’écoule de la plume de Gilbert Pingeon, est une encre où se mélangent moult éclats de spinelle et de corindon finement cristallisés… D’une écriture sans pitié, il passe à l’émeri notre monde moderne, et oint sa verve avec le suif d’un humour dévastateur… Pièces théâtre, poésie, romans, nouvelles, il multiplie les moyens pour tirer le portrait de notre époque et de notre société, c’est-à-dire vous lui et moi. On s’en reprend plein la gueule mais d’une manière si maîtrisée et si convaincante qu’on en redemande…

     

    « Un frou-frou de pantoufle s’éloigne. Je ne me trompais pas : Maman guettait, l’oreille collée en embuscade contre le panneau de la porte. L’amour maternel conduit tout droit à des comportements inquiétants, tel l’espionnage. Pesant de tout leur poids, qui va croissant avec l’âge, les mères accablent les enfants de sollicitudes et d’inquiétudes dont ils ne savent que faire. Les fils tout particulièrement. Elles en font des infirmes dépendants, des assistés matriarcaux, incapables de s’éveiller et de se lever quand ils le jugent bon. » Je m’arrête là, mais le preux Roland continue de gratiner les mères sous le feu de son éloquence durant plusieurs lignes encore.  

     

    Avec La chanson de Roland, Gilbert Pingeon a trouvé un héros à la hauteur de mes désespérances… Tout y est ; humour, révolte, cynisme, naïveté, culot, provocation, anti-« socialement-correct »… Roland cumule les qualificatifs, débride l’étalon (et la jument), incarne les valeurs de la liberté d’expression. J’ai dépassé (d’un rien…) l’âge de me permettre d’affirmer queLa chanson de Roland « parle aux ados », mais je peux témoigner qu’il satisfait la seconde ambition de son créateur : faire rire. Un peu jaune parfois, mais c’est de notre faute, aussi ! Je n’ai pas toujours réussis à me contrôler alors que, isolée dans ma lecture, au plein milieu du train bondé, un éclat de rire  cherchait à me fendiller le museau… Personne n’a pourtant jamais osé me regarder de guingois. Si ç’avait été le cas je lui aurais refilé le bouquin et lui aurais dit  « Ben tiens ! Et maintenant essaie de ne pas te fendre la gueule, toi ! »

     

    « En territoire hostile, le plaisir qu’on éprouve à se conduire mal redouble. Le supporteur se mue en provocateur. Parvenu à une certaine maturité – quinze ans, ce n’est pas rien tout de même – et avec un peu de recul, je me rends compte de la réalité avec un brin de lucidité supplémentaire : au risque de froisser beaucoup de monde, je trouve qu’il n’y a pas plus con qu’un supporteur. Mais on trouve aussi le même comportement moutonnier chez les fanatiques religieux ou politiques, comme autrefois chez les Croisés ou les nazis ; je les fourres tous dans le même tiroir étiqueté : « disciples aveugles et débiles »

     

    Roland Godiaux est un impitoyable ado  et un auteur délicieusement impertinent. Sous sa plume, on fait drôlement peine à voir… Mais on passe de bien belles heures de lecture. 

     

    http://www.ecoutoulis.com – 01.09.2015/jb

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