Répondre à : NAÏMI, Kadour – Mots d’amour

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#160635
CocotteCocotte
Participant

    A l'inconnue
    Depuis le début,
    je t'aime.
    Chaque jour,
    je t'espère.
    Depuis le début,
    je te connais.
    Tes yeux
    ont la couleur de l'espérance,
    tes lèvres
    la saveur de la terre,
    ton corps
    la chaleur de la lave,
    même si elle me fait peur.
    Et ton âme
    est musique et danse.
    Voilà pourquoi,
    égaré
    mais têtu,
    je marche et je te cherche,
    mon oasis dans le désert.



    Heureux, ô combien heureux
    Heureux, ô combien heureux,
    instants bénis où les amants
    transforment le plus modeste des endroits
    en un magnifique palais de roi,
    et donnent au sentiment d'amour
    l'énergique beauté d'une tempête déchaînée
    où les vagues du cerveau,
    les éclairs de l'émotion,
    les vents de l'instinct
    et les tonnerres de la passion
    proclament avec joie la fusion volcanique
    des laves flamboyantes de deux moitiés d'âme
    en une seule âme
    finalement unie,
    radieuse,
    heureuse



    Dois-je te l'avouer ?
    Dois-je te l'avouer,
    âme de mon âme,
    sans risquer de t'attrister ?
    Ce sentiment qu'est l'amour,
    si exigent,
    si bouleversant,
    si hors de l'ordinaire,
    je ne sais pas si l'espèce
    dont je fais partie
    est capable de satisfaire
    ce redoutable
    et merveilleux
    mystère.
    Même



    Même si
    Même si mon pays m'a rejeté,
    même si ma famille m'a renié,
    même si ma femme m'a volé,
    même si mon enfant ma insulté,
    même si mon ami m'a maltraité,
    je continuerai,
    je persisterai
    à empêcher mon coeur de haïr
    pour ne pas le salir,
    pour ne pas le trahir.
    Car, pour ne pas devenir cinglé,
    pour ne pas périr,
    j'ai besoin d'aimer.



    Priorité
    On m'a appris, recommandé, répété:
    “Aime ton prochain comme toi-même.”
    On n'a hélas ! pas compris
    ou oublié
    de m'apprendre
    à aimer
    aussi et d'abord
    mon plus proche prochain :
    moi-même.
    Comment, dans ce cas,
    aimer les autres
    si personne ne m'a aimé,
    pas même moi-même ?



    Aimetoi
    !
    Aime-toi !
    m'a dit mon Ange Protecteur.
    Aime-toi
    avant de demander
    à d'autres de t'aimer.
    Obéissant, je suis allé
    devant mon miroir,
    je me suis regardé
    droit dans les yeux
    et, à haute voix, je me suis dit :
    Je t'aime.
    Deux larmes m'ont fait comprendre
    que j'ai beaucoup à faire
    pour satisfaire
    l'invitation de mon Ange Protecteur.



    Reflet
    Beaucoup d'hommes,
    en comparaison desquels les cochons sont des anges,
    ont sali ton corps,
    et en partie ton âme.
    Tu n'as pas osé me l'avouer.
    Cela m'a été murmuré par tes fausses amies…
    Quand tu l'as su,
    la honte et le remords t'ont fait pleurer
    des larmes amères.
    J'ai été faible, as-tu balbutié,
    mais je ne suis pas mauvaise.
    Je sais, t'ai-je répondu,
    que l'éclat d'une lumière
    qui gît dans l'eau sale
    a de sale seulement l'image.
    Et maintenant, je sais
    que la plus honnête des femmes
    n'a jamais eu, pour me regarder,
    des yeux si doux



    Clé
    Tu seras ma mère,
    tu seras aussi mon père,
    et ma soeur et mon frère,
    tu seras mon amour le plus beau,
    tu seras la meilleure part de moi-même,
    tu seras mon ciel et ma terre,
    mon feu et mon air,
    toi qui m'offriras
    la clé
    de la joie.
    Moments
    Il y a des moments beaux, comme maintenant,
    où ma pensée va
    à mes semblables
    qui, en ce même moment,
    sont humiliés, torturés, assassinés
    parce qu'ils ne se rendent pas,
    parce qu'ils résistent
    aux cannibales de l'existence,
    par amour de la vie.
    Voilà pourquoi, en ce beau moment de ma vie,
    une voix me murmure:
    Il n'est pas complet, ton bonheur.



    Mais c'est ainsi
    Je ne veux pas vivre sans aimer,
    quitte à aller trop loin,
    à me perdre dans un ailleurs,
    à souffrir,
    moi qui évite la souffrance,
    à être blessée, et même à blesser,
    même à mourir, moi qui veux vivre.
    Angoisses, fantômes, nuages sombres de la folie,
    je sais que vous êtes à l'affût.
    Mais c'est ainsi.
    Je ne sais pas vivre sans aimer.
    Telles sont les pensées
    de celle qui est surprise
    mais heureuse
    d'avoir ces pensées,
    en sachant que,
    pour exister,
    il faut les réaliser



    Défi
    Comme il est bon,
    comme il est beau
    de t'aimer, mon amour.
    Mais combien
    difficile
    et facile.
    Difficile comme le mystère de la vie
    et facile comme le soleil qui luit.
    Difficile comme le temps qui fuit
    et facile comme la fortune qui sourit.
    Difficile comme une équation avec trop d'inconnues
    et facile comme un et un font deux.
    Se perdre et se donner
    en la personne aimée
    n'est pas instinct inné.
    C'est le miracle des miracles
    que ne garantit aucun oracle
    contre une possible débâcle.
    C'est le défi des défis
    pour que le plus beau chef-d'oeuvre
    proposé à l'action humaine
    soit accompli.



    Toi
    Bien sûr,
    tu as des yeux,
    un nez, une bouche,
    des cheveux
    et d'autres attributs naturels.
    Comme toutes les femmes.
    Comme toutes les fleurs
    ont des pétales, des couleurs, un parfum.
    Mais toi,
    c'est toi.
    Quand tu marches,
    quand tu me regardes,
    quand tu me parles,
    avec tant de bonté,
    d'élégance,
    de clarté,
    tu réussis le prodige
    de me faire de nouveau croire
    à la femme,
    à l'amour,

    tu me fais de nouveau croire
    à la croyance.



    Vagabondage
    Je te pense tant et tant
    sans trouver un instant
    rien d'autre qui ne soit important.
    De toi je suis si plein
    que ma tête ne trouve aucun frein
    pour calmer le coeur qui geint.
    Je sais maintenant que mon sort
    a largué les amarres dans un port
    où chaque amoureux vivant et mort
    vagabonde
    fasciné par le mouvement des ondes,
    heureux et angoissé,
    voyant tout clair et embrumé.



    JeJe voudrais
    Je voudrais
    l'amour de la liberté
    et la liberté de l'amour,
    les rêves d'amour
    et les amours de rêves,
    les secrets des mystères
    et les mystères des secrets.
    Et ce n'est pas trop désirer

    Si tu veux
    Si tu veux être mon soleil,
    je serais ta planète.
    Si tu veux être mon vent,
    je serais ta bannière.
    Si tu veux être mon oasis,
    je serais ton eau.
    Ou l'inverse,
    comme tu veux.
    Pour moi c'est égal.
    Temps
    Ah !… Mauvais, mauvais temps
    si haïr est chose normale
    tandis qu'aimer est surprenant.
    Heureux !… Bienheureux
    ceux qui trouvent normal d'aimer.
    Plus heureux encore ceux qui ont toujours aimé
    quelque soit le temps,
    surtout quand le temps est mauvais.
    Ceux-là n'oublient jamais
    qu'au-delà des nuages qui obscurcissent le ciel en hiver
    le soleil est présent, resplendissant

    Là, sur le chemin
    Comme tu es joli
    avec ta forme arrondie,
    lisse comme la peau d'un beau sein,
    parfaite comme une formule géométrique.
    Combien tu es joli
    dans ta simplicité,
    ta nudité,
    tranquillement immobile
    pour l'éternité,
    malgré ton apparence futile,
    là, sur le chemin.
    Et pourtant tu n'es
    qu'un caillou,
    un tout petit caillou,
    là, sur le chemin.
    Mais, toi comme moi,
    nous avons chacun un destin.
    Pour toi et pour moi, je l'espère
    beau et serein.



    En regardant une femme à sa fenêtre
    Il est séduit par la blonde
    et il la séduit.
    Peu de temps après,
    tout en aimant la blonde,
    il est séduit par la rousse
    et il la séduit.
    Et il aime la rousse
    tout en aimant la blonde.
    Même destin avec la brune,
    puis la noire,
    puis une autre,
    et une autre encore,
    et encore une autre.
    L'homme
    qui, en ce moment,
    regarde de sa fenêtre,
    une autre femme à sa fenêtre,
    aurait voulu
    avoir autant de vies
    pour vivre chacune
    avec chacune des femmes aimées.
    Une seule,
    une seule question,
    fidèlement le torture:
    en une seule vie,
    aimer tant de femmes,
    est-ce vraiment aimer
    ou ne pas savoir aimer ?



    Chinoiserie grecque
    – Ah, le bonheur d'aimer !
    s'exclame Yin,
    en dégustant un thé à la menthe.
    – Ah, le malheur de perdre
    le bonheur d'aimer !
    répond Yang,
    laissant fluctuer
    la fumée de sa cigarette d'opium.
    Un troisième interlocuteur,
    au nom composé, YinYang,
    sourit avec gentillesse,
    se lisse la moustache de droite, puis celle de gauche,
    et dit:
    le bonheur est
    le moment où le malheur
    est absent,
    et vice-versa.



    Ah ! les veinards !
    Deux amoureux
    (l'âge n'a rien à faire dans cette histoire)
    ont l'idée d'aller s'aimer,
    pour fêter la dernière nuit de l'année,
    entre deux tombes de cimetière.
    Pendant qu'ils jouissent,
    les squelettes qui reposent en paix
    claquent joyeusement leurs osselets
    et s'exclament :
    Ah ! les veinards !… Ah ! les veinards !
    Pfuit !
    La douceur de sa main
    caressant mon corps,
    la chaleur de ses seins,
    et ses yeux souriants,
    si tendres,
    si charmants…
    Oh, oui ! Oh, oui !
    Je suis aimé
    et j'aime !
    Pfuit !…
    Réveil.
    Ce n'était qu'un rêve…
    Seulement un rêve.
    Mais c'est mieux qu'un cauchemar,
    c'est mieux que rien,
    un beau rêve.



    Poésies
    Mon amour,
    tu me demandes pourquoi
    je ne t'écris plus de poèmes.
    Je t'écrivais des poèmes
    pour rendre encore plus poétique
    notre amour.
    Maintenant qu'il est devenu
    lui-même poésie,
    celle-ci n'est-elle pas ainsi
    la mieux accomplie?
    Mais je t'écrirai, mon amour,
    encore d'autres poèmes
    pour te dire que je t'aime,
    et aussi mes regards
    et mes caresses
    mais d'abord
    toutes mes grandes et petites attentions
    seront des poésies
    qui te diront
    combien,
    combien les mots sont insuffisants
    pour te dire combien je t'aime.



    Anniversaire
    En cet anniversaire
    de beaucoup de mes années,
    voilà longtemps que je cherche,
    cherche, cherche et encore cherche
    un amour
    eau de source
    fraiche et limpide,
    soleil
    de matin d'été,
    vague océane
    sans cesse renouvelée…
    Si c'est trop demander,
    Mort !
    Sois clémente :
    éteins-moi !
    Mon corps, jeté à la mer par un ami,
    au moins servira de pâture
    à quelques poissons qui cherchent nourriture…
    Mais non ! Mais non !
    C'est le vaincu qui proclame le vainqueur,
    et moi, je n'aime pas être vaincu.
    Tant qu'il y a vie…
    Donc,
    espoir ! Espérance !



    Piano
    De nos deux corps nus,
    nous avons fait un piano
    et, des ongles de nos pieds aux cheveux de nos têtes,
    nous nous amusons à jouer,
    avec tous les doigts de notre être,
    toutes les gammes du désir,
    des sensations,
    toutes les notes du plaisir,
    des émotions,
    en savourant le nectar
    de la sensuelle extase.
    Violon
    Tu es le bois
    et moi les cordes
    du violon.
    Musique magnifique
    quand la dirige
    le virtuose des virtuoses :
    Maître Amour.



    Que c'est beau !
    Que c'est beau de s'aimer,
    amor mio,
    l'un à l'autre se donner,
    âme, coeur, corps,
    viscères et nerfs,
    sang et sueur.
    Que c'est beau de s'aimer,
    mon amour,
    s'enivrer de tendresse,
    et, tes douces mains unies aux miennes,
    faire danser nos corps enlacés
    tandis que le Bonheur nous murmure avec délicatesse :
    Oui !
    Oui ! Vous êtes heureux !
    vous qui vous aimez
    avec tant de douceur,
    tant de chaleur,
    avec l'honnêteté de ceux
    que la vie a blessés
    mais qui se sont relevés
    parce qu'en l'amour,
    le bel amour, le vrai amour,
    l'heureux amour,
    ils ont toujours cru, espéré.
    Le voilà conquis !
    Que c'est beau de nous enlacer,
    mi amor,
    l'un plein de l'autre à en déborder,
    chaque nuit et chaque jour.
    Que c'est beau de nous aimer,
    en nous abreuvant d'ivresse
    dans la lumière de nos yeux,
    en rendant jaloux de nos caresses
    même les anges dans les cieux,
    en étant l'un à l'autre
    Princesse et Prince de nos rêves éveillés,
    humus et suc de notre sève !
    O notre miraculeux, infini,
    simple et splendide
    amour !
    Nous nous désirons ! Nous nous confondons !
    La vie a désormais un sens !
    Et nous savons et nous voyons et nous sentons
    que nous nous aimons.
    Nos larmes sont de joie,
    de jouissance nos cris et nos professions de foi.
    Avec toi, en toi,
    et toi avec moi, en moi,
    nous vivons et vivrons
    de notre amour
    tant que nous sommes sur cette terre.
    Et si, après,
    nos âmes continuent à vivre,
    nous continuerons ensemble,
    unis, ravis
    à folâtrer parmi les fleurs.



    Levain
    Femme
    qui, par moi, a souffert,
    tes larmes n'ont pas coulé en vain.
    La pâte dont je suis fait est bonne,
    tu en as été le levain.
    Une âme d'homme atrophiée
    fut de tes larmes arrosée.
    La bonne graine y fut semée,
    et la fleur du remords
    a reporté sur toi la pensée :
    oui, je t'ai fait du tort.
    A présent,
    même si c'est trop tard,
    tu es vraiment aimée.
    Bénédiction
    O créatures humaines ! Aimons ! Aimons !…
    De tout notre amour, aimons !
    Avec tout ce qu'il y a de beau en nous, aimons !
    C'est notre seule authentique bénédiction
    quand nous mourrons.



    Prévention
    Je suis allé à la pharmacie
    du Désir
    et j'ai pris un médicament
    contre le renoncement.
    Ce médicament, je vous en dis le secret :
    il est composé de courage, d'espérance,
    de lucidité, de beauté.
    C'est un médicament pour aimer,
    savoir aimer,
    pouvoir aimer.
    Incident de parcours
    Ma belle aux yeux soleils,
    j'ai eu aujourd'hui
    un incident de parcours.
    Je conduisais, et j'étais gai,
    quand une autre voiture m'a tamponné.
    Dommages matériels seulement
    pour tous, heureusement.
    Après le choc, ce qui m'a plu,
    c'est que je n'ai pas pensé à ma vie
    mais de n'avoir pas causé de la peine
    à ceux qui m'aiment
    et que j'aime.
    Ma belle aux yeux soleils,
    ce jour pour moi
    restera un beau jour.



    La bourse ou l'amour !
    Comme le boutiquier
    fait ses comptes en boutiquier,
    comme l'usurier,
    comme le banquier,
    comme tous ceux qui ont une âme-tirelire,
    ils calculent, calculent, calculent et recalculent
    en termes de pertes et de profits
    tout
    et donc aussi l'amour.
    Ils sont incapables de comprendre que l'amour,
    l'amour vrai, l'amour AOC,
    l'amour amour,
    cet amour-là a horreur des marchands.
    L'amour ne calcule pas,
    tout au plus, avec délicatesse, en tremblant,
    en rougissant, en s'excusant
    il évalue seulement,
    pour conjurer l'illusion et la douleur,
    combien est réelle
    cette mystérieuse, rarissime, extra-ordinaire qualité,
    en soi et dans l'autre :
    la grâce d'aimer.



    Attention : marché !
    Une femme m'a dit: Je t'aime.
    Elle était habillée et maquillée
    d'une manière visiblement recherchée.
    Hélas !
    j'ai constaté que j'étais
    au marché de l'amour,
    et que dans la balance
    ces mots ne pesaient pas lourd.
    Ils n'étaient que l'étiquette
    d'un produit de mauvaise qualité.
    En un autre endroit
    où les marchands sont absolument interdits,
    et les balances aussi,
    une autre femme,
    simplement habillée,
    m'a simplement,
    silencieusement, pudiquement
    fixé des yeux
    un moment.
    Ce regard n'eut pas besoin de balance
    pour vérifier que ce langage
    était bien fidèle à son message.
    Voilà ce que j'y ai lu :
    Qui aime pour tout autre que l'amour de l'amour,
    mérite tout cet autre, mais pas l'amour.



    Désert
    Le désert
    n'est pas
    là où je croyais,
    là où je l'attendais.
    Le désert n'est pas
    l'immensité nue des dunes étendues,
    mais les métropoles où sont accumulés les humains.
    Le désert n'est pas
    d'être seul dans une chambre,
    mais un individu qui n'est personne dans la foule.
    Le désert n'est pas
    là où on dort seul dans un lit,
    mais là où on dort à deux, séparés par le manque d'amour.

    Rencontre
    Heureux qui te rencontre,
    toi au sourire de fleur.
    Le temps, quand tu te montres,
    se met de bonne humeur.
    Il a suffit d'une prière
    et ton corps s'est mis à la danse.
    Mon âme qui n'est pas de pierre
    et mes yeux ont goûté leur chance.
    Fille d'une contrée voisine,
    au regard ouvert et ardent,
    délicieuse femme-gamine,
    de toi je me souviendrai longtemps.



    O Déesse de l'Amour !
    J'en ai rencontré,
    j'en ai connu
    des hirondelles et leur chant d'amour printanier.
    Mais, sauvage ignorant,
    j'en fus le bourreau mécréant.
    Même si, hirondelles, cela ne change rien pour vous,
    sachez que votre bourreau a été
    la victime de ses méfaits…
    O Déesse !
    Déesse de l'Amour !
    Je te le demande en soumis :
    apprends-moi à aimer !
    Je t'en prie,
    je t'en supplie,
    apprends-moi à aimer,
    à donner
    tout
    et pour la vie.
    De Madame la Mort,
    j'ai appris à ne plus avoir peur.
    Mais le Paradis de l'Amour,

    jusqu'à cette heure,

    m'est encore interdit.

    O Déesse !Déesse de l'amour !
    Celui qui ne veut pas
    mourir sans aimer,
    le gladiateur de la vie, te supplie !
    Ne m'oublie pas !
    J'attends encore de toi
    le plus beau cadeau.

    Déesse !

    Ni Tarzan ni Zorro
    Que veux-tu, ai-je dis à moi-même,
    t'es pas Tarzan, ni Zorro.
    Tu t'es saoulé et t'es triste
    pour une femme
    qui n'en vaut pas la peine.
    Tu sais, l'amour, c'est comme les gants,
    faut le prendre à ta mesure.
    ça sert à rien de faire le con
    en voulant forcer la nature.
    Allez !Allez ! Il y aura bien
    un coeur de femme qui rimera
    un de ces jours avec le tien.
    En attendant, soigne ta blessure
    d'amour-propre.
    Puis regarde ailleurs
    les belles filles souriantes :
    parmi elles, une sera ton amante.



    Histoire de grenouille
    Un jour, j'ai entendu cette conversation entre deux
    grenouilles, qui se réchauffaient au soleil, assises sur un
    nénuphar.
    – Si le crapaud que tu aimes te demande, par amour de
    lui, de te couper une patte, le ferais-tu ?
    – Naturellement non, je ne suis pas folle.
    – Alors pourquoi lui permets-tu de te maltraiter au point
    de réduire ton coeur en lambeaux ?
    – C'est l'amour !… murmura tristement la seconde
    grenouille. Pas d'amour sans souffrance !
    – Quelle jouissance trouves-tu dans la souffrance ?
    La malheureuse ne sut quoi répondre. Puis, très
    embarrassée, elle sauta dans l'eau et disparut.
    Un seul but
    Argent ! Pouvoir !
    Honneurs ! Gloires !
    Crimes ! Sang !
    Sacrifices ! Trahisons !
    Agitations ! Tourments !…
    Pour un seul but :
    éviter une existence de solitude,
    aimer et être aimé.
    Peut-être

    Un seul but
    Argent ! Pouvoir !
    Honneurs ! Gloires !
    Crimes ! Sang !
    Sacrifices ! Trahisons !
    Agitations ! Tourments !…
    Pour un seul but :
    éviter une existence de solitude,
    aimer et être aimé.
    Peut-être…



    Amour sciencefiction
    J'ai aimé une Musulmane.
    Quand elle m'a dit
    que les Chrétiens sont des bâtards
    et les Juifs des avares,
    j'ai aimé une Chrétienne.
    Un jour, elle m'a déclaré
    que les Juifs sont des sangsues
    et les Musulmans des faux-culs.
    Alors j'ai aimé une Juive.
    Mais une fois elle m'a affirmé
    que les Chrétiens sont des mécréants
    et les Musulmans des fainéants.
    J'ai alors aimé une Blanche.
    Mais, pour elle, les Noirs puent
    et les Jaunes suent.
    Je l'ai quittée pour une Noire
    qui m'affirma que les Blancs sont des cadavres
    et les Jaunes des macaques.
    Alors j'ai aimé une Jaune.
    Mais elle aussi trouvait
    que les Blancs ont des nez pointus
    et que les Noirs sont des turlututus.
    Il ne me reste donc qu'à chercher
    une Extraterrestre,
    en espérant que notre bonheur
    ne dépendra ni de foi ni de couleur.

    Faiblesse
    Par une sombre nuit, tu es apparue
    dans mon firmament.
    Je n'étais pas prêt
    pour devenir ton digne amant.
    Lasse de mon coeur manant,
    alors trop souffrant
    d'une blessure précédente,
    tu t'es crue délaissée
    et t'en es allée,
    chère étoile filante.
    Pardon pour ma faiblesse !
    Je te pardonne ton impatience.
    Et tous mes voeux pour la poursuite
    de ton Odyssée !



    Miel
    Vu que des hommes et des femmes
    ont mis trop de sel dans ma vie,
    j'ai cherché de me faire ami
    de quelque abeille qui aurait l'âme
    de m'offrir un peu de son miel.
    Mais, voilà, l'abeille a voulu
    me trousser une camisole
    pour que je ne sois pas un fol
    qui manquerait trop de vertu
    et démériterait du ciel.
    J'ai quitté donc la belle abeille
    et son amour qui se marchande,
    elle qui parlait d'une offrande
    de la merveille des merveilles.
    Où aller donc chercher mon miel ?

    Métamorphose
    On m'a dit, déclaré et tant de fois hurlé
    Tu es un âne !
    Tu es un âne !
    On m'a tellement répété
    Tu es un âne !
    Tu es un âne !
    Tu es un âne !
    que j'ai voulu braire,
    ruer et faire la bête.
    Pour les satisfaire,
    pour leur plaire,
    pour me faire aimer par eux.
    Mais ils me reprochèrent
    de braire, de ruer
    et de faire la bête.
    Décidément, tu es un âne !
    crièrent-ils,
    Âne ! Âne !
    Ne sachant plus quoi faire
    pour me faire accepter,
    ne pouvant pas non plus les ignorer
    parce que leurs yeux aussi
    continuaient avec mépris
    à me dire
    Âne

    je devins alors vraiment âne.
    Oui, âne !
    Et je me suis rué sur eux.
    Et avec mes dents, mes pieds-sabots,
    mes cris-braiments,
    ma colère d'âne,
    je les ai tués,
    comme tue un âne…
    Mais depuis ce jour-là,
    il n'y a plus personne pour me dire
    Tu es un âne.
    On me condamna à mort
    et je fus content de ma victoire :
    les juges ne me traitaient
    pas en âne;
    j'étais enfin reconnu
    et déclaré ce que je suis :
    un homme.

    Sainte putain
    Son corps se vend
    à tout acheteur,
    à toute heure.
    Mais son coeur
    n'a pas de prix;
    il est offert, gratuit,
    sans trouver preneur



    Garde forestier
    En montagne j'ai rencontré
    un garde forestier.
    Il prend soin des forêts.
    En le voyant tranquille et heureux,
    je me suis demandé:
    Et moi, qu'est-ce que je garde ?
    Le garde forestier observait
    les arbres et souriait, satisfait.
    Moi, j'ai aussi observé les arbres,
    puis le garde forestier
    et j'ai pensé :
    Bien sûr, il ne parvient pas
    à prévenir tous les incendies;
    pourtant, il est satisfait
    d'être gardien de forêts.
    Parce qu'il aime les forêts.
    Et moi, qu'est-ce que je garde,
    qui me satisfait
    et que j'aime ?



    Encore un jour
    Encore un jour sans toi vécu
    Encore un jour me voit vaincu
    Et encore une fois sans pouvoir
    Réaliser mon bon vouloir
    De vivre heureux De vivre mieux
    Tous les deux en un même lieu
    Pour bien affronter notre adieu
    A cette terre une fois vieux
    Ce jour est passé à jamais
    Perdu annulé désormais
    Ce mauvais jour privé d'amour
    Ah mauvais jour muet et sourd
    Et pourtant toi mon espérance
    Reste avec moi et sois ma lance
    Contre les coups de la malchance
    C'est à nous de mener la danse.



    The End
    Toute gaie,
    elle a enfin conclu: J'aime un autre.
    Lui la regardait silencieux, digne, immobile.
    Et puis, continua-t-elle,
    tu sais bien qu'entre nous, ça n'allait plus.
    Lui la regardait silencieux, digne, immobile.
    Ça te fait mal ? demanda-t-elle.
    Lui réfléchit
    un moment,
    long moment.
    Puis, avec simplicité, il répondit :
    C'est vrai, comme tu l'as dit,
    qu'entre nous ça n'allait plus,
    l'amour était fini.
    Pour le reste, je suis assez grand
    pour m'occuper de mes soucis.
    Elle,
    elle sourit, contente, satisfaite.
    Alors, bonne chance ! dit-elle.
    A toi aussi, répliqua-t-il.
    Et il s'efforça de sourire.
    Maintenant, vas et sois heureuse !
    conclut-il.
    Quand, soulagée, satisfaite, elle partit,
    il alla à la fenêtre

    d'où il put la voir s'éloigner,
    tandis que son visage, à lui, pâlissait.
    Ensuite il est allé jusqu'au miroir,
    s'est regardé,
    a lentement baissé la tête
    et a voulu pleurer.
    Mais même les larmes
    l'avaient abandonné.
    Qui sait pourquoi
    à ce moment-là
    une phrase lui vint en tête :
    Tu seras un homme, mon fils



    Mérites
    Femme qui cherches un homme argenté,
    tu ne mérites pas d’être aimée,
    mais seulement payée,
    comme une prostituée.
    Femme qui cherches un homme fameux,
    tu ne mérites pas d’être aimée,
    mais seulement présentée
    comme une chienne bien dressée.
    Femme qui ne cherches rien d'autre que l’amour,
    si tu trouves l’homme juste,
    tu auras l’amour.



    Avec moi
    Il pleut en ce jour d'automne
    et c'est triste
    parce que tu n'es pas pas avec moi.
    Même si le soleil brillait en un jour d'été
    ce serait triste
    parce que tu n'es pas avec moi.
    Et je suis heureux
    d'être triste
    quand tu n'es pas avec moi.
    Cinq heures du matin
    Il y a des nuits où l'ennui
    fait alliance avec l'insomnie
    et me donne l'envie,
    sans regrets,
    de prendre l'ultime billet de départ.
    Et puis arrive la lumière du matin
    qui me fait renoncer au sombre projet…
    Jusqu'au moment du vide prochain.
    Quand il arrivera,
    nous verrons !



    Insomnie
    Sommeil ! Sommeil ! ami ingrat
    pourquoi ne viens-tu pas à moi ?
    Dis-moi, serais-tu donc jaloux
    de celle qui a fait ma joie ?
    Hélas ! Regarde ! Elle n'est plus là.
    Pourtant, je la sens, je nous vois,
    la nuit, au Bois des Rêves, fous,
    les deux en un, malgré le froid.
    Que c'est beau d'être heureux pour deux,
    au-delà des mots, silencieux
    d'un silence bourré de sens,
    nous réchauffant de notre feu.
    Mais, voilà, mon lit vide et creux;
    mes bras n'enlacent plus qu'un voeu.
    Ainsi, il faut payer un cens
    pour une absence ou un adieu



    Saisons
    Tu souris,
    tu ris
    d'un rire de fraîche jeune fille.
    Et pourtant tu as subi
    tant de misères
    dans l'enfance,
    bien des chimères
    dans l'adolescence.
    Même ta vie de femme
    est un automne de mélancolie.
    Mais tu souris,
    tu ris,
    d'un rire de fraîche jeune fille,
    parce que tu aimes la vie.
    Quelquefois,
    ton coeur subit l'hiver
    et tu disparais
    pour affronter cette saison d'enfer,
    seule, malgré la compagnie,
    dans ta maison réduite à linceul,
    avec tes blessures, tes brûlures,
    papillon aux ailes brisées.
    Et moi, ta fleur,
    je reste sans nouvelles,
    sans savoir quoi faire
    pour soigner tes douleurs.

    Heureusement, passe vite ton hiver,
    retourne ton énergie printanière,
    et l'été de l'amour triomphant.
    Te voici de nouveau, mon papillon ressuscité,
    resplendissant,
    souriant,
    avec ton rire de jeune fille.
    Et moi, je me fais pour toi
    la plus belle des fleurs !



    Lavage
    Laver, laver, laver, laver
    le corps,
    mais pas seulement,
    la tête aussi
    des pensées mauvaises et médiocres,
    le coeur aussi
    des sentiments méchants et sordides.
    Laver dès le moment de la naissance,
    à tout âge,
    et autant que possible en gaieté,
    laver toutes les saletés.
    Ainsi j'honore mon unique auto-commandement :
    ne moisis pas dans les ordures, quelqu'en soit la parure,
    et jouis des beautés de la vie.



    Fidèle
    à Louisa,
    la petite chienne de mon enfance.
    Durant trois jours et trois nuits,
    à la porte d'entrée,
    il se tient debout.
    Chaque fois que j'apparais,
    il lève sur moi son visage doux,
    plus que beau,
    aimable,
    et ses yeux clairs, curieux.
    Il attend…
    Il espère…
    Un matin, je le découvre
    assis devant la porte close
    du cinquième étage de l'immeuble,
    là où habite une personne.
    Je le regarde encore,
    tandis qu'il attend
    depuis longtemps,
    doux, discret, silencieux.
    Plusieurs nuits et plusieurs jours,
    assis devant la porte toujours close,
    il attend,
    toujours doux, discret, silencieux.
    Enfin,
    avec douceur, discrétion, en silence,
    comme il avait attendu,
    comme il m'avait regardé,
    son corps s'immobilise sans gémir,
    abandonné par la vie

    devant la porte close
    de la personne
    morte depuis quelques jours.
    Il m'a plut de le nommer Fidèle,
    ce chien de rue.



    Partir
    Finalement !… La sérénité…
    Vieux navire !
    Voici venu le moment

    de partir

    Partir
    Finalement !… La sérénité…
    Vieux navire !
    Voici venu le moment
    de partir !…
    loin, le plus loin
    de la terre des dictateurs sanguinaires
    et des esclaves volontaires,
    des sentiments violents et des humiliations,
    des haines et de l'impossibilité d'aimer…
    Pars ! vieux navire !
    Tel est mon désir.
    Mais la vue !… Ah ! la vue
    de mes chers aimés
    debout sur le quai,
    immobiles,
    silencieux,
    pétrifiés,
    anéantis
    m'empêche de sourire.

    Étranger
    Étranger
    dans mon pays,
    étranger
    ailleurs aussi.
    L'essentiel est
    de ne pas être étranger
    à moi-même
    et à ceux que j'aime.





    où s'épanouissent mes désirs,
    où de satisfaction je soupire,
    où mon corps respire avec plaisir,
    où je suis empereur dans mon empire,
    là est ma patrie
    et ma matrie,
    là est sur terre mon paradis



    Vacances
    Je suis allé en vacances.
    Voici que le lieu déchaîne
    les hordes hurlantes des souvenirs.
    Les vignes,
    les montagnes,
    la mer,
    les joies…
    Même les sifflements du train qui passe non loin
    me rappellent
    les sifflements d'autres trains.
    O morceau de terre
    de ma naissance,
    suis-je coupable
    de t'avoir abandonné, dédaigné ?
    T'ai-je trahi ?…
    Non ! me dit l'Ange du Bien,
    on ne trahit pas.
    Simplement – et cela est juste – on quitte
    ce qu'on n'aime plus,
    ce qui ne donne pas le bonheur.



    Midi
    Midi,
    soleil doux,
    sérénité,
    tout est tendresse.
    Je suis dans un jardin d'oranges
    enchanté par la musique
    de ses eaux de fontaines et de ruisseaux.
    Voici que vient vers moi,
    rayonnante,
    la Volupté
    dans le corps lumineux d'une femme souriante,
    enveloppée d'un parfum
    qui rappelle un espace et un temps lointains.
    Et elle avance
    vers moi.
    Oui, vers moi.
    O, merveilleuse offrande !…
    Pour le reste de l'action,
    demandez-le à Sherazad
    ou à votre imagination.



    Tu savais
    Tu savais
    que tu étais seule,
    et tu as eu le courage
    de rester seule,
    tu as eu la dignité
    d'affronter tout toute seule.
    Ton unique choix était :
    haïr ou aimer,
    succomber ou résister,
    mourir ou vivre.
    Certes, comment entrer dans la vie est important,
    mais plus important encore,
    comment la continuer.
    Maintenant,
    finalement,
    tu es sortie du tunnel obscur et glacial,
    voici la lumière chaude et l'air pur !
    Tu n'es plus seule,
    tu es en bonne compagnie
    avec toi-même.
    Tu as su transformer tes douleurs
    en splendides ailes
    et tu as pris le magnifique envol.
    Merveilleuse colombe.
    Ton ciel, en amant ému et joyeux,
    t'a accueillie
    et tu poursuis
    le voyage de ta vie.



    Ce soir, une étoile
    Ce soir, une étoile qui brille
    dans le ciel noir
    m'attire beaucoup.
    Je la contemple longtemps.
    D'un coup, je pense
    qu'au même instant,
    deux autres yeux,
    peut-être, la fixent aussi :
    deux yeux qui m'aiment.
    Peut-être regardent l'étoile aussi
    les yeux d'un tueur ou d'un clochard,
    les yeux d'une femme abandonnée ou d'un vieillard solitaire…
    Ce soir, dans le ciel noir,
    l'étoile qui brille
    m'attire beaucoup.
    Dans la nuit de ma nuit,
    cette étoile brille
    lointaine,
    fragile, incertaine.
    Mais tant qu'elle scintille
    l'obscurité n'est pas totale.



    Comme un train
    Certes, tout passe, certes.
    Comme un train.
    J'ai mis du temps
    à comprendre
    que la vie est un train
    qui ne passe qu'une seule fois
    et ne siffle qu'une seule fois.
    Mais
    si l'on réussit,
    même pour un instant,
    l'instant d'une vie,
    à monter dans ce train
    et en savourer
    la compagnie,
    les paysages,
    alors le voyage
    ne sera pas vain.



    Dédé et Titi
    Il y a plus de quatre mille ans environ
    dans la plus importante cité de Chine
    se sont rencontrés Dédé et Titi.
    Ainsi appelait-on familièrement Désir et Intelligence.
    – Alors, Dédé, toujours à courir, inquiet et agité ?
    demanda calmement Titi.
    – Mais toujours le plus puissant ! répondit Dédé
    fièrement.
    – Pour les faibles, observa Titi calme et gentille.
    – Et toujours le plus recherché ! ajouta le vaniteux.
    – Pour les aveugles.
    – Et toujours chanté et glorifié !
    – Par les sourds.
    – Oh ! s'exclama l'orgueilleux, contrarié. Comme tu
    manques de chaleur !
    – La tienne est un incendie qui brûle et détruit;
    la mienne est un soleil de mai qui caresse et répand la
    vie.
    – Pourtant, insista le plastronneur, la majorité des
    humains me préfèrent.
    – Pourtant, insista le plastronneur, la majorité des
    [ humains me préfèrent.
    – Je ne suis sensible qu'à
    – Je ne suis sensible qu'à la qualité.
    – Qelle présomption ! accusa le méprisant.
    – Ma seule présomption est de ne pas en avoir.
    – Oh ! répéta le l'outrecuidant, outré.
    – Veux-tu qu'on devienne amis ? proposa gentiment Titi.

    Collaborer me semble une belle action.
    Dédé la toisa d'un regard bizarre, hostile puis, sans
    répondre,
    il partit sans saluer, encore plus inquiet et agité.
    Dédé et Titi se croisèrent une deuxième fois
    vers l'an 350 avant l'ère chrétienne, dans un jardin de
    la périphérie d'Athènes,
    puis une troisième fois en l'an 2001, dans la plus
    haute tour de New York.
    Mêmes dialogues, mêmes épilogues.
    Une quatrième fois Dédé et Titi se sont retrouvés
    face-à-face
    dans un petit village d'une tribu d'Amazonie,
    depuis toujours isolée du reste de l'humanité
    dont elle craint la cruauté.
    Là, entre Dédé et Titi,
    je ne sais quels furent le dialogue et l'épilogue,
    car personne n'est venu les raconter.



    Dédé et Titi
    Il y a plus de quatre mille ans environ, dans la
    plus importante cité de Chine, se sont rencontrés
    Dédé et Titi. Ainsi appelait-on familièrement Désir
    et Intelligence.
    – Alors, Dédé, toujours à courir, inquiet et agité ?
    demanda calmement Titi.
    – Mais toujours le plus puissant ! répondit Dédé
    fièrement.
    – Pour les faibles, observa Titi, calme et gentille.
    – Et toujours le plus recherché ! ajouta le
    vaniteux.
    – Pour les aveugles.
    – Et toujours chanté et glorifié !
    – Par les sourds.
    – Oh ! s'exclama l'orgueilleux, contrarié. Comme
    tu manques de chaleur !
    – La tienne est un incendie qui brûle et détruit ; la
    mienne est un soleil de mai qui caresse et répand la
    vie.
    – Pourtant, insista le plastronneur, la majorité des
    humains me préfèrent.
    – Je ne suis sensible qu'à la qualité.
    – Qelle présomption ! accusa le méprisant.
    – Ma seule présomption est de ne pas en avoir.
    – Oh ! répéta le l'outrecuidant, outré.
    – Veux-tu qu'on devienne amis ? proposa
    gentiment Titi. Collaborer me semble une belle
    action.

    Dédé la toisa d'un regard bizarre, hostile puis,
    encore plus inquiet et agité, sans saluer, il partit.
    Dédé et Titi se croisèrent une deuxième fois, vers
    l'an 350 avant l'ère chrétienne, dans un jardin de la
    périphérie d'Athènes, puis une troisième fois en l'an
    2001, dans la plus haute tour de New York. Mêmes
    dialogues, mêmes épilogues.
    Une quatrième fois Dédé et Titi se sont retrouvés
    face-à-face dans un petit village d'une tribu
    d'Amazonie, depuis toujours isolée du reste de
    l'humanité dont elle craint la cruauté.
    Là, entre Dédé et Titi, je ne sais quels furent le
    dialogue et l'épilogue, car personne n'est venu les
    raconter.



    Aprèsmidi
    Après-midi d'été.
    Une jeune fille apparaît.
    Joliment mystérieuse.
    Mystérieusement jolie.
    – Tu me veux ? demande-t-elle.
    Je la regarde bien
    pour m'assurer qu'elle plaisante.
    Elle éclate de rire, la coquine,
    et répète :
    – Je suis sérieuse, tu sais.
    Alors, tu me veux ?
    Ce n'est pas sa beauté
    qui m'attire
    mais d'abord son mystère.
    – Oui, je te veux,
    dis-je.
    Elle éclate encore de rire
    et se met à courir
    dans le jardin plein
    de roses et d'épines.
    – Alors, tu me veux vraiment ?
    La belle m'attire
    mais la mystérieuse m'effraie.
    Ou le contraire.
    Franchement, je ne sais pas.
    – Alors ? répète la Sirène. Alors ?
    Désir,
    Peur,
    Plaisir,

    Douleur
    se disputent mon coeur.
    – Je ne resterai pas toujours ici !
    m'avertit la coquine.
    Moi, j'hésite.
    J'ai peur de mon désir
    et je ne désire pas ma peur.
    Alors, je m'élance !
    Au moins je saurai
    si je mérite cette chance.



    Peutêtre
    Je t'ai vue passer
    mais, timide, je n'ai pas osé
    t'approcher, te parler,
    t'apprivoiser.
    Et je t'ai laissé passer
    comme on laisse passer
    le bonheur.
    Peut-être.
    Qui ne désirait, de son côté,
    que s'arrêter
    et me rencontrer.
    Peut-être.
    Quelle connerie,
    ne pas oser !



    Miracle
    O Miracle ! Miracle !
    en ce monde compliqué, méchant, faux.
    O Miracle ! Miracle !
    Femme,
    D'où te vient cette simplicité
    qui me bouleverse ?
    D'où te vient ton infinie tendresse ?
    D'où te vient ta limpide vérité ?
    Et ces…
    ces…
    tes sourires,
    et tes paroles,
    et tes gestes
    si simples, si tendres, si vrais
    qu’ils semblent les sourires, les paroles, les gestes
    de l’Univers ?…
    Femme,
    es-tu réelle
    ou seulement une illusion de mon rêve les yeux ouverts ?



    Vie d'humain
    Elle est venue,
    vêtue des couleurs allègres des fleurs,
    et s'est assise à côté de moi
    sur le même banc du parc.
    Un instant a suffi :
    je fus troublé, ravi.
    Peut-être s'est-elle mise ici
    simplement pour se reposer,
    peut-être aussi pour parler.
    Le temps est passé.
    Aucun mot ne fut prononcé.
    De son joli sac, elle a pris
    un caramel qu'elle a mangé,
    puis une cigarette
    qu'elle a fumée.
    Mais aucun mot ne fut prononcé.
    Cependant, elle semblait regarder ailleurs
    me permettant ainsi de l'observer.
    J'ai rendu la politesse
    avec la même délicatesse,
    lui permettant de m'observer,
    tandis que je semblais regarder ailleurs.
    Mais nos regards,
    trop éduqués, trop civilisés, trop domestiqués,
    peut-être apeurés,
    ne se sont jamais rencontrés.
    A la fin,
    peut-être parce que je n'ai pas réagi,
    peut-être parce qu'elle n'a pas osé,
    elle s'en est allée
    avec dignité.



    7 stations
    sur la Voie de l'Amour
    1
    Ô toi
    Ô toi qui as trouvé
    la clé de mon trésor
    le plus précieux, le plus profond, le plus délicat,
    tu me fais vivre la vraie vie
    pour laquelle je suis né.
    Merveilleuse est ton oeuvre
    au-delà de tout espoir.
    2
    Le septième jour
    Le septième jour,
    on dit que Dieu s'est reposé
    après avoir créé l'Univers.
    Moi, au contraire, je ne veux pas me reposer,
    jamais,
    aucun jour, aucune nuit, aucun instant
    de t'aimer,
    toi, mon Univers.

    A l'amie du coeur
    Amie du coeur
    de mon aimée,
    dis-moi une seule chose:
    si, quand mon aimée
    te parle de moi,
    ses yeux brillent de joie.
    4
    Mon coeur
    Mon coeur !
    O mon coeur !
    Tu as été si longtemps fermé…
    Par chance le destin
    t'as finalement porté
    sur la Voie de l'Amour.
    Là, tu as senti
    le délicieux bouleversant urgent
    appel
    de l'infinie tendresse…
    Je me souviens alors de tes paroles,
    mon aimée.
    Tu avais raison, totalement raison,
    quand tu m'as dit
    de ta voix si douce
    et les yeux tendrement souriants :
    Au fond, toi aussi, tu as un coeur tendre !



    5
    Pour
    Pour quelque geste ou mot doux que je t'offre,
    tu me dis toujours Merci !
    Si tu veux vraiment me faire plaisir,
    il vaut mieux me dire Je t'aime bien !
    ou encore mieux me dire
    les deux mots les plus beaux qui ont été inventés:
    Je t'aime !
    Ou
    Mon amour !
    C'est la plus belle manière de me dire Merci !
    6
    La prière
    Je t'en prie,
    ne me fais pas de reproches
    même avec douceur,
    si mon coeur
    ne s'est pas ouvert
    à peine caressé par toi.
    Trop, il était trop blessé,
    aveuglé, refroidi….
    Par chance,
    tu as été une amante patiente,
    tellement patiente, je le sais,
    plus qu'aucune autre,
    et tu as su soigner le coeur malade

    avec le baume de ton amour.



    7
    Moi je suis ici
    Moi, je suis ici,
    toi, ailleurs.
    Moi, je te pense
    et tu me manques tellement !
    Qui sait, toi,
    à quoi tu penses
    et si je te manque.
    Toi seule le sait.
    Quand nous nous téléphonerons,
    peut-être tu me le diras.
    En tout cas,
    moi je te pense
    et tu me manques tellement
    que je ne réussis pas, malgré ton conseil,
    à jouir du beau moment.



    YinYang
    Quand je vois tout mal,
    tu me fais voir la beauté qui est en moi,
    quand tout autour de moi est obscur,
    tu allumes la lumière qui est en moi,
    quand je pleure,
    tu réveilles l'allégresse qui est en moi,
    quand j'ai froid,
    tu fais briller le soleil qui est en moi,
    quand la colère m'envahit,
    tu la chasses avec la douceur qui est en moi,
    quand la folie me prend,
    tu me rappelles la sagesse qui est en moi,
    quand je me tourmente,
    tu me calmes avec la sérénité qui est en moi,
    quand je suis désespéré,
    tu fais revivre l'amour qui est en moi…
    Merci, âme de mon âme.



    Avant avant dernier
    Je le sais
    Je le sais,
    même quand je ne l'espère plus,
    que tu existes
    quelque part,
    plus probablement
    au pays du soleil,
    au bord de la mer ou au sommet d'une montagne,
    qui font de l'existence une belle aventure.
    Je sais,
    je ne sais pas comment,
    mais je le sais,
    je l'ai toujours su
    que tu as
    la fragilité de la vie
    et son énergie.
    Et je sais que, comme moi,
    tu pâtis la douleur
    et cherches le bonheur.
    Et je sais
    que quand le hasard,
    nommé aussi fortune,
    permettra
    enfin
    notre rencontre,
    alorenfin
    notre rencontre,
    alors je saurai que ce que je savais,
    je le savais vraiment.



    Futur antérieur
    Nous le savons.
    A l'instant même où nous nous verrons,
    pour la première fois,
    nous nous reconnaîtrons.
    Sans mot, ni tambour, ni trompette.
    Sans besoin de temps ni de fleurs.
    Et nous nous offrirons
    le secret du bonheur.
    Déclaration
    Je me débarrasserai de tout :
    carrière, argent, maison, beaux vêtements.
    Je ne garderai que quelques livres.
    Alors j'irai la trouver.
    Devant elle,
    simplement, sans aucune forme de mise en scène,
    j'enlèverai tous mes habits.
    Puis nu, comme un ver de terre,
    sans avoir le corps d'un athlète
    ni d'un mannequin pour revue de mode,
    je dirai à celle qui s'est proposé de m'aimer :
    Voilà qui je suis.



    Où estu
    ?
    Où es-tu,
    toi qui me libéreras de l'affreux doute
    du verbe au conditionnel en faveur du futur certain ?
    Toi qui effaceras
    de mon âme la persistante mélancolie
    et l'illumineras de joie ?
    Toi qui dissoudras
    de mon coeur l'affreuse colère
    et le berceras d'une douce sérénité ?
    Toi qui me feras renoncer à l'obsédante envie de mourir
    et me redonneras le goût de continuer à vivre ?
    Toi qui me libéreras du douloureux passé
    et m'apprendras à savourer le présent ?
    Toi qui me guériras de l'angoisse
    avec le remède de la confiance ?
    Toi qui m'épargneras l'ennui du corps
    et m'offriras le plaisir du désir ?
    Toi qui épanouiras mon visage de sourire et de rire
    qui porteront tous les autres à sourire et à rire ?
    Où ?…
    Où donc es-tu,
    toi, la sève de mon bonheur ?


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