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Bonjour,
Concernant le personnage de Nasreddine, j’avais écrit il y a quelques années ces lignes :
Il est possible que Rûmî fit avec le personnage de Nasr Eddin ce que Goethe avait fait avec Faust. Goethe a repris un personnage existant pour en faire quelque chose qui touche au sublime. Il est fort possible que Rûmî ait fait la même chose, car on voit bien qu’il y a un noyau dur parmi ces histoires, et que nombre d’entre elles, et des meilleures, semblent remonter à ce noyau dur du XIIIe siècle. Il faut bien sûr en excepter celles liées à Tamerlan. Laissons celles-là à un autre grand soufi !
Certaines histoires de Nasreddine se trouvent d’ailleurs dans le Mathnawî.
Comme tous les grands génies, Rûmî avait plusieurs visages. On pourrait d’une certaine manière le rapprocher du grand écrivain tibétain Pad-ma dkar-po (1527-1592) qui, d’un côté, écrivit le Chosbyun, une œuvre monumentale sur le bouddhisme, et d’un autre, la Vie de 'Brug-pa Kun-legs, le yogin. Le personnage de 'Brug-pa Kun-legs, très irrévérencieux et frondeur, est devenu si populaire au Tibet que les siècles passant, tous les Tibétains veulent absolument qu’il ait existé en chair et en os.
La question qu’on devrait peut-être se poser : pourquoi avons-nous toujours tendance à vouloir que quel tel ou tel personnage ait existé en chair et en os, alors que depuis l’aube de l’humanité, nous passons notre temps à inventer des histoires ?
Bonne journée,
Ahikar